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«Naguib MAHFOUZ, (1911-2006), écrivain égyptien réaliste et symboliste, «le Balzac du Nil», Prix Nobel de littérature», par Amadou Bal BA –

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Maître du roman contemporain arabe, auteur prolifique de 35 romans et d’un important recueil de nouvelles, chroniqueur de Al-Ahram, un hebdomadaire égyptien, une bonne de la contribution littéraire de Naguib MAHFOUZ partie a inspiré le cinéma (27 films). «Naguib Mahfouz joue un rôle important dans le cinéma de la période de la République : non content d’inspirer des sujets et des trames intéressants, il collabore à l’écriture de scénarios tirés de ses œuvres littéraires et de celles d’autres écrivains, et en crée d’originaux. Il parvient à ruser avec le dispositif de censure des œuvres cinématographiques», écrit Aldo NICOSIA, dans «les cinémas arabes et la littérature». À ce jour, Naguib MAHFOUZ reste encore le seul écrivain arabe récompensé le 13 octobre 1988 du Prix Nobel de littérature, en raison de ses «écrits riches en nuances, par moments lucides et réalistes et par moments évocateurs et ambigus, Naguib Mahfouz a créé un art narratif arabe qui trouve une résonance dans l’humanité entière», dit l’académie de Stockholm. «C’est en tant qu’écrivain de romans et de nouvelles que Mahfouz a réalisé ses œuvres majeures et décisives. Sa production littéraire a contribué au rebond du genre du roman et au développement du langage littéraire dans les cercles culturels arabes. Sa portée est néanmoins encore plus grande. Son travail touche l’humanité entière», ajoute l’académie du Prix Nobel. Admirateur de Charles DICKENS, Léon TOLSTOI, Marcel PROUST, Honoré de BALZAC, lecteur de ses compatriotes Muhammad TAWFIK AL-HAKIM (1898-1987) et Taha HUSSEIN (Voir mon article sur cet auteur égyptien, Médiapart, 18 décembre 2022), l’auteur en a ressenti une joie et fierté «J’ai ressenti un bonheur extrême ainsi qu’un grand étonnement. Je ne m’attendais pas à gagner le prix. Pendant mon temps Nobel a été décerné à des écrivains du plus haut niveau comme Anatole France, Bernard Shaw, Ernest Hemingway, et William Faulkner. J’avais entendu qu’un écrivain arabe pourrait un jour remporter le prix Nobel, mais je doutais beaucoup que cela se produirait. Le Prix Nobel m’a encouragé à continuer à écrire. Mais je l’ai malheureusement reçu à un stade ultérieur de ma carrière d’écrivain. Au niveau personnel, le prix Nobel m’a imposé un mode de vie auquel je ne suis pas utilisé et que je n’aurais pas préféré. J’ai accepté les interviews et les rencontres qui devaient avoir lieu avec les médias, mais j’aurais préféré travailler en paix. Le prix Nobel semble avoir eu est que davantage d’œuvres littéraires arabes ont été traduites dans d’autres langues», dit Naguib MAHFOUZ. Il n’est pas allé en Suède, pour la réception de son Prix Nobel de littérature ; ce sont ses deux filles qui l’ont représenté et a tenu à réaffirmer sa solidarité avec le peuple palestinien «En Cisjordanie et à Gaza, il y a des peuples qui sont perdus, même s’ils vivent sur leur terre et la terre de leurs pères, grands-pères et arrière-grands-pères. Ils se sont soulevés pour la première revendication réalisée par l’homme primitif, qui était d’avoir un lieu convenable et sécurisé. Des hommes, des femmes , des jeunes et des enfants – il y avait des fractures osseuses, des meurtres par balles, des démolitions de maisons et des tortures dans les prisons et les centres de détention, et autour d’eux se trouvaient cent cinquante millions d’Arabes, observant ce qui se passait avec colère et tristesse, ce qui menace la région d’une catastrophe si la sagesse de ceux qui souhaitent une paix globale n’y remédie pas», écrit-il dans son discours lu par un ami, Mohamed SALMAWY, écrivain.

