DERNIERES INFOS
S'informer devient un réel plaisir

«François MASPERO (1932-2015), écrivain et éditeur militant anticolonialiste» par M. Amadou Bal BA –

0

Le nom de François MASPERO est incontestablement associé à ses fonctions de libraire et d’éditeur. Libraire à Paris, à «l’Escalier» de 1955 à 1957, puis à «La Joie de Lire», de 1957 à 1974, éditeur et directeur des éditions François MASPERO de 1959 à 1982, Directeur de la revue «Partisans» de 1961 à 1972, de l’édition française «Tricontinental» de 1969 à 1971, et de «l’Alternative» de 1979 à 1985, traducteur, journaliste, écrivain, voyageur et militant de la Gauche radicale, François MASPERO est l’un des grands passeurs de la pensée de l’héritage communiste et anticolonialiste de l’après-guerre, une référence incontournable de l’édition critique. Précédé dans ce travail par les éditions «Présence Africaines» d’Alioune DIOP (1910-1980, voir mon article) de la rue des écoles, François MASPERO étant au cœur du Quartier Latin, à l’époque un quartier populaire accueillant des immigrés et des étudiants africains, est entré en contact, très vite, avec les ressortissants du tiers-monde : «J’ai eu, dans ma première librairie, rue Monsieur-le-Prince, l’occasion de rencontrer des lecteurs de «Présence Africaine», des militants des colonies portugaises, dont Mario de Andrade, Amilcar Cabral, et plus généralement anticolonialistes, et des visiteurs aussi divers que Césaire (alors député), Senghor (alors sénateur) et Léon-Gontran Damas. Grâce à Mario de Andrade, je suis entré en contact avec Fanon» dit-il, en septembre 2014, à la revue «Période». A 24 ans, le jeune François MASPERO assiste au 1er Congrès, du 19 au 22 septembre 1956, des écrivains et artistes noirs à la Sorbonne qu’organise Alioune DIOP, et c’est la révélation : «Ce premier Congrès a été un grand départ pour moi ; je me suis ouvert au monde du large. J’ai vu jaillir toute une culture, non pas bafouée, mais sous-estimée, sinon niée» dit, en 2014, François MASPERO, à France-Culture.

François MASPERO est donc le créateur d’une maison d’édition curieuse des autres, combattive et solidaire. Il a implanté au centre du Quartier Latin ses librairies, en pleine ascension des idées pour l’indépendance (Ghana et Guinée), ou des guerres coloniales (Indochine, Algérie). Aussi, de la production littéraire qu’il diffuse, foisonnent des idées séditieuses racontant toutes formes de lutte, à l’usine, dans les prisons ou pour la justice sociale. En effet, François MASPERO n’était pas un éditeur comme les autres. D’une part, il est en rupture par rapport à l’aspect industriel des maisons classiques d’édition : «Presque toutes les anciennes maisons d’édition appartiennent maintenant à des groupes financiers. Tout d’un coup, on tombe sur des technocrates qui n’ont pas le sens de l’histoire de la maison. Ils ne savent même pas ce qui a été publié. Ils ne s’intéressent pas au contenu des livres. C’est terrifiant» dit-il. D’autre part, et surtout, François MASPERO a enjambé les frontières littéraires et cassé les barrières idéologiques d’une édition jusque-là bien sage. Il avait envie de «respirer l’air du large et le faire respirer aux autres» dit-on. François MASPERO publia à la fois TOGLIATI et Mao, des traités de philosophie, mais aussi des études militantes de tiers-mondistes. Il se démarque ainsi des éditions «Minuit» afin d’opter, radicalement, pour un projet d’éducation populaire propre à lui, une sorte de culture populaire, pour se placer au centre du combat idéologique de son temps où «le fond de l’air était rouge», en référence du film de Chris MARKER, «les mots ont un sens» de 1970. «François Maspero était un grand éditeur, très différent de ceux de la place de Paris car il avait d’emblée posé son regard sur ce qui se passait ailleurs, ce qu’on appelait alors le Tiers-Monde. Ses choix ne se faisaient jamais en fonction de la rentabilité des livres» dit l’écrivain franco-marocain, Tahar Ben JELLOUN, dont le recueil de poésie, «les cicatrices du soleil» a été publié en 1972 par François MASPERO. François MASPERO a aussi publié les auteurs afro-américains, dont WEB de DUBOIS, son ami Abdou MOUMOUNI, mais aussi les écrits politiques de James BALDWIN, Malcolm X, de Che GUEVARA. Il connaissait Sally N’DONGO de l’Union générale des travailleurs sénégalais. En dépit de cette orientation anticapitaliste et anticolonialiste, François MASPERO était attaché à une rigueur intellectuel et à une certaine esthétique des livres qu’il publiait. En effet, François MASPERO a été foncièrement anticolonialiste. Il a su mettre en pratique «la morale de Kant», en Conjuguant éthique et politique : «J’ai été mis abruptement devant le fait colonial, cela m’a beaucoup marqué. Mon père avait déjà tracé la voie. Dès l’âge de 22 ans j’ai travaillé pour une imprimerie, puis je suis devenu libraire. Pour l’Indochine j’étais trop jeune, mais pour la guerre d’Algérie, j’étais en pleine action. La guerre d’Algérie m’a conduit à produire des textes, pas seulement de réprobation morale, comme les Editions de Minuit, mais des textes qui donnaient vraiment la parole aux Algériens, j’ai eu la chance de pouvoir publier Frantz Fanon et bien d’autres livres» dit François MASPERO. Il apprécie chez KATEB Yacine, c’est celui dont l’héritage littéraire, un «butin de guerre», «viole la langue (française), transfigure le réel, le sublime en mythologie hallucinée, convoque la tragédie du peuple et oblige le lecteur à faire corps avec le texte» dit François MASPERO. Il a eu l’audace de faire publier «L’An V de la Révolution» de Frantz FANON (1925-1961, voir mon article), aussitôt interdit : «Ça s’est passé très simplement, en 1959. Frantz Fanon avait écrit ce livre, mais aucun éditeur français ne voulait le publier. Je l’ai su, je lui ai écrit à Tunis. J’étais débutant dans le métier (je n’avais encore publié que deux livres !). Il m’a fait aussitôt parvenir le manuscrit. Je l’ai édité. Le livre a été interdit, j’ai été inculpé d’atteinte à la sûreté de l’Etat, je l’ai réédité, nouvelles descentes de police, etc. L’important pour moi, c’est que Fanon ait manifesté une telle confiance envers un inconnu et qu’il m’ait écrit ensuite : «Il faut que je vous dise merci, non seulement pour ce que vous faites, mais pour ce que vous êtes.» J’en reste toujours à cette phrase de lui : «Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui s’interroge» dit-il à un journal algérien, «El Wattan». En mai 1968, il donnera la parole aux femmes, aux étudiants et aux syndicalistes et à la gauche radicale, avec parfois des tensions entre trotskystes et maoïstes. «Nous avions bricolé un système de distribution des livres interdits concernant l’Algérie avec les éditeurs étrangers La Cité de Nils Andersson, à Lausanne, ou Feltrinelli, à Milan», dit Jean-Philippe TALBO-BERNIGAUD.

