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«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA –

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«La littérature ne change ni l’homme ni la société. Pour autant, l’absence de littérature rendrait l’homme encore plus infréquentable» dit Tahar BEN JELLOUN. Vivant entre Tanger et Paris, écrivain prolifique et prodigieux, de plus cinquante ouvrages, traduits en 43 langues, Tahar BEN JELLOUN, après avoir le premier Prix Goncourt du monde arabe, pour son roman «La Nuit sacrée», reste le plus sérieux prétendant au Prix Nobel de littérature, tant les thèmes qu’il traite sont riches et exaltants, notamment l’identité, la politique, la sexualité, la religion, le racisme, la poésie, avec finesse, subtilité, sensibilité et lyrisme. «J’ai conscience que chaque livre, bref ou long, roman ou essai, est une pierre qui vient se poser sur d’autres pierres jusqu’à former un jour une demeure de mots et de doute» dit Tahar BEN JELLOUN, académicien depuis 2008. «L’art, la beauté, l’amitié m’ont aidé à aboli l’obsession de la mort» dit-il. En effet, Tahar BEN JELLOUN a un culte de l’amitié, on l’a vu avec Jean GENET «L’amitié est une religion sans Dieu ni jugement dernier. Sans diable non plus. Une religion qui n’est pas étrangère à l’amour. Mais un amour où la guerre et la haine sont proscrites, où le silence est possible. Ce pourrait être l’état idéal de l’existence. Un état apaisant. Un lien nécessaire et rare. Il ne souffre aucune impureté. L’autre, en face, l’être qu’on aime, est non seulement un miroir qui réfléchit, c’est aussi l’autre soi-même rêvé. L’amitié se tiendrait alors dans cette réciprocité sans faille, guidée par le même principe d’amour : le respect qu’on se doit à soi-même pour que les autres nous le rendent, naturellement» écrit-il dans «l’amitié, ombre de trahison». Dans «l’auberge des Pauvres». Tahar BEN JELLOUN s’insurge contre la haine raciale, la médiocrité conjugale et la pauvreté.

Romancier, poète, peintre, essayiste, académicien, chroniqueur, Tahar Ben JELLOUN est un écrivain franco-marocain né le 1ᵉʳ décembre 1944 à Fès. «Toute ville natale porte en son ventre un peu de cendre. Fès m’a rempli la bouche de terre jaune et de poussière grise. Une suie de bois et de charbon s’est déposée dans mes bronches et a alourdi mes ailes. Comment aimer cette ville qui m’a cloué à terre et a longtemps voilé mon regard ? Comment oublier la tyrannie de son amour aveugle, ses silences lourds et prolongés, ses absences tourmentées ? Le Caire est brouillée, l’eau manque, Fès est fermée, recroquevillée dans ses légendes avec des maisons immenses ouvertes sur le ciel, des maisons belles, fraîches l’été, froides l’hiver, avec des citronniers dans les cours, des portes en bois sculpté, lourdes et hautes, des cours carrées, des cuisines non aérées, des salles d’eau obscures, Fès est quadrillée par des labyrinthes aux sept tournants débouchant sur des impasses ou sur une rivière souvent en crue, charriant les égouts de toute la Médina» dit-il dans «écrivain public». Très jeune, Tahar était déjà un doux rêveur, savait observer son environnement : «Enfant malade, je rêvais la vie. J’ai passé plus de trois années sur le dos, dans un grand couffin, à regarder le ciel et à scruter le plafond. Ainsi de quatre à sept ans je n’ai fait que regarder. Loubaba n’avait ni une grosse poitrine ni une longue chevelure ; fille d’une concubine amenée du Sénégal par un riche commerçant de Fès, elle avait la peau mate et très brune. On l’avait mariée à un artisan borgne qui lui fit deux enfants et la délaissa avant de disparaître. Elle vivait avec sa mère qui ne parlait toujours pas l’arabe et avec laquelle elle communiquait par les gestes des sourds muets» dit-il dans «écrivain public». Il fréquente l’école coranique «À l’école coranique, on n’avait pas le temps de se faire des amis. On nous déposait le matin dans la petite mosquée du quartier. Nous enlevions nos chaussures, nous nous asseyions sur des nattes dures et répétions à l’infini les versets du jour. Nous devions apprendre par cœur le Coran. Le maître énonçait la première phrase et nous la reprenions après lui en chœur. C’était ennuyeux et lassant. Quel plaisir un enfant de cinq ans peut-il trouver à apprendre par cœur des versets dont il ne comprend pas le sens ?» écrit dans «l’Amitié».