Naguib MAHFOUZ IBRAHIM, qui doit son nom à l’obstétricien qui aida à son accouchement, est né au Caire un 11 décembre 1911, dans une famille de la petite bourgeoisie cairote, au vieux quartier populaire et historique de la dynastie Fatimide, El Gamaliyya. «Je me rappelle de notre maison à Gamaliya, presque vide. Mon père a eu avant moi six enfants qui se sont succédé, quatre filles et deux garçons. Ensuite ma mère n’a pas accouché pendant neuf ans, et je suis né», écrit Naguib MAHFOUZ. Son père, Abdul Aziz Ibrahim, est un fonctionnaire ; il le sera, par la suite, de 1934 à 1971, soit pendant 37 années, et glorifié la fonction publique égyptienne «Dans l’histoire de l’Égypte, la fonction publique est une institution sacrée à l’égal du Temple, le fonctionnaire égyptien était le plus ancien fonctionnaire de l’histoire. Si dans les autres pays, la figure emblématique était celle du combattant, du politicien, du fabricant ou du marin, en Égypte, c’était bien celle du fonctionnaire. Le pharaon lui-même n’était rien d’autre qu’un fonctionnaire nommé par les dieux du ciel pour gouverner la vallée du Nil», écrit-il dans «Excellence». Réglé comme du papier à musique, Naguib MAHFOUZ, très rigoureux dans son organisation, se libérait du temps pour écrire, et ne voyait ses amis qu’à des moments choisis, dans des cafés ; il refusait de se rendre à divers événements familiaux : «De huit à deux heures, j’étais au travail. De quatre à sept ans, j’ai écrit. Puis à partir de sept jusqu’à dix, j’ai lu. C’était mon emploi du temps tous les jours sauf le vendredi. Je n’ai jamais eu le temps de faire ce que je veux. Mais j’ai arrêté d’écrire», dit-il. Aussi, considérant que la famille et les obligations mondaines comme une contrainte et une perte de temps, Naguib MAHFOUZ s’est marié très tard dans sa vie, à 43 ans ; il voulait, pleinement, se consacrer à la littérature «J’étais occupé avec mon travail et avec l’écriture. J’étais fonctionnaire le matin et écrivain le soir. Ma journée était complètement remplie. J’avais peur du mariage, surtout quand j’ai vu à quel point mes frères et sœurs étaient occupés par des événements sociaux à cause de cela. Celui-ci est allé rendre visite aux gens, celui-ci a invité les gens. J’ai eu l’impression que la vie conjugale prendrait tout mon temps. Je me suis aperçu de me noyer dans les visites et les fêtes. Pas de liberté», dit-il .

Dans sa jeunesse, il a reconnu avoir eu des déviations comme toutes les personnes de son âge : les drogues ou le sexe. «La jeunesse est toujours à la recherche de l’aventure, quant à la vieillesse, elle aspire au repos», écrit-il dans «Miramar» ou «aimer les femmes et la boisson n’a rien de méprisable !», écrit-il dans «Le palais du désir». Ecrivain, ayant peu voyagé, et pour l’essentiel, sa contribution littéraire est centrée sur le vieux Caire, son lieu de naissance associé à l’humanité entière, le particulier rejoignant l’universel. Cette atmosphère du Caire «apparaît dans plusieurs de mes œuvres ; mais, ce n’est ni un procédé littéraire, ni un choix confessionnel : c’est une dimension de la réalité que je décris et qui a, le plus souvent, pour cadre les vieux du Caire. Un artiste, selon moi, doit peindre la réalité, sans la déformer, sans fanatisme, sans engagement idéologique, sans parti pris en faveur de telle ou telle croyance», dit-il au «Courrier de l’Unesco».

Après des études primaire et secondaire, l’écrivain s’inscrit à l’Université du Caire (roi Fouad) pour des études de philosophie, qu’il finalise par une thèse sur la beauté dans l’Islam, avant d’entamer en 1935, à la suite de son père, une carrière de haut fonctionnaire. Il se tourne définitivement vers la littérature, qu’il considère dès son jeune âge comme une passion, à laquelle il consacre toute sa vie : «Naguib Mahfouz a consacré toute sa vie à la littérature», écrit son ami, GHITANI. En effet, dans sa carrière de fonctionnaire à partir de 1934, le petit Ibrahim a occupé plusieurs postes dans les couloirs des ministères égyptiens, ce qui lui permet de se consacrer, pleinement, à la littérature ; il passe de directeur de la censure à responsable de la fondation du cinéma, puis à conseiller à la culture. Il puise une partie de son inspiration dans la tradition orale : «Voici l’histoire de notre quartier, ou plus exactement les histoires de notre quartier. À l’exception de la toute première période, je n’ai pas été directement témoin des événements qui sont rapportés ici : je les transmets d’après les récits des conteurs publics, si nombreux chez nous. Chacun les transmet à sa façon, tels qu’il les a entendus dans le café de son secteur, et qu’ils lui sont parvenus à travers les générations. C’est là mon unique source d’information», écrit-il dans «Les Fils de la Médina».

