Le procès pour fraude fiscale de la chanteuse colombienne Shakira démarrera ce lundi à Barcelone. Le parquet réclame une peine de plus de huit ans de prison et une amende de 23,8 millions d’euros.
De gros ennuis. La star planétaire Shakira a rendez-vous lundi avec la justice espagnole pour un procès très attendu portant sur une fraude fiscale de près de 14,5 millions d’euros. Convoquée à 10h par un tribunal de Barcelone, l’artiste colombienne de 46 ans devra répondre aux accusations du parquet, qui réclame une peine de plus de huit ans de prison et une amende de 23,8 millions d’euros à son encontre.
L’interprète de «Waka Waka» ou de «Hips don’t lie», qui a encore triomphé jeudi soir aux Grammy Latinos à Séville, rejette catégoriquement ces accusations. Son audition est prévue lundi, lors de la première audience de ce procès qui doit durer jusqu’au 14 décembre, avec un total de près de 120 témoins.
«MONTAGE COMPLEXE»
Le parquet accuse Shakira de ne pas avoir payé ses impôts sur le revenu et sur le patrimoine en Espagne en 2012, 2013 et 2014 alors qu’elle avait vécu, selon lui, plus de la moitié de l’année dans le pays, seuil au-delà duquel une personne doit être considérée comme résidente fiscale. Il affirme, dans son écrit d’accusation, que la chanteuse a utilisé un montage complexe de sociétés basées dans des paradis fiscaux «dans l’intention de ne pas payer ses impôts» dans le pays.
Les avocats de la star réfutent ces accusations et assurent que, même si Shakira avait entamé en 2011 une relation avec l’ex-footballeur du FC Barcelone Gerard Piqué, elle n’a cessé de se déplacer à travers le monde durant ces années-là en raison de sa carrière. Ils affirment que la chanteuse ne s’est établie de façon pérenne à Barcelone que fin 2014, avant de transférer en 2015 sa résidence fiscale des Bahamas en Espagne, juste avant la naissance de leur deuxième enfant.
Shakira «a scrupuleusement respecté toutes ses obligations fiscales dans les multiples territoires où elle a eu des activités professionnelles», ont-ils fait valoir dans un écrit, en rappelant que la star avait déjà versé 17,2 millions au fisc dans ce dossier en vue de régulariser sa situation. Cet été, le parquet espagnol a entamé une autre procédure contre la chanteuse, qu’il accuse d’une autre fraude fiscale en 2018, estimée à six millions d’euros.
DÉPENSES CHEZ LE COIFFEUR
La chanteuse, qui est partie s’installer à Miami avec ses deux enfants suite à sa séparation l’an dernier avec Gerard Piqué, pourrait être dispensée par le tribunal d’assister à toutes les audiences.
Mais qu’elle soit là ou pas, elle risque de voir une partie de sa vie déballée dans la salle d’audience. En effet, afin de démontrer ses accusations, le fisc espagnol a interrogé ses voisins, vérifié ses comptes sur les réseaux sociaux, contrôlé ses dépenses dans des salons de coiffure de Barcelone, ou dans la clinique où elle était suivie pour sa grossesse et décortiqué celles de ses proches.
Des «méthodes inacceptables», selon les avocats de Shakira, qui a vu par ailleurs son nom apparaître dans les «Pandora Papers», une vaste enquête journalistique publiée fin 2021 et accusant plusieurs centaines de personnalités d’avoir dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, notamment à des fins d’évasion fiscale.