En 1956, à travers «la joie de lire», François MASPERO s’adresse «aux paysages humains, à des cultures et réalités différentes» dit Edwy PLENEL de Médiapart. En effet, François MASPERO dénonce l’injustice de la colonisation, les tortures, les ratonnades, les coups d’Etat militaires, l’assassinat ou la disparition ou l’enlèvement d’opposants, comme Medhi BEN BARKA (Né en 1920 et disparu à Fontenay-le-Vicomte le 29 octobre 1965). «J’ai des sentiments extrêmement simples de révolte et d’indignation. La dérive libérale est la plus terrible des utopies. Elle est aussi plus terrifiante que d’autres, car on n’en voit pas la fin. Je crois donc à la lutte, sinon il n’y a plus d’histoire et peut-être plus d’humanité» dit-il. Sa librairie fut plastiquée lors des «Nuits bleues» de l’Organisation de l’Armée Secrète (O.A.S.). François MASPERO est particulièrement sensible aux luttes des peuples colonisés pour retrouver leur liberté et leur dignité «Il faut savoir que les choses sans espoir sont sans espoir, et être pourtant déterminé à les changer» écrit Francis SCOTT FITZGERALD (1896-1940), dans «la fêlure». Il se lie d’amitié avec des intellectuels noirs, comme Amical CABRAL (1924-1973), un dirigeant de la Guinée-Bissau. Il signe la déclaration du 1er janvier 1961 sur le droit à l’insoumission.

En définitive, François MASPERO est à la fois un éditeur tiers-mondiste, mais aussi un écrivain tourné vers le monde, en fraternité avec les vaincus.

I – François MASPERO, un éditeur tiers-mondiste, internationaliste

François MASPERO, un nationaliste, tout aimant son pays, la France des droits de l’Homme avec son message universel, témoigne d’un puissant engagement internationaliste. Aimer son pays, c’est aussi avoir envers sa patrie une exigence de vérité et de cohérence : «Il y a un point qui me tracasse, c’est ma quasi-absence de réponse à votre question sur l’amour de mon pays. Répondre par la France des Lumières est évidemment trop court. En y repensant, je me dis que si j’ai du mal à m’expliquer, c’est que je suis de la dernière génération qui peut se souvenir de la France envahie et opprimée, et de la lutte pour la libérer. On peut aimer son pays d’une façon jugée aujourd’hui irrationnelle sans être un nationaliste. Je suis, je crois, profondément internationaliste. Disons que, là encore, il y a le cœur et la raison, qui ne s’opposent pas forcément. Aimer le pays – comme la langue – où l’on est né, c’est aussi être exigeant envers lui, plus qu’envers tout autre» dit François MASPERO. Il ouvre des tribunes éditoriales de la décolonisation, en rupture avec l’ethnocentrisme légendaire des éditeurs français ; il fait parler du tiers-monde et de ses dirigeants. Toujours assidu dans la défense de ses auteurs, il se rend en Bolivie pour aider Régis DEBRAY avec le cinéaste Chris MARKER, seul à oser l’accompagner. Rompant avec la stigmatisation et l’ostracisation des racisés, François MASPERO s’est transporté, pendant de longs mois, le long du RER B, en 1992, à la rencontre des immigrés de la banlieue parisienne. Naquit alors «Paris bout du monde», projet commun avec la photographe Anaïck FRANTZ.

François MASPERO revendique haut et fort sa grande solidarité avec les racisés : «J’ai, à une époque où la pensée et la littérature restaient repliées sur les nations de la Vieille Europe et de l’Amérique blanche, cherché d’autres pensées et d’autres littératures. Plus d’un tiers de l’humanité, ces années-là, ‘ émergeait ‘ avec les nouvelles indépendances. Il fallait lui donner la parole. Ce n’était pas le cas alors. Je revendique ma faible part de ce travail-là» écrit-il dans «les abeilles et la guêpe». Il faudrait louer le courage et la lucidité de François MASPERO d’avoir choisi de rester solidaire avec les combattants de l’indépendance algérienne, au moment où, en France, les partisans de l’Algérie française étaient majoritaires et imposaient leur diktat : «Il faut saisir qu’à l’époque l’idée de «l’Algérie française» était dominante, exprimée à haute voix ou pensée en silence. Dans l’autre camp, ils n’étaient pas des milliers, mais l’histoire retiendra leur justesse et leur humanité. L’engagement de Maspero pour l’émancipation du peuple algérien ne fut pas de tout repos ; il dut faire face aux menaces et sabotages» écrit Mohamad YEFSAH. Par conséquent, François MASPERO est bien un «maquisard au fusil chargé d’encre», comme l’a surnommé, Mohamad YEFSAH.

