Les variants anglais et sud-africains du covid-19 gagnent du terrain en France et dans le monde. Ils sont plus contagieux et virulents que la souche initiale du coronavirus. Pourquoi leur prolifération doit nous inquiéter.
Neuf mois après l’arrivée du coronavirus Sars-cov-2 en France, ce sont aujourd’hui les variants anglais et sud-africains qui inquiètent les autorités de santé. Si le nombre de cas est encore limité dans l’Hexagone, contrairement au Royaume-Uni notamment, plusieurs facteurs doivent nous inquiéter pour les semaines à venir et nous faire craindre un éventuel troisième reconfinement.
Le variant anglais est plus contagieux que le virus initial. Une première étude indique qu’il est 50 à 74 % plus contagieux que les souches jusqu’ici en circulation, selon les travaux de la London school of hygiene and tropical medicine parus en décembre. Cette contagiosité plus forte s’explique par une mutation au niveau de la protéine « spike » (« spicule » en français) du coronavirus, une pointe à sa surface qui lui permet de pénétrer plus facilement dans les cellules humaines. Cette plus forte contagiosité pourrait lui permettre de toucher davantage de personnes et donc d’augmenter potentiellement le nombre de cas graves. Il pourrait devenir le principal coronavirus qui circule en France d’ici au mois de mars.
Huit cas du variant anglais ont été identifiés en occitanie a annoncé l’Agence régionale de santé mercredi. Les détails sur le profil des personnes contaminées et l’origine des contaminations n’ont pas été rendues publiques. Ce variant anglais – appelé B.1.1.7 – était présent dans soixante pays la semaine dernière, soit dix de plus qu’au 12 janvier, selon l’Organisation mondiale de la santé. Des premiers cas ont été signalés à Pékin en Chine.
Les modifications qui caractérisent le virus anglais ne modifient pas assez sa structure pour qu’il échappe aux anticorps produits après avoir reçu une injection des vaccins Pfizer ou Moderna, selon trois études parues en prépublication. EN clair, si vous êtes vaccinés, vous devriez être protégé contre ce variant
Variant sud-africain : un risque d’inefficacité du vaccin ?
Le variant sud-africain est plus contagieux, lui aussi, que le virus initial mais sa diffusion est plus lente que le variant anglais.
Deux cas du variant sud-africain ont été identifiés en Occitanie, a annoncé l’Agence régionale de santé mercredi. Ce variant sud-africain – appelé 501Y.V2 ou B.1.351 – était présent dans vingt-trois pays la semaine dernière, soit trois de plus qu’au 12 janvier, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Plus inquiétant surtout, la réponse immunitaire de notre corps, provoquée par les vaccins actuels, pourrait être moins efficace avec le variant sud-africain. Il présente au moins deux mutations, appelées E484 et K417, qui empêcherait nos anticorps d’agir, d’après deux études en prépublication. Rien n’indique encore officiellement que le variant sud-africain est résistant aux vaccins actuels, mais la validation scientifique de ces études devra être surveillée de près.
D’autres variants à venir ?
Un autre variant a été détecté au Brésil. Surnommé P1, il est apparu dans l’Etat de l’Amazonas et a aussi été détecté au Japon sur quatre personnes venues du Brésil. « Il y a actuellement peu d’informations disponibles pour évaluer si la transmissibilité ou la sévérité sont modifiées par ces nouveaux variants », indique l’Organisation mondiale de la santé. Des études plus poussées sont nécessaires. Ce variant n’a pas encore été identifié en France métropolitaine par les autorités de santé.
Deux nouveaux variants sont également apparus aux Etats-Unis dans la ville de Colombus. Le premier variant baptisé COH.20G/501Y porte trois mutations génétiques jamais vues auparavant. Il serait lui aussi plus transmissible. On ne sait pas encore si les symptômes sont plus graves. Un second variant américain n’a été identifié sur aucun autre patient. La prévalence (nombre de cas détectés) de cette souche n’est pas encore connue.
Comme les êtres vivants, les virus sont dotés d’un matériel génétique qui peut être sujet à des modifications lorsqu’ils se répliquent. La mutation est une réaction normale pour les virus afin de s’adapter à leur environnement. D’autres variants inconnus à ce jour pourraient donc à court terme être identifiés dans le monde.