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Ubi tey Diang Tey, un slogan sans intérêt ( Par Pr Demba Sow)

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Cette année, le slogan Ubi Tey Diang Tey a beaucoup été agité, expliqué, réexpliqué, justifié et rejustifié, à la radio, à la télévision, dans des réunions. Le Ministre de l’Education Nationale s’est impliqué personnellement avec assurance et aisance pour vendre aux sénégalais ce slogan sans intérêt pour notre système éducatif. Les syndicats d’enseignants et les parents d’élèves ont aussi joué leur partition. Ainsi, le jour de la rentrée, des reportages interminables à la radio et à la Télévision ont montré des officiels confirmant que le slogan est une réalité sur l’étendue du territoire le jour J

Le Sénégal est un pays de slogan, de promesse gratuite. Ubi Tey Diang Tey est une illustration de cette réalité. Pourtant, de fait, peu d’écoles ont commencé les enseignements le jour de la rentrée pour plusieurs raisons : fournitures non disponibles, écoles non désherbées ou nettoyées, abris provisoires non mis en place, écoles sans enseignants, manques de profs dans les lycées et collèges. A l’état actuel du Sénégal, le Ubi Tey Diang Tey est un slogan réservé aux enfants privilégiés des grandes et moyennes villes. En milieu rural, beaucoup d’écoles ne peuvent pas appliquer ce slogan. Les écoles rurales n’ont pas souvent assez d’enseignants ou n’en ont pas du tout. Le Ministre de l’Education Nationale sait que beaucoup d’écoles sont actuellement fermées faute d’enseignants au moment où on fait croire aux senegalais et au chef de l’Etat que tout va bien. Des milliers d’enfants ruraux sont sacrifiés et les autorités concernées le savent. Dans beaucoup de villages, les élèves sont, soit aux champs, soit derrières les troupeaux ou alors restent à la maison à ne rien faire. Beaucoup de parents d’élèves sont découragés. Il y a manifestement violation de la constitution du pays. Pourtant les enfants citadins et ruraux ont le même droit en matière d’éducation selon notre charte fondamentale. Il n’est pas acceptable que les enfants de Dakar, de Kaolack etc. déroulent leurs programmes allègrement au moment où ceux de beaucoup de villages dans plusieurs départements restent à la maison fautes d’enseignants. Cela est d’autant plus inacceptable que les enfants des villes et des campagnes passent les mêmes examens au même moment. On est en train de sacrifier certains fils du Sénégal en se cachant derrière un slogan sans intérêt.

Le plus important à la veille de la rentrée scolaire, c’est de s’assurer que les conditions sont réunies pour que les enseignements commencent partout au même moment. A l’heure des TIC, il est vraiment facile de déceler les écoles sans enseignants et de trouver une solution pour que les enseignements débutent le même jour partout au Sénégal. Les choses se passaient ainsi il y a quelques années. Il faut donner les mêmes chances aux enfants du Sénégal. C’est une obligation. Il faut préférer les bilans aux slogans, les réalisations aux promesses gratuites, magnifier les résultats et s’engager dans des perspectives de progrès et non de propagande.

Le Ubi Tey Diang Tey ne s’applique pas dans les faits à tous les élèves du Sénégal, il est dans ce cas sans intérêt. Il faut le remplacer par Ubi Tey Dianga Dor. Ce slogan qui fait oublier l’essentiel aggrave l’injustice intolérable entre les villes et les campagnes. En cela, il viole l’esprit de l’acte 3 de la décentralisation. Malgré les milliards injectés et les résolutions à la pelle, notre système éducatif est moribond et personne n’en parle. En ce mi-octobre 2017, beaucoup d’écoles rurales sont fermées et donc des milliers d’enfants sacrifiés.

Pr Demba Sow

Ecole Supérieure Polytechnique UCAD

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