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« Lénen ak Niénen »: de nouveaux visages et usages du politique pour une autre image de la politique

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Notre pays sombre dans le désespoir. Il cumule toute une série de contreperformances multisectorielles qui annule et annihile toute chance de l’inscrire dans une continuité républicaine rassurante préservée de la violence et de l’insécurité.

Le Sénégal est plongé dans une précarité à l’issue incertaine dans laquelle l’ont poussé ses dirigeants actuels ; pyromanes de l’éthique, embourbés dans des vices, pires que ceux qu’ils n’ont cessé de dénoncer chez leurs prédécesseurs tout aussi responsables de la situation. Le catalogue de scandales répétitifs n’augure rien de bon.

Il s’avère impossible de ne pas imputer les déceptions et les lamentations citoyennes à cette représentation politicienne périmée qui empoisonne tout appétit de s’investir en politique. Les présomptions fatalistes de plus en plus audibles dans les discours, disent tout le désarroi de notre société incarcérée dans le cynisme et l’inamovibilité de sa classe politique.

Difficile de ne pas imputer à l’opportunisme, à l’égoïsme et au cynisme des dirigeants ce qui va mal. Ils excellent dans la mauvaise foi pour maintenir le peuple dans des fausses questions bassement politiciennes accoucheuses de faux espoirs.

Face à cette situation, la dénonciation et l’indignation ne suffisent plus. La déconsidération du politique, le mépris des politiciens, la démission, l’abstention et l’indifférence, non plus.

La participation responsable s’impose pour l’élection d’un chef digne de ce nom. Car, « un mauvais chef, c’est tout ce qu’il faut pour rendre un peuple malheureux. Rien de plus » a justement écrit un jour un de mes anciens étudiants.

Face à la profanation des valeurs culturelles, morales, républicaines et démocratiques les plus fondamentales, la plupart d’entre nous reste dans l’inertie. Plus rien ne semble choquer les citoyens. Pourtant partout, où elle a élu domicile, cette inertie complice a mené à l’agonie. Faire preuve de trop de patience dans ce contexte, c’est faire preuve de trop de passivité.

L’indifférence laisse ainsi la voie libre à un pouvoir qui cherche à inféoder les gardiens de nos valeurs morales, culturelles, morales, républicaines et démocratiques. Ce pouvoir s’y prend notamment en les rendant dépendant de leur générosité indécente et douteuse. Il s’y prend également en faisant montre du plus grand mépris de la vérité, de la loyauté et de la sincérité.

Notre peuple, notre jeunesse, nos enfants, nos femmes, nos mères, les travailleurs et les populations au chômage sont malheureux et fatigués d’être fatigués. Le désirable n’est plus envisagé et ancré ici, mais imaginé et situé dans un lointain que les jeunes sont prêts à payer au prix de leur vie et au sacrifice de leur liberté.

La jeunesse n’est pas une charge mais une chance pour la nation et pour la famille. Notre jeunesse est une richesse qu’on nous envie dans le monde. A nous d’en faire une force pour notre prospérité. Quand on parle de l’avenir de l’Afrique, on évoque la jeunesse de sa population. Jeunesse rime en ce sens avec richesse.

Ceux-là ont le droit de bien vivre dans un pays qui doit leur assurer la protection sociale, un travail et le droit de bien vivre. Notre pays regorge d’immenses richesses matérielles et immatérielles, mais aussi de tout ce qu’il faut pour rendre les citoyens heureux, sauf le plus essentiel : un bon président à la hauteur de sa fonction, soucieux des dimensions de sa mission et des élégances républicaines, mais pas d’un politicien partisan qui intrigue et déroute par ses limites.

La noblesse de la fonction interdit les promesses faites sous un tissu de mensonges camouflés destinés à conquérir le pouvoir juste pour ce qu’il procure.

La noblesse de la mission interdit de faire de la politique, une terre d’opportunité où l’on peut s’enrichir comme on l’entend, au risque de ruiner l’avenir des générations actuelles et futures.

La noblesse de la dimension interdit d’abuser et de brader le patrimoine et le potentiel matériel et symbolique de l’Etat.

La noblesse de la représentation interdit de placer n’importe qui dans cette magistrature qui requiert des qualités exceptionnelles et une éthique irréprochable.

Ceux qui nous dirigent nourrissent plus un regret électoral qu’ils ne suscitent de projets crédibles. Loin de résoudre les problèmes auxquels les populations font face, ils les amplifient avec un incroyable talent, sans arriver à nous épargner les blessures de la pauvreté et les douleurs de la misère.

Ils ont fait du Sénégal un pays fracassé par de trop grandes inégalités ouvrant la voie à toutes sortes de perversités. L’on s’émerveille désormais devant l’indécence et le déshonneur qui n’inspirent que dégoût, mépris, irrévérence et déconsidération.

