«Son nom est peu connu en France, mais l’influence de Zora Neale Hurston sur la littérature américaine a été considérable. Toni Morrison, prix Nobel de littérature, n’a cessé de proclamer sa dette à l’égard de celle qu’elle considère comme sa mère en littérature. Cela n’a rien de surprenant, puisque tout l’œuvre de Hurston s’était donné pour tâche de restituer la richesse et l’originalité de la culture noire des Etats-Unis, celle de son enfance, et d’en transmettre l’héritage. […] Un des plus beaux hommages jamais rendus à la culture de ceux que, bon gré mal gré, elle considérait comme «son peuple», écrit Didier ERIBON dans le «Nouvel Observateur». Michel FABRE est beaucoup réservé, estimant, et sans le démontrer, que la réputation de Zora Neale HURSTON serait surfaite «Zora Neal Hurston fait figure de champion de la femme noire, pleine de ressource et de robuste volonté, sinon toujours libérée des contraintes communautaires et de la tyrannie masculine. Revendiquée comme figure de proue par Alice Walker après trente ans de purgatoire immérité, elle jouit aujourd’hui d’une réputation presque exagérée» écrit-il, dans «Notre Librairie» d’avril 1994. Il faut dire, qu’en dépit de ces éloges de Didier ERIBON, les quelques ouvrages de Zora Neale HURSTON, traduits en français (Barracoon, l’histoire de la dernière cargaison, Des pas dans la poussière, Mais leurs yeux dardaient sur Dieu ou Spunk, traduction de l’Anthologie noire de Nancy Cunard avec des articles de Zora Neale, Une femme noire), n’ont pas été réédités ; et sont donc commercialisés par des collectionneurs ou par Amazon. Par conséquent, et pour l’essentiel, la contribution littéraire de Zora Neale HURSTON est en langue anglaise, et donc demeure encore, pour les lecteurs francophones, notamment africains, dans la stricte confidentialité des initiés.
Robert ELLISON (1914-1994) avait posé, en 1947, cette interrogation, au cœur de la contribution littéraire de Zora Neale HURSTON : «Homme invisible pour qui chantes-tu ?». En effet, ce roman, «Invisible Man» relate l’histoire, à la première personne, d’un jeune homme pauvre et méritant qui lutte dans un monde hostile, et qui, de péripétie en péripétie, atteint au succès ou, du moins, à la sagesse. Cependant, ce héros picaresque n’échappe pas à son destin. Il est exclu que, dans une société qui offre au talent et à l’effort des un homme jeune, énergique, et, comme disent les Américains, «charismatique», n’arrive pas à se hisser à un degré enviable de l’échelle, et ne connaisse pas, tôt ou tard, outre la sécurité financière, la notoriété et l’amour des femmes. Le héros, un jeune Noir à la recherche de son identité, ne lutte pas à armes égales contre la société. D’entrée de jeu, les dés sont pipés. L’enchère est en monnaie de singe, le chemin du succès mène à une impasse, la sortie est piégée. Car ni l’argent, ni la notoriété, ni l’amour des belles Blanches un peu mûres en quête de sensations primitives ne comblent le héros de ce roman. C’est là sa noblesse. Le succès individuel ne saurait le satisfaire. C’est la race noire tout entière qui devrait être, en même temps que lui-même, arrachée à son statut minoritaire et promue à l’égalité des chances. «On disait alors que les difficultés sociales du Noir provenaient de son trop haut degré de visibilité. L’ironie, c’est que mon personnage est invisible non seulement pour les autres, mais pour lui-même. Le Noir, dans une société blanche où il est nié, éprouve nécessairement une grande difficulté à être, et partant, à se voir. L’image du Blanc, telle qu’elle se forme dans sa conscience dès son plus jeune âge, est si irrésistiblement puissante, et si terriblement oppressive, que le Noir est réduit à se voir avec les yeux du Blanc, c’est-à-dire, à se haïr, à se mépriser, à se nier lui-même. Le regard qu’il tourne sur soi est pure négativité, un miroir docile.» dit Robert ELLISON. Ni intégré, ni séparé du reste de la communauté, le héros attend que les yeux de tous les républicains se décillent. «Je n’admire pas du tout le courage du dompteur. Une fois dans la cage aux lions, il est du moins à l’abri des hommes» disait, l’écrivain britannique, George Bernard SHAW (1856-1950).