En grand humaniste, François MASPERO a toujours milité pour un monde de tolérance et de fraternité, fondé sur le multiculturalisme : «Finalement, qu’ai-je tenté d’autre que ce que fit don Pedro d’Alfaroubeira, qui, avec ses quatre dromadaires, courut le monde et l’admira ? Il est encore permis de rêver d’un monde sillonné d’innombrables dromadaires conduits par des hommes occupés, le temps de leur passage sur terre, à l’admirer plutôt qu’à le détruire» écrit François MASPERO dans «les abeilles et la guêpe». Il résulte de ses combats que les éditions François Maspero, véritables boîte à outils, une université pour tous, une porte ouverte sur le monde, ont été au carrefour des interrogations, des espérances et des combats pour la construction d’un monde meilleur. Dans «La Quinzaine littéraire», un clin d’œil aux «Cahiers de la quinzaine» de Charles PEGUY (1873-1914), il refuse tout contrôle de la parole par certains groupes financiers. «Ces cahiers auront contre eux tous les menteurs et tous les salauds, c’est-à-dire l’immense majorité de tous les partis» écrit-il. «Une multitude de maisons étaient nées en 1945, parmi lesquelles Minuit, née dans la Résistance et poursuivie par Jérôme Lindon, Seghers, Laffont, ou Julliard, mais beaucoup avaient rapidement disparu, et il a fallu attendre 1968 pour voir surgir un nouveau type d’éditeurs, liés à un véritable projet de société» dit en 2005, François MASPERO.

En définitive, François MASPERO a été l’un des grands passeurs de la pensée et de l’héritage communiste et anticolonialiste de l’après-guerre. Ses éditions, constituant une solidarité sans failles avec les colonisés, ont été le théâtre de débats importants, en jouant un rôle pionnier sur de nombreux plans. «Ma conception de l’histoire, de la société et de la vie est surtout affective, probablement du fait d’avoir baigné dès l’enfance et l’adolescence dans une famille de résistants. Cette conception, à partir de ce que j’ai connu de la guerre et de toutes celles qui ont suivi. Disons aussi que je dois beaucoup à Sartre pour la conception de la liberté, et que je n’ai jamais renié Camus» dit-il. En particulier, il considère que l’échange inégal entre les pays riches et les pays pauvres, tel que l’a décrit Samir AMIN (1931-2018, voir mon article), est une forme d’esclavage moderne : «Pendant vingt-trois ans, mon métier d’éditeur a consisté à donner la parole à d’autres, plus compétents que moi, en fabriquant leurs livres que, à tort ou à raison, je trouvais intéressant. «l’échange inégal » (de Samir Amin), titre d’un livre que j’ai jadis édité, n’a jamais été aussi inégal. Que la ségrégation des classes à l’échelle mondiale a atteint un niveau tel qu’on peut se demander si la situation des parias qui errent dans le monde, chassés de chez eux par le capitalisme sauvage, n’est pas pire que celle des esclaves de jadis qui, au moins, étaient nourris par leurs maîtres» dit François MASPERO.

Né le 19 janvier 1932 au 45 rue Scheffer, à Paris 16ème, mort le 11 avril 2015 au 44 rue Saint-Maur, à Paris 11ème. A la Libération, après avoir échoué quatre fois au baccalauréat, François MASPERO s’inscrit donc en licence d’ethnologie au Musée de l’Homme. Si François MASPERO est internationaliste et solidaire avec les vaincus, il est toutefois issu d’une famille d’intellectuels aisés. Il a donc trahi la bourgeoisie et l’a bien trahie, en référence à une idée chère à Paul NIZAN (1905-1940), dans son roman, «les chiens de garde» paru en 1932 : «Je ne vois, dans ce défilé [d’aïeux], aucun travailleur manuel. J’aurais aimé évoquer un oncle ouvrier, ou au moins quelque artisan tonnelier, charpentier, qui aurait chaleureusement guidé ma main, droite ou gauche : mais rien» écrit-il dans «les abeilles et la guêpe». Son grand-père, Gaston MASPERO (1846-1916) est égyptologue ; son père, Henri MASPERO (1883-1945), est sinologue membre de l’École française d’Extrême Orient (ÉFEO), professeur au Collège de France et président de l’Académie des Belles Lettres et Inscriptions. Sa mère, Hélène MASPERO-LECLERC (1899-1997), une historienne de la Révolution, est la fille d’Antonin LECLERC (1871-1954), un médecin, spécialiste en cardiologie. Hélène MASPERO, une femme discrète, mais belle et intelligente, avait posé pour des magazines de modes dans les années 20 ; elle a surtout été déportée à Ravensbrück où elle avait fait la connaissance de Germaine TILLION (1907-2008). Jean MASPERO (1925-1944), le frère aîné de François MASPERO, un jeune homme brillant, a été tué le 10 septembre 1944, à l’âge de 19 ans, alors qu’il avait rejoint un régiment américain. Membre des FTP (Francs-tireurs et partisans), Jean MASPERO a abattu un officier allemand et a été dénoncé. En représailles, son père et sa mère sont déportés le 15 août 1944, l’un à Buchenwald, où il meurt, l’autre à Ravensbrück. Seule sa mère reviendra. «J’aurais voulu faire quelque chose de convenable pour la mémoire de mon père. Pour un homme qui a toute une nuit attendu calmement la Gestapo en rangeant ses papiers (mais il en avait tant !) parce qu’il pensait qu’en ne fuyant pas il nous éviterait, à ma mère et à moi, d’être également arrêtés» écrit-il dans «l’abeille et la guêpe».