En 1955, le jeune Tahar suit, avec son frère, ses parents à Tanger et y fait ses études secondaires, au lycée Regnault, le plus ancien lycée français du Maroc. Il y obtient le baccalauréat en 1963. «Je quitte Fès comme on abandonne une épouse infidèle ou une mauvaise mère. Nous sommes partis en train à Tanger. Partis à la sauvette, sur la pointe des pieds, à l’aube, comme des voleurs, coupables, vraiment fautifs. Je sais, on ne quitte jamais la ville natale. Elle vous poursuit, peuple votre sommeil de cauchemars, de rêves prémonitoires, de rappels à l’ordre et au retour. Elle vous laisse crever n’importe où mais tient à se nourrir de votre corps. Tous les jours des corps sont rapatriés dans tous les sens de la géographie. L’appel de la terre est inscrit dans la chute du destin. On ne peut y échapper» écrit-il. Son père, à cinquante ans, a toujours travaillé, mais est resté pauvre ; comme il sorte d’exil, il quitte Fès, sa ville natale, pour à Tanger, recherchant une nouvelle vie. A l’âge de douze ans, son père, devenu seul et responsable, avait quitté ses parents pour suivre son frère aîné, émigré à Melilla, la ville marocaine qu’occupe l’Espagne et y séjourna de 1918 à 1936. Il a rencontré le nationaliste rifain, Abdelkrim (1862-1963, voir mon article du 6 août 2020, Médiapart) et sera emprisonné 15 jours, suite à une dénonciation. Son père avait vécu avec une première femme, pendant 11 ans sans enfant. Aussi, il prit une deuxième épouse, une veuve, Lalla Fatma, la future mère de Tahar. A Mellila, son père accompagnait les contrebandiers qui passaient du sucre et de la farine de la zone espagnole au reste du Maroc. Ses deux enfants sont sa seule passion, et Fès lui manquait «Mon plaisir c’est de prendre un café l’après-midi, quand il fait beau, et de m’imaginer dans une de ces grandes maisons de Fès avec un superbe jet d’eau au milieu de la cour. Ici, Fès me manque beaucoup. Et je sais que Fès n’est plus dans Fès» dit le père à son fils, Tahar. En raison de ses conditions de vie très dures, son père traitait sa mère, sans ménagement ; sa mère n’avait rien à dire et encaissait les cris et les colères. Tahar BEN JELLOUN, par fierté, regrette n’avoir pas bien compris son père de son vivant, et le regrettera «Son aspect le plus fascinant est ailleurs : il ne se résigne jamais. Je sens que je suis en face de quelqu’un d’exceptionnel, une mémoire riche et tourmentée, une exigence dure. Je baisse les yeux, par orgueil ou par pudeur, je ne lui montre rien de mes sentiments ; je ne manifeste pas ma tendresse, je tais cet amour et je m’en veux» écrira Tahar BEN JELLOUN.

A Tanger, bien qu’habitant une maison sombre, aux murs délabrés et fissurés, il existe des compensations : c’est la ville des lumières et de la mer, l’odeur d’algues, le cinéma, invitant à la création artistique : «La ville était illuminée. La mer, une grande tache noire, était éclairée par la pleine lune. Des lumières scintillaient du port à la montagne. Un ciel en fête, presque artificiel. Tout brillait dans cette ville. Je voyais déjà dans ce décor la fascination du jeu, du mensonge et de la fuite. Je respirais profondément l’odeur de la mer. Une façon de m’enivrer et préparer la délivrance. Me libérer de la présence moite de Fès, de ses rues pierreuses et de son oued qui fend la terre comme une fatalité ou un signe précurseur de la mort» écrit Tahar BEN JELLOUN. A Tanger, Tahar dont la date de naissance a été modifiée, en retard d’une année à cause d’une maladie (né en 1944, au lieu de 1943) y commence des études à l’école française, avec parfois des sévices corporels. «Notre institutrice, enceinte, fut remplacée par son mari, un militaire. Il s’appelait Pujarinet. On l’avait surnommé Jrana, «grenouille». Il était grand de taille, laid et méchant. Je me souviens de ses mains très larges qui s’abattirent en un seul et même mouvement sur mes joues. C’était une gifle double qui laissa des traces rouges sur le visage durant toute la journée. Il aimait aussi donner des coups secs avec sa règle en acier sur nos doigts joints. Nous tendions la main qu’il battait méthodiquement. Et pour finir il nous remettait la règle pour battre le voisin qu’il avait puni» dit-il dans «écrivain public». Son père irrité, a failli égorger l’instituteur, en raison de ce scandale, le militaire est renvoyé. La violence n’est pas absente dans la rue, et le jeune Tahar savait se défendre «Dans notre quartier, il y avait deux catégories de gosses : les faibles, ceux qui donnent leur cul, et les autres, ceux qui le prennent. Tout tournait autour de cette division. J’observais, planqué dans mon coin. Il y avait Hmida, un gars au crâne rasé, venu des environs de Fès, et qui s’était imposé comme le chef de la rue et prétendait avoir «eu» tous les culs d’un quartier périphérique. Il aimait ceux qui lui résistaient et qui se défendaient. C’était une brute qui n’hésitait pas à exhiber son sexe pour effrayer les petites filles qui allaient chercher de l’eau à la fontaine publique. On apprit plus tard qu’il avait battu un gosse d’un autre quartier ; il fut arrêté par le père qui faillit l’égorger. Il lui laissa des marques sur le visage avec une lame de rasoir» écrit-il. Tahar arrive à Tanger en pleine guerre d’Algérie : «J’eus une passion pour mon professeur de philosophie, une jeune femme remarquable qui ne cachait pas ses opinions politiques. Elle était marxiste et réunissait chez elle, le soir, les élèves arabes. Il y avait parmi nous deux ou trois Français qui soutenaient la cause de l’indépendance de l’Algérie. La première fois que j’entendis parler du Tiers-monde ce fut chez elle. Elle nous lisait des pages d’un certain Frantz Fanon. Les parents d’élèves l’accusaient de subversion et de mauvaise moralité. L’Église dénonça son athéisme. Cela lui fit mal, très mal. Elle en mourut.» écrit-il. Tahar relate sa première conquête féminine : «Ma première fiancée, ma première femme ! Le premier corps enlacé, caressé, embrassé. Aimé. J’ai tremblé pour ce corps, je l’ai fait mien. Des seins fermes et lourds. Je ne les caressais pas, je les serrais, je ne les embrassais pas mais les mordais, les suçais. Affamé, assoiffé, sevré depuis des siècles, privé de plaisir, accroché à mes images, renvoyé à mes rêves humides, enveloppé dans des draps tachés de sperme, j’étais un adolescent à la tête lourde, devenue réservoir de clichés qui se bousculent, se décolorent, se mélangent, disparaissent, s’évanouissent pour revenir changés, méconnaissables, sales, osés, transformés par ce séjour dans la mécanique du rêve, non pas érotique, mais simplement pornographique. Elle était vierge et devait le rester. La présence de la tradition et convention sociale a fait que notre sexualité a été infirme, inachevée et frustrée.» écrit-il. Les parents de la fille ont estimé que sa famille prolétaire venant de Fès, la différence sociale, les inégalités économiques, aurait des «origines obscures». Point donc de mariage. Chacun devrait rester à sa place. Mais en dépit de cela le mariage est célébré. Le lendemain, Tahar BEN JELLOUN est arrêté par Hassan II «Je devais rejoindre dans la journée, avant le coucher du Soleil, un camp disciplinaire où étaient regroupés des étudiants contestataires. Je pensais qu’avec ces fiançailles le destin avait été forcé et qu’ainsi je venais de mettre le doigt dans l’engrenage du malheur» écrit-il.

En 1964, Tahar BEN JELLOUN étudie la philosophie à l’université de Rabat. C’est la période au cinéma et au sentiment amoureux : «À l’époque, j’étais amoureux d’une cousine aux yeux bleus. Nous en parlions avec détachement. Un ami me disait : il n’y a d’amour que dans le mariage, sinon, ce n’est que cinéma et décadence. Or ma passion pour les images et le cinéma date précisément de cette époque» écrit-il. Tahar BEN JELLOUN participe à l’action de «Souffles» d’Abdellatif LAABI, une avant-garde littéraire, un mélange d’idéologie et de poésie : «Voir pour la première fois son texte publié, son nom imprimé et apprendre que des lecteurs s’intéressent à votre travail a de quoi tourner la tête» écrit-il. Abdellatif LAABI sera condamné à10 ans de prison, pour ce délit d’opinion. En 1966, alors que Tahar Ben JELLOUN n’a pas encore vingt ans, deux officiers font irruption dans la maison familiale pour lui servir des insultes, il est transféré au camp d’entraînement militaire, près de Meknès sous la férule du général OUFKIR, du commandant ABABOU et l’adjudant EL HAJEB, pendant 18 mois, et traité, avec 95 autres jeunes, en prisonniers, en rebelles qu’il fallait dresser et ramener dans les rangs. C’est l’époque aussi où des opposants marocains sont torturés ou disparaissent, comme Mehdi BEN BARKA (1920-1965). En effet, en 1965, Tahar avait participé à une manifestation pacifique d’étudiants appelant à la lutte contre «l’injustice, la répression et le manque de liberté», sous le régime autoritaire du roi Hassan II (1929-1999). Tahar purge sa peine dans deux camps, tous deux dirigés par une armée qui a entretenu «un profond racisme entre ceux du sud, les Amazigh et ceux du nord, les Rif ; entre les gens des villes et ceux des campagnes, entre ceux qui savent lire et écrire et ceux qui jacassent de colère. J’aurais pu sortir du camp changé, endurci, adepte de la force et de la violence, mais je suis parti comme je suis arrivé, plein d’illusions et de tendresse pour l’humanité. Je sais que je me trompe. Mais sans cette épreuve et ces injustices, je n’aurais jamais rien écrit» dit-il. «Parce que la littérature ne change ni l’homme ni la société. Pour autant, l’absence de littérature rendrait l’homme encore plus infréquentable. J’écris pour agir. Je ne suis pas bien préparé pour vivre dans les conflits, et c’est pour cela que j’écris. Pour faire face. Autrement… Pour me débarrasser de mon fardeau. Comme dans Les mille et une nuits, je raconte des histoires pour ne pas être miné jusqu’à en crever» dit Tahar BEN JELLOUN. C’est pendant cette détention que Tahar en écoutant des chansons de Jean FERRAT sur une poésie de Louis ARAGON, débute sa vocation littéraire en écrivant des poèmes. Sur ces années de plomb au Maroc, sous la férule de Hassan II, Tahar BEN JELLOUN écrira plus tard, notamment «la punition», «cette aveuglante lumière» ou «au pays».

A sa libération, le jeune Tahar veut tenter sa chance à Paris à l’IDHEC pour devenir réalisateur. Sans argent, il retourne au Maroc, se dirige vers la philosophie. Tahar BEN JELLOUN est d’abord nommé, en octobre 1968, à Tétouan, «Quand j’y fus nommé professeur de philosophie, au lycée Charif Idrissi, j’acceptai le poste parce que cette ville est à une heure de Tanger. Ville prisonnière du vent, de la pluie, du froid et de la mélancolie. Ville abandonnée, l’été, au soleil et aux gens de passage. Ville qui n’aime ouvrir ni ses portes, ni ses fenêtres. Propice à la névrose, à la nostalgie maladive» écrit-il. Célibataire, dans une étroitesse d’esprit, et donc suspect pour les familles conservatrices, «En deux années scolaires je n’ai rencontré aucune femme tétouanaise, et n’ai été invité que dans une seule famille» écrit-il. A partir de 1970, il est nommé enseignant, au lycée Mohamed V, à Casablanca, sa situation ne s’améliore pas, mais entame l’écriture de son roman, Harrouda : «Des grèves d’élèves se succédaient, et la police poursuivait les grévistes jusque dans la cour du lycée. Je pensais, en venant dans cette grande ville, y vivre mieux qu’à Tétouan et me faire des amis. Je fus en fait happé par ma famille. Je soupçonnai bien vite un projet de mariage qu’on tramait en cachette avec une de mes cousines ou parentes. Cette année m’apporta une amertume, une déception qui me prédisposèrent à l’écriture, mon refuge, mon espace de confidence. Les mots prirent la place de l’ami espéré» écrit-il. C’est à ce moment, que Tahar BEN JELLOUN, rencontre une certaine Odette, entretenant une relation compliquée avec un autre homme, qui l’a éconduit, tout en restant une amie disponible, généreuse, à l’écoute pour l’échange et fidèle : «C’est peut-être par réaction au milieu marocain, traditionnel ou soi-disant moderne, que j’aime développer des relations d’amitié avec des femmes. C’est pour moi un défi essentiel. Respecter une femme, c’est pouvoir envisager l’amitié avec elle ; ce qui n’exclut pas le jeu de la séduction, et même, dans certains cas, le désir et l’amour» écrit-il. Plus tard, en 1974, d’autres amitiés vont se nouer : «J’ai connu Leïla, belle Palestinienne venue faire ses études à Paris et je suis tombé amoureux de sa meilleure amie. J’ai été comblé pendant quelque temps : deux belles femmes. Avec Leïla s’est développée une amitié de qualité ; avec Dima ce fut une histoire de désir et d’amour qui allait durer cinq ans, jusqu’à devenir une amitié amoureuse» écrit-il. Dans «Le premier amour est toujours le dernier» Tahar BEN JELLOUN, tout jeune, relate sa première amoureuse. Je suis resté sous le traumatisme de cette rencontre qui s’est terminée brutalement. Ce qui est terrible, c’est le caractère vivace de cette histoire qui surgit dans beaucoup de mes livres alors que c’est de l’histoire ancienne» dit-il.