Tout est conçu pour dissuader bon nombre de citoyens vertueux d’entrer en politique. Il n’y a plus de neutralité possible. Il est grand temps de passer à autre chose et par d’autres acteurs si l’on veut éviter à notre pays la ruine de son potentiel du fait de la mal-présidence chronique et du pouvoir de nuisance politicienne qui le dévore, exacerbé par le poison de la corruption.

Le ciment national tend à se fissurer. Le tissu social se déchire. Nous ne pouvons plus rester passifs et déserter le champ politique. Les déchirures nous atteindraient quand bien même nous penserions en être épargnés.

Nous avons la responsabilité d’être les soldats au service de notre pays. A la hauteur de nos ancêtres et repères traditionnels. De ces grands hommes qui nous ont montré les échelles de valeur à suivre et dont nous nous réclamons.

La tradition sénégalaise du mépris de l’injustice doit être ravivée si nous ne voulons pas nous égarer dans les sentiers de l’arbitraire, en violation permanente de l’Etat de droit.

Notre pays est moralement saccagé, politiquement malmené et économiquement condamné aujourd’hui à demeurer parmi les pays les plus pauvres du monde, du fait notamment de l’incompétence arrogante, querelleuse, outrancière et obscène de ses dirigeants, dont les revenus exorbitants et faramineux ne sont point justifiés par les services qu’ils auraient rendu à notre pays.

Obsédés par la rente de situation que la politique leur assure, ils gratifient indument de largesses leurs militants, partisans, parents et alliés au terme d’un marchandage de privilèges et de transactions honteuses, méprisant les intérêts fondamentaux du peuple.

Ils rémunèrent et donnent des privilèges plus qu’il n’en faut pour servir son pays.

Ils négligent et incarcèrent nos valeurs dans les mauvais exemples qui dépouillent notre pays de toutes ces vertus interverties qu’il faut nécessairement réhabiliter.

Ils dévalorisent le mérite, le travail, l’honnêteté, la sincérité, la vérité, la dignité, l’égalité, l’équité, l’élégance républicaine, la solidarité institutionnalisée au profit de penchants peu conformes à nos valeurs morales et spirituelles.

Ils substituent volontairement le superflu au nécessaire et le superficiel à l’essentiel, comme le montrent les acrobaties institutionnelles destinées à caser de la clientèle politicienne, sans que celles-ci n’aient une quelconque utilité pour l’intérêt général et le destin collectif.

Ils jettent finalement notre pays dans le vide d’intégrité, de vérité, de loyauté, de responsabilité, de sincérité et de dignité. L’insincérité a rendu la parole d’autorité suspecte.

Leur boulimie des privilèges du pouvoir sacrifie les futures générations. La gouvernance sobre et vertueuse dont ils se réclamaient reste une illusion que nos finances ne peuvent point supporter.

Ils demeurent incapables de proposer des solutions adéquates au malaise politique sénégalais multiforme qui pourrait, si l’on n’y prend pas garde cristalliser la rage sociale et braquer une jeunesse perturbée sans perspective d’avenir.

Le Sénégal est une mine d’or et de bien d’autres richesses, mais aussi un volcan de déceptions et de frustrations qui n’augurent rien de bon, si rien n’est fait pour mettre les rênes du pays entre des mains propres non suspectes.

La politique est devenue ainsi un souci avec le temps dans notre société. Elle est devenue un problème là où elle devait être une solution, une ligne d’action, un investissement, une vertu, une éthique, une activité exigeante en compétences et qualités exceptionnelles. Elle ne devrait jamais se travestir en activité encourageant la prostitution de la vérité et de la dignité.

La politique est une activité suprême dont le luxe ne réside ni dans les accumulations extravagantes, ni dans l’obsession du clinquant, ni dans l’exhibition des parures superficielles, ni dans l’abondance des biens matériels, ni dans l’opulence des rituels républicains, ni dans la bousculade à amasser les énormes privilèges, ni dans la célébration des titres mirobolants, mais essentiellement dans la perspective d’un service à rendre à la collectivité pour lui assurer un mieux-être.

Cela suppose l’élection de dirigeants responsables, indifférents aux titres, honneurs et profits, aux exhibitions mondaines et aux dépenses de prestige dont les gouvernants aiment à se couvrir.

Possédant plus qu’il n’est nécessaire ; créant des institutions plus qu’il n’est nécessaire ; engraissant les rangs partisans clientélistes sur le dos du peuple avec la complicité d’une frange de la population qui semble s’être habitué aux mensonges au point de les banaliser, au lieu d’exiger plus de sincérité à leurs représentants et dirigeants. La citoyenneté politique est ainsi transformée en marchandise électorale.