Naguib MAHFOUZ innove dans sa création littéraire, par un savant mélange d’arabe littéraire et dialectal, conduisant une nouvelle langue compréhensible de tous. Naguib MAHFOUZ brasse plusieurs thèmes riches : l’histoire, le temps, l’amour, la liberté, la justice sociale. Il était engagé, pour son pays, sans être militant. NASSER a apporté de justice sociale, mais sans trop de liberté. «J’avais environ sept ans quand la révolution de 1919 a eu lieu. Je suis devenu de plus en plus affecté par elle et de plus en plus enthousiaste à l’égard de la cause. Tous ceux que je connaissais étaient pour le parti Wafd et la liberté de la colonisation. Plus tard, je me suis beaucoup plus impliqué dans la vie politique en tant que disciple de l’adeptyen de zaghlul papaha Saad. Je considère toujours cette implication comme l’une des choses les plus importantes que j’ai faites dans ma vie. Mais je n’ai jamais travaillé en politique, je n’ai jamais été membre d’un comité officiel ou d’un parti politique. Bien que j’étais wafdiste, je n’ai jamais voulu être connu en tant que membre du parti; en tant qu’écrivain, je voulais la liberté totale qu’un membre du parti ne peut jamais avoir», dit-il.

«Ce qui me fait écrire dans mes romans, c’est essentiellement la politique. Je me sers des problèmes de la famille, de la femme, de la religion, de l’amour, à des fins politiques, en vue d’un progrès social», dit Naguib MAHFOUZ. Aussi, plusieurs thèmes structurent la riche et volumineuse contribution littéraire de Naguib MAHFOUZ, notamment le temps, l’histoire, la liberté, la démocratie, tradition et modernité, le statut de la femme, l’amour, la religion, le soufisme, la sagesse, etc. «La foi en la vérité, en la beauté et en l’humanité est la forme la plus élevée du Bien», écrit-il, dans «La palais du désir». Il a porté au centre de ses attentions, les ruelles et les quartiers populaires du Caire, qu’il avait du mal à quitter. Durant cette phase d’écriture, son style, un savant mélange d’arabe littéraire et dialectal, varie de l’impressionnisme au surréalisme, l’usage d’allégories et de vocabulaire évocateur donnant un parfum de fable à ses romans. Naviguant à travers le temps Naguib MAHFOUZ est resté brillant dans l’écriture de romans dont la trame s’étend sur plusieurs générations, tels que «La Chanson des Gueux», «Les Mille et Une Nuits» ou sa fameuse trilogie. Il a évolué de la littérature pharaonique au style réaliste.

I – Naguib MAHFOUZ et sa littérature pharaonique

À l’université, Naguib MAHFOUZ a lu Salma MUSA, rédacteur d’un magazine, et est resté choqué par les attaques des fondamentalistes de l’Université Al-Azhar contre Taha HUSSEIN. Il dira qu’il a appris «à croire en la science, le socialisme et la tolérance». Devenu pessimiste et Soufi, Naguib MAHZOUZ se lance pleinement dans la littérature, sans rechercher la notoriété ou la richesse, mais uniquement, en éducateur, pour participer à l’instruction de ses lecteurs. Digne héritier des grands écrivains égyptiens, comme Taha HUSSEIN et Muhammad Tewfik AL-HAKIM «Naguib Mahfouz a compris avec intelligence les particularités de la classe moyenne et la réalité des conflits entre les différentes forces sociales dans la société égyptienne. Ce qui nous a permis d’analyser les phénomènes sociaux avec succès.», dit Gamal GHITANY.

En 1929, tous ses textes proposés aux éditeurs ont été rejetés. Lors de ses débuts dans sa vocation littéraire, Naguib MAHFOUZ commence par quelques textes dans les revues littéraires. Ses trois premiers livres publiés, en 1938, «Souffle de la folie», en 1939, «Le Jeu du Destin» et en 1939. «La Malédiction de Râ», ne connaissent pas un grand succès. «J’ai toujours été fonctionnaire. Au contraire, je me suis consacré à la littérature, à des livres et des articles. Je n’ai gagné d’argent avec mon écriture que beaucoup plus tard. J’ai publié sur quatre-vingts histoires pour rien. Même mes premiers romans que j’ai publiés pour rien, tout cela pour aider la commission de censure. Quand mes nouvelles ont été traduites en anglais, en français et en allemand. «zabalawi», en particulier, a été extrêmement réussi et m’a fait gagner plus d’argent que n’importe quelle autre histoire», dit-il à la «Revue de Paris».

Entre 1939 et 1944, durant la Seconde Guerre mondiale, il commence à écrire et à publier des œuvres qui s’inscrivent dans la lignée du courant pharaonique soufflant avec force dans l’Égypte de l’entre-deux-guerres. En 1939, «La Malédiction de Râ», s’inspire mythes égyptiens antiques. En 1943, «L’Amante du Pharaon» est une dramatique histoire d’amour. En 1944, «La Lutte de Thèbes» relate le combat des Égyptiens pour se libérer des envahisseurs Hyksos et ressusciter l’Égypte unifiée autour de sa capitale, Thèbes. Beaucoup ont vu là des résonances très contemporaines, à l’heure où pesait encore la domination britannique dans le pays.
L’histoire égyptienne, Akhénaton vers 1300 avant J.-C., Méri Moun, jeune Égyptien hanté par le souvenir du pharaon Akhénaton, décide de se consacrer à la recherche de la vérité sur le roi disparu. Tel un enquêteur d’aujourd’hui, il interroge tour à tour les disciples et les détracteurs de ce grand visionnaire qui n’avaient pas hésité à proclamer sa foi en un Dieu unique d’amour et de vérité. La reine Néfertiti, son épouse, le général Horemheb et Aÿ, le prêtre d’Amon… tous ces personnages à la fois historiques et légendaires ressuscitent à travers les récits que recueille le jeune homme. Pas à pas, Méri Moun va revivre la fascination du culte solaire, la religion d’Aton.

