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«Un lutteur dans l’arène, contre le larbinisme, pour une citoyenneté pleine et entière, dans un bien-vivre ensemble, dans le respect mutuel» par Amadou Bal BA –

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Infatigable lutteur dans l’arène, «Je me sens capable de hurler pour toujours contre ceux qui m’entourent et qui m’empêchent à jamais d’être un Homme» disait Léon-Gontran DAMAS (1912-1978). On veut nous persuader que la colonisation et l’esclavage, à travers ses génocides, les corvées, le travail forcé, les chaînes, les fers, les carcans, les entraves, les menottes et fouets, ce serait du passé qu’il faudrait tout oublier. Pire encore, on nous demande d’acclamer et d’encenser les cérémonies nationales en hommage au bicentenaire de la mort de Napoléon BONAPARTE (1769-1821), et même d’honorer Jean-Baptiste COLBERT (1629-1683), un héros qui aurait «humaniser l’esclavage». Vos héros sont nos bourreaux. Aussi, je le redis haut et fort, pour reprendre le titre d’un article de Mme Christiane TAUBIRA, «Nous n’irons pas au jardin d’acclimatation !». Cependant, cette mémoire que l’on réclame, après tant de génocides, c’est pour préserver ce douloureux passé, pour notre dignité, mais ce n’est pas une revendication de revanche ; il s’agit de se souvenir afin d’apprendre à mieux vivre ensemble.

Dans ce monde, oscillant entre le Chaos et l’Harmonie, en lutteur dans l’arène, j’ai déjà choisi mon camp. Ma femme d’une culture bouddhiste, et pour laquelle le bonheur sur terre est la puissance matérielle, estime que mes combats pour le bien-vivre ensemble sont vains. Pour elle, il faudrait chercher, constamment, à gagner davantage de l’argent. Cependant, et à mon modeste point de vue, ce qui a fait avancer le monde, ce sont ces forces de l’esprit (mon deuxième livre, sur Amazon, uniquement), pour un monde meilleur de justice, de fraternité, et de solidarité. Socrate, devant l’injustice avait bu la ciguë et il incarne de nos jours, le refus de l’injustice ; le rêve de Martin Luther KING est en train de se réaliser, et Nelson MANDELA par sa résilience et son besoin réconciliation, est devenu la conscience de l’Humanité. Mes armes à moi sont les militantisme associatif et politique ainsi que mes modestes contributions écrites. D’aucuns me disent «a-t-il le temps de se reposer ?».

Le temps on le trouve si on est bien organisé et j’ai toute l’éternité, dans ce grand sommeil, pour me reposer. Là aussi je suis un élève de Sénèque qui considère que le temps, une richesse la plus précieuse, est à faire fructifier. C’est toujours douloureux décrire, l’inspiration n’arrive pas comme une baguette magique. Aussi, Sénèque nous recommande d’être à la fois dans la société et hors de la société. Ce militantisme est, donc pour moi, une grande source d’inspiration et en même temps il faudrait aménager des espaces de méditation et de création.

En Afrique, il y a des arguments de suffisance, et parfois de mépris, à l’égard de la diaspora, qui cherche son identité et sa culture (voir mon livre sur l’Afrique et sa diaspora). Certains de mes contacts Facebook, détenteurs de la Vérité absolue, m’ont carrément dit : «Tu habites à Paris, tu ne connais rien de la réalité du pays. Tais-toi». D’autres me disent «occupe-toi seulement du Sénégal et de la France !». Comme si le simple fait de résider en Afrique conférerait un brevet de connaissance et de clairvoyance absolues. Je rappellerai que l’Afrique ce n’est plus un concept géographique, réduit au continent noir. L’Afrique se prolonge, désormais, à travers ses diasporas, en Amérique et en Europe, et au Brésil. Par ailleurs, les grands mouvements pour la décolonisation et la Négritude sont nés à Paris, la capitale culturelle et politique de l’Afrique. Bien des opposants africains recherchent refuge en France, pays encore de liberté d’expression, même si mes posts sur Facebook sont contrôlés, suspendus ou voire même supprimés : “Big Brother is watching you”. N’est-ce pas donc, George ORWELL ?

D’aucuns, parfois de bonne foi et bien intentionnés, me disent : «Tu n’en as pas marre de ne parler que des Noirs, du colonialisme et de l’esclavage, bref du bien-vivre ensemble ?»