Anthropologue, conteuse, folkloriste, dramaturge, spécialiste du «Black english», ce vernaculaire des Afro-américains, enseignante à l’université de Barnard College de 1925 à 1928 et à Columbia de 1928 à 1930, Zora Neale HURSTON, une féministe, a marqué l’histoire littéraire, en particulier au sein du mouvement Harlem Renaissance. «Y a pas une loi sur terre qui peut faire d’un homme un gars décent s’il a pas ça en lui. Y a plein dtypes qui prennent femme comme on prend un bout dcanne à suc’. C’est rond, juteux et sucré quand y la prennent. Mais y pressent et y broient, y pressent et y broient, et y tordent jusqu’à c-qu’ils en tirent la dernière goutte de plaisir. Quand y sont convaincus qu’elle est tordue-essorée, y la traitent comme on fait d’une mâchouillure de canne. Y la jettent. Y savent c-qu’y font au moment même, et y sdétestent de lfaire, mais y s’accrochent à elle jusqu’à c-qu’elle est vide. Après, y la détestent pas qu’elle est qu’une mâchouillure de canne sur leur chemin» dans «Spunk» avec un langage vernaculaire des Afro-Américains, Zora Neale HURSTON s’insurge violemment contre la misogynie. Première femme noire à s’engager dans le combat du féminisme, cela a été très mal compris par les écrivains afro-africains estimant que Zora Neale HURSTON ramait à contre-courant ; et la priorité sera l’apologie de la littérature combat pour les droits civiques et contre la ségrégation raciale, plus que jamais vivace après la Grande dépression. En particulier, Langston HUGHES et Richard WRIGHT ont reproché à Zora Neale HURSTON, dans ses écrits, une vision pastorale ou folklorique, de faire fi des dures réalités de la ségrégation raciale, de l’exploitation et de la misère. En réponse à ces critiques, Zora Neale HURSTON oppose, au contraire qu’elle «dépeignait un mode de comportement propre à une communauté qui, au sortir de l’esclavage, avait appris à se protéger, subtilement, et de façon codifiée, des méfaits de l’oppression raciale. Zora Neale HURSTON a parfois croisé le fer avec cette gauche américaine radicale «Je n’appartiens pas à l’école larmoyante de la négritude, qui prétend que la nature a bien mal traité le Noir et qui se contente d’en souffrir. Non pas, je suis bien trop occupée à affûter mon couteau à huîtres» écrit-elle dans «How It feels To Be Colored Me». Artiste mineur pendant la période de Harlem Renaissance voulant faire émerger un «New Negro» suivant une expression d’Alain LOCKE (1885-1954), Zora est entré aussi en conflit avec Richard WRIGHT, (1908-1960, voir mon article) de la gauche radicale, qu’elle accusait de «misérabilisme». Richard WRIGHT a répliqué estimant que le roman de Zora, «They Eyes Were Watching God», «poursuit volontairement la tradition imposée au nègre au théâtre, c’est-à-dire la technique du ménestrel qui fait rire les Blancs. Son roman ne s’adresse pas au Nègre, mais à un public blanc, dont elle sait satisfaire les goûts chauvins» dit Richard WRIGHT. En effet, le féminisme controversé de Zora Neale HURSTON, son audace et esprit d’indépendance, avait suscité des critiques de Langston HUGHES «Dans sa jeunesse, elle recevait toujours des bourses, des aides sociales et des choses de riches Blancs, dont certains la payaient simplement juste pour s’asseoir et représenter la race noire pour eux, elle l’a fait d’une manièree si racée à beaucoup de ses amis blancs, sans aucun doute, elle était une parfaite «Darkie», dans le sens agréable qu’ils donnent au terme, qui est un nègre naïf, enfantin, doux, humoristique et très coloré» écrit-il dans «The Big Sea». Refusant de s’aligner, sur ce qu’elle appelait, «l’école sanglotante de la Négritude », elle soutenait que la libération des Noirs passe par la célébration de leur culture et de leurs propres institutions. Dépeindre une culture populaire vivante et riche, où l’on chante, aime et rit, comme tout le monde, faire le portrait de personnages «complets, complexes et non diminués», servait bien mieux son peuple que de s’aligner sur les critères esthétiques de la culture dominante» écrit Françoise BRODSKY, dans l’introduction d’une «Femme noire». En fait, entre Zora Neale HURSTON et Langston HUGHES, c’est une histoire d’amitié et de trahison. Ils se sont rencontrés à New York entre 1925 et 1931, date de leur rupture. Ils se sont appréciés, sans relations sexuelles, collaboré à la revue Fire et participé au mouvement Harlem Renaissance. «Leur amitié, tour à tour chaleureuse, engageante, inspirante, intellectuelle, adoratrice, jalouse, enflammée et condamnée, a informé pratiquement tout ce qu’ils ont écrit pendant ces années, la littérature afro-américaine tout à fait différente de toutes celles qui l’avaient précédée» écrit Yuval TAYLOR. Mais deux artistes avaient des caractères diamétralement opposés : «De nombreux auteurs ont qualifié Langston de naïf. Zora est généralement soit une caractérielle, soit une femme noire forte stéréotypée. Ceux-ci représentent les extrêmes de leurs caractéristiques. Langston ne laissait aucune femme entrer dans son intimité. Zora était passionnée, jalouse, têtue et n’hésitait jamais à dire ce qu’elle pensait, quelles qu’en soient les conséquences» ajoute Yval TAYLOR.
La plume de Zora Neale HURSTON se fait enfantine, superstitieuse, ironique, compatissante, joyeuse, et étudie dans la modernité l’ethnicité, le langage vernaculaire, le folklore et les traditions des Afro-américains. Dans sa démarche assertive, a adopté une attitude littéraire engagée, une posture d’affirmation de soi tout en respectant l’autre. «L’engouement dont l’œuvre de Zora Neale Hurston fait l’objet aujourd’hui constitue le meilleur témoignage de son apport à l’éveil de la conscience afro-américaine. Sans doute, sa formation d’anthropologue, ses origines rurales ainsi que les années fastes de la renaissance de Harlem à laquelle elle prit part ont-elles détermine ses engagements d’artiste et d’intellectuelle noire. Quant au destin plutôt terne de sa carrière, il s’explique surtout par le contexte socio-politique et littéraire de la grande dépression qui la place au centre de sollicitations multiples dues aux pressions éditoriales et a l’apologie d’une littérature de combat par les nationalistes noirs et les communistes» écrit, dans sa thèse, Jean-Louis NDAMA. En effet, Zora Neale HURSTON «a cet esprit qui a été particulièrement dévolu à certaines femmes. Quoi qu’elle porte sa peau noire avec aisance, et puisse grâce à elle, pénétrer dans des cercles dont aucun homme blanc ne peut forcer l’entrée, elle semble être capable de se tenir en dehors de sa race et de la regarder objectivement, tout en la comprenant, puisqu’elle en fait partie» écrit, en 1946, Kiffin R. HAYES.
Cependant, son travail sur le folklore des Noirs, et donc leur identité, notamment les récits de vie, les contes, et les expressions de l’oralité des Noirs, l’ont marqué au fer rouge dans certains milieux, notamment les mécènes, fondations ou éditeurs. En particulier, l’engagement littéraire, dans la mouvance de Harlem Renaissance, aux côtés de Langston HUGHES (1901-1967, voir mon article), a été sans ambiguïté. C’est en ce sens que Maya ANGELOU (1928-2014, voir mon article) et Toni MORRISON (1931-2019, voir mon article) ont une importante dette à son égard. Zora Neale HURSON «l’un des plus grands écrivains de notre époque» dit Toni MORRISON, auteure de «L’œil le plus bleu». Pour Maya ANGELOU, ««Zora Neale Hurston a choisi d’écrire sa propre version de la vie dans «Dust Tracks on a Road». Grâce à ses images, on apprend rapidement que l’auteur est né pour errer, écouter et raconter une variété d’histoires. Une curiosité active l’a conduite à travers le Sud, où elle a recueilli les sentiments et les paroles de son peuple comme un agriculteur exigeant pourrait ramasser des œufs. Quand elle a commencé à écrire, elle a utilisé tous les sites qu’elle avait vus, toutes les personnes qu’elle avait rencontrées et les exploits auxquels elle avait survécu. Une lecture de Hurston suffit à convaincre le lecteur que Hurston a eu des aventures dramatiques et était un survivant par excellence» écrit-elle dans la préface de «Dust Tracks on a Road». «Zora Neale Hurston était un KO dans sa vie, un écrivain merveilleux et une personne fabuleuse. Diablement drôle et académiquement solide : délicieux mélange» ajoute MAYA ANGELOU.
Zora Neale Hurston nait le 7 janvier 1891 à Notasulga (Alabama, Etats-Unis). Fille de Lucy Ann POTTS épouse HURSTON (1866-1904), institutrice, et de John HURSTON (1861-1918), prêcheur baptiste, elle est la cinquième d’une fratrie de huit enfants «Mon père menaçait sans cesse de me briser, même s’il devait me tuer au passage. Ma mère s’interposait à chaque fois. Elle me savait effrontée et prompte à la réplique, mais elle ne voulait pas briser mon «ardorité», de peur de me voir devenir une doucereuse poupée de son» écrit-elle. Lorsque Zora a trois ans, sa famille déménage à Eatonville, en Floride, dans une communauté d’Afro-américains dont son père deviendra plus tard le maire. Zora décrira plus tard Eatonville comme un lieu où les Afro-américains pouvaient vivre, comme ils le souhaitaient, indépendamment de la société blanche. Jeune, elle se passionne déjà pour la littérature. En 1904, sa mère décède et son père se remarie presque immédiatement. Ses parents l’envoient dans une école baptiste à Jacksonville. Ils finissent par arrêter d’en payer les frais, et la jeune fille est renvoyée de l’école. Par la suite, Zora travaille quelques temps comme domestique pour une compagnie théâtrale. En 1917, se faisant passer pour née en 1901, elle s’inscrit au Morgan College et obtient son diplôme en 1918. Zora fait ensuite des études à l’université Howard puis au Barnard College où elle est diplômée d’anthropologie en 1928. Intéressée par le folklore noir-américain et le vaudou haïtien, elle participe à la Renaissance de Harlem Renaissance ou «Renouveau de la culture afro-américaine», en produisant le magazine littéraire «Fire !!». Par la suite, Zora a écrit des articles pour divers journaux, travaille dans une bibliothèque puis comme professeure remplaçante.
La contribution littéraire a pour ambition de restituer la richesse et l’originalité de la culture noire des Etats-Unis, celle de son enfance, et d’en transmettre l’héritage. Aussi, dans son autobiographie, «Des pas dans la poussière» ou «Dust Tracks on The Roads», écrit en 1942, cette écrivaine, première afro-américaine diplômée en anthropologie, relate son enfance une petite ville de Floride ayant la particularité d’être composée uniquement de Noirs aussi bien en termes d’habitants que de direction, dans toutes les instances politiques et administratives. Contre toute attente dans cette partie de l’Amérique, Blancs et Noirs vivent en excellents termes ; la petite Zora, pendant cette période, n’en a pas ressenti de discrimination. Cette vision idyllique a été écornée par la traductrice de ses mémoires en France «Lorsque Bertram Linppicott lui demande de rédiger son autobiographie, elle s’exécute avec répugnance. Elle s’y présente avec une fausse naïveté sous les traits d’une petite fille pauvre, mais intelligente, poussée par un besoin impérieux de réussir et que le racisme n’a guère touchée ; mais elle dissimule des pans entiers de son passé. Elle insiste sur la bonté des Blancs qui, depuis sa naissance, l’ont toujours aidée, mais ne parle pas de conflits avec ses mécènes ou n’y fait allusion que pour s’excuser», écrit François BRODSKI, dans la postface «Des pas dans la poussière».
Par conséquent étant née dans le Sud, Zora se fait observatrice attentive de cette société harmonise et se mêle aux adultes, écoute toutes les conversations, s’en imprègne. Elle utilisera tous ces souvenirs et en fera des matériaux, lorsqu’adulte, elle sillonnera-voyagera notamment pour Franz BOAS (1859-942), père fondateur de l’anthropologie au musée d’Histoire naturelle de New York puis à l’université Columbia. Zora Neale HURSTON met en place un groupe de danse folklorique concernant la culture du Sud des États-Unis puis part en Haïti pour y conduire des recherches sur la culture locale. Ses travaux ont une importance majeure, notamment en ce qui concerne l’utilisation des drogues durant les cérémonies Vaudou comme moyen d’entrer en transe. En parallèle, Zora entreprend l’écriture de nouvelles et d’articles. En 1954, Zora est envoyée à Jacksonville pour couvrir le procès pour meurtre de Ruby McCOLLUM (1909-1992), une femme noire qui avait tué, en 1952, C. Leroy ADAMS, un médecin blanc qu’elle accusait de viols à répétition. L’affaire connait une couverture médiatique. Zora participe également à la rédaction de «Woman in the Suwannee Jail», un livre de William Bradford HUIE (1910-1986), journaliste et défenseur des droits civiques. En dépit de la qualité de sa production littéraire, («Mules and Men» en 1935, «They Eyes Were Watching God» en 1937), le succès commercial, de son vivant, n’avait pas été au rendez-vous, notamment ce qui concerne la transcription du folklore des Noirs, en fait une commande de mécènes blancs : «Amère du rejet de la valeur du folklore, en particulier dans la communauté noire, frustrant ce qu’elle estimait être son échec à convertir la vision du monde afro-américaine en formes de fiction en prose, Hurston a finalement abandonné» écrit Robert HEMENWAY.
Les thèmes récurrents et structurant la contribution littéraire de Zora Neale HURSTON sont notamment la race, le genre, le féminisme, l’esclavage et la mémoire, la croyance religieuse, les forces de l’esprit, en somme un projet du bien-vivre ensemble, dans la tolérance. Son livre, «They Eyes Were Watching God», publié en 1937, a été traduit sous le titre «Mais leurs yeux dardaient sur Dieu» chez Zulma ou «une femme noire» chez Le Castor Astral. C’est le premier roman d’une afro-américaine, revendiquant, sans détours, son féminisme. Dans ce roman initiatique, le personnage central, Janie Crawford, s’engage à se soustraire d’une vie tracée où l’homme blanc jette aux Noirs, qui, à leur tour, veulent se décharger sur la femme noire. Cependant, Janie refuse de devenir «la mule » de son mari, et s’engage dans un voyage métaphorique pour la libération des femmes. «Dans la littérature féminine noire contemporaine, les femmes apparaissent souvent comme les piliers de la communauté, sa matrice culturelle, son ciment. Dotées d’une grande force de caractère, elles revendiquent que leur culture propre face aux critères esthétiques blancs, leur identité face à l’oppression masculine» écrit Françoise Brodsky, dans la préface d’une «Femme noire». En effet, dans ce roman, Janie retourne à Eatonville, en Floride, suite au décès de son mari, un vieux paysan, Tea Cake. Alors qu’elle revient sous le soleil couchant, les habitants ont un sentiment mitigé à son égard. Ils font des remarques à la limite calomnieuses ou moqueuses à son égard on parle de son âge, de son accoutrement, de ses cheveux ; d’autres pensent que son mari n’est pas mort, mais l’aurait abandonnée. Dans ce roman, plusieurs thèmes sont évoqués, notamment la race ; Zora Neale HURSTON semble se demander si la race n’est pas, après tout, socialement construite, que c’est-à-dire des catégories non basées sur la biologie mais sur des concepts imaginés par l’homme. Nanny, la grand-mère de Janie, joue un rôle très important. Elle représente le passé esclavagiste, la libération, mais aussi le désordre qui a accompagné l’émancipation . En tant qu’esclave, elle a une expérience typique de terreur et d’oppression, et elle est exploitée sexuellement par le maître, portant son enfant. Le statut d’esclave de Nanny dans une plantation est transmis culturellement à Janie. Beaucoup des peurs et des préoccupations de Nanny, qui affectent Janie, sont nées pendant son temps en tant qu’esclave. La grand-mère essaie de donc de protéger sa petite-fille du monde réel nappé de prédation et de violence, notamment à l’égard des rumeurs et commérages. Le roman traite la question du conflit de classe, Janie semble aux yeux de certains, être affectée d’une déchéance, à travers ses effets vestimentaires. Lorsque Janie revient à Eatonville, elle porte une combinaison, le type de vêtements que porteraient les ouvriers ou agriculteurs. Les femmes qui regardent remarquent à quel point c’est tout un changement par rapport à la belle robe de satin qu’elle portait quand elle avait quitté la ville des années plus tôt. Il est aussi question, dans ce roman, de religion. A l’occasion de la survenance d’un ouragan, c’est une référence au titre de l’ouvrage, Zora Neale HURSTON écrit «Ils semblaient regarder l’obscurité, mais leurs yeux regardaient Dieu». En d’autres termes, la puissance de Dieu se manifeste dans l’ouragan ; en même temps, ils sont à la merci de Dieu, plutôt impuissants et vulnérables. Ici, face à l’ouragan, un tournant dans le roman, au milieu de tous les nombreux choix de vie de Janie, en fin de compte, Dieu, ou plus généralement le monde naturel, détermine le destin ou le destin d’une personne. Dans ce langage littéraire symbolique ou métaphorique, la grand-mère, Nanny, représente une figure spirituelle, dont le but principal dans la vie, est de mettre sa petite-fille sur la bonne voie.