Tahar BEN JELLOUN revient donc à Paris, le 11 septembre 1971, dans l’après-midi. Une ville où vont s’affirmer et se développer son ambition et sa vocation littéraire. «Était-ce une ville, une île ou un corps ? Une image grise, traversée de temps en temps par un faisceau de lumière sublime. Je l’avais déjà rencontrée : la première fois pour voir des films ; la seconde pour oublier ma fiancée ; la troisième pour constater les ruines et séquelles de mai 68. Là, je venais avec mes bagages pour poursuivre des études et écrire. Figure hautaine qui me fit don d’une longue nuit engendrant des rêves de mon pays ; elle me donna un miroir légèrement éteint où subsistaient encore les traces de vies éphémères ; je devais le déchiffrer, me souvenir et écrire» dit Tahar BEN JELLOUN de Paris. Cette ville des Lumières est aussi celle de l’incarnation de l’individualisme, ainsi que déplorable condition des migrants qu’ils cachaient aux Marocains, une fois de retour au pays : «Je découvrais lentement que les habitants de Paris avaient un problème avec le temps, c’est-à-dire avec l’argent, en tout cas avec eux-mêmes. La générosité, une forme de disponibilité, paraissait condamnée, éloignée, irréalisable. Cela me choquait. Sur la pointe des pieds. Ils se savaient indésirables. Ils étaient obsédés par la peur, la peur de réveiller la colère ou la haine. Obsédés d’être en règle. Travailler. Économiser. Envoyer l’argent au pays. Se taire» écrit-il.

Il suit des cours de psychologie sociale. «Ce fut aussi Abdel qui m’aida à quitter l’enseignement et même à trouver une petite bourse pour partir à Paris. C’est dire que je dois un certain nombre de choses à cet homme. Dès que je fus à Paris, que François Maspero, un homme de qualité, publia mon deuxième recueil de poésie et que Maurice Nadeau accepta d’éditer mon premier roman» écrit-il dans «l’Amitié». En France, il a exercé comme psychothérapeute et écrit pour diverses revues dont la quotidien «Le Monde», avec l’appui de François BOTT (1935-2022). Tahar BEN JELLOUN a soutenu une thèse, à Paris VII, Jussieu, en 1975 sur la misère affectueuse et sexuelle des émigrés Nord-africains, publiée en 1997 chez Seuil. «Pour des hommes obligés de s’expatrier afin de vendre leur force de travail, l’absence d’affectivité se traduit, quotidiennement ; abstinence forcée, refoulement croissant de leurs désirs sexuels. Ils vivent dans la plus grande solitude» écrit-il. Tahar BEN JELLOUN révèle que bon nombre de ces immigrants finissent par devenir impuissants «Il est des blessures violentes, des blessures fulgurantes qui entraînent la mort. Il en est d’autres, avec une autre violence, moins apparente ; une violence plus sourde, profonde, diffuse et invisible. La violence coloniale d’hier, se perpétue aujourd’hui de manière encore plus pernicieuse. Le système de l’immigration, la presse raciste, a forgé une image de l’immigré : un forçat de travail brute, sans cœur, sans testicule, sans famille ; bref, à peine un homme. Ce qui est paradoxal alors, c’est que la presse raciste le présente véhicule aussi l’image d’un perpétuel danger sexuel pour la paisible famille française» écrit-il.
Loin d’être le combattant de la 25ème heure, défendant constamment les gens humiliés, sans être arabisant, ni un écrivain exotique, travaillant en accord avec son temps et la société marocaine, habité par le mysticisme du Soufisme, refusant l’injustice, l’hypocrisie sociale, le folklore décadent, le mensonge et la corruption, Tahar BEN JELLOUN maîtrise la langue française, l’arabe classique et dialectal : «La plupart des écrivains de ma génération ont prouvé par leurs écrits qu’ils n’étaient ni des «traîtres», ni des renégats. Ce qui compte c’est le travail qu’ils ont fait ces trois dernières décennies : écrire, travailler, donner le meilleur de soi en disant le pays et la société. Qu’importe le lieu où on écrit et qu’importe la langue aussi. L’important était de briser le silence et de ne pas se taire face à ceux qui nous faisaient des procès d’intention, des gens qui voulaient censurer nos souffles et nos aspirations. Certains lecteurs marocains me disent qu’en me lisant ils entendent la langue arabe, surtout dialectale. Je ne les contredis pas. La langue casse les mots, déchire leur enveloppe et cherche de nouveaux parfums. C’est du français qui voyage et qui se laisse séduire par d’autres rivages, d’autres rêves et d’autres exigences. C’est un imaginaire qui joue, chante, se trompe et rectifie les apparences» dit-il. «Depuis toujours j’écris sur le même thème, celui de la violence de la vie. Mes premiers livres parlaient de la condition de la femme dans mon pays, puis j’ai abordé la question des relations entre l’homme et la femme dans la société marocaine musulmane, traditionnelle» dit Tahar BEN JELLOUN. «Je ne peux écrire que des choses délirantes… L’âme humaine ne s’explique pas par la psychologie. Elle ne peut être expliquée, elle est à vivre. Dans tous mes romans, j’épouse la manière de penser, de parler, de sentir des personnages. Le style n’est jamais indépendant de l’histoire, comme un pinceau il suit le modelé des visages» précise-t-il.

Dans «l’enfant de sable», renouant avec la tradition des Mille et Une nuits, Tahar BEN JELLOUN, pour sa création romanesque se fait conteur. Dans ce récit d’Ahmed, une fillette marocaine que son père, pour ne pas avoir à souffrir du déshonneur de ne pas avoir eu de fils, fait passer pour un mâle. Ahmed, née Zahra, est la huitième fille de Hadj Ahmed. Malgré la souffrance, elle jouera jusqu’au bout le jeu imposé par son père, et va jusqu’à demander une fille en mariage. «Être femme est une infirmité naturelle dont tout le monde s’accommode. Être un homme est une illusion et une violence que tout justifie et privilégie. Être tout simplement est un défi. Je suis las et lasse. S’il n’y avait ce corps à raccommoder, cette étoffe usée à rapiécer, cette voix déjà grave et enrouée, cette poitrine éteinte et ce regard blessé, s’il n’y avait ces âmes bornées, ce livre sacré, cette parole dite dans la grotte et cette araignée qui fait barrage et protège, s’il n’y avait l’asthme qui fatigue le cœur et ce kif qui m’éloigne de cette pièce, s’il n’y avait cette tristesse profonde qui me poursuit. J’ouvrirais ces fenêtres et escaladerais les murailles les plus hautes pour atteindre les cimes de la solitude, ma seule demeure, mon refuge, mon miroir et le chemin de mes songes» écrit l’héroïne, dans son journal intime.

C’est «Nuit sacrée», avec le Prix Goncourt, un prolongement, ou un complément de l’enfant de sable, qui confère à Tahar BEN JELLOUN sa consécration. On retrouve Ahmed qui se fait conteuse d’elle-même. Après avoir enterré son père, elle quitte sa famille et reprend son identité féminine. La voilà sur les routes du Maroc, y fait de bonnes et, surtout, de mauvaises rencontres. Elle sera violée, tuera son oncle, ira en prison, s’entraînera à être aveugle en se bandant les yeux, subira les sévices cruels de ses sœurs qui lui en veulent d’avoir été, en tant que garçon, l’enfant préférée de leur père. Dans ce récit onirique, entre conte, allégorie et réalité ou barbarie, Taha BEN JELLOUN, dénonce, avec brio, Maroc misogyne et conservateur, dominé par le règne absolu du mâle : «Je touchai mes seins. Ils émergeaient lentement. J’ouvris mon chemisier pour les offrir au vent du matin, un petit vent bénéfique qui les caressait. J’avais la chair de poule et les pointes durcissaient. Le vent traversait mon corps de haut en bas. Mon chemisier gonflait, je lâchai mes cheveux. Ils n’étaient pas très longs mais le vent leur faisait du bien. Je marchai pieds nus, orteils en éventail sans savoir où j’allais. Une envie folle m’envahit : j’ai retiré mon saroual puis ma culotte pour faire plaisir au vent, pour me faire plaisir et sentir la main légère et froide de cette brise matinale passer sur mon ventre et réveiller mes sens» dit le personnage d’Ahmed.

Son pays d’origine, le Maroc ne cesse d’attirer de nombreux voyageurs, comme DELACROIX, Paul Bowles, William BURROUGH, Allen GINSBERG, Jack KEROUACK, Pierre LOTI. Passionné de la peinture, grand ami de Henri MATISSE, il considère que «Genet était un être exceptionnel, mais empli de contradictions. À la fois fascinant et énervant car il était capable de se contredire en toute mauvaise foi, trahir ses amis après les avoir instrumentalisés, mentir sans scrupules. Il était complètement amoral, et en rébellion contre la société et ses institutions. Son comportement vis-à-vis des autres était souvent choquant pour moi, car nous n’avions pas les mêmes règles de vie. Le titre de mon livre exprime tout ça, mon énervement et mon admiration» dit-il. Jean GENET avait écrit dans l’Humanité pour défendre son premier roman, paru en 1973, «Harrouda». Ce roman a part autobiographique ; il le puise dans ses souvenirs d’enfance à Fès «J’habitais dans la Médina de Fès, il y avait une vieille dame qui mendiait. Avec les autres enfants, on lui demandait de nous montrer son sexe, en échange de morceaux de sucre. Elle soulevait brièvement sa robe, et recevait quelque chose en retour» dit Tahar BEN JELLOUN. De cette histoire, Tahar BEN JELLOUN en a tiré un roman. Harrouda commence par lâcher ses cheveux en avant et tourne sur place. Puis elle relève sa robe. Les enfants n’ont que le temps d’y croire, déjà le rideau est baissé. Le reste, ils le retrouvent dans leur rêves et, pour le narrateur, à chaque étape de son adolescence. Tahar BEN JELLOUN, écrivain transgressif du monde arabe, est le premier à avoir écrit, avec des termes explicites, sur le sexe, et cela a suscité des vagues : «Les Marocains ont une relation quasi névrotique avec l’amour du pays. Il ne faut jamais en dire du mal. Or, je ne conçois pas que l’on puisse être écrivain sans exercer un regard critique sur sa propre société» dit-il. «Voir le sexe fut la préoccupation de notre enfance. Pas n’importe quel sexe. Pas un sexe innocent et imberbe. Mais celui d’une femme. Celui qui a vécu et enduré, celui qui s’est fatigué. Celui qui hante nos rêves et nos premières audaces. Sous l’effigie de ce sexe, nous éjaculons des mots. Harrouda n’apparaît que le jour, le soir elle disparaît dans une grotte. Nous attendons le jour, en caressant notre pénis nerveux. Lorsqu’elle lève sa robe, nous avons juste le temps d’y croire. Le rideau est déjà baissé. Le reste est à retrouver dans nos insomnies. Notre première éjaculation tremblante remplissait notre main» écrit-il dans «Harrouda».