François MASPERO transforme ce fardeau de l’Histoire par un ardent désir, pendant toute sa vie, d’en découdre avec les formes d’injustices de la société, en particulier, ce que certains appellent «la Raison d’Etat» : «Comment organiser la transmission de cette brisure existentielle, quand, succédant à la confiscation de la mémoire adultérée par les témoins directs, se fait jour la pression de l’âge qui enjoint le fils et frère de répondre à son tour en garant, de se réapproprier la dignité des morts pour mieux les libérer des gangues narratives exogènes» écrit-il dans «l’abeille et la guêpe». Par conséquent, François MASPERO puise son engagement, sa conception de la vie et de l’Histoire, dans son environnement familial marqué par la Résistance et la tragédie. Dans les «Abeilles et la guêpe» en 2002, chez Seuil, «François Maspero tente d’élucider ce qu’ont été la vie et la mort de son père au camp de Buchenwald. Mais il faut se méfier de ce qui s’énonce facilement parce qu’en réalité François Maspero déploie, pour atteindre son but au plus près, une démarche très originale : il ne fait ni œuvre d’historien, ni œuvre d’écrivain. Il marche sur la ligne de crête, la ligne de partage des eaux entre ces territoires a priori si différents» Laurent DOUZOU. Dans cet ouvrage, les «Abeilles et la guêpe» François MASPERO fait un récit qui établit un lien directe entre la résistance de ses parents, sa révolte, son combat et son engagement anticolonialiste en solidarité avec les pays du tiers-monde : «J’ai vécu mon adolescence dans une imprégnation de la Résistance. Il m’en est toujours resté quelque chose. Plus tard, quand je me suis battu pour l’Algérie indépendante aux côtés des réseaux de soutien au F.L.N., les souvenirs de cette époque remontaient en moi : les partisans de l’Algérie française nous considéraient comme des traîtres qu’il fallait liquider avec douze balles dans la peau. Nous étions l’anti-France» dit-il. Aussi, François MASPERO a choisi d’entrer en résistance «du côté de la vie», en donnant du sens à ces piqures d’abeilles. «Les morts que l’on a aimés ne sont pas morts pour rien» écrit-il.

En définitive, en sa qualité d’éditeur engagé, François MASPERO aura fait publier plus 1200 livres par ses éditions, et ne regrette que quelques erreurs de jeunesse : deux ou trois ouvrages maoïstes sur la Révolution culturelle chinoise, des bréviaires militants sur l’Albanie du dictateur Enver HOXHA (1908-1985). Bien de ces écrivains sont devenus ses amis. François MASPERO ayant vécu une période troublée avec des engagements politiques, est tout de même très lucide et critique dans sa façon de concevoir le militantisme, notamment au Parti communiste : «De fin 1955 à fin 1956, dans la foulée du «Dégel», j’ai adhéré au parti communiste, dont j’ai été exclu pour avoir protesté simultanément contre Budapest et les réticences du parti communiste à s’engager réellement contre la guerre d’Algérie : je me suis fait reprocher par André Tollet (membre du comité central) de «dégueuler sur le parti» dit-il. François MASPERO avait soutenu la lutte de tous les peuples colonisés pour leur indépendance : «J’ai toujours été sensible aux luttes des peuples pour leur liberté et concerné par cet axiome : «un peuple qui en opprime un autre ne peut être un peuple libre» dit-il. Cependant, il a très vite perçu que ces indépendances ont été trahies par les bourgeoisies nationales africaines. Il s’est battu «pour défendre cette mémoire des vaincus, ceux qui ont été exclus du banquet des indépendances, mais n’a épousé la cause de ces faux dieux. Il avait envisagé les échecs possibles des indépendances, leurs prévarications, leurs confiscations par les nouvelles classes dirigeantes qui épouseraient les réflexes de la domination précédente» dit Edwy PLENEL, patron de Médiapart. En particulier, et en dépit d’une lutte pour l’indépendance, avec plusieurs morts, la liberté algérienne a été confisquée par l’Armée. François MASPERO a été fasciné par Che GUEVARA (1928-1967) «J’ai foncé dans la révolution cubaine. C’était un tel enthousiasme populaire, une telle libération dans le contexte de la guerre froide. Il n’y avait pas de raison d’y résister. Che GUEVARA : «L’une des grandes rencontres de ma vie. Rien à voir avec l’icône, avec cette star de tee-shirts qu’on en a fait ensuite. Au nom de la «pureté révolutionnaire», le Che était un personnage d’une exigence terrible, d’une grande dureté avec lui-même et avec ses compagnons. Mais il y avait aussi, chez lui, ce côté argentin, très sympathique… Il était plein d’humour, il aimait la poésie» dit François MASPERO. Il a été déçu mort de Che GUEVARA de la tournure de la révolution cubaine : «J’ai mis beaucoup d’espérance dans les débuts de la révolution cubaine, et j’ai pris mes distances après la mort du Che, étant allé moi-même par deux fois en Bolivie» dit-il. Il reste donc critique à l’égard du communisme : «Si j’ai été marqué par un philosophe, c’est par Sartre. C’est à Sartre que je dois l’apprentissage de la liberté et ma conception du rôle de mes éditions : donner à lire, à connaître, et laisser ensuite chacun libre de se déterminer. J’ai toujours vu le marxisme comme une grille de lecture de l’histoire et des rapports sociaux. Pas une science, un savoir. Ce qui était enseigné dans les pays prétendument communistes était la plus obscurantiste des religions. Et finalement un parfait antimarxisme, puisque ne permettant aucune pensée dialectique, aucune pensée vivante, ce qui est quand même, si j’ai bien compris, l’essence de la pensée de Marx» dit-il.