Nous ne pouvons pas nous accommoder des malversations que nos croyances et valeurs culturelles fondamentales méprisent. Il ne suffit pas de condamner. Il ne suffit plus de dénoncer. Les proclamations vertueuses, aussi fortes soient-elles, ne suffisent pas si l’on veut servir nos concitoyens.

Servir c’est s’investir. S’investir c’est choisir d’agir. S’investir c’est agir contre le pire. Agir pour ne pas consentir à la disparition de nos valeurs positives. Agir contre le chômage et les difficultés du quotidien. Agir contre les déficits. Agir pour la prospérité. Agir pour l’éducation. Agir pour la santé. Agir pour la sécurité. Agir pour une meilleure gestion des finances publiques. Agir pour une maximisation des ressources. Agir pour la constitution d’un gouvernement optimal. Agir pour l’institutionnalisation de la solidarité, non plus concentrée entre les mains du président de la République ou de la première dame. Agir d’abord en sensibilisant et en communiquant sur la nécessité d’impulser un nouvel élan par une nouvelle génération qui ne fait pas de la politique pour l’argent et les privilèges qu’elle procure. Agir pour une appropriation collective de ce qui est juste, bon et utile. Cela est possible avec de nouveaux acteurs politiques. Il nous revient de réaliser ce souhaitable ; de faire de ce souhait une possibilité.

Agir c’est choisir. Choisir une nouvelle génération d’acteurs politiques dont la grandeur spirituelle et la splendeur éthique sont mises au service du bien-être de la collectivité. Choisir une génération d’acteurs politiques dévouée à la communauté et à la nation. Choisir une génération utile à la nation et aux citoyens. Choisir de renouveler l’élite pour prendre un nouvel élan susceptible de reconstruire le Sénégal sur de nouvelles bases éthiques. Choisir une autre politique pour que le Sénégal redevienne une terre d’hospitalité bienveillante et de prospérité collective. Choisir une autre justice plus indépendante. Choisir un autre Président. Telle est l’antidote contre la mal-présidence.

Nous ne devons pas accepter de continuer d’être gouvernés et piétinés de cette façon. Nos chances de prospérité sont intactes avec les échéances électorales à venir, à condition de bien choisir ceux à qui l’on confie les affaires politiques. Mieux choisir ceux à qui l’on confie la gestion du pays. Ils doivent être exceptionnels et irréprochables. Ils ne sauraient être des suspects, jouissant d’une mauvaise réputation, dont on guette la fin de règne pour leur intenter des procès pour haute trahison.

Les voix doivent s’élever pour baliser l’avenir de notre patrie. Chaque voix qui s’élève est un pas vers la célébration d’une vie meilleure. Chaque voix qui s’élève est un bond vers la consécration d’une nouveauté politique contre les archaïsmes politiciens. Chaque concitoyen convaincu est un saut contre l’abstention et la résignation. Tout nous incite à la résignation. Mais la résignation, l’indifférence et le fatalisme constituent bien de pires et redoutables nuisances pour nos existences. Rien ne devrait nous détourner de nos responsabilités bien comprises.

Telles sont les raisons et les finalités à la source de notre engagement :
– promouvoir une existence politique nouvelle ;
– Arrêter notre indulgence et notre complaisance à l’égard du pire ;
– entrer et faire de la politique autrement ;
– servir dignement, honnêtement, fidèlement et efficacement notre pays et ses composantes.

La politique est une promesse, mais surtout une sagesse qu’il ne faut pas laisser entre les mains de politicards et profiteurs qui découvrent avec la politique un moyen de s’enrichir et d’amasser malhonnêtement une fortune.

L’argent tend à devenir non seulement le principal concurrent de la dignité, de la vérité et de l’honneur mais aussi de la foi et de Dieu. Il convient d’y mettre un terme par la désignation d’une nouvelle classe d’hommes et de femmes politiques. Le Sénégal ne manque pas d’hommes et de femmes de qualité qui sont profondément et fidèlement enracinés dans les valeurs morales de notre culture.

La politique est devenue un commerce avec des gouvernants qui se comportent en boutiquiers et des citoyens qu’ils cherchent à convertir en clients. Dans ces conditions, la République n’est pas à l’abri du triomphe de la citoyenneté calculatrice. L’argent serait-il devenu, comme le craignait K. Marx « la prostituée universelle, entremetteur des hommes et des peuples » ? Il convient d’y remédier en urgence pour que la prophétie de Karl Marx ne se réalise pas.

