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«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA –

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Jean-Michel ROSENFELD, né à Paris 4ème, le 5 mars 1934, mort à Paris le 4 mars 2023, était un militant Socialiste du 20ème arrondissement, donc un voisin que je côtoyais régulièrement et de très longue date. Notre dernière rencontre se situe le 22 septembre 2022, lors de la projection d’un film, sur l’immigration, à l’Hôtel de Ville de Paris, sous le patronage de Mme Geneviève GARRIGOS et M. Hamidou SAMAKE, adjoints à la Maire de Paris. Militant de la SFIO, depuis 1960, à Bonneuil-sur-Marne, puis à Limeil-Brévannes de 1971 à 1980, après le Congrès de Metz, il occupe à Paris, auprès de Pierre MAUROY, le chargé de relations extérieures.

Conseiller spécial de Pierre MAUROY (1928-2013, Voir mon article du 15 janvier 2021, Médiapart) à la Fondation Jean-Jaurès, Jean-Michel a été chargé de mission auprès de Pierre Mauroy, Premier ministre, de la communication et les relations extérieures, de 1981 à 1984, et chef adjoint de cabinet auprès de Michel DELEBARRE, ministre du Travail, de 1984 à 1986. Membre de la section «Cadre de vie» au Conseil économique et social de 1988 à 1990 et de 1992 à 1994, Jean-Michel ROSENFELD a été sous-directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAM) de 1993 à 1998. Officier des Arts et Lettres, Officier de la Légion d’Honneur, notre Jean-Michel a été adjoint au maire du XXème arrondissement de Paris de 1995 à 2008.

Ce qui caractérisait Jean-Michel ROSENFELD, avant tout, c’est sa profonde sincérité dans son engagement anticolonialiste et antiraciste. Pour l’engagement aux côtés des racisés ce n’est pas cette tape dans le dos, ces lettres d’attente à la con, ce refus de se présenter à nos rencontres. Non, à chaque fois qu’on organisait nos rencontres d’Equité, pour la diversité et l’inclusion en politique, non seulement il était présent et il prenait la parole et restait jusqu’au bout.

J’ai donc, au cours de nos échanges, fini par apprendre que Jean-Michel a été 33 fois au Sénégal. Il avait une connaissance profonde, peut-être même intime du Sénégal. Aussi je suis profondément triste un Grand baobab est tombé, un arbre de la Fraternité au moment où la «Vieille Maison», en état de délabrement avancé, vacille et menace de s’écrouler. Jadis, Lionel JOSPIN, premier ministre de Gauche, avait boudé les funérailles du président socialiste, défenseur de la francophonie, Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001, voir mon article). «Alors j’ai honte, honte pour eux et pour nous, Français, qu’ils représentent, honte de leur oubli et de leur petitesse» écrit dans le Monde du 4 janvier 2002, Erik ORSENNA, écrivain, académicien.

La disparition de Jean-Michel est celle aussi d’un monde de la sincérité et de l’authenticité, contre ce bal des faux-culs. Enfant d’un juif polonais, Joseph ROSENFELD (1911-1976) dont la famille est installée en France depuis 1907, et de Jacqueline ALTMAN, une juive alsacienne, ayant vécu «sa guerre» dans Paris, plus tard, homme engagé dans la politique pétri d’humilité, Jean-Michel est resté à l’écoute des voix authentiques de la Cité. Comme il le raconte dans ses autobiographies, Jean-Michel a reçu de ses parents le refus de l’arrogance et le goût de l’humanisme, cette musique de la Fraternité.

On assiste, dans ce pays des droits de l’Homme, avec son message universel, à une résurgence grave des forces du Chaos. De nos jours face au déchaînement sans précédent des précédent des chaînes de Vincent BOLLORE, un torrent de boue et de haine, on préfère construire un mur à la Porte de la Villette pour contenir les réfugiés africains livrés aux intempéries et à la drogue. On préfère aussi aller montrer sa tronche en Ukraine. Et pourtant les portes de la Chapelle et de la Villette ce n’est pas loin, il suffit seulement de prendre le métro ! En dépit, du précédent de 1940, des succès électoraux de la petite entreprise familiale, de la large diffusion des idées conservatrices, négrophobes et islamophobes, la possibilité du fascisme est généralement balayée d’un revers de main par les commentateurs : la République française est la patrie autoproclamée des droits de l’Homme.

Pourtant un fait grave et récent, est une alerte sérieuse, c’est le cas de Christiane CONSTANT, première fédérale socialiste du Rhône, élue à 55,93% le jeudi 2 mars 2023, s’est réjouie, dans un SMS, selon le journal «Le Progrès», d’avoir éliminé tous ces «macaques». M. Olivier FAURE, dans un communiqué, a indiqué que Christiane CONSTANT est démise de ses fonctions, et suspendue au Parti Socialiste. Auparavant, Julien DRAY, membre fondateur de SOS-RACISME, disait que le Code noir, réifiant le corps des Noirs, serait un progrès social : «On se focalise sur Colbert. Mais la vérité historique, c’est que d’un certain point de vue, le Code Noir dans l’histoire de l’esclavage, c’est un progrès» dit-il le 24 juin 2020 sur CNews. Serge KLARSFELD, pourtant chasseur de nazi, acceptant d’être décoré par Louis ALLIOT, maire du R.N. de Perpignan, a estimé que le Rassemblement aurait favorablement évolué : «J’ai observé qu’il y a quand même une évolution : Marine Le Pen a pris position l’an dernier et cette année encore sur le Vél’ d’Hiv’. J’ai dit publiquement que c’était ‘un pas en avant» dit-il au journal Libération du 15 octobre 2022. Le Rassemblement national, même s’il recherche une respectabilité, avec son «détail de l’Histoire», est toujours un Parti fasciste.

On profère, dans ce pays des droits de l’Homme avec son universalisme, devant de tels propos si ignobles, personne ne réagit, en appelant à manifester, à commencer par les racisés. Bien des gens pensent que le fascisme, comme le nuage de Tchernobyl, ne peut jamais triompher en France. Or le fascisme commence toujours par des mots et les actes suivent après, disait en substance, Victor KLEMPERER (1881-1960), dans son livre, «LTI, la langue du IIIème Reich». Les Américains disaient que les Indiens sont des sauvages dans ses Westerns, John WAYNE (1907-1979), un raciste assumé, les massacrait ; au cinéma sans y prendre garde on applaudissaient. La colonisation commence par prétendre poursuivre une «mission civilisatrice», puis arrive «la pacification» les massacres pour prendre nos terres et nos matières premières. Nicolas SARKOZY a inventé le concept «d’identité nationale», ou «l’Afrique n’est pas entrée dans l’Histoire», glorifiant du même coup, un peu plus, les idées du RN. SARKOZY a zigouillé Mouammar KADHAFI (1942-2011) et répandu le terrorisme au Sahel, notamment au Mali. Depuis lors, le parti, les Républicains, est dirigé par Eric CIOTTI, un ami de Mohamed ZEMMOUR. François HOLLANDE a été odieux avec son concept de «déchéance de la nationalité», légitimant un peu plus les idées d’extrême-droite.

Emmanuel MACRON, un bébé HOLLANDE, qui a recruté des ministres Sarkozystes, a basé toute sa campagne sur des idées rassemblement national et donc la théorie du complot que les racisés seraient des ennemis de l’intérieur. Depuis qu’il est réélu, le président des riches a donné des postes de vice-présidents à l’assemblée nationale aux fachos, réactivé ses funestes réformes contre les faibles (retraites, chômage, nième loi encore plus répressive sur les étrangers) et maintenant on parle du gel du point d’indice pour les fonctionnaires jusqu’en 2027.

En particulier, la dématérialisation des dossiers de renouvellement de titres de séjours d’étrangers en situation régulière est l’un des plus grands scandales de notre temps, des préfectures, comme celle de l’Essonne, refusent d’instruire les dossiers des étrangers, les basculant ainsi dans l’illégalité. Stop à ce fascisme qui arrive !

Nous devons tous, quelles que soient nos origines ethniques, notre couleur po ou nos conditions sociales, rester solidaires devant les ennemis de la République, et c’est la meilleure façon d’honorer la mémoire de Jean-Michel ROSENFELD, en combattant plus énergiquement ce fascisme rampant.

Jean-Michel ROSENFELD restera, à jamais, dans nos cœurs !

Repose en paix, «Djambar» en Ouolof ou «Djambaro» en Peul, ce guerrier sincère et infatigable de la Fraternité !

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ROSENFELD (Jean-Michel), Je poursuis mon chemin : L’étoile, le triangle, la rose, juin 2005, éditions de l’Amandier, 90 pages.

ROSENFELD (Jean-Michel), Les lumières de l’espoir, décembre 2005, éditions La Bruyère, 84 pages.

Paris, le 4 mars 2023, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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