Dans «Mules and Men» de 1935, le texte reflète bien le travail d’anthropologiste, de folkloriste en relation avec la tradition orale collectée par Zora Neala HURSTON, avec une préface de Franz BOAS. En 2022, la traduction en français, de l’Anthologie noire de Nancy CUNARD, a rendu accessible à un plus large public, toute une série d’articles de Zora Neale HURSTON remontant à l’année 1934. Dans la confrontation entre l’esclavage et la liberté, le thème central évoque la guerre civile et ses horreurs, ainsi que l’Acte d’émancipation des Noirs. Ainsi, l’esclave John défie et terrasse son maître par ses capacités physiques et intellectuelles, illustrant l’idée que les Noirs ne sont pas inférieurs aux Blancs. En tant que tel, le personnage de Jean et sa prévalence dans ces contes peuvent refléter un fantasme d’accomplissement de souhaits pour les esclaves qui ont concocté ces contes à l’origine: Bien qu’ils aient pu être physiquement emprisonnés par leurs maîtres leurs esprits étaient libres de créer de grands fantasmes d’évasion ou de victoire sur leurs oppresseurs. Zora y traite de la question du genre, de cette relation femme-homme. Dans son travail d’anthropologue Zora a remarqué les femmes sont souvent reléguées au second rang. En revanche, ses contes, empreints de féminisme, valorisent le pouvoir et les capacités des femmes de trouver des moyens de conquérir leur indépendance et l’égalité. Il est bien question dans ce roman de Vaudou, de la prestidigitation, du pouvoir des forces de l’esprit, une religion traditionnelle africaine, à changer le cours du destin. Dans la pensée des Noirs, la Nature occupe une place primordiale. L’Homme est en fusion avec la Nature, dont il dépend pour sa vie et sa survie. La mule est peut-être la plus importante symbole de la nature, car il fait partie intégrante du titre du livre. Le titre «Mules and Men» implique qu’il y a deux forces distinctes à venir en jeu ici, représentés par ces deux entités, la mule et l’homme. En fait, ces deux symboles ont des similitudes, les animaux agissant comme des hommes et les hommes agissant comme des animaux. En dépit, d’une représentation ou d’une opposition artificielle, les deux entités sont complémentaires et interdépendantes.
Dans son livre, «Barracoon : The Story of the Last «Black Cargo», traduit en français par «Barracoon : l’histoire de la dernière «cargaison noire», il s’agit du récit du dernier esclave. En décembre 1927, Zora Neale HURSTON avait recueilli, à Mobile (Alabama) l’histoire de Cudjo LEWIS (1841-1935), de l’ethnie Yorouba, du village de Banté, au Dahomey, actuel Bénin, dans sa traversée de l’Atlantique, avec 115 autres captifs africains. Olualé KOSSOLA, de son nom africain, alors âgé de 19 ans, embarqua en 1859 à bord du dernier navire négrier américain, le «Clotilda», au départ de Ouidah, sur les rives du Bénin. L’esclavage était interdit depuis 1807, l’ethnie Fon, du Dahomey avait poursuivi ce commerce estimé lucratif ; le roi Ghézo (1818-1858) du Dahomey reprit ainsi ses guerres et ses razzias en 1857. Codjo évoqua l’assaut de son village par les femmes guerrières du roi du Dahomey, la marche forcée de trois mois qui s’ensuivit, puis le séjour dans les baraques de Ouidah. Ces bâtiments servaient au confinement des Africains destinés à être exportés vers l’Europe et les Amériques. Le terme espagnol «barracó» peut se traduire par «caserne» et vient à l’origine du mot catalan «barraca», la «cabane», des «abri à esclaves» en contrastes avec les imposantes maisons ou châteaux des maîtres blancs, avec leurs colonnes, des domestiques et les grandes fêtes : «Je ne suis pas sûre qu’il ait jamais existé ouvrage plus difficile à lire pour ceux d’entre nous qui avons le devoir de porter les ancêtres, d’œuvrer pour eux au quotidien, tandis que nous menons nos vies dans les différents lieux du monde où ils ont été conduits dans les fers. Ces lieux où, esclaves de maîtres blancs (à de rares exceptions près) cruels, ou curieux, ou indifférents, ils ont mené une existence précaire et suspendue, coupée de leur vraie vie, et où nous-mêmes avons dû lutter pour défendre notre humanité et connaître les joies de la vie malgré tout le mal dont nous avons été témoins, ou qu’on nous a fait subir» écrit Alice WALKER, dans l’avant-propos de «Barracoon». Après l’éprouvante traversée de l’Atlantique, Kossola raconte sa vie d’esclave dans l’Alabama, de 1860 à la fin de la guerre de Sécession. Affranchis, lui et les siens ont fondé, non sans difficulté, Africatown, un village aujourd’hui appelé Plateau, en Alabama. La question de l’esclavage, et donc de la mémoire, loin d’être «un détail de l’Histoire» ou une «concurrence des mémoires», est un point central : c’est