II – François MASPERO, traducteur et écrivain humaniste de la Fraternité

Avant de fermer boutique, le dernier livre que François MASPERO a publié est celui de Mongo BETI (1932-2001, voir mon article), «la France contre l’Afrique», un réquisitoire, plus que jamais d’actualité, compte tenu de l’omniprésence d’une Françafrique arrogante et méprisante, comme au bon vieux temps colonial. Longtemps, jusqu’à la fin des années soixante-dix, il fut entendu en France que le développement des pays de l’Afrique «francophone» allait bon train. Et soudain, depuis la deuxième moitié des années quatre-vingt, on annonce partout le désastre : ces pays sont sinistrés, économiquement, financièrement, socialement, politiquement. On appelle cela «l’afro-pessimisme». La faute aux Africains ? Ce livre de Mongo BETI est un récit concret, passionnant, qui part de la vie quotidienne des femmes et des enfants dans la brousse, se poursuit dans les grandes villes rongées par le chômage et la misère, et se termine par une mise en cause radicale de la corruption des élites tenues à bout de bras par l’État français. Car si l’Afrique francophone implose aujourd’hui, souvent dans le sang et la violence, c’est bien la «coopération française» qui en est principalement responsable : pour maintenir son rêve de grande puissance, la France a soutenu dictateurs et partis uniques et bloqué toute perspective d’une prise en charge autonome de leur propre développement par les populations africaine. Ce livre de Mongo BETI, alors qu’il a la nationalité a été censuré par le ministre de l’intérieur, Raymond MARCELLIN (1914-2004), au motif que ce serait une «publication étrangère».

En 1974, épuisé, François MASPERO doit revendre sa librairie, «dans un tourbillon d’imprécations et une marée de merde», écrit-il dans «les Abeilles et la Guêpe». En effet, François MASPERO, en raison de la censure, subira dix-sept condamnations, avec de lourdes amendes. En 1960, «L’An V de la révolution algérienne», de Franz FANON avait déjà été interdit. S’intéressant de trop près aux dictatures africaines, François MASPERO se voit «accablé de procès et de condamnations (dont l’une pour avoir insulté un grand ami de la France, Mobutu) à des sommes énormes, à la privation de mes droits civiques et même à trois mois de prison (que je n’ai pas faits grâce à la mort de Pompidou, Giscard ayant eu la bonne idée de déclarer une amnistie pour les petites peines)» dit-il dans la revue Période. En effet, quant à la librairie «la Joie de lire», l’Extrême droite s’en prend à lui, mais aussi des groupes maoïstes qui lui reprochent d’être un «commerçant permanent de la Révolution» et certains lui volent à grande échelle ses livres. En 1982, il cède sa maison d’éditions pour un franc symbolique à François GEZE, qui la rebaptisera bientôt «Editions La Découverte
Homme drôle, sévère, pudique et réservé, à l’élocution particulièrement difficile, à partir de 1984, François MASPERO entreprend une seconde vie : celle d’un écrivain et de traducteur. Dans la proximité avec les livres, il a trouvé sa voie, celle d’écrivain. «J’ai posé avec mes éditions les questions auxquelles était confronté déjà l’adolescent de 1944. Avec mes éditions, j’ai essayé de comprendre et de donner aux autres la possibilité de m’expliquer, j’ai lutté pour les faire s’exprimer sur des problèmes auxquels j’avais été confronté dès le début de ma vie» dit-il. En effet, François MASPERO ne renonce jamais «Les salauds de tous les partis ont sans doute crié victoire quand en 1982, ils ont vu François Maspero renoncer à son métier d’éditeur. Mais ils se sont réjouis trop vite : ils avaient oublié l’auteur. L’inquiétude qui est l’antichambre de l’espérance, ne cessera jamais d’animer notre bonheur» écrit Edwy PLENEL dans la préface de «l’honneur de Saint-Arnaud» de François MASPERO. Traducteur, pour lui, les mots ont un sens : «Traduire n’est pas seulement, restituer un sens, une forme littéraire ; le texte d’un auteur, c’est du sens, du souffle, de la respiration ; c’est un rythme. C’est un ensemble qui fait qu’un écrivain a une écriture singulière. Le travail du traducteur, c’est de restituer ce qu’un auteur fait à sa langue ; son travail de traduction est aussi un travail de réécriture» dit Annie ERNAUX, de chez Seuil. Ce travail de traducteur a été très profitable à François MASPERO dans la rédaction de ses propres romans. En militant de la Fraternité, il a choisi une écriture intime, mais qui, loin d’être un exhibitionnisme, est radicalement tournée vers les autres : «Maspero restera cet homme dont la Gestapo a broyé toute la famille. Il fut ce héros malgré lui, qui eût aimé une vie obscure au fond de sa petite librairie et s’est retrouvé à devoir la défendre, les armes à la main, contre les tueurs de l’OAS. Et c’est cet homme qui a dû tout reconstruire, dans les livres encore, mais en les écrivant. La littérature est la grande victoire des perdants. Les grands écrivains sont des politiques ratés» écrit Aymeric MONVILLE, dans Médiapart sur «les deux morts de François Maspero». Devenir écrivain, c’est un long travail sur soi-même, parfois une souffrance «Il y a un découragement qui vous prend à chaque page et qui peut être mortel. Il faudrait toujours rester en éveil, à construire quelque chose ; c’est un chemin de croix» dit François MASPERO. Et, il ajoute «J’ai connu deux moments d’apprentissage de l’écriture. Le premier se situe en 1977. À l’époque, comme beaucoup de monde, j’étais dans une déprime absolue, je n’arrivais plus à me lever pour aller au travail, la carcasse refusait de suivre le mouvement. Si je m’en suis sorti, c’est en devenant pour la première fois écrivain, et rien que cela, pendant quatre mois. J’ai écrit un très mauvais roman, Mort au premier tour. Ce livre a été avant tout une manière de pouvoir continuer à vivre» dit François MASPERO.

