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«Sénégal : Nouvelles, vastes et dramatiques inondations au Fouta-Toro : quelles mesures gouvernementales de réponse à cette immense tragédie, en termes de bassins de rétention d’eau, de plan d’occupation des sols, de systèmes de canalisation, de chaine du froid et d’énergie solaire ?», par Amadou Bal BA

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Suites à des pluies torrentielles, notamment dans la zone de Bakel et au délestage du barrage de Manantali depuis le 4 octobre 2024, afin d’éviter que les digues ne cèdent, des villages ont été inondés à Bakel, au Fouta-Toro et à Podor. Le barrage de Manantali dispose d’une importante capacité de stockage des eaux, avec 2000 mètres cubes seconde de débit, mais les affluents du Bakoye et de la Falémé auraient conduit à cette décision aux conséquences tragiques. Par conséquent, sans la décision de lâchage des eaux, il est probable, que nous aurions, peut-être, à faire face à des conséquences infiniment dramatiques, comme pour le barrage de Derna, dans la nuit du 10 au 11 septembre 2023 en Libye, avec 5000 à 20000 morts ; ou encore, le 10 septembre 2024, pour le barrage d’Alau, à Maiduguri, dans l’Etat du Borno, au Nigeria, des villages entiers avaient été engloutis sous les eaux ; et, 30 000 à 400 000 personnes avaient été déplacées.

En tout cas, en raison de ce lâcher des eaux du barrage de Manantali, de nombreux villages du Fouta-Toro, dans le Nord du Sénégal, ont, comme le Zouave parisien, les pieds dans l’eau et sont isolés du reste du pays, avec des dégâts incommensurables. Merci beaucoup à mon jeune frère Adama BA, inspecteur à Bakel, pour ces images rendant de l’étendue des dégâts.

C’est une année 2024 est exceptionnelle en pluviométrie ; il continue de pleuvoir en octobre ; ce qui est rare au Fouta-Toro. C’est une bonne récolte pour ceux qui étaient allés cultiver leurs champs et n’attendent pas seulement que les mandats viennent de France. C’est aussi l’espoir que la nature va un peu reverdir et les nappes phréatiques revigorées.

En pleine campagne électorale des législatives anticipées que peut le gouvernement face à ces inondations à répétitions ? Pourquoi ce grand lâcher d’eau sur les populations sans précaution ?

En raison de la forte saison des pluies qu’on appelle l’hivernage au Sénégal et de l’absence d’un plan local d’urbanisme ainsi que d’un système de canalisation et d’évacuation des eaux efficaces, dans les grandes y a eu des inondations à Dakar, Kaolack et en particulier à Touba, