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Suppression du poste de PM: risque ou simple cohérence de vision

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Boun Abdallah Dionne a été reconduit, vendredi dernier, par le Président Macky Sall, nouvellement réélu pour un quinquennat avec 58,26%, au poste de Premier ministre. Mais, Dionne devra, dans les prochains jours, se décharger de cette fonction de PM pour ne désormais assumer ses nouvelles missions de Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence.
Pour cause, le Président Macky Sall a décidé d’engager le Sénégal vers un régime présidentiel ou présidentialiste en supprimant en moyen terme la fonction de Chef de l’Etat. Toutefois, les contours de cette nouvelle réforme institution qui devra être examinée par l’Assemblée nationale n’ont pour le moment pas été détaillés.
Une situation qui laisse place à plusieurs interrogations sur l’enjeu de la suppression du poste de Premier ministre.


Il faut tout simplement rappeler que la supression annoncée du poste du chef de Gouvernement ne serait pas une première au Sénégal.

Tous les prédécesseurs de Macky Sall, à l’exception de Me ont déjà eu à supprimer le poste de chef du Gouvernement. En effet, de 1963 à 1970, après que ses relations avec Mamadou Dia, alors président du Conseil (équivalent du poste de Premier ministre), Senghor s’est passé du poste après approbation de la décision par un référendum. Ce n’est que le 26 février 1970, après un nouveau référendum, que le poste de Premier ministre est revenu dans l’architecture républicaine du Sénégal, à la faveur de la nomination d’Abdou Diouf.


Onze ans plus tard, ce dernier succède à Senghor à la tête de la Magistrature suprême et décide lui aussi, de se passer des services d’un Premier ministre après deux ans d’exercice de Habib Thiam, en poste du 1er janvier 1981 au 3 avril 1983. Il sera remplacé pour 26 jours par Moustapha Niasse avant que la sentence ne tombe : le 1er mai 1983, suite à une révision constitutionnelle adoptée par l’Assemblée nationale, Abdou Diouf fit à son tour recours à un régime présidentiel renforcé. Le poste de Premier ministre est alors rétabli en mars 1991 avec le retour à la Primature d’Habib Thiam.

Aujourd’hui, en décidant de mettre en place la méthode « senghorienne » ou « dioufiste », le Chef de l’Etat a décidé de diriger le pays, pour les 5 prochaines années, avec fermeté et efficacité. L’enjeu dans cette nouvelle donne, c’est la disparition de fait du Gouvernement. Ce qui reviendrait à considérer ces nouveaux ministres comme des collaborateurs du président de la République qui sont censés rendre directement compte au chef de l’Etat. Ce sera un Gouvernement en mode fast-track.

Le Président Macky Sall n’aura plus d’intermédiaire entre lui et ses ministres, pardon, ses collaborateurs. Et, au cas où le Poste du chef de Gouvernement venait être supprimé, les réunions de Conseils des Ministres n’auront plus leurs raisons d’être parce que nous serons dans une nouvelle configuration où le Président Macky Sall aura la latitude d’évaluer au quotidien l’action du Gouvernement.


L’autre conséquence de la suppression du poste de Premier ministre, c’est la relation entre l’Exécutif et le Législatif qui sera remodelée. Avec les questions d’actualités des députés, adressées au Gouvernement, logique pour logique, c’est le Président Macky Sall qui devrait sacrifier à la tradition devant la représentation nationale. Le Chef de l’Etat aura ainsi pris le courage d’engager sa responsabilité politique devant l’Assemblée nationale et devant le peuple souverain.


La gravité dans cette situation politique, c’est que ce système ne permet pas de nommer un futur premier ministre si tant est que l’opposition aura plus de députés à la prochaine échéance électorale de 2022. Nous serons dans une situation terrible où le Président Macky devra faire face. Et le successeur de Macky Sall en 2024, que sais-je, qui envisagera de restaurer le Poste de Premier Ministre aura tous les problèmes du monde pour faire adopter la réforme puisqu’il aura aucun gage de majorité à l’Assemblée nationale. A moins que le Chef de l’Etat restaure le poste de Pm avant de quitter le pouvoir.

DIEDHIOU

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