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«La Côte d’Azur, un lieu de villégiature, de souvenir, d’inspiration des écrivains et artistes» par Amadou Bal BA –

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«Tout ici rayonne, tout fleurit, tout chante. Le soleil, la femme, l’amour, sont chez eux. J’en ai encore le resplendissement dans les yeux, dans l’âme» écrit Victor HUGO (1802-1885) à propos de la Côte d’Azur. La Côte d’Azur, haut lieu de villégiature, symbolise, à elle seule, la grande beauté et la diversité de la France. On trouve dans ce pays, la mer, la montagne, et même le désert à travers la dune du Pilat. «La France est le plus beau royaume, après celui du Ciel» écrit Hugo GROTUIS (1583-1645), un jurisconsulte hollandais. En effet, les grands écrivains ont célébré la beauté des paysages, de la pierre, de la mer ou de la lumière de la Côte d’Azur, une grande source d’inspiration pour une création littéraire ou artistique. Guy de MAUPASSANT (1850-1893, voir mon article) séjournait souvent à Golfe-Juan, à Antibes et à Cannes et parcourait la mer au bord de son bateau, Bel-Ami «L’âme a la couleur du regard. L’âme seule porte en elle du rêve ; elle a pris son azur aux flot et à l’espace» écrit-il. La Côte d’Azur, son beau temps et son esprit carte postale, est avant tout perçue comme un lieu de fête avec parfois ses extravagances et ses excès. «A partir de novembre, pour les clochards, il n’y a que deux solutions : la Côte d’Azur ou la prison» dit Michel AUDIARD (1920-1985).

Si j’ai choisi Cannes, c’est en raison de son emplacement géographique pour pouvoir me déplacer facilement sur la Côte d’Azur et le Var tout proche. Jean-Philippe, un grand supporter du PSG, redoute d’aller à Marseille. Aussi, on est allé l’île de Porquerolles, dans le Var. Pas si simple de se rendre de Cannes à l’Ile de Porquerolles ; il fallait un train pour Toulon, un autre pour Hyères, et delà prendre un bus 67 direction «La Tour Fondue» ; un bateau vous transporte sur cette île Porquerolles qui vaut bien le détour. Les déplacements à Porquerolles se font souvent à vélo. Sylvia FOURNIER (1887-1971) est la pionnière du tourisme à Porquerolles et sa famille a attiré de nombreux ouvriers venus d’Italie. François-Ferdinand FOURNIER (1857-1935) est un homme qui est parti de rien. Né dans une cale de bateau, il était destiné à évoluer dans la misère. Mais il a eu envie de plus. Il est donc allé travailler dans un laboratoire, puis il a pris la mer pour explorer de nouvelles contrées. C’est au Mexique qu’il fait fortune. Après 5 années de recherches infructueuses, il découvre une mine d’or. La Veta Verde, la mine la plus riche du pays. François Ferdinand Fournier en extraira 96 tonnes d’or fin. C’est grâce à cette fortune qu’il pourra acquérir, en 1912, l’île de Porquerolles à son retour en France. L’île de Porquerolles, dévastée par un incendie, le couple FOURNIER travailla durement afin de la rendre agréable à vivre et propice au tourisme.

Cannes anciennement appelée Canoas en ligurien, signifie «sommet» ou «hauteur », en référence au village fortifié sur la colline. De là, on l’a appelé Canua, Canoïs, Canue et Cano, prendra, en 1793, son nom définitif, Cannes. C’était un tout petit village de pêcheurs depuis le IXème siècle jusqu’à ce que la gentry anglaise, notamment Lord Henry Peter BROUGHAM (1778-1868), découvre ce coin charmant maintenant mondialement connu grâce au festival du cinéma et à la Croisette et ses grands hôtels, le Majestic, le Carleton et le Martinez.