Cependant, dans ce roman, Harrouda, d’autres thèmes majeurs et profonds y apparaissent, en particulier, la condition de la femme, dans les pays du tiers-monde, mariées souvent jeunes à des vieillards, sans connaître la vie. Aussi, Harrouda est dédié à sa mère «Je suis né dans la souffrance d’une procréatrice qui a coupé le cordon ombilical de l’endurance dans le sang aveugle. Ma mère, une femme, une épouse, ma mère une fillette qui n’a pas eu le temps de croire à sa puberté. Ma mère deux fois mariée à des vieillards morts d’avoir vécu sur son corps à peine pubère ; ma mère enfin, mariée à mon père pour lui donner deux enfants, qu’un autre n’avait pu lui donner» écrit-il. Son premier mari, un homme pieux, occupé à sa boutique et à ses prières, toute la journée, ne lui rendait visite que furtivement la nuit «Je ne pouvais exister pour lui, dès qu’il se mettait au lit, j’écartais les jambes et j’attendais. Il me pénétrait en silence. Pas un souffle. Pas un cri. Ni plaisir, ni extase. Quand, il a fini, il me tournait le dos, et entamait son sommeil. Tranquille, le chapelet entre les doigts» écrit-il. A la mort de son mari, elle était déjà enceinte de trois mois. L’image de la mort de son mari l’obsédait «C’est la naissance de mon premier enfant qui me délivra de l’obsession. J’étais guérie. Le bonheur devient possible» écrit-il. Sa mère, une femme obéissante a toujours vécu une autre vie. Voilée et recluse, elle ne découvrait la ville, qu’en montant sur la terrasse de sa mère. «Je n’avais fait que l’apprentissage de la solitude et de la douleur. Je m’appliquais à suivre la ligne du destin, la face voilée. En dehors de Fass (Fès), je ne pouvais pas soupçonner l’existence d’un autre monde» dit-elle. Un autre thème apparaît dans ce roman, celui de la justice sociale, la situation des parias de la société. Dans Fass capitale de la blessure, des inégalités, «l’artisan y a souffert. Reprise. Rabaisse. Rejeté. Travailleurs manuels, il n’y a pas de place dans la société qui se faisait. Las d’être méprisé, l’artisan, l’artisan voudrait en finir avec l’infériorité.» écrit-il.

Harrouda, prostituée déchue, fut son premier amour et la maîtresse de deux villes : Fès, lieu de toutes les vertus et de la tradition, Tanger, que Jean GENET appelle «Tanger-la-trahison». En effet, Tanger, ville de Harrouda, sirène-pin-up, est aussi la ville du thé et de la parole contre l’innommable, notamment la pédophilie de certains touristes : «Les mots qui peuvent être dits sont en fait incapables de contenir l’autre violence, celle qui s’accumule, jusqu’au jour où elle éclate. Le langage, c’est toujours de la puissance ; parler, c’est exercer une volonté de pouvoir» écrit-il dans Harrouda.