Pour écrire, François MASPERO a choisi les éditions Seuil : «Et si la vocation première de François Maspero avait été d’être écrivain ? A peine après avoir quitté sa maison d’édition, François Maspero a pris la plume, pour ne plus la poser. Il livre une part de lui-même restée cachée sous les livres des autres et donne enfin libre cours à ce qu’il avait voulu faire : écrire» dit Annie MORVAN. En effet, il se consacre à l’écriture, notamment avec le très autobiographique en 1984, «Sourire du chat», en 1990, «les Passagers du Roissy-Express», en 1997 «Balkans-transit», ou en 2002 encore «les Abeilles et la guêpe». Dans son premier roman, «le sourire du chat», François MASPERO se situe dans le «royaume de son enfance» suivant une expression de Léopold Sédar SENGHOR, une autobiographie qu’il a poursuivie dans d’autres romans. En effet, «Le chat» est un garçon de 13 ans qui assiste impuissant à la disparition de son frère résistant, à l’arrestation et à la déportation de ses parents. Tout en pudeur, François MASPERO livre les clés de sa propre enfance. Sans diplôme, sans rien, avec juste la vente de l’appartement de sa grand-mère pour s’acheter sa première librairie, «une boutique à l’abandon qui sentait le pipi de chat». Dans ce roman, le héros, Luc, son surnom c’est le Chat, vit à Paris avec sa famille. C’est la guerre, mais il n’en est pas trop conscient. Son frère est résistant et recherché par la Gestapo. Son père est un célèbre sinologue, mais il est aussi engagé dans la Résistance avec sa femme. le Chat collectionne les tracts et journaux résistants que ramène sa famille à la maison. Dans une écriture poétique, imagée, fluide et bouleversante, un mélange de modernité et de classicisme, François MASPERO raconte ses années de guerre, vues par un enfant ; sa vision n’est pas celle des résistants dans les maquis ou des soldats dans l’Armée, mais celle d’un enfant émerveillé par les avions des alliés, d’un enfant qui se cache pour observer les chars ou collectionne les tracs alliés, d’un enfant fasciné par son grand frère, cultivé et actif dans la Résistance de Paris. L’enfant est heureux et ne se pose pas de questions et du jour au lendemain, tout bascule dans la dramaturgie. «Mon frère, il parlait beaucoup de la liberté. Et de la révolution. Ça lui fait une belle jambe, maintenant» dit le personnage du Chat.

Son roman, «Le Figuier» récit d’un homme retrace l’histoire de la librairie, mais aussi l’histoire de grands combats de son époque, les procès, les condamnations, les attentats, les années antifascistes, anticolonialistes ou anticapitalistes. «Le Figuier» décrit un atelier d’imprimerie, dans une ruelle proche de la Seine. Un homme solitaire, y édite en poète amoureux de son labeur, des mots qu’il compose, qui fait «couler du soleil dans le plomb». Ce livre commence en 1957, sur fond de guerre d’Algérie, et s’achève dix ans plus tard en Amérique centrale. «Mon figuier est un figuier de barbarie» écrit-il. Dans «le Figuier», François MASPERO y expose clairement le sens de l’engagement et du témoignage. Editer et témoigner en temps de guerre a-t-il un sens ? Editer est-ce résister ?

A travers, son roman, «l’Honneur perdu de Saint Arnaud», une anti-biographie d’un maréchal de France qui fit sa carrière durant la conquête de l’Algérie, on retrouve François MASPERO, le porteur de valises, l’anticolonialiste viscéral. Il voulait rétablir la vérité sur cette face sombre de l’histoire de France : «Mais «l’Honneur de Saint Arnaud» n’est pas seulement un livre du passé : il est hélas, dans l’ignominie du personnage dans et la démonstration des falsifications de l’Histoire officielle» écrit Annie MORVAN.

François MASPERO est également un grand voyageur, pour découvrir l’autre : «La plus belle récompense d’un voyage extraordinaire est bien de rencontrer des gens extraordinaires. Des gens qui ont traversé comme ils l’ont pu, sans faire d’histoires et sans faire l’Histoire, des évènements pas ordinaires» écrit-il dans «Balkans-Transit». Dans les « passagers du Roissy-Express », le décor se situe dans la banlieue parisienne, le trafic de drogue a été refoulé vers la périphérie. L’Etat loin de combattre les inégalités, a développé une politique de stigmatisation et de féroces répression des personnes d’origine africaine et maghrébine, les enfonçant un plus dans ces zones de relégation.

Par ailleurs, François MASPERO s’est souvent senti en exil, dans son propre pays, la France. Des militants d’extrême-droite, avaient accusé ce «porteur de valises», pendant la guerre d’Algérie, d’avoir tiré sur le dos des soldats français. Par conséquent, «l’exil» c’est la situation d’une personne qui ne trouve pas sa place dans son pays. «Toute ma vie, j’ai cru au progrès, le sens de l’Histoire éclairait notre attente et même nos mélancoliques nuits étrangères. Comment le nier, je sens ici que mon monde à moi est détruit» fait-il au personnage d’Alberto dans la «Plage noire». «Quand je regarde le catalogue des éditions, je me dis que je peux être satisfait : Frantz Fanon, Tahar Ben Jelloun, et beaucoup d’autres» dit François MASPERO. «J’ai beaucoup vécu par les autres. Sans eux, les auteurs, les amis, les militants, rien n’aurait été possible» dit-il. La «plage noire» est le roman le plus universel des oeuvres de François MASPERO : «contrairement aux autres romans, on ne sait pas où se situe le lieu, la date ; la seule indication, c’est un pays qui sort de la dictature, et qui retourne à la démocratie, mais une démocratie qui n’est pas gagnée ; le Mal rôde toujours» dit Annie ERNAUX.

François MASPERO a été marié trois fois. Il a épousé en premières noces Marie-Thérèse SENES, le 4 août 1953 ; ils divorceront le 22 août 1965. Il s’est remarié, en secondes noces, le 16 décembre 1965, à Fancita GONZALEZ-BATTLE, une traductrice ; ils divorceront le 4 décembre 1996. Sa troisième, et dernière épouse, mariée le 25 février 1999, sera Zaneta ZAPRIANOVA OUZOUNA, qui lui donnera deux enfants : Brigitte MASPERO (1954-2007) et Louis MASPERO, écrivain.