II – Naguib MAHFOUZ et sa littérature réaliste, une dimension historique

Ses premiers romans, en 1938, «Souffle de la folie», en 1939, «le jeu du destin» ou en 1939, «la malédiction du Râ», sont presque passés inaperçus, sans grand succès. Après la Seconde Guerre mondiale, Naguib MAHFOUZ s’attache à peindre à l’histoire récente de l’Égypte, en racontant sa société, avec une approche réaliste. Le succès littéraire a commencé, timidement,, en 1945, avec «le Nouveau Caire», en 1948, ensuite par «Chimères», s’est poursuivi en 1949, par «Vienne la nuit». Naguib MAFOUZ décrit dans ces romans les différentes classes sociales vivant au Caire en ce XXème siècle : «Mes écrits étaient réalistes, en même temps je lisais tout ce qui s’écrivait contre le réalisme. La littérature universelle s’est intéressée à la réalité sociale à travers des centaines de travaux avant de passer aux courants de conscience, d’inconscience et de surréalisme. Jusque-là, mon entourage social, n’a pas été étudié et il fallait l’approcher en appliquant les méthodologies de critique littéraire que j’avais connues», dit-il. Dans ces écrits, Nagui MAHFOUZ a fait du temps un personnage à part entière, grand ordonnateur des évolutions ou des révolutions qui transforment peu à peu le destin d’un groupe humain.

Délaissant la veine historique, Naguib MAHFOUZ va construire une œuvre romanesque autour des quartiers du Caire, et ses familles. Ainsi, en 1945, «La Belle du Caire» retrace le tableau d’une aristocratie déclinante, sur fond de dérive totalitaire de l’Égypte des années 30. Il est bien question, en 1946n de la vie d’un quartier populaire durant la guerre dans «Le Cortège des vivants», ainsi que la stratification de la société égyptienne, en 1947, dans «Passage des miracles». Le monde des mendiants et des faiseurs d’infirmes y côtoie celui des commerçants et des petits fonctionnaires ; Naguib MAHFOUZ relate aussi le destin malheureux des victimes de la ville moderne occidentalisée, mirage qui fait rêver, mais où l’on peut se perdre.

Il est indubitable que c’est la trilogie de Naguib MAHFOUZ, récompensée du Prix d’Etat, rédigée en 1948 et 1952, mais publiée après la révolution nassérienne, qui lui a donné une visibilité mondiale. Il s’agit, en 1956, de «L’impasse des Deux-palais», en 1957 du «Palais du désir» et du «Jardin du passé». Cette trilogie met en scène au travers d’une famille bourgeoise l’histoire d’un pays et d’un peuple entre la fin du règne du roi Farouk et l’avènement de Nasser, dans sa quête de la modernité, une grande fresque de la vie cairote de 1917 à 1944. Le tome I, ou «L’impasse des Deux-Palais», couvrant la période entre 1917 et 1919 est centrée sur le chef de famille, Ahmed Abd el-Gawwad, et Amina, son épouse, femme soumise, mariée très jeune qui, dans un rapport, de maître à esclave, attend chaque soir le retour du mari de sa veillée, avec une fixité, des habitudes, l’inexorable œuvre du temps sur les individus. «Le temps, est le vrai héros de ma trilogie», dit Naguib MAHFOUZ. Le politique, le religieux et le social y sont inextricablement mêlés.