Vous remarquerez que les autres ne parlent, constamment, que d’eux-mêmes, et quand ils parlent de nous, exceptés les grands humanistes qui se font de plus en rares et qualifiés maintenant «d’islamo-gauchistes» ou voire carrément des «antisémites» en confondant, volontairement, l’antisionisme et l’antisémitisme, c’est pour nous calomnier. A tout le moins, on nous demande de rendre les armes, silence dans les rangs ! Au nom de quel principe nous n’aurions pas le droit de nous exprimer ?

La liberté d’expression et de manifester, appartient à tous. On veut nous réduire à des esclaves et des indigènes de la République, toujours dans le larbinisme et la recherche de petits avantages personnels. Nous avons le devoir d’affronter les sujets essentiels, pour notre condition d’Homme, de citoyen de la République, à égalité dignité avec les autres. «Un égale Un» telle sera toujours ma devise. Aucune vie n’est plus sacrée qu’une autre. Aussi, je leur dis, je ne rendrais jamais les armes. Je tiendrai toujours mon rang d’homme, sans acrimonie, mais dans la recherche de la Justice l’égalité réelle et la fraternité. Je le dirai, Haut et fort, d’autant plus que je n’ai jamais obtenu une quelconque faveur de personnes, en 46 années de militantisme. Et pour le reste de mes jours, je n’attends rien de personne. Du moins je crois à une société plus fraternelle et plus juste, dans laquelle chacun pourrait avoir sa place en fonction de ses mérites. Je combattrai, sans relâche ces démocraties occidentales prétendues universalistes, mais un universalisme bassement ethnique.

Avec la même rigueur et détermination, je continuerai à dénoncer, vigoureusement, les régimes monarchiques et dynastiques africains. L’Etat, ce n’est pas leur chose ; c’est le Bien commun. Dès la naissance, nous savons, même on se croit éternel, que nous avons un contrat à durée déterminée. Aussi, le CDI n’existe pas dans cette vie ici-bas. Par conséquent, toute la question est savoir pourquoi on est là : «Vous êtes dans le monde, mais sans savoir pourquoi. Vous agissez, mais sans savoir pourquoi. Mais c’est la vie elle-même qui en triomphe, c’est l’activité historique qui les efface. Nous sentons cette impulsion énorme, irrésistible, qui nous vient du passé, nous la sentons dans le bien qu’elle nous apporte, en nous donnant l’énergique certitude que ce qui a été possible le sera encore, et avec une probabilité supérieure, dans la mesure où nous nous sommes déniaisés grâce à l’expérience d’autrui. C’est que le passé, nous le sentons bien vivifier notre lutte, mais dominé, serviteur et non maître, source de lumière et non de ténèbres débilitantes» écrit Antonio GRAMSCI le 29 août 1916. J’ai déjà vécu plus des deux tiers de ma vie, mon avenir étant derrière moi, mais aussi longtemps que le Seigneur m’en donnera la force, je combattrais, fort modestement, mais énergiquement contre le Mal, surtout pour le Bien, la Justice et la Vérité contre les forces les Chaos. Bien des gens ont leur vérité et dès que vous prenez la plume, ils veulent vous persuadez que vous êtes partisan, donc dans l’erreur, et c’est leur vérité qui prime. Haïr l’indifférence, c’est à la fois haïr l’acceptation des choses comme elles vont et détester la confiance faite aux experts, qui n’est autre que la paresse qui contribue au cours des choses. L’indignation ne suffit pas, si elle n’est que simple mouvement du cœur. Lutteur dans l’arène et partisan de l’Harmonie au détriment des forces du Chaos : «Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que «vivre signifie être partisans». Il ne peut exister seulement des hommes, des étrangers à la cité. Celui qui vit vraiment ne peut qu’être citoyen, et prendre parti. L’indifférence c’est l’aboulie, le parasitisme, la lâcheté, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je hais les indifférents. (..) Je vis, je suis partisan. C’est pourquoi je hais qui ne prend pas parti. Je hais les indifférents», écrit-il le 11 février 1917. On entend souvent, et à tort, cette petite musique, cette injonction : «renoncez à votre culture africaine ! Soyez comme les autres citoyens français en gommant vos différences. Assimilez-vous !». Or, ce concept «d’assimilation» est ambigu. S’il veut dire que les personnes venues d’ailleurs devraient maîtriser les codes et usages du pays d’accueil, afin de réussir leur vie, l’assimilation ne peut être qu’accueillie, très favorablement. «A Rome, il faut faire comme à Rome» dit un dicton. En effet, une méconnaissance fondamentale de la culture et des traditions de l’Etat ne peut mener qu’à la marginalisation. «Il faut assimiler, sans être assimilé» avait dit fort justement, Léopold Sédar SENGHOR. Si l’assimilation signifie que les Noirs et les musulmans devraient abandonner leur héritage culturel africain, considéré comme arriéré, au profit de la culture de l’ethnie dominante, celle de nos ancêtres les Gaulois, alors il s’agit d’une hiérarchisation des cultures, totalement inacceptable. Les Français issus de l’immigration et la diaspora africaine en France, devraient être fiers du passé riche et glorieux du continent noir. Une nouvelle race de capitaines d’industrie est en train d’émerger chez les Afro-descendants français. Ils ont bien compris que l’héritage culturel africain, c’est sa créativité, source de profit pour le colonisateur. Relégués au rang d’indigènes de la République, victimes de calomnies et d’insultes permanentes, certains déniant le pluralisme ethnique et culturel, animés d’un esprit esclavagiste et colonialiste, rêvent d’une autre France qui n’a jamais existé, une France frileuse, rabougrie et recroquevillée sur elle-même, purement blanche et fantasmée. Devenus invisibles, on est là, sans être là. Par conséquent, les Afro-descendants, devraient entonner cet hymne «Nous sommes différents, mais égaux. Nous sommes aussi la France !». Le mythe du retour reste encore puissant dans l’esprit des Noirs vivant en France. Pourtant, là où nous avons choisi de vivre.