un crime contre l’Humanité, ayant précédé et justifié la colonisation. «Le fait incontestable qui me resta en travers de la gorge était celui-ci : ceux de mon peuple m’avaient vendue, et les Blancs m’avaient achetée. (…) Cela m’a permis de saisir la nature universelle de l’avidité et du désir de gloire» écrit Zora Neale HURSTON, à l’entame de ce témoignage poignant. Face à certaines polémiques misérables des partisans du Code de l’indigénat, et leur haine, toujours prompts à faire claquer le fouet : «Ceux qui nous aiment ne nous laissent jamais seuls avec notre chagrin» écrit Zora Neale HURSTON. C’est un livre, par rapport aux esprits confusionnistes, voulant mettre en cause soit les complicités, patentes, avérées, des Arabes ou des chefs traditionnels africains, afin de mieux acquitter au bénéfice du doute, ceux qui ont organisé ce commerce infâme pendant quatre siècles, a remis les choses à l’endroit : «Qu’on ne s’y trompe pas : la lecture de ce livre est une épreuve. On nous y montre les blessures. Néanmoins, une fois encore, le génie de Zora Hurston produit là un absolu chef-d’œuvre, ou plutôt une œuvre maîtresse. Qu’est-ce qui caractérise une œuvre maîtresse ? C’est la présence d’un point de vue ou d’un élément narratif féminin dans la construction de l’édifice, qu’il soit de pierre ou de fiction, sans lequel l’édifice tout entier ne serait qu’un mensonge. Et des mensonges, on nous en a servi tellement : les Africains n’étaient que des victimes de la traite négrière, pas des participants» écrit Alice WALKER. Devenu libre et loin de son Afrique des profondeurs, le message que nous livre le personnage de Cudjo LEWIS est celui de la sagesse et de l’Espérance : «Son bonheur d’être «libre», comment il a participé à la création d’une communauté, d’une église, comment il a bâti sa maison de ses mains Les morts tragiques qui ont suivi. Nous voyons un homme qui se sent terriblement seul loin de l’Afrique et sans les siens. Et alors l’évidence nous frappe : ce qu’il nomme là, c’est cette chose que nous faisons tant d’efforts pour étouffer, à quel point nous aussi nous nous sentons seuls dans ce pays qui nous est toujours étranger. Combien nous manquent notre vraie culture, notre peuple, notre lien singulier avec une autre vision de l’univers. Nous comprenons aussi que tout ce qui nous manque, comme c’était le cas de Cudjo Lewis, a disparu à tout jamais. Mais nous percevons autre chose, alors : la noblesse d’une âme qui a souffert quasiment jusqu’au point d’être annihilée, mais qui continue de se battre pour être complète, présente, généreuse. Animée d’un amour grandissant, d’une compréhension sans cesse approfondie des choses. La sagesse de Cudjo devient si évidente, à la fin de sa vie, que ses voisins viennent lui demander de leur parler en paraboles. Ce qu’il fait. Offrant la paix autour de lui. Là est le remède» écrit Alice WALKER.
En dépit de la qualité de sa production littéraire, femme forte et de caractère, Zora Neale HURSTON a été malheureuse dans sa vie privée, puisque ses trois mariages se sont soldés par un échec. Le 19 mai 1927, Zora Neale HURSTON épouse Herbert Arnold SHEEN (1897-1976), musicien de jazz âgé de moins de six que l’artiste ; ils divorceront le 7 juillet 1931. Zora s’est remariée à Albert PRICE III (1891) du 27 juin 1939 au 9 novembre 1943, puis se remarie à James Howell PITTS (1892-1969) le 18 janvier 1944 et divorce le 31 octobre 1944. Son dernier mari voulait qu’elle abandonne son statut d’écrivaine. L’héroïne, Janie et narratrice, «savait maintenant que le mariage ne faisait pas l’amour. Ainsi mourut le premier rêve de Janie, ainsi devint-elle femme» écrit Zora Neale HURSTON «Mais leurs yeux dardaient sur Dieu».
Alors que Zora souffrait gravement de problèmes cardiaques, dans une lettre du 16 janvier 1959, elle écrit à l’un de ses éditeurs, Harper and Brothers, pour lui faire savoir qu’elle travaillait sur un projet de livre sur «Harod The Great». Le 28 janvier 1960, à Fort Pierce (Comté de Sainte Lucie, Floride), Zora Neale HURSTON décède d’une attaque cardiaque ; elle est enterrée dans une tombe anonyme. L’université de Yale lui avait rendu, en 1961, vite oublié : «À la vie, à son peuple, elle a laissé un legs de belle écriture et le souvenir d’une personnalité irisée de nombreuses couleurs. Sa courte étagère d’écrits mérite d’être conservée. Sans aucun doute, sa mémoire restera dans l’esprit et le cœur de ses amis. Nous nous réjouissons qu’elle soit passée de cette façon si brillamment mais hélas, trop brièvement» dit Fanny HURST.
En dépit du refus de nombreux éditeurs, de son vivant, sept ouvrages ont été publiés et les autres à titre posthume. Quelle postérité donc pour Zora Neale HURSTON ?