Tahar BEN JELLOUN créé une rupture avec la tradition arabe «En littérature, il n’y a de sujet qu’individuel. C’est à travers l’individu que se raconte une société. C’est ce qui explique par ailleurs que le roman, dans sa forme occidentale, n’est apparu que tardivement dans les sociétés arabes, lesquelles ne reconnaissent pas l’individu en tant qu’entité unique et singulière. Je pense que tous mes romans visent à faire prendre conscience de cette nécessité essentielle : l’émergence de l’individu. C’est la base d’une réelle démocratie et du progrès d’une société moderne» dit-il. «J’écris sur la douleur du monde et je peins la lumière de ce même monde» dit Tahar BEN JELLOUN. Amoureux du cinéma, d’Ava GARDNER du Jazz de John COLTRANE, peintre et combattant de la Justice, sa devise reste «Vivre. Habiter la lumière de l’enfance. Résister. Ne jamais s’habituer à la douleur du monde» dit-il. Entre roman, poésie et théâtre, arrêté, tué, enterré, Moha ne cesse de parler, et sa parole ne peut tarir, car elle est la tradition maghrébine et la vérité qui résistent. Pour dénoncer la dictature, dans son roman, «Moha, le fou, Moha, le sage», Tahar BEN JELLOUN règle ses comptes avec le roi du Maroc, Hassan II. Il n’y a que les fous pour dénoncer les injustices, dire des vérités crues et exprimer publiquement leur haine de l’oppression. «J’ai toujours été extrêmement sensible à la manière dont on peut humilier l’être humain, quel qu’il soit […] j’ai vécu à Fès une enfance pendant laquelle je voyais des injustices, ne serait-ce que sur le plan social» dit Taha BEN JELLOUN.

Pour mieux le combattre, le racisme et le terrorisme aux enfants à travers le monde, Tahar BEN JELLOUN se propose de faire la propagande du bien-vivre ensemble, et démystifier les idées fausses. «L’amitié est une religion sans Dieu ni jugement dernier, écrit-il. Sans diable non plus. Une religion qui n’est pas étrangère à l’amour. Mais un amour où la guerre et la haine sont proscrites, où le silence est possible» écrit-il dans son livre autobiographique, l’éloge fraternelle. Dans ce tintamarre des forces du Chaos, et de la faible réplique des Républicains, Tahar BEN JELLOUN, celui était venu se réfugier en France sous Hassan II, sait remettre les choses à l’endroit. C’est une erreur politique et factuelle que de lier terrorisme solitaire et immigration «Des immigrés qui rêvent de l’Europe ont fui des dictatures, des pays de non-droit. Ils ne viennent pas en France pour tuer des innocents. Ceux qui ont opté pour le terrorisme sont une petite. Ils ne peuvent en aucun cas être assimilés à toute la population immigrée qui travaille, paye ses impôts et espère un avenir à ses enfants. Qu’il y ait des éléments atteints par une folie particulière, non visible, et qui visent à commettre des crimes, cela n’est en aucun cas une tare qui serait intrinsèquement installée dans le corps immigré. Les Musulmans de France, dans leur écrasante majorité, sont horrifiés par ces actes barbares, qu’ils sont assimilés à ce terrorisme non repérable. L’amalgame est vite fait» dit-il. Tahar BEN JELLOUN, dans le «racisme expliqué à ma fille», met en scène, le personnage de Pipo, un odieux mafioso antisémite : «J’avais déjà écrit une partie de mon roman, et c’est justement parce que ce Pipo me faisait peur, parce que je tremblais en racontant sa haine des juifs, parce que je me rendais compte que nous sommes tous capables, si nous nous laissons aller, de devenir des monstres, que j’ai écrit Le racisme expliqué à ma fille. Pour m’extirper du risque de complaisance auquel l’on doit toujours faire face lorsque l’on met en scène un personnage. Pipo est inspiré d’un homme que je connais» dit-il.
Tahar BEN JELLOUN a aussi abordé la question de l’esclavage et du racisme au Maroc, à travers, le fils caché de son oncle, dont la mère est noire «Je suis le fils de ton oncle et ton père est mon oncle, je suis un Nègre, fils d’une Négresse que mon père avait achetée à Fès même, il y a de ça une cinquantaine d’années, je suis venu aujourd’hui pour te montrer mon visage et que tu me montres le tien, pour que notre sang soit vivifié et reconnu, je suis venu pour le pardon de l’absence après trente ans d’errance, fils maudit par mon père, j’ai fait mal à ma mère, et aujourd’hui je viens à vous avec mes enfants pour que soient dissipés les malentendus du silence» dira son cousin, dans «écrivain public». Les enfants des esclaves, c’est la peur du «Grand remplacement» ou de la révolte contre l’ordre établi : «Il faut se méfier de la progéniture des esclaves. Si ça continue, elles nous mettront bientôt hors de chez nous ! Il faut se méfier ; le garçon vengera un jour sa mère ! Je pensais que les Noires ne servaient qu’à faire le ménage, pas à faire les enfants !» disent des femmes, dans «Jours de silence à Tanger».

Père de quatre enfants, Tahar BEN JELLOUN, a un fils trisomique, «champion de natation» dit-il. «Le mariage est une convention sociale idiote, renouvelable tous les ans ou résiliable. Pense à payer tes contraventions de voiture, elles s’entassent» fait-il dire à Ingmar BERGMAN, dans «Scènes de la vie conjugale». Dans sa création littéraire, vantant le bonheur conjugal, Taha BEN JELLOUN attire l’attention de tous sur la question du handicap.

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Paris, le 15 mars 2023, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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