Ce qu’on sait le moins de Cannes, c’est que Galandou DIOUF (1875-1941), le député du Sénégal à l’assemblée nationale française y avait vécu et est mort dans cette ville, comme d’ailleurs Prosper MERIMEE (1803-1870). Galandou DIOUF avait remplacé en 1934, Blaise DIAGNE (1872-1934, voir mon article) depuis de 1914 jusqu’à sa mort. Galandou DIOUF avait comme assistante parlementaire Paulette NARDAL (1896-1935 voir mon article). Il y avait un salon littéraire chez les sœurs NARDAL dans les Hauts-de-Seine et le jeune Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001) convoitait une des sœurs NARDAL qui «l’avait frappé le bâton » un terme ouolof, équivalent à repousser ses avances. Paulette NARDAL qui voulait découvrir l’Afrique est allée au Sénégal avec Galandou DIOUF voir sa famille à Dakar, à Rufisque et à Saint-Louis et le raconte dans ses mémoires. Si l’histoire n’a pas retenu l’histoire n’a pas retenu le nom de Galandou DIOUF il fait partie des députés qui avaient voté les pleins pouvoirs au maréchal Philippe PETAIN (1856-1951).

Signalons que des Sénégalais privilégiés résident à Cannes, le footballeur Patrick VIEIRA au Cannet. Il faudrait aussi rendre un vibrant hommage à deux monstres sacrés du cinéma sénégalais qui ont eu leur heure de gloire à Cannes : SEMBENE Ousmane (1923-2007, voir mon article) notamment avec ses films «Moolaadé» un titre en peul signifiant réfugié, «Borom Charrette» et «La Noire de …» et Djibril Diop Mambéty (1945-1998), son fameux «Touki Bouki» et «Hyènes».

Au-delà des cotillons et des paillettes de la Côte d’Azur, il y a aussi ces «Hommes du souterrain» un clin d’œil à un roman de Fiodor DOSTOIEVESKI (1821-1881), ces héros du quotidien, ces hommes invisibles venus d’Afrique. En effet, dans une certaine mesure, et de nos jours, le Sénégal est toujours présent à Cannes. D’une part, il existe de nombreux «Banabana» ou commerçants ambulants, souvent des Ouolofs qui vendent des chapeaux ou des lunettes de soleil sur la Croisette. D’autre part, J’ai vu aussi des Sénégalaises faire des tresses aux Européennes, les scandinaves en raffolent. L’industrie de l’hôtellerie et de la restauration, très florissante sur la Côte d’Azur, emploie de nombreux Africain travaillant, en dehors du gardiennage, non pas en salle ou en qualité de bagagistes, mais dans les caves ou les sous-sols. Une minorité invisible.

Pour l’instant, destination Vintimille et par la suite Monaco, c’est là où est enterrée Joséphine BAKER (1906-1975, voir mon article). Le président MACRON a fait apposer au Panthéon une plaque en la mémoire de cette première grande artiste noire internationale au début du XXème siècle.

Saint-Tropez, dans le Var, est à 1 heure 15 en bateau de Cannes ; par la route, c’est bien compliqué. Toutes les stars dont Brigitte BARDOT, Nicolas SARKOZY, Brad PITT et Johnny DEPP, y habitent. La série des gendarmes avec Louis de FUNES (1914-1983), y a été tournée. De son vivant Eddy BARCLEY (1921-2005) et Johnny HALLYDAY (1943-2017, voir mon article) donnaient de grandes fêtes à Saint-Tropez.

La Côte d’Azur n’est pas seulement pour moi qu’un instant estival de répit ; c’est pour moi, dans les temps anciens, de bons souvenirs qui remontent à la surface. Oui, je me rappelle bien de Juan-les-Pins, l’avenue Guy de Maupassant, juste devant la plage, oncle Samba Daouda NDIAYE, y possédait un restaurant. Pendant les grandes et petites vacances, le soir quand Oncle Samba repartait sur Nice, la nuit ne faisait que commencer. Un soir, en allant à la discothèque «Whisky à Gogo», j’entends une meute d’homme courir et escorter quelques qui se dirigeait vers la scène du festival de Jazz, installée sur la mer ; je réalisais subitement que c’était Miles DAVIS (1926-1991). Hélas, ce n’était pas l’époque des portables et je n’avais pas pu immortaliser cet instant magique. Plusieurs décennies après cette musique de Jazz ne cesse de résonner dans ma tête, comme la madeleine de la tante Léonie de Marcel PROUST. Ai-je rêvé ou bien vécu cette époque ?