L’argent de la corruption politicienne nous détourne aujourd’hui de nos responsabilités politiques et de nos valeurs morales. Il altère nos intimes convictions par la puissance du calcul égoïste. Il dénature l’utilité de nos institutions. Il appauvrit notre citoyenneté. Il tue notre dignité. Il anéantit nos croyances. Il aplatit nos volontés. Il destitue nos références. Il brouille nos repères. Il permet la corruption. Il pille nos sagesses. Il chiffre la citoyenneté. Il achète les fidélités. Il autorise la vulgarité. Il achète les trahisons. Il nous revient de rétablir, au nom de la dignité républicaine, la juste mesure de l’argent. La citoyenneté responsable et l’amour de patrie peuvent triompher de la toute-puissance de l’argent de la corruption politicienne. La dignité et l’honneur citoyens peuvent neutraliser l’argent et la corruption.

Pour cela, le Sénégal a besoin d’un chef d’Etat digne de ce nom. Un président de la République bon, droit, juste, honnête et sincère, voilà ce qui n’a cessé de faire défaut à notre pays. Rien de solide ne sera possible tant que nous ne serons pas capables de mettre des hommes fondamentalement vertueux à la tête de notre pays et de nos institutions. Nous n’avons pas qu’un problème de mal-gouvernance mais un problème de mal-présidence chronique. Pour être efficacement combattu, notre malaise politique doit d’abord commencer par l’identification claire de ce mal que nous nommons : mal-présidence.

L’habit ne fait pas le champion. Il nous faut de nouveaux champions qui rentrent parfaitement bien dans le costume présidentiel, sans l’user ni l’utiliser à des fins personnelles, familiales, partisanes et clientélistes.

Les institutions les plus solides peuvent toujours se retrouver bafouées par des hommes électoralement légitimes, mais politiquement obnubilés par un désir d’enrichissement rapide, des aspirations égoïstes et bassement partisanes ; concentrant leurs efforts davantage dans les moyens de conservation du pouvoir, que dans l’exercice du pouvoir dans un sens favorable au peuple.

Ce défaut de valeur éthique et de probité morale risque de maintenir encore pendant longtemps notre pays dans des difficultés chroniques, si rien n’est fait une bonne fois pour toutes. Car, au-delà des espérances déroutées, se pose fondamentalement la problématique de la mal-présidence qu’il ne faut pas confondre avec la mal-gouvernance. Car ce qui est en cause, le problème fondamental demeure le choix du personnage principal capable d’être à la hauteur des missions exigées d’une telle fonction. On attend de lui des vertus, du sérieux, une bonne réputation, un caractère exceptionnel et irréprochable, au point d’inspirer ses concitoyens et d’impulser une dynamique conduisant vers le progrès.

Le Sénégal ne s’en sortira jamais tant que les politicards continueront à se déguiser en hommes neufs pour mieux usurper le changement. Seuls des acteurs bons et justes pourront faire des œuvres bonnes et justes. Pas le contraire.

La vieille classe politique ne peut pas changer le Sénégal et l’inscrire dans une dynamique resplendissante et plaisante qui le mettra en valeur. Cette vielle et incompétente classe politique est l’incarnation de la souffrance du peuple. Elle n’a cessé de vouloir diriger. Elle n’a cessé d’échouer sans tirer les enseignements et vertus de leurs échecs. Cette classe politique est une calamité pour notre pays. Elle n’est qu’une machine à broyer les espoirs et notre destin. Elle a étalé pendant des décennies toutes les preuves de son incompétence, pour ne pas nous contraindre à l’indifférence.

Les occasions multiples de voir le chef de l’Etat fustiger les tricheries et la volatilité festive du peuple, sa passivité devant les scandales, sa corruptibilité congénitale ; son incivisme notoire, n’est pas qu’une erreur de communication politique, mais certainement un défaut d’analyse de la conjoncture politique imprudemment imputée au peuple, dont on salue au passage, sans y croire, la maturité. Il ne faut pas confondre la perversité des uns avec la maturité des autres.

Où s’arrêtera la « perversité » ? Nulle part. Elle est sans limite, tant qu’il y aura au sein de cette classe politique, une conception mercantiliste et opportuniste du pouvoir. Rien ne sera épargné dans ce trafic de fidélités, de personnalités et de légitimités. Les fêtes religieuses, les confréries, les funérailles se présenteront, si rien n’est fait, comme autant d’opportunités de ruser avec l’autorité politique pour grignoter des privilèges. La malédiction se propagera tant que le vice sera préféré à la vertu ; et la légitimité à l’opportunisme.

Il nous revient, chers compatriotes, de ne pas faillir ou s’affaiblir devant leurs manquements. Il nous revient de faire ce que nous ne pouvons pas manquer de faire, sans trahir la mission qu’implique toute citoyenneté, même s’il faut bien le reconnaître la politique comporte des risques que peu de citoyens ont le courage de prendre. Entrer en politique expose à des périodes difficiles qui peuvent se révéler très amères, mais ces risques ne devraient pas constituer une raison pour se dérober. Il nous faut résister. L’indifférence et l’éloignement de la politique font courir un risque à notre pays. Le champ politique n’est pas un champ réservé à une catégorie de citoyens qui en refuserait l’entrée à d’autres considérés comme des intrus.

