Derrière la femme forte qui porte la parole de ses paires et défend le droit des femmes, se cachent une femme meurtrie par son enfance et les pratiques d’une tradition qui lui a été fatale. Ramatoulaye Thiam a vécu le mariage précoce. A 13 ans, alors qu’elle était en classe de CM2, ses parents l’ont offert en mariage. Sans son consentement. Son rêve était de poursuivre ses études. La lignée toucouleur à laquelle elle appartient, a en avait décidé le contraire. Dans sa localité qui se situe à 10 kilomètres de la Guinée Bissau, le poids de la tradition est de rigueur. Saré Yoba est une petite commune de la région de Kolda et habitée à majorité par les peuls. Il est donc à cheval entre les deux pays et vit encore ses coutumes parfois néfastes à ses enfants. Ramatoulaye porte en elle les marques résultant de la violence que son mari a exercé sur elle. « Je ne voulais pas m’offrir à lui, j’avais un autre rêve mais j’étais seule contre tout une tradition »confie-t-elle.
Elle se souvient encore de son mariage comme si c’était aujourd’hui tellement la pilule est amère et passe difficilement. « On m’a offert en mariage, le 27 mars 1987. et j’ai eu mon premier enfant le 20 juin 1989, j’étais en classe de CM2 au moment des faits, je savais aussi que j’étais seule contre tous ». Seulement les temps ne sont plus les mêmes. Ramatoulaye qui a connu plus de cinq grossesses rapprochés et des avortements a pris sa revanche sur les pratiques traditionnelles. Sa fille aînée a le Bac et n’est pas encore mariée et ne compte pas le faire sitôt. « Elle a d’autres priorités, et sait pertinent combien j’ai souffert (…) pour commettre mon erreur »
Mieux madame Thiam vante les mérites de la planification familiale. Nous avons fait comprendre aux femmes que c’est de leur avantage que d’espacer les naissances. Aujourd’hui la demande est tellement forme qu’au niveau du district il arrive qu’il y ait une rupture renseigne-t-elle. Il en est de même pour les mariages précoces, les parents le font encore mais nous n’hésitons pas de leurs faire comprendre que c’est interdit, en leurs exposant aussi les risques sanitaires qui y sont liés. « et je peux servir d’exemple, pour avoir vécu le mariage précoce, connue des grossesses rapprochées et aujourd’hui divorcée d’un homme qui aprés t’avoir mis enceinte ne t’achète pas les ordonnances «. Cependant même si auprès de certains elle passe pour une leader, une référence , chez d’autres elle est stigmatisée parce qu’étant totalement le contraire de ce que sa localité attend d’une femme. Mais pour elle, c’est sa manière d’aider les femmes, les filles, elle ne gère pas les détails….