Après la disparition de Zora Neale HURSTON, dans un certain dénuement, Alice WALKER prend l’initiative, en 1973, avec d’autres, de faire inscrire sur sa tombe l’épitaphe, à Fort Pierce : «Zora Neale Hurston. A Genius of the South, Novelist, Folklorist, Anthropologist (1901-1960)». Depuis 1989, il existe un festival des arts à Eatonville en hommage à l’écrivaine, presque canonisée. En 1994, Zora Neale HURSTON est inscrite au National Women’s Hall Fame. Par conséquent, ce n’est qu’après la parution, en 1975, de l’article de l’universitaire, Alice WALKER, Prix Pulitzer pour son roman, «La couleur pourpre», née le 9 février 1944, à Eatonton (Géorgie), à ne pas confondre avec Eatonville (Floride), «In Search of Zora Neale Hurston» ou «À la recherche de Zora Neale Hurston», que l’œuvre de Zora connait un regain d’intérêt et l’a ainsi expurgée de ce long et in injuste Purgatoire : «Condamnée à vie à une île déserte, avec un viatique de dix livres, je choisirais, sans hésitation, deux livres de Zora : «Mules and Men», parce que j’aurais besoin de pouvoir transmettre aux jeunes générations la vie des Noirs américains comme légende et mythe, et «Leurs yeux dardaient Dieu», parce que je voudrais m’amuser tout en m’identifiant à l’héroïne noire, Janie Crawford, alors qu’elle jouait de nombreux rôles dans une variété de contextes, et fonctionnait (avec des résultats spectaculaires!) dans l’amour romantique et sensuel. Il n’y a pas de livre plus important pour moi que celui-ci» écrit Alice WALKER. On sent l’influence de Zora Neale HURSTON, dans sa façon de concevoir Dieu, à travers le personnage de Janie, révérer le Seigneur doit être une attitude active et non passive : «Ils étaient assis en compagnie d’autres dans d’autres bidonvilles, leurs yeux tendus contre des murs grossiers et leurs âmes demandant s’il voulait mesurer leur puissance chétive contre la sienne. Ils semblaient regarder fixement dans l’obscurité, mais leurs yeux regardaient Dieu» écrit-elle. Alice WALKER adopte la même conception de Dieu, dans son roman, «La couleur pourpre». Dans l’espérance, on s’approche de Dieu, non seulement dans les ténèbres, mais en regardant, à travers les ténèbres, pour voir Dieu là où les autres voient la noirceur. Ce faisant, on a une sorte de vision déifiant les ténèbres, remplaçant le vide par la présence, la présence dans la noirceur. On a la même vision de Toni MORRISON dans «Paradis» ; on vient à Dieu non pas par la lumière, mais par la capacité de voir dans l’obscurité. En définitive, «si Hurston n’avait pas créé une «Janie» et une «Phoeby», par exemple, il n’aurait peut-être pas été possible pour Toni Morrison de produire un «Sula» et un «Nel», ou pour Alice Walker de créer un «Celie» et «un Shug». En d’autres termes, parce que Hurston a écrit ce qu’elle a écrit et a publié les livres qu’elle a publiés, la littérature américaine a été modifiée en bien» écrit Valérie BOYD, une de ses biographes.
En 1990, Joan MANSON-GRANT de l’université de l’Ontario, est revenue sur la contribution majeure de Zora Neale HURSTON à l’affirmation de la culture noire et à sa contribution à l’universel : «L’œuvre complète de la nouvelliste/essayiste/folkloriste Zora Neale Hurston a récemment été tirée, avec amour, du trou noir de l’oubli littéraire. Ce sauvetage a eu lieu durant une période où une attention accrue est portée à l’art marginal et ses divers discours théoriques. Cette coïncidence historique et théoriquement m’a poussée à m’interroger sur la constante relégation de l’œuvre de Hurston au royaume du «genre littéraire» et sur la quasi-absence de toute exploration de son contenu anthropologique. Je crois que le travail de Hurston donne un exemple du «champ» de plus en plus complexe à l’intérieur duquel les anthropologues écrivent la culture, pour ainsi alimenter l’actuelle remise en question du processus, du produit et du statut de l’écriture ethnographique. Ses écrits sur la culture vont et viennent de manière fascinante entre la fiction et la non-fiction, la culture blanche et la culture noire, la classe urbaine riche et la classe rurale pauvre. En retraçant la manière avec laquelle l’œuvre de Hurston traite avec complexité de simples oppositions de type «nous-eux» et la recherche d’une voix unique, j’affirme que les approfondissements théoriques delà déconstruction viennent grandement éclairer les politiques de représentation à l’œuvre oins les textes hétérogènes de Hurston, et qu’ils nous aident à repenser leur statut de «représentatifs» écrit-elle.
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Paris, le 19 janvier 2023, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/