Il nous revient de réinventer un nouveau modèle de gouvernance, de présidence et de citoyenneté ainsi que de nouveaux rapports d’autorité mus par la seule volonté de rendre service à l’intérêt commun, à partir d’une bienveillance sincère et généreuse envers le peuple. Ce renouvellement institutionnel passe notamment par une rationalisation de l’organisation politique et gouvernementale dont le nombre hallucinant de ses membres n’est justifié que par des logiques de partage que par des impératifs de cohérence administrative. Celle-ci passe par une politique d’optimisation et de maximisation des ressources, afin d’obtenir le plus d’avantages utiles pour le peuple avec le moins de sacrifices futiles et coûteux pour les contribuables. Etablir la différence concurrentielle entre ce qu’on gagne et ce qu’on dépense. Apprendre à bien dépenser ce qui appartient à l’ensemble de la collectivité nationale. Ce qui requiert une éthique de la responsabilité s’inspirant des principes premiers de notre République et des valeurs ultimes de notre Culture.

Face au mal qui nous guette, il nous faut prendre nos responsabilités et confier le pays à des hommes justes et intègres, exceptionnellement bons et irréprochables, capables de transformer en profondeur notre pays, à partir d’un système de valeurs démocratiques respectables ; mais aussi de normes de délibération capables de répondre efficacement aux aspirations légitimes du peuple si l’on veut mettre un terme au règne de l’arbitraire et de l’inégalitaire.

Regarder ceux qui font autant de mal à notre pays sans réagir, c’est participer à sa destruction. Se taire, alors qu’on dispose d’un savoir suffisant pour éclairer l’opinion publique sur l’absence de sérieux caractéristique de nos gouvernants, c’est aussi une complicité coupable dont il faudra se défaire pour parfaire notre système politique. Ceci revient à sortir du fatalisme boudeur qui nous éloigne de nos responsabilités. Le malaise politique aussi profond soit-il ne doit pas conduire le peuple à la défaillance politique et à la défection citoyenne.

L’intérêt des savoirs scientifiques n’est pas que spéculatif et contemplatif. Aussi pertinents soient-ils, les savoirs qui ne sont pas mis au service du politique, ne sont d’aucune utilité. Les problèmes théoriques que nous soulevons ne doivent pas négliger leurs applications pratiques pour les résoudre. Il y a dans la citoyenneté un droit, et même un devoir, de se préoccuper de la structure de l’Etat et de son fonctionnement. Cette invitation à la citoyenneté active permet d’imaginer et de mettre en œuvre ce qu’il y a de mieux pour le pays ; ce qui est préférable pour tous. C’est une mission primordiale qui incombe à chacun si nous voulons faire de notre Sénégal une terre sublime. C’est le seul moyen d’apporter à notre pays un souffle progressiste et une impulsion qui commence par le changer des hommes restés trop longtemps arcboutés au pouvoir. Ce n’est pas faire un pari sur l’inconnu mais une croix sur les corrompus et la crise de confiance, de crédibilité, d’efficacité et de légitimité au regard du taux hallucinant d’abstention.

Nous ne sommes pas condamnés à perpétuité à souffrir du règne d’acteurs politiques aux aspirations et motivations éloignées de l’intérêt général qui veulent réussir par le Sénégal et non pour le Sénégal, gouvernant l’œil rivé sur l’argent qu’ils peuvent ramasser et amasser. La déclaration de patrimoine discrédite leur intégrité et révèle la haute trahison dont ils ont fait preuve vis à vis de leurs concitoyens.

Nous ne sommes pas condamnés à subir le règne de dirigeants enfermés dans le métier politique incarcérant les générations dans un passé qui ne passe pas. Le règne de la partitocratie et d’une oligarchie au pouvoir asphyxie toute chance de sortir notre pays des difficultés chroniques qu’il rencontre. Les postes et secteurs les plus stratégiques et sensibles ne doivent pas être dévolus à des personnes qui n’ont ni la compétence ni le niveau requis. Le constat est là : les médias nationaux, le port, l’aéroport, le tourisme, la culture, la justice, la solidarité, la diplomatie, le commerce, les finances, l’économie et bien d’autres secteurs sont confiés à des militants qui ne sont obnubilés que par les intérêts personnels et partisans de leur chef de parti.

Nous ne sommes pas condamnés à subir à perpétuité la tyrannie des minorités organisées face à une majorité désorganisée qui choisit de courber l’échine. Cette manière de faire de la politique ne convient pas à nombre de nos compatriotes qui préfèrent prendre leurs distances de la politique comme on prend ses distances vis à vis d’une maladie contagieuse.