Claude NOBS (1936-2013), l’initiateur par la suite du festival de Montreux, a créé le 7 juillet 1960, le festival de Jazz d’Antibes-Juan-les-Pins. Miles DAVIS est venu pour la première fois, en 1963, un concert à Juan-les-Pins, une ville balnéaire crée en 1882 «A Antibes, une immense affiche de moi est placardée près de mon hôtel. J’ai pensé : c’est pas quand même un monde. On ne donne pas la même chose à New York, mais ici, 10 000 personnes se déplacent spécialement pour écouter et communiquer leur fraternité» dit Miles DAVIS. D’éminents jazzman sont venus produire au Square Jay Gould, à Antibes : Louis ARMSTRONG, John COLTRANE, Ella FITZGERALD, Ray CHARLES, George BENSON ou Sara VAUGHAN.

Francis SCOTT FITGERALD (1896-1940) et sa femme Zelda, ont séjourné à Juan-les-Pins. «Tendre la nuit» ou «Gatsby le Magnifique» relatent en partie cette invitation à la fête de la Côte d’Azur. «A cette époque, Scott et Zelda étaient des familiers du lieu. Scott, avec sa faculté d’adoration, se mit à porter un culte à Gerald et Sara. Le couple doré que Scott et Zelda rêvaient de faire (à travers le roman «tendre est la nuit»), existait réellement. Les Murphy étaient riches. Ils étaient beaux. Ils s’habillaient avec brio. Ils connaissaient les arts. Ils avaient un don pour les réceptions. Ils avaient des enfants adorables. Ils avaient atteint le barreau supérieur de l’échelle humaine. C’était la fortune personnifiée» écrit John DOS PASSOS (1896-1970) dans la «Belle vie».

La Rivera est un haut lieu de rencontres mondains, où la musique, l’alcool, le sexe ou la drogue peuvent être parfois des adjuvants à la création littéraire ou artistique. Zelda et Francis SCOTT FITGERALD habitaient «la villa Saint-Louis» au Cap d’Antibes devenue Hôtel Belles Rives. Après Hyères et l’île Porquerolles, au Cap d’Antibes, c’est le bonheur infini : «Alors que nous revenons dans la jolie villa de cette Riviera que j’aime ; je suis le plus heureux que j’ai été depuis des années. C’est un de ces moments étranges, précieux, éphémères surtout, quand tout dans la vie semble aller bien» dit le 15 mars 1926 Francis SCOTT FITZGERALD. En effet, dans les années 20, une Amérique ségrégationniste, conservatrice et puritaine, empêtrée dans la prohibition, étouffant la vie et la création artistique. Ainsi, les artistes et écrivains, noirs comme blancs, immigrent vers la France, symbole de liberté, d’amour et de fantaisie : «Le meilleur de l’Amérique s’en va à Paris. Les Américains de Paris sont les meilleurs. C’est plus amusant pour une personne amusante de vivre dans un pays intelligent. La France possède les deux seules choses qui nous attirent quand nous nous vieillissons : l’intelligence et les bonnes manières» dit Francis SCOTT FITGERALD dans une interview en avril 1927, accordée au New York World.

