Devenu président en 2016, Donald Trump s’était tourné vers un élu peu connu du Kansas pour prendre la direction de l’Agence centrale de renseignement (CIA). Ancien militaire reconverti dans l’industrie aéronautique, Mike Pompeo s’était surtout fait remarquer jusqu’alors à la Chambre des représentants par son hostilité affichée à l’égard de la future adversaire démocrate malheureuse du républicain, Hillary Clinton, au sein de la commission d’enquête consacrée à l’assaut meurtrier donné contre une représentation diplomatique américaine à Benghazi, en Libye, en 2012.

En choisissant William Burns pour succéder à l’actuelle et première directrice de l’agence de renseignement, Gina Haspel, comme le Washington Post a été le premier à le révéler, Joe Biden s’est tourné au contraire vers un grand commis de l’Etat fédéral qui a travaillé par le passé pour des administrations aussi bien démocrates que républicaines. Son parcours exemplaire devrait être synonyme d’une confirmation sans heurts au Sénat. L’influent sénateur républicain Lindsey Graham a ainsi publiquement applaudi cette décision, tout comme l’ancien directeur adjoint de la CIA Michael Morell, qui a longtemps fait figure de favori pour ce poste.

Le président élu a assuré que le prochain directeur de la CIA « partage [sa] conviction profonde que le renseignement doit être apolitique et que les professionnels dévoués du renseignement au service de notre nation méritent notre gratitude et notre respect ». Joe Biden faisait ainsi allusion aux relations exécrables entretenues par l’actuel locataire de la Maison Blanche avec la communauté du renseignement.

Outsider

Donald Trump l’avait particulièrement heurté en juillet 2018, lors du sommet bilatéral d’Helsinki, en faisant crédit à son homologue russe, Vladimir Poutine, lorsque ce dernier avait nié toute ingérence russe dans la présidentielle de 2016, contrairement à l’analyse faite à Langley, au siège de la CIA. Dans les derniers mois de la présidence Trump, Gina Haspel est tombée en disgrâce pour s’être opposée à la déclassification d’informations dont Donald Trump estimait pouvoir tirer profit politiquement.

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Rapporté à cette dernière, une femme certes du sérail, mais liée à l’ancien programme controversé de prisons secrètes mis sur pied dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme », William Burns est un outsider. Il a longtemps été, dans la diplomatie, un consommateur d’informations, non un producteur, a résumé le New York Times pour donner la mesure de la tâche qui l’attend. Il devrait en effet devenir le premier diplomate de carrière à prendre la direction de l’agence.