Nous ne sommes pas condamnés à franchir à perpétuité les bornes de la dignité humaine et de la rationalité politique et économique ; à l’obsession de l’inutile. La perte croissante des valeurs les plus fondamentales de notre société expose la République à toutes les dégénérescences. Ils induisent le Sénégal dans l’erreur et les Sénégalais à l’errance ; à la recherche de terres promises mais sans cesse compromises.

Nous ne sommes pas condamnés à réélire à perpétuité des politiciens peu économes avec l’argent public et largement généreux avec ce qui ne leur appartient pas. L’insensibilité des politiciens professionnels sans éthique réserve à leurs compatriotes un sort tragique. Le peuple continue ainsi à endurer toutes sortes d’injustices sociales, politiques, juridiques, économiques, etc.

Nous ne sommes pas condamnés à voir sévir à perpétuité un système de maquignon plus que de chef d’Etat. La République court à sa perte lorsque le Président de la République est très en-deçà des qualités qu’exige une telle fonction.

Nous ne sommes pas condamnés à maintenir à perpétuité les dégâts et dégoûts parlementaires qui privilégient plus ce qui convient au Président de la République qu’à ce qui revient de droit au pays dans son ensemble. Avec des députés qui ne sont que d’aveugles instruments dans les mains de l’exécutif, les intérêts vitaux du pays ne peuvent pas être défendus comme il se devrait. La démocratie est sans intérêt lorsque le peuple n’a pas ce qu’il mérite et n’est pas ce qu’il mérite d’être.

Nous ne sommes pas condamnés à subir à perpétuité l’injustifiable soumission d’un appareil judiciaire à la domination de l’exécutif. La société est en danger quand une partie des hommes en charge de l’application de la loi choisit de favoriser ce qui convient à l’exécutif et non d’honorer ce que leur serment leur dicte de faire. Les lois sont sans force lorsque la justice ne les appuie pas.

La politique n’est pas un lieu d’affrontement des cynismes, opportunismes et concurrences, même si la rivalité, la brutalité, la corruption, le mensonge, la violence, l’injustice tendent à devenir des lois politiques. Face au discrédit des dirigeants, il nous faut s’affirmer dans le juste et s’assumer dans le vrai ; mettre l’objectivité des valeurs et la responsabilité de la connaissance au service des lourdes tâches qui sont encore devant nous. Notre responsabilité est morale, politique et historique. Notre ambition est d’être porteuses d’une vision claire et clarifiée du devenir de la collectivité et du bien commun.

Des questions centrales et déterminantes restent en suspens. Elles constituent, à nos yeux, la base de toute nouvelle démarche de reconstruction de notre société :
– Où voulons-nous aller ?
– Où pouvons-nous aller ?
– Que voulons-nous faire ?
– Que pouvons-nous faire ?
– Avec qui voulons-nous le faire ?
– Par qui voulons-nous être gouvernés ?
– Comment voulons-nous être gouvernés ?
– Comment pouvons-nous choisir ceux qui aspirent à nous diriger ?
– A quelles valeurs doit-on s’attacher ?
– A quoi veut-on être identifié ?
– Quelle thérapie pour notre pays ?

Il y a mille et une raisons de faire de la politique, mais aussi mille et une raison de ne pas se sentir prêt à en assumer les coûts. Nous n’avons pas le choix, car tant qu’il y aura de la vie, il y aura de la politique et donc de l’espoir. Autant donc peser sur cette politique si nous ne voulons pas voir notre pays continuer à être malmené, de manière flagrante, par les contradictions systémiques, constitutionnelles, institutionnelles, culturelles, politiques, économiques, diplomatiques.

Une société ne peut être durablement régie par un système politique structurellement contradictoire, sans produire des discordances et incohérences destructrices. Les contradictions sont multiples. Nous pensons dans un monde, nous vivons dans un autre. Le Président de la République est autre chose que ce que la constitution en dit. La constitution est autre chose que ce que nos valeurs sont. La politique est autre chose que ce que les politiciens en font. La justice est autre chose que ce que le droit en dit. La démocratie est autre chose que ce que notre régime politique prétend être. La pire des contradictions est celle entre les discours et les actions. C’est un problème de sincérité, d’honnêteté et de loyauté.