Chaque membre de la famille est une facette de la réalité sociale égyptienne. Ahmed Abd El Gawwad, le père, règne en monarque absolu sur sa famille et en roi de la nuit auprès de ses amis. Amina, la mère, est le modèle de la femme protectrice et soumise. Puis viennent les cinq enfants, trois frères et deux soeurs. Yasine, issu d’un premier mariage, est un noceur incapable de résister aux tentations. Fahmi, pur et idéaliste, s’engage politiquement. Kamal, le petit dernier, a tout encore à construire. Aisha, belle comme le jour, est aussi fraîche et légère que Khadiga est raisonnée et sérieuse. L’espace de la maison délimite l’univers des femmes tandis que l’extérieur est occupé par les hommes. Ses romans précédents s’attachaient à préciser le fossé entre le monde traditionnel et la vie moderne. Sur le plan métaphorique, cette trilogie est une peinture de l’histoire de l’Égypte, un pays millénaire, avec de nombreuses minorités, mais qui sera vaincu par la suite notamment par les Ottomans et les Britanniques ; ses rois du XIXème siècle, n’étaient pas des Égyptiens, mais des Albanais. «Avant de commencer la trilogie du Caire, par exemple, j’ai fait des recherches approfondies. J’ai compilé un fichier sur chaque personnage. Si je n’avais pas fait cela, je me serais perdu et oublié quelque chose. Parfois, un thème découle naturellement des événements d’une histoire, et parfois j’en ai un en tête avant de commencer. Si je sais à l’avance que je veux dépeindre la capacité d’un être humain à surmonter tout mal qui pourrait lui arriver, je créerai un héros capable de démontrer cette idée», dit-il. En effet, cette trilogie, composée de plus de 1410 pages est une saga familiale retraçant le parcours d’une famille bourgeoise vivant au Caire qui va assister aux bouleversements politiques, sociaux, que connaît la capitale depuis la Révolution, en 1919, de Saad ZAGHLOUL (1859-1927), un nationaliste, souvent exilé par le colon et fondateur du parti Wafd, jusqu’aux derniers jours de la monarchie. «Vivre ou mourir, peu importe ! La foi est plus forte que la mort, et la mort plus noble que l’humiliation ! Grand bien nous fasse cet espoir à côté duquel la vie ne vaut rien. Bienvenue à toi, matin nouveau de la liberté. Dieu que ta volonté soit faite !», écrit-il dans «L’impasse Deux-palais».

Dans cette trilogie, Naguib MAHFOUZ fait évoluer, dans un itinéraire historique et politique, de l’Égypte, à travers la vie d’une famille, de la révolution de 1919, du califat ottoman à l’effondrement du nazisme, à travers le parcours d’une famille, jusqu’à la chute de la monarchie. L’Égypte s’affranchit de son occupant britannique et affirme sa liberté. Le narrateur abandonne le «Nous», une forme de despotisme, pour employer le «Je», une affirmation de l’individu, qui n’est homme que dans la liberté. Le personnage de Kamal est une incarnation de l’auteur, une part autobiographique, un rationaliste opposé au conservatisme, au despotisme familial «Kamal de la trilogie représente ma propre génération, nos idées, nos choix, nos dilemmes et nos crises psychologiques, et donc son personnage est en ce sens autobiographique. Mais il est universel en même temps. Je me sens aussi proche d’Abdul Gawad, le père ouvert à la vie sous tous ses aspects, il aime ses amis et il ne blesse jamais cet isolement n’a jamais bougé. Les deux ensemble représentent les deux moitiés de ma personnalité. Abdel Gawad est très grégaire, aime l’art et la musique; Kamal est inhibé et timide, sérieux et idéaliste», dit-il. Le personnage d’Abd Al Gawad est le symbole du mâle égyptien, misogyne et tyrannique dans sa famille, qu’il bat pourtant au plan national pour libérer l’Égypte de la tyrannie et du colonialisme britannique. En effet, Ahmed Abd Al Gawad, dit «El Sayed», est le chef craint et incontesté de la famille. Personnage ambivalent, c’est un bon chef de famille respectueux des traditions et de la religion devant de sa femme Amina et de ses enfants, faisant ses prières et gérant d’une main de fer son commerce. «La femme occupe une place centrale dans mes romans. Elle y a toujours un rôle actif. A travers elle, j’ai souvent tenté de dépeindre l’évolution de la société égyptienne, ses contradictions», dit Naguib MAHFOUZ. Homme libre, amateur de chant, d’humour et de belles femmes et des soirées arrosées, il va cependant, va porter, pendant cinq ans, le deuil de son fils, Fahmi, tombé pendant les manifestations lors de la Révolution de 1919, une répression sanglante avec plus de 800 morts. Ce patriarcat sera, par la suite, remis en cause, une métaphore de l’écroulement d’un ancien régime paternaliste au profit d’une modernité cependant fidèle à une identité égyptienne. Ainsi, Amina, modèle de l’épouse parfaite , tout en respectant les traditions et en assumant ses responsabilités, s’émancipe timidement, notamment lorsqu’elle décide de se rendre à la mosquée Al Hussain pour se sentir proche du saint qu’elle a toujours imploré. «En écrivant sur des femmes de la classe inférieure, j’avais simplement l’intention de montrer que pendant la période où ces romans sont fixés, les femmes n’avaient aucun droit. Si une femme ne pouvait pas trouver un bon mari ou divorcer d’un mauvais mari, elle n’avait aucun espoir. Parfois, son seul recours était, malheureusement, un comportement illicite. Jusqu’à très récemment, les femmes étaient très démunies avec très peu de droits. . . même des droits fondamentaux tels que la liberté de choix dans le mariage, le divorce et l’éducation. Maintenant que les femmes sont éduquées, cette situation est en train de changer, parce qu’une femme instruite a une arme», dit-il. Abd Al Gawad a quatre enfants, dont Yacine, l’aîné, mais sa mère a été répudiée pour adultère, et il découvre que son père est également volage. Fami est l’étudiant engagé, luttant pour la justice et l’indépendance de l’Égypte. Sérieux, intègre, il étudie la philosophie. Khadidia, l’aînée, d’un physique disgracieux, est restée dans l’ombre de sa petite sœur, Aïcha, qui collectionne les prétendants pour un mariage. Mais le patriarche exige que l’aînée Khadidia doit être la première à se marier, avant sa petite sœur.