Nice, ville de Giuseppe GARIBALDI (1807-1882) le fondateur de l’Italie, sa colline, sa vieille ville et sa Promenade des Anglais, est la ville que je connais le mieux sur la Côte d’Azur. «Sur le port flottait un nuage d’odeurs exquises qui faisaient battre le cœur de tout jeune garçon rêvant d’aventure» écrit Jean-Marie-Gustave LE CLEZIO, un écrivain niçois, Prix Renaudot de 1963. Nice où mon tonton Samba Daouda NDIAYE avait possédé un restaurant, «le Dakar», à côté de la Porte Fausse et Mamoudou Mody BA travaillait au Negresco, est une cité, pendant longtemps sous la coupe de la dynastie des MEDECIN. En effet, Jean MEDECIN (1890-1965), la principale avenue porte son nom, député de 1945 à 1962 et maire de ville Nice de 1928 à 1943, puis de 1947 à 1965, a cédé son fauteuil à son fils, Jacques MEDECIN (1998), député-maire de 1966 à 1990. Il a dû s’enfuir pour mourir au Paraguay à la suite d’un scandale financier. «Une belle courtisane, mollement couchée au bord de son miroir d’azur, à l’ombre de ses orangers en fleurs, avec ces longs cheveux abandonnés aux brises de la mer, et dont les flots viendraient mouiller ses pieds nus, car Nice, c’est la ville de la douce paresse et des plaisirs faciles» écrit, en 1841, Alexandre DUMAS (1802-1870 voir mon article) dans «Une année à Florence». Friedrich NIETZSCHE (1844-1900) venait soigner ses rhumatismes à Nice. Il séjourna dans la maison la plus ancienne de Eze et retrouva l’inspiration pour rédiger «Ainsi parlait Zarathoustra». Il dira «lors de mes promenades dans ces coins cachets et les hauteurs silencieuses dans les paysages de Nice ont été sanctifiés pour moi par des moments inoubliables» dit Friedrich NIETZSCHE dans «Ecce Homo». En effet, «Beaucoup de coins cachés et de hauteurs silencieuses dans le paysage de Noce ont été sacrifiés pour moi par des moments inoubliables» écrit Friedrich NIETZSCHE dans «Ecce Homo». Il séjournera à Nice du 2 décembre 1880 au 20 avril 1884, soit pendant 5 ans. Quand il arrive à Nice son moral est au plus bas : ses livres se vendent mal, il vient de se brouiller avec Richard WAGNER, s’est fait éconduire par Lou Andreas Salomé : «Ici (Côte-d’Azur) je crois au soleil, comme la plante y croit» dit-il. Aussi NIETZSCHE se promène dans Eze et la Côte-d’Azur, le climat et les paysages lui redonnent le moral «L’agilité des muscles fut toujours la plus grande pour moi, lorsque la puissance créatrice était la plus forte. Le corps est enthousiasmé. Je pouvais alors, sans avoir la notion de fatigue être en route pour ces montagnes pendant huit ou sept heures. Je dormais bien. Je riais beaucoup. J’étais dans un parfait état de vigueur et de patience» dit Friedrich NIETZSCHE.

Guillaume APOLLINAIRE (1880-1918), un poète précurseur du surréalisme, a étudié au collège Stanislas d’Antibes et au lycée Masséna de Nice ; il est l’auteur de poèmes à Lou, dédiés à Louise de COLIGNY-CHATILLON, sa muse, une aristocrate devenue prostituée dans un bordel à Nice. «C’est Lou, qu’on la nomme. Il est des loups de toute sorte. Je connais le plus inhumain. Mon cœur, que le diable l’emporte, et qu’il le dépose à sa porte, n’est plus que le jouet dans sa main». Dans un autre poème il écrit «Je pense à toi, ton cœur est ma caserne ; ton souvenir est ma luzerne. Je t’aime. Tes mains et mes souvenirs font sonner à toute heure la fanfare. Ta bouche est une blessure ardente du courage. Tes cheveux sont fauves comme le feu d’un obus qui éclate au Nord ».

Comme Marcel PROUST, issu d’une moyenne bourgeoisie déclassée, reluquant du côté de la haute société, le Foutankais, le Parisien de Danthiady, est retourné en pèlerinage à Juan-les-Pins et à Antibes, escortés de mes deux poussins, nous avons longé l’avenue du maréchal Juin, sur les bords de bords jusqu’au Cap d’Antibes, en passant devant l’hôtel Saint Roch, les stars de cinéma du festival de Cannes comme les musiciens de Jazz y logent.

Après le Cap d’Antibes, les plages, le marché et la murailles, la ballade au sein de la vieille ville d’Antibes a permis de découvrir à travers différentes plaques que des artistes et écrivains y avaient résidé. Je tombe nez à nez avec Mme Alice BOTERO, de la rue de la Pompe, une ancienne coiffeuse pendant 44 ans qui me raconte que sa tante, Marie GRASSINI, avait été la femme de ménage de Pablo PICASSO (1881-1973, voir mon article. «Dommage qu’elle n’ait pas conservé tous les mots qu’il lui laissait, des instructions pour son travail» me dit-elle. Marie BOTTERO était là voisine de l’artiste peintre et photographe japonais Eiichi AOKI, (1948-2015).

Cannes, le 19 août 2022, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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