Nos comportements citoyens révèlent des incohérences et contradictions effarantes : l’on s’indigne des pratiques scandaleuses de la classe politique et l’on s’abstient d’aller voter ; l’on dénonce le scandale et l’on continue à accepter l’inacceptable. Il y a une nécessité de retrouver une cohérence d’ensemble à partir d’une cohérence des secteurs. Une rationalité politique. Le mécontentement citoyen ne doit pas se traduire par une indifférence politique. La solution est dans la maturité dont le peuple peut faire preuve. Une maturité qui ne doit pas restée qu’un éloge diplomatique destinée à encenser l’égo du peuple ; mais une maturité politique à mettre en pratique. Faire preuve de maturité à l ‘épreuve de l’insincérité. Dissuader les « malfaiteurs » politiciens de récidiver. La mission du peuple est de choisir les dirigeants qui lui conviennent et non de donner du crédit à la mauvaise réputation et à la suspicion.

Des difficultés de toutes sortes assaillent le quotidien des populations, sans que celles-ci n’aient le réflexe normal et légitime de s’indigner, de s’offusquer et de sanctionner les responsables de leurs conditions de vie misérables qui ne cessent de s’aggraver. Comment pouvons-nous encore accepter d’exister dans un monde aussi « effrayant » de contraintes (problème d’accès aux soins, à l’eau, à l’électricité, insécurité, précarité, etc.) ? Comment pouvons-nous encore accepter d’exister face à cette multitude de crises aux causes différentes mais interférentes qui risquent de bouleverser profondément la stabilité du pays ?

Le problème n’est pas que nous manquons de chance. Les choix politiques à court terme sont en cause. Ils ne portent pas la trace visible et indélébile de l’efficacité des majorités virtuelles.

Le problème c’est que nous manquons pour certains de courage et pour d’autres de volonté. Le problème est dans la tolérance, l’aveuglement et la complaisance dont nous faisons preuve face aux scandales perpétrés par des politiciens multirécidivistes aux projets flous, aux fortunes et aux mœurs suspectes. On ne change pas un pays avec des suspects. On ne pourrait gérer notre pays, le transformer et l’améliorer sans le penser objectivement, sans parti-pris ou esprit partisan et militant. Il y a une impérieuse nécessité d’élucider les citoyens sur la cause et les effets des vrais problèmes auxquels nous faisons face : eau, électricité, chômage, sécurité, ressources énergétiques, etc.

Le drame est surtout dans le savoir qui se tait ; dans la citoyenneté qui fait défection ; dans la passivité de ceux qui ont tout compris, mais qui décident de ne rien dire et de ne rien faire devant l’agonie de nos espoirs trahis par des politiciens nuisibles à notre avenir.

Le drame est le fait de ceux qui savent mais ne disent rien. Voir autant d’énergies intellectuelles produites sur le Sénégal et par des Sénégalais, mais non réinvesties en politique est un gâchis d’une dimension incommensurable qui fait l’affaire des politiciens. Dans ces conditions, est-il encore possible d’échapper à l’engagement politique ?

Il urge, si nous voulons sauver notre pays, de sortir de l’auto-contemplation savante.

Il urge de savoir ce qui doit changer et ce qui devrait perdurer.

Il urge de traquer les mensonges d’Etat répétitifs relatifs à la situation économique réelle du pays et à la traque des biens mal acquis.

Il urge, si nous voulons sauver notre avenir, de sortir « ce qui échoue à se dire au seuil du vouloir dire ; ce qui ne peut monter jusqu’à la langue parce qu’il n’est pas monté jusqu’au cœur » (Mamoussé Diagne). Le ton social monte parce que les cœurs sont gros de déceptions politiques et frustrations existentielles.

Il urge de s’engager pour que nos idées entrent en ligne de compte ; pour que nos idées véhiculent nos aspirations et permettent d’effectuer le changement profond que requiert notre pays ; là où les nuisances politiciennes n’arriveront jamais à établir la ligne de partage entre le nécessaire et le superflu, l’essentiel et l’accessoire.

Il urge de s’engager pour que la justice se tienne à distance de la politique politicienne.

Il urge de promouvoir l’avènement d’une bonne administration de la justice.

Il urge de s’engager pour une indépendance effective de la justice et une intégrité non contrariée de ceux qui en assurent la garantie.

Il urge de s’engager pour redéfinir les rapports entre le judiciaire et le politique.

Il urge de s’engager pour une justice qui ne renonce jamais à être juste.

Il urge de s’engager pour une cohérence de la justice qui, pour être crédible et respectée, doit réserver la même sanction pour la même faute sans aucune discrimination.

Il urge de réformer la justice une fois pour toutes.

Il urge de s’engager pour élire enfin un président de la République qui ne renonce jamais à être vertueux, digne, sérieux, bon, sincère, honnête, droit et juste. Le progrès implique la confiance.

Il urge de s’engager pour élire un chef d’Etat digne de ce nom qui ne fait pas preuve de laxisme envers ses partisans et de sévérité contre ses adversaires politiques ou à une catégorie bien ciblée de personnes.

Il urge de s’engager dans un mouvement citoyen qui réalisera un véritable « trait d’union » entre le peuple et ses représentants qui ne les dépouilleront pas de leurs biens et droits fondamentaux.