Finalement, profondément égyptien et ancré dans la ville du Caire et ses quartiers populaires, la contribution littéraire de Naguib MAHFOUZ est marquée par l’enracinement et l’ouverture, l’identité de son pays dans sa civilisation millénaire, dans sa construction de l’Etat-Nation. Dans sa littérature, les apports extérieurs ont été acceptés afin de mieux exposer son point de vue égyptien : «avant que ne s’y épanouisse la culture islamique, l’Égypte a été fortement influencée par d’autres cultures : indienne, perse, grecque, méditerranéenne, sans oublier celle des anciens Égyptiens. Ces rencontres avec d’autres mondes se sont toutes révélées fécondes ; elles ont enrichi notre identité propre autant que notre culture classique. Loin d’affaiblir notre organisme ou d’en freiner la croissance, elles l’ont rendu plus vigoureux. Prenez la littérature, les idées, les de l’Occident sont parvenues en Égypte : nous les avons acceptées. Et, grâce à elles, nous avons créé, dans le roman, le conte ou l’essai, des formes nouvelles typiquement égyptiennes. Certes, le genre narratif a chez nous une très ancienne origine arabe, mais on peut dire que, sous l’effet des courants européens, il a acquis une vigueur nouvelle, il a mieux ancré ses propres racines. Ces courants, nous les avons si bien intégrés à notre sol, à notre culture qu’ils ne se distinguent plus d’elle ; l’acclimatation est si réussie que ces courants semblent avoir toujours existé chez nous» dit Naguib MAHFOUZ au «Courrier de l’Unesco».

III – Naguib MAHFOUZ, son attachement viscéral à la liberté et à la démocratie

Naguib MAHFOUZ, qui a su largement éviter la censure, est profondément attaché à la liberté et à la démocratie «Au début de tout ce qui passe autour de nous, je resterai optimiste jusqu’à la fin. Je ne dis pas comme Kant que «le Bien triomphera dans l’au-delà ; le Bien remporte des victoires chaque jour ; il est possible que le Mal soit plus faible que nous l’imaginions. Si la victoire n’est pas toujours du côté du Bien, des hordes d’hommes confrontées à des catastrophes naturelles, la peur, à l’égoïsme, n’auraient pas former des nations, exceller dans la créativité et l’invention, conquérir l’espace et déclarer les droits de l’Homme. En vérité, le Mal est un corrupteur tapageur, c’est que l’homme est davantage marqué davantage par ce qui l’affaiblit, par ce qui l’a blessé, que par ce qui lui a fait du Bien. Notre grand poète, Abul-Ala, avait raison quand il disait « une peine à l’heure de la mort est cent fois plus forte qu’une joie à l’heure de la naissance. On ne peut réaliser de progrès que dans quelque chose de scientifique, artistique, littéraire ou social. La liberté est l’essence», dit Naguib MAHFOUZ.

«Les fils de la Médina» ont valu à Naguib MAHFOUZ une violente agression, du 14 octobre 1994, de fondamentalistes musulmans. En effet, un fanatique, se prétendant offensé par ses écrits, lui assène un coup de poignard au cou, sectionnant un nerf et rendant l’écriture très difficile. Le roman, «Les fils de la Médina», qui condamne implicitement la politique de Gamal Abdel NASSER (1918-1970), président égyptien de 1956 à 1970, est jugé blasphématoire. Pour éviter les tensions, il décide de le retirer de la scène politico-littéraire. En effet, accusé de blasphème contre l’islam, par les fondamentalistes religieux, un jeune lui donne des coups de couteau, le laissant presque mort et prend la fuite. L’écrivain rentrait à peine du siège du journal «Al-Ahram» où il se rendait chaque jour pour écrire une chronique. Au moment où il descendait du véhicule du journal, un jeune s’est approché de lui, Naguib MAHFOUZ a cru qu’il voulait le saluer comme tous les Égyptiens qu’il rencontrait le matin en allant acheter ses journaux sur le pont. Il a été transporté par des passants à l’hôpital de la police pas loin de son appartement situé à El Aghouza. «Une société plus juste, plus libre, mettra sans doute fin à tous les extrémismes religieux» dit-il. Malgré cela, il ne garde aucune rancune contre son agresseur : «le Bien remporte chaque jour des victoires parce que du Mal peut naître le Bien», dit-il.

