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Confidences d’une descendante d’exciseuses devenue figure de la lutte contre l’excision

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Aminata S. est connue pour son combat pour l’abandon de l’excision et pourtant, elle est issue d’une famille d’exciseuses dont la sixième génération à laquelle elle fait partie devait actuellement hériter de la perpétuation de la pratique. Mais à la place des couteaux et des lames, elle a préféré arboré l’arme de la sensibilisation pour mettre fin à cette pratique.

Habitant à Guédiawaye, l’une des zones de survivances de la pratique en milieu urbain, à cause de la concentration des ethnies hapoular et sarakhoulé, celle qui est devenue « badiénou gokh » (marraine populaire), ne se lasse jamais dans son sacerdoce, et ce malgré les nombreux blocages.

Elle nous fait ici un récit de son lot quotidien…

« Moi personnellement, mon premier blocage se trouve être le fait que je sois issue d’une famille exciseuse dont je suis de la sixième génération, et que normalement je devais perpétuer la tradition. Mes parents ont mal pris ma décision de lutter contre les MGF, certains même disaient que j’ai été payée par des étrangers pour ça, pour d’autres, j’ai perdu mes valeurs ancestrales. N’empêche, j’ai quand même continué mon combat et aujourd’hui non seulement mes filles n’ont pas été excisées mais j’ai aussi amené certaines de mes sœurs à faire de même. Je suis soutenue dans ce combat par mon mari qui est du même avis que moi. Les moyens financiers aussi font défaut même si ce n’est pas ce que nous recherchons dans ce que l’on fait nous en avons besoin. Il y a un travail à la base à faire comme la sensibilisation, les causeries, les débats, les visites à domicile, aller dans le Fouta. Tout cela demande des moyens financiers malheureusement, on n’en a pas. Le manque de ressources et de financement est un réel obstacle pour l’atteinte de nos objectifs. En outre, nous soulignons qu’il n’y a pas de suivi dans le travail fait à la base, certains viennent nous voir mais généralement, on ne les revoit plus après le premier contact ou quand ils ont toutes les informations dont ils ont besoin. Le fait que les autochtones ne soient pas trop impliqués par les organismes étrangers dans la lutte est aussi à souligner. On ne peut pas entrer dans une maison sans passer par la porte ou alors on y accédera très difficilement. De la même manière, la lutte contre l’excision ne peut pas se faire sans l’implication des personnes qui font parties de ces ethnies ».

 

Par mounamak

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