Il urge de sortir de ces arrangements politiciens qui débouchent sur le partage des positions de pouvoir et de privilèges, au mépris des préoccupations du peuple. L’enjeu n’est pas d’améliorer les situations personnelles de quelques-uns, mais de changer la société.

Il urge de sensibiliser nos concitoyens dépités par les politiciens sur le fait qu’ils peuvent encore jouer un rôle déterminant pour l’avenir radieux de notre pays, sans nécessairement monnayer son honneur, accepter la rémunération de sa citoyenneté ou brader sa liberté. Chacun peut et doit revendiquer sa part de reconstruction de la société. Montrer, filmer (preuve à l’appui) les manquements des gouvernants. Montrer le vrai visage du Sénégal aux Sénégalais. Montrer le vrai visage des politiciens aux Sénégalais.

Il urge de mettre à la tête de notre pays un vrai leadership affranchi des considérations matérialistes et partisanes les plus opportunistes. Le leadership n’est pas un but en soi. Il est qu’un statut relevant du service public, auquel on accède et que l’on doit quitter à expiration du contrat ou quand ses termes ne sont plus respectés.

Il urge de mettre de l’ordre dans le secteur de l’éducation pour élever le niveau d’instruction civique et de qualification professionnelle des jeunes. En leur donnant du travail sur la base du mérite, l’Etat ne s’appauvrit pas. Bien au contraire, il accroît les richesses.

Il urge de relever le plateau technique du service public de la santé pour mettre définitivement un terme au calvaire des populations en zones rurales comme en milieu urbain.

Il urge de mettre de l’ordre dans la constitution des composantes du gouvernement qu’il faut dégraisser et réduire à une taille raisonnable.

Il urge de mettre de l’ordre dans notre écosystème à travers une vraie politique de sensibilisation environnementale soucieuse des équilibres et impératifs écologiques.

Il urge de réhabiliter l’essence du politique dépouillé aujourd’hui de toutes ces vertus et finalités pratiques au fondement du vivre ensemble.

Il urge de panser les blessures que les pratiques politiciennes ont infligées à notre pays. Le langage politique tend à être un langage économique destiné à corrompre la citoyenneté. La pratique du marchandage politicien encourage le financement occulte de partisans politiques. C’est toute l’ambiguïté de notre société que de favoriser la malhonnêteté et l’insincérité et de défavoriser la rectitude et la sincérité. On punit le juste et on récompense le méchant. Cette indulgence est politiquement contreproductive.

Il urge de faire preuve davantage de maturité diplomatique, à partir d’une bonne lecture des défis et enjeux géopolitiques, géostratégiques, régionaux et mondiaux.

Il urge de refouler définitivement le sentiment de l’éternel retour du même qui badine avec l’argent public.

La réforme radicale s’impose pour éviter la révolution sanglante qui menace notre pays. Nous nous endormons sur un volcan. On ne change pas la société uniquement par le droit qui peut être violé. Mais dans la droiture qui fait honneur à l’Etat de droit juste et démocratique. La vraie loyauté c’est de dire la vérité. Lâcheté, trahison, insincérité, mensonge, ingratitude, cynisme et opportunisme n’engendrent qu’inégalités, misères, humiliations et pauvreté. Ces maladies sociales sont évolutives et génèrent un jour la mort du corps social, si elles ne sont pas soignées en amont.

Notre mouvement entend largement prendre part à ce combat pour réhabiliter la politique. Ce combat passe nécessairement par la constitution d’une nouvelle classe d’entrepreneurs politiques dignes de la confiance du peuple et soucieuse de l’intérêt général.

C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de m’engager et d’engager tous nos concitoyens animés par la même détermination dans cette dynamique dénommée « Lénen ak Niénen » pour que le Sénégal retrouve enfin, à partir de février 2019, un visage sublime du politique incarné par l’action de nouveaux acteurs politiques donnant une autre image de la citoyenneté, de la responsabilité et de l’autorité.

Ce mouvement se veut une réponse positive à la vision fataliste du politique s’énonçant dans le « leuwone feuwone » (l’entêtement rétrospectif dans la mal-présidence et l’éternel recommencement politicien du même).

En réalité et en vérité, toute la réussite d’une nation dépend d’un instant. Cet instant est à saisir en 2019 pour qu’il y ait un déclic qui déclenchera le début d’une nouvelle ère. Car une élection présidentielle fait partie de ces moments majeurs qui déterminent la vie d’une nation. C’est un moment déterminant à prendre au sérieux. Sans esprit mesquin. Sans colère. Sereinement. Lucidement. Résolument…

 

par Ibrahima Silla
Candidat indépendant à l’élection présidentielle de 2019

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