En 1959, la publication en feuilleton est à peine achevée que le cheikh Ghazali, un ouléma influent, adresse un rapport au président NASSER afin de s’opposer à la publication du roman qui, selon lui, porte atteinte à l’image des prophètes. Théoriquement, l’université conservatrice du Caire, Al-Azhar, ne fait pas partie du dispositif de censure instauré par la législation égyptienne. Son rôle se borne à vérifier le contenu des copies du Coran en circulation. Cependant, et en raison de la grande influence des fondamentalistes, il était risqué de publier ce roman en Égypte. Dans ses romans, Naguib MAHFOUZ fait appel à des allégories, souvent combattues par les fondamentalistes musulmans : «Je voulais que le livre montre que la science a sa place dans la société, tout comme le fait une nouvelle religion, et que la science n’est pas nécessairement en conflit avec les valeurs religieuses. Je voulais que les lecteurs levis soient pour persuader que si nous rejetons la science, nous rejetons l’homme de la rue. Malheureusement, il a été mal interprété par ceux qui ne savent pas comment lire une histoire. Bien que le livre parle des ghettos et de ceux qui les dirigent, il a été interprété comme étant à propos des prophètes eux-mêmes. En raison de cette interprétation, l’histoire était, naturellement, considérée comme choquante, censée montrer les prophètes marchant pieds nus, agissant avec cruauté. Mais bien sûr, c’est une allégorie. Ce n’est pas comme si les allégories étaient inconnues dans notre tradition. Dans l’histoire de «Kila et Dimnah», par exemple, un lion représente le sultan. Mais personne ne prétend que l’auteur a transformé le sultan en animal», dit Naguib MAHFOUZ. À la suite d’un accord entre le chef de cabinet du président, Hassan Sabri Al-Khôli, et Naguib MAHFOUZ, il est convenu que ce roman ne sera publié en Égypte qu’avec l’accord exprès de l’université d’Al-Azhar. Cependant, en 1964, ce roman est publié, à l’étranger, par un éditeur libanais, Souhail Idriss. L’accord avec le gouvernement est respecté, mais une copie pirate, va circuler, largement, au Caire. «Il y a là une leçon de l’Histoire que certaines forces gouvernementales ou religieuses n’ont pas suffisamment comprise : la meilleure publicité qu’on puisse faire à la diffusion d’un livre, c’est de l’interdire ! Quand bien même on le voudrait, une telle interdiction est illusoire avec le développement des modes de communication modernes. Au lieu d’être confisqué, le roman est au contraire devenu chez les créateurs le symbole du défi à la censure sous toutes ses formes», écrit Gamal GHITANY, dans le journal «Le Monde».

Son dernier roman, «Le Septième Paradis», publié en 2005, a été écrit «parce que la spiritualité est très importante pour moi et source d’inspiration et je veux croire que quelque chose de bien se produira après ma mort», dit-il. Naguib MAHFOUZ, dans son ambition littéraire, est fondamentalement attaché à la démocratie et à la liberté d’expression «Je vais vous dire exactement ce que je pense : chaque société a ses traditions, ses lois et ses croyances religieuses, qu’elle essaie de préserver. De temps en temps, des individus qui demandent des changements. Je crois que la société a le droit de se défendre, tout comme l’individu a le droit d’attaquer ce qu’il n’est pas d’accord. Si un écrivain arrive à la conclusion que les lois ou les croyances de sa société ne sont plus valides ou même nuisibles, il est de son devoir de parler haut et fort. Mais il doit être prêt à payer le prix de son franc-parler. S’il n’est pas prêt à payer ce prix, il peut choisir de garder le silence. L’histoire est pleine de personnes qui sont allées en prison ou ont été brûlées sur le bûcher pour avoir proclamé leurs idées. La société s’est toujours défendue. Aujourd’hui, elle le fait avec sa police et ses tribunaux. Je défends à la fois la liberté d’expression et le droit de la société à y aller. Je dois en payer le prix pour les différences. C’est la voie naturelle des choses», dit-il. Naguib MAHFOUZ est un partisan d’un Islam éclairé et moderne, «J’étais fervent religieux quand j’étais jeune. Mais mon père n’a pas mis de pression sur moi pour aller aux prières du vendredi, même s’il y est allé toutes les semaines. Plus tard, j’ai commencé à me sentir fermement que la religion devrait être ouverte ; une religion fermée d’esprit est une malédiction. Je considère la religion très importante, mais aussi potentiellement dangereuse. La religion doit être interprétée de manière ouverte, parler d’amour et d’humanité. La religion est liée au progrès et à la civilisation. Je considère la religion comme un comportement humain essentiel. Pourtant, il est clairement plus important de bien traiter son prochain homme que de toujours prier, jeûner et toucher la tête à un tapis de prière», dit Naguib MAHFOUZ. L’auteur revendique son appartenance à la branche soufie de l’Islam et revendique la religion ne devrait pas tuer la vie qui est en nous «J’adore le soufisme comme j’aime la belle poésie, mais ce n’est pas la réponse. Le soufisme est comme un mirage dans le désert. Il vous dit, «venez-vous asseoir, détendez-vous et amusez-vous pendant un certain temps». Je rejette toute voie qui rejette la vie, mais je ne peux m’empêcher d’aimer le soupe parce que ça a l’air si beau», dit-il. Naguib MAHFOUZ a chanté la vie et l’espérance «Vivre ou mourir, peu m’importe! La foi est plus forte que la mort, et la mort plus noble que l’humiliation! Grand bien nous fasse cet espoir à côté duquel la vie ne vaut rien. Bienvenue à toi, matin nouveau de liberté. Dieu que Ta volonté soit faite !», écrit-il dans «Palais des désirs».