François MASPERO est mort à Paris 11ème, le 11 avril 2015 : «Alerté par une fuite d’eau, on l’a découvert dimanche mort dans sa baignoire. Il avait passé la journée du vendredi 10 avec moi, qui l’avais amené dans une clinique de banlieue où il a subi un examen radiologique demandé par le spécialiste qui le suivait» écrit dans Médiapart, le rhumatologue et ami, Marcel-Francis KAHN. «François Maspero est une légende qui incarne les vertus d’un engagement radical» dit Jack LANG, Ministre de la culture de François MITTERRAND. Il a toujours «voulu bousculer le monde» dira le président François HOLLANDE. «François Maspero m’a appris la liberté. Pour ma génération, François Maspero restera comme le nom emblématique de ce que la France peut avoir de meilleur : un homme qui a su toujours dire non, à l’injustice, à l’imposture, au mensonge. En ces temps où la régression ultra, réactionnaire et conservatrice, menace, plus que jamais, son exemple nous aide à redresser la tête, à faire face et à tenir bon» écrit Edwy PLENEL, patron de Médiapart et de ses grands amis. «Il fut l’un des intellectuels les plus brillants de ma génération. Même s’il s’était éloigné de la politique ces dernières années, Maspero appartient à la légende de la gauche. Il y laissera une trace indélébile. Dans le travail, il était à la fois d’une grande rigueur et d’un grand humanisme. C’était impossible de ne pas bien s’entendre avec lui» dit Luis SEPULVDA, écrivain chilien, dont les livres ont été traduits par François MASPERO.

En définitive, François MASPERO est resté habité par l’espérance : «Plus j’avance, dans le temps qui me reste à vivre, plus je pense que je choisis «résistant». Je suis reconnaissant d’être né dans une famille de résistants de la première heure. Avec tout ce que cela a comporté… la mort de mon frère au combat à 19 ans, la mort de mon père à Buchenwald et le retour de ma mère de déportation. Cela compte beaucoup pour moi, et, bizarrement, aujourd’hui plus que jamais. Oui, je choisis «résistant» plutôt «qu’homme livre» car cela me réduirait sur une pratique de lecture qu’il conviendrait d’élargir» disait François MASPERO. «Je ne crois pas aux utopies, je fais une différence énorme entre le rêve et l’utopie. Je pense qu’un individu qui n’a pas de rêve, qui ne rêve pas un destin, qui ne rêve pas quelque chose pour la société, manque à sa vocation d’être humain. Il y a une rigidité dans l’utopie qui est dévastatrice. En revanche le rêve, rêver l’avenir, il faut y croire. Même si je sais bien que l’avenir, c’est comme l’histoire de la ligne d’horizon : elle recule au fur et à mesure qu’on avance» disait-il, en décembre 2014, dans un entretien accordé au journal Bron Magazine. François MASPERO, toute sa vie est resté fidèle à ses rêves et ses engagements,, à une époque où la majorité de l’élite s’est engouffrée dans chemin du renoncement. Il a semé la graine dans le champ de la révolte et les conservateurs n’auront pas le dernier mot : «Tu peux serrer une abeille dans ta main jusqu’à ce qu’elle étouffe, elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué, c’est peu de chose, mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeille» dit Jean PAULHAN (1884-1968).

Bibliographie très sélective

1 – Contribution de François Maspero

MASPERO (François), «Entretien avec François Maspero, quelques malentendus», accordé à Stella Magliani-Belkacem, Revue Période, 18 septembre 2014 ;

MASPERO (François), «Entretien, les chemins de la liberté», accordé au journal Bron Magazine du 5 décembre 2014, et relayé par Médiapart du 10 décembre 2014 ;

MASPERO (François), «Entretien» accordé à Didier Daeninckx, dans «l’œil de la Lettre», réalisé par la librairie Les Cahiers de Colette, septembre 1994, n°16 ;

MASPERO (François), «Entretien», accordé à la Revue période du 18 septembre 2014, et relayé par Médiapart du 24 décembre 2014 ;

MASPERO (François), «François Maspero et les paysages humains», entretien accordé à Jean-Marc Luquet, Silence, octobre 2009, n°372, pages 33-35 ;

MASPERO (François), «François Maspero, sa recherche acharnée de fraternité», entretien accordé à Sadek Aissat, El Wattan, du 6 février 2010 ;

MASPERO (François), «L’édition laminée», accordé à Bertrand Leclair, Lignes, 2006, n°20, pages 171-178 et la Quinzaine littéraire, n°919 du 16 au 31 mars 2005 ;

MASPERO (François), Balkans-Transit, Paris, Seuil, 1997, 400 pages ;

MASPERO (François), DUMONT (René) MEILLASSOUX (Claude), BENOT (Yves), La France contre l’Afrique, Paris, François Maspero, 1981, 271 pages ;

MASPERO (François), L’honneur de Saint-Arnaud, préface d’Edwy Plenel, Paris, Seuil, 2012, 416 pages ;

MASPERO (François), La plage noire, Paris, Seuil, 1995, 160 pages ;

MASPERO (François), Le Figuier, Paris, Seuil, 1988, 379 pages ;

MASPERO (François), Le sourire du chat, Paris, Seuil, 1984, 320 pages ;

MASPERO (François), Le temps des Italiens, Paris, Seuil, 1994, 144 pages ;

MASPERO (François), Le vol de la mésange, Paris, Seuil, 2006, 236 pages ;

MASPERO (François), Les abeilles et la guêpe, Paris, Seuil, 2002, 288 pages ;

MASPERO (François), Les passagers du Roissy Express, Paris, Seuil, 1990, 336 pages ;

MASPERO (François), Les saisons au bord de la mer, Paris, Seuil, 2009, 192 pages ;

MASPERO (François), Parti pris : Les Québécois, préface de Jacques Berque, Paris, Collection cahiers libres, 1967, 301 pages.