On nous demande en permanence de nous assimiler et de nous intégrer, mais s’intégrer par rapport à quoi ? Or, les Afro-descendants refusent de s’engager sur le terrain de la citoyenneté pour être reconnus comme des citoyens à part entière : «Si un homme n’a pas trouvé quelque chose qui vaut qu’on lui sacrifie la vie, il ne mérite pas de vivre. Un homme meurt quand il refuse de se battre pour ce en quoi il croit. Un homme meurt quand il refuse de se battre pour la justice. Un homme meurt quand il refuse de se battre pour ce qui est vrai», dit Martin Luther KING. Il est donc grand temps de poser nos valises et d’exercer, pleinement, avec nos droits comme nos obligations toutes les qualités de citoyens français. Si les Français issus de l’immigration sont écartés des principaux lieux de décisions, l’enjeu essentiel c’est le partage du pouvoir. A mon sens, sans partage du pouvoir, l’intégration est une véritable escroquerie. «Être libre c’est participer au pouvoir», disait Cicéron. Dans notre grande largesse d’esprit, nous avons une capacité à pardonner tous les outrages subis. Mais cette patience infinie ne signifie nullement, une résignation aux injustices et un abandon de nos droits de citoyens de la République. Nous avons «un esprit ferme et un cœur tendre», en référence à un sermon de Martin Luther KING. La bataille de la citoyenneté et du respect de nos droits ne viendra pas des autres, qui n’ont pas intérêt à ce que cela change, mais de nous-mêmes. «Lève-toi et marche» comme l’Apôtre l’a dit à l’âme engourdie. Et l’âme engourdie s’est redressée, a secoué sa torpeur, et s’est sentie revivre.

C’est pour toutes ces raisons que je me bats pour une Maison d’Afrique à Paris. Dans notre belle capitale, il y a de nombreux locaux, pour les artistes, les commerces de proximité, les femmes isolées ou battues, les jeunes, et, probablement, pour les chiens errants et les libellules en déprime. Il y a un Musée de l’Immigration qui avait vanté en 1931 les mérites de la colonisation. Mais pas encore une Maison d’Afrique !