Vivant dans la banlieue de Caire, Aguouza, le mercredi 30 août 2006, Naguib MAHFOUZ meurt au Caire, à l’âge de de 94 ans. Il était marié depuis 1954, jusqu’à sa mort à Attiyatullah, qui lui a donné deux filles : Umm Kultoum, en l’honneur de la grande chanteuse égyptienne, et Fatima. À la mort de Mahfouz en 2006, le président égyptien salua les «valeurs d’éveil et de tolérance de l’écrivain ; on se souviendrait de lui comme d’une lueur culturelle qui révéla au monde la littérature arabe», dit Hosni MOUBARAK. En effet, Naguib MAHFOUZ a réussi, à travers sa littérature, à peindre l’Égypte profonde avec ses vices, sa bonté, sa grandeur, mais aussi sa décadence. En effet, Naguib MAFOU, dans sa contribution littéraire, s’est attacher à mettre en lumière les qualités, comme les défauts de la société égyptienne et à mettre à l’honneur son pays dont il était si fier, lui, qui se voyait héritier de deux grandes civilisations, pharaonique et islamique. Pour cela, Naguib MAHFOUZ a mérité le titre d’Essayed, le maitre de la littérature arabe, image que le personnage de Ahmed Abdeljawad a très bien reflétée dans la trilogie. Dans son testament Naguib Mahfouz a demandé que la prière du mort soit célébrée dans la mosquée Al-Hussein, située, à quelques mètres de son lieu de naissance dans le quartier de Gamaliyya, et où sa mère l’emmenait quand il était enfant.

Références bibliographiques

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MAHFOUZ (Naguib), Akhénaton, le renégat, traduit par France Meyer, Paris, Gallimard, 2000, 208 pages ;

MAHFOUZ (Naguib), Chimères, traduction de France Meyer, Paris, Gallimard, 1994, 384 pages ;

MAHFOUZ (Naguib), Echos d’une autobiographie, La Tour d’Aigues (Vaucluse), éditions de l’Aube, 2004, 186 pages ;

MAHFOUZ (Naguib), Entretiens, avec Gamal Ghittany, traduction de Kahled Osman, Paris, Sindbad, 1991, 168 pages ;

MAHFOUZ (Naguib), Son Excellence, traduction de Rania Samara, Arles, Actes Sud, 2008, 200 pages ;

MAHFOUZ (Naguib), Impasse des deux palais, traduction de Philippe Vigreux, Paris, Jean-Claude Lattès, 2007, 570 pages ;

MAHFOUZ (Naguib), Karnak Café, traduit par France Meyer, Arles, Actes Sud, Babel, 2014, 128 pages ;

MAHFOUZ (Naguib), La belle du Caire, traduit par Marie Francis-Saad, Arles, Actes Sud, Babel, 2003, 630 pages ;

MAHFOUZ (Naguib), La malédiction de Râ, Paris, LGF, 2001, 220 pages ;

MAHFOUZ (Naguib), La quête. roman, traduction de France Meyer, Paris, Denoël, Association Alif, 1997, 220 pages ;

MAHFOUZ (Naguib), La trilogie : Impasse des deux palais, le jardin du passé, le jardin du plaisir, préface de Jamal Chehayed, traduction de Philippe Vigreux, Paris, Livre de Poche, 1993, 1410 pages ;

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MAHFOUZ (Naguib), Les fils de la Médina, traduit par Marie Francis-Saad, Arles, Actes Sud, Babel, 2003, 630 pages ;

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MAHFOUZ (Naguib), Miramar, traduction de Fawzia Al-Ashmawi-Abouzeid, Paris, Gallimard, 1993, 217 pages ;

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MAHFOUZ (Naguib), Mille et Une nuits, traduction de Maha Baaklini-Laurens, Paris, Babel, 2006, 336 pages ;

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B – Biographies ou critiques de Naguib MAHFOUZ

1 – Biographies et autres références

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Paris, le 25 mars 2024, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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