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MOUHAMED DAKHA BA NEPHROLOGUE A TOUBA : « 99% des patients rénales utilisent des faux médicaments »

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Chef de service à Matlaboul Fawzeyni et coordonnateur de l’association walou askan wi   qui existe depuis 6 ans  et lutte contre les maladies rénales chroniques à Touba, Mohamed Dakha Ba est  néphrologue.  Avec nous  il est  revenu  sur  la  situation de la maladie rénale à  Touba  notamment avec  la  vente  illicite  de faux  médicaments. Selon  lui,  il  existe  un vrai link   jusqu’à 99%  des  cas, entre  la  maladie  rénale et l’utilisation  abusive  des  faux  médicaments…. Entretien

 Quelle est la situation  de la maladie rénale  à  Touba ?

Actuellement on a 162 malades inscrits sur la liste d’attente 28 dialysés chroniques, on a plus de 800 malades qui viennent en consultation pour maladies rénales. Cela ne veut pas dire que ces 800 malades sont en attente d’être dialysés parce qu’il y a différents stades de la maladie rénale.

 Un fort  taux  de maladies rénales,  y a t-il  une corrélation avec  ces faux médicaments ?

C’est un peu difficile de faire la corrélation avec la prise de ces médicaments qui sont dans les marchés illicites et la survenue d’une atteinte rénale. Parce que le problème majeur, tous les malades qui viennent en urgence dans leur dossier ou historique dans l’antécédent, il n’y a pas de motion de prise de médicaments notifiée illicite. Et les malades n’avouent pas qu’ils ont pris ces médicaments là mais il y a une pratique à Touba, le fait de soigner de manière ancestrale ou empirique une asthénie physique. Ils utilisent ce que l’on appelle la théramicine et la boisson gazeuse. Et l’effet, c’est que, le malade vient dans un état de diarrhée profuse et quand on dit diarrhée, le malade se vide d’eau et en se vidant d’eau il peut avoir une atteinte rénale. Donc le plus souvent ce sont des genres de malades qu’on reçoit aux urgences c’est pourquoi même dans nos consultations en néphrologie 99% des patients ont eu à s’approvisionner dans les dépôts.

Le link entre  ces faux médicaments et les maladies rénales est  donc  réel ?

C’est compliqué pour moi, parce que je ne veux que garantir la santé rénale de la population de Touba mais ce que j’ai eu à remarquer parmi les causes d’insuffisance rénale, il y a cette notion d’utilisation abusive des médicaments auprès des dépôts. Cela pour des raisons diverses : parce que c’est des médicaments accessibles, les médicaments sont délivrés sans ordonnance, la population de Touba contrairement à ce qu’on pense les 60% sont pauvres. Donc ils font un système de bon, par exemple un médicament qui coûte 20 000 francs aujourd’hui tu peux me donner 500 francs ainsi de suite le temps que tu puisses payer la dette.  Ce qui fait que c’est un commerce accessible. Et le malade ne peut pas faire le distinguo entre un dépôt et une pharmacie légale parce qu’ils ont les enseignes, l’étalage tout d’une pharmacie normale.

Malgré cela   des  dépôts  se trouvent devant  même les  structures de  santé ?

« Touba est une ville spéciale, les dépôts, comparés aux officines c’est pratiquement 10 fois parce qu’il y a 410 dépôts contre 41 officines à Touba. C’est une ville un tout petit peu disparate où le marché des médicaments de la rue est monnaie courante. Les points les plus saillants c’est le marché Okass et les artères des structures hospitalières.

Quelle est donc cette force  invisible qui vous  tord  le bras ?

 Une chose est  sure, c’est  contraire à  la loi. Depuis 5 ans cela a évolué. Avant  c’était  plus  dangereux. Un jour quand je faisais une émission à sud fm, un dépositaire m’avait appelé pour me dire : « Dakha vous venez d’arriver à Touba laissez les dépôts tranquilles », c’est une intimidation qui ne dit pas son nom. Cela pose problème mais, aujourd’hui les malades commencent à être conscients de ce problème-là moi systématiquement, à ma consultation un malade qui vient j’exige l’ordonnance et les médicaments. Si ceux sont des médicaments de dépôt, c’est poubelle donc de fil en aiguille, de bouche à oreille, ils disent que ce médecin là c’est les médicaments de l’officine qu’il  recommande.

Donc l’espoir est  permis…. ?

On a carte blanche oui et chaque mardi on fait une descente dans les quartiers, on a eu à sillonner 350 localités  et une cinquantaine d’émissions radios pour sensibiliser sur la progression de la maladie rénale chronique. Cela veut dire les médicaments de la rue, le diabète, les bouillons ainsi de suite.

Yandé Diop

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