J’estime qu’il existe encore de nombreux malentendus sur le concept de «bien vivre ensemble», qu’il faudrait lever. Pour l’ethnie dominante, dès lors qu’on ne parle pas d’eux en caressant, dans le sens du poil, le racisé ne serait qu’un «séparatiste» ou un «communautariste». Or, dans son grand communautarisme, l’ethnie dominante s’est déjà partagée les postes aux régionales de juin 2021, aux sénatoriales de septembre 2021 et probablement aux législatives de juin 2022. Pour l’essentiel des Français issus de l’immigration, la Politique ne serait que magouilles, mensonges et instrumentalisations. Pour ma part, nous sommes là et le multiculturalisme tant nié et redouté, est une donne majeure de cette France de notre temps. Autant vivre ensemble dans le respect mutuel. Et je crois que, tout en restant nous-mêmes, nous avons toujours à apprendre des bons modèles que sont, pour moi, les communautés juive et chinoise. La communauté juive, très ancienne dans ce pays, détenant déjà le pouvoir économique et médiatique, après l’épisode glorieux du Front Populaire, a fini, après des années de Purgatoire par franchir le plafond de verre, depuis Nicolas SARKOZY, par conquérir le pouvoir politique central. La communauté chinoise, plus récente, datant des Boat-people des années 70, en moins de 30 ans, est devenue reine des grands magasins et restaurants dans Paris. Pendant ce temps, les communautés africaine et maghrébine sont encore régies par le Code de l’indigénat avec la loi sur le séparatisme. A mon sens, le bien-vivre ensemble n’est pas la castagne ou la haine ou la politique eu couteau, c’est tout simplement réclamer notre part du gâteau, notre place au soleil. Les Africains ont comme les autres, droit au bonheur ; c’est cela la Politique et rien d’autre. En effet, sans partage du pouvoir, la démocratie ne serait qu’une énorme escroquerie, une démocratie ethnique et clanique. Aussi j’invite tous les racisés à partir à la conquête des pouvoirs économiques politiques et culturels. Le respect des autres arrivera par là. Dans tous les grands magasins parisiens, il y a des vendeuses chinoises, pour accueillir cette riche clientèle. Une Maison d’Afrique aiderait à connaître les règles du jeu, l’information stratégique et les ficelles pour bien s’en sortir et se faire respecter. La Politique, au sens noble du terme, qu’un rapport de force pour réclamer sa place au soleil.

Nous avons également d’autres combats à mener, en particulier, la souveraineté et la démocratie en Afrique. La lutte pour la démocratie, loin de tout esprit partisan, c’est le droit au bonheur, à la sécurité et à la santé pour tous. «L’essentiel c’est d’attraper la souris» disait DENG Xiao Ping, un dirigeant chinois. Une bonne gestion des ressources, équitablement réparties et orientées vers des projets majeurs (agriculture, énergie, grandes infrastructures, début d’industrialisation, éducation et formation). Il est temps de valoriser la valeur travail, et de cesser les incantations stériles. Dans la relation avec les autres pays africains, il est bien évident que les Etats africains divisés, sont peu viables. Il faudrait avancer à grands pas vers l’unité du continent noir. Facile à dire, difficile à faire. Par ailleurs, ces régimes monarchiques et dynastiques sont la honte de notre continent. Dans la conduite des affaires extérieures, aucun Etat n’a une indépendance absolue. Sauvegarder l’indépendance c’est d’abord diversifier ses relations internationales, ensuite défendre les intérêts de son pays, chaque Etat défendant son bifteck ; c’est enfin, dans les relations avec la France, marquées par une indépendance dans la dépendance, reconnaître est un partenaire historique de l’Afrique. Il est donc question de rééquilibrer et de réorienter ces relations franco-africaines, afin de rechercher des avantages mutuels, dans le respect mutuel, en abolissant la Françafrique.

En définitive, le bien-vivre ensemble est un combat permanent et exigeant ; il faudrait gagner le droit de rester en paix soi-même, mais aussi et surtout, avec les autres. La rencontre avec l’autre peut révéler enrichissante, si on prenait de lui les bonnes choses : «J’aime celui qui m’aime» disait Alexandre DUMAS. J’irai même plus loin, «Je me sens un cœur d’aimer toute la terre» écrivait Molière, dans son «Don Juan». Rien que cela, il y a encore d’interminables batailles à mener contre les gens aux idées courtes, pour la Fraternité, la Justice, la Paix et la Coopération, mutuellement avantageuse, dans le respect mutuel.

Paris, le 2 juin 2021, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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