2 – Critique de François Maspero

AMIN (Samir), ARRIGHI (Giovanni), GUNDER (André), WALLERSTEIN (Frank), MASPERO (François), La crise, quelle crise ?, Paris, François Maspero, 1982, 240 pages ;

AMROUCHE (Taos), Le grain magique. Contes poèmes, proverbes berbères de Kabylie, Paris, La Découverte, 2007, 250 pages ;

ANDERSSON (Nils), «Maspero, poétiques de résistance», Médiapart, billet de blog du 5 septembre 2016 ;

AUBERT (Antoine), Devenirs révolutionnaires : Enquêtes sur les intellectuels «marxistes» en France (années 68 – années 90) : contribution à une histoire sociale des idées, Paris, Université Panthéon Sorbonne I, 2020, 848 pages, spéc pages 15-18 ;

BENOT (Yves), Les massacres coloniaux, préface de François Maspero, Paris, Hachette, collection pluriel intervention, 1994, 404 pages ;

CAMILLE (Joseph), «François Maspero et la typographie de l’édition politique», Mémoires du livre, 2011, Vol 3, n°1, pages 1-31 ;

DAVID (Elisabeth), Gaston Maspero 1846-1916. Le gentleman égyptologue, Paris, Pygmallion, 1999, 322 pages ;

DEVEVEY (Eléonore), «Présence africaine/François Maspero, enquête sur deux aventures éditoriales», Malfini, ENS, Lyon, en ligne ;

DESVARIEUX (Claire), «Maspero François, hérault de toutes les luttes», Libération, 13 avril 2015 ;

DOUZOU (Laurent), «François Maspero ou le rapport intime à l’histoire» in Imagination et histoire, Rennes, presses universitaires de Rennes, 2014, pages 77-84 ;

DUNETON (Claude), «Maspero François chroniques de la langue parlée», France culture, 1984, durée 59 minutes et 44 secondes ;

FANON (Frantz), Ecrits sur l’aliénation et la liberté, Paris, La Découverte, 2018, 832 pages, spéc 4ème partie, pages 673-690 sur les correspondances avec François Maspero ;

GRUAU (Elise), «François Maspero (1932-2015), passeur de présent», France Culture, Une vie une œuvre du 23 avril 2014, durée 58 minutes et 48 secondes ;

GUICHARD (Bruno), HAGE (Julien) LEGER (Alain), François Maspero et les paysages humains, Lyon, La Fosse aux Ours, 2009, 311 pages ;

HAGE (Julien), «La génération des éditeurs protagonistes de la décolonisation, radicalités, rigueurs et richesses de l’engagement éditorial», Bibliodiversity, février 2016, pages 9-16 ;

HAGE (Julien), «Maspero François, homme protée et éditeur protagoniste (1932-2015)», La revue du projet, n°49, septembre 2015 ;

HAGE (Julien), «François Maspero, éditeur partisan», Contretemps, février 2006, n°15, pages 100-107 ;

HAGE (Julien), «Maspero François», Le Maîtron, 16 juillet 2012, actualisé le 4 juillet 2022 ;

HAGE (Julien), Feltrinelli, Maspero, Wagenbach, une nouvelle génération d’éditeurs politiques d’extrême-gauche, histoire comparée, histoire croisée 1955-1982, sous la direction de Jean-Yves Mollier, Université Versailles Saint-Quentin, 2010, 1029 pages ;

HUBERT (Nicolas), Editeurs et éditions pendant la guerre d’Algérie 1954-1962, Paris, Bouchene, 2012, 523 pages ;

JALLON (Hugues), PLENEL (Edwy), «En souvenir de François Maspero», Revue du Crieur, 2015, Vol 1, n°1, page 1 ;

JOSEH (Camille), «Charisme et souffrance de l’éditeur politique : François Maspero», Théologiques, 2009, Vol 17, n°1, pages 79-93 ;

KENYATTA (Jomo), Au pied du Mont Kenya, préface de Georges Balandier, Paris, François Maspero, «Les textes à l’appui», 1960, 241 pages ;

KERVRAN (Perrine), «François Maspero, retour à Cuba», 1999, France culture, durée 1 h 15 ;

KRIVINE (Alain), «Hommage à François Maspero», Hebdo l’Anticapitaliste, 16 avril 2016 ;

LEFORT-FAVREAU (Julien), «Mai 68 littéraire de François Maspéro. L’éditeur comme relais intellectuel», Etudes françaises, 2018, Vol 54, n°1, pages 37-58 ;

MAMMERI (Mouloud), Poèmes Kabyles anciens, textes berbères et français, Paris, La Découverte, 2001, 467 pages ;

MARKER (Chris), «Les mots ont un sens», avec François Maspero et Fanchita Maspero, 1970, durée 20 minutes ;

MASPERO (Hélène), Un journaliste contre-révolutionnaire. Jean-Gabriel Peltier (1760-1825), Paris, Société des études robespierriennes, 1973, 341 pages ;

MONVILLE (Aymeric), «Les deux morts de François Maspero», Médiapart, billet de blog du 4 octobre 2016 ;

MORVAN (Annie), «La vocation secrète François Maspero», Médiapart, billet de blog dy 25 octobre 2016 ;

NADEL (Siegfried, Frederick), Byzance noire. Le royaume des Nupes au Nigéria, Paris, François Maspero, 1971, 616 pages ;

PAQUOT (Thierry), «Maspero François (1932-2015)», Hermès, 2015, Vol 72, n°2, pages 251-256 ;

PIVOT (Bernard), «L’alternative de Maspero», Apostrophes n°2, Antenne 2, diffusion du 28 octobre 1984 ;

PINHAS (Luc), «François Maspero, le passeur engagé», Documentation et bibliothèques, 2010, Vol 56, n°4, pages 187-194 ;

PLENEL (Edwy), «Maspero, ce résistant», Médiapart, billet de blog du 13 avril 2015 ;

SEPULVEDA (Luis), Le vieux qui lisait des romans d’amour, traduit de l’espagnol par François Maspero, Paris, A-M Métaille, 1992, 130 pages ;

YEFSAH (Mohamad), «François Maspero, : Le maquisard au fusil chargé d’encre», Médiapart, billet de blog du 1er février 2010 et Madinya du 12 juin 2015.

Paris, 15 août 2022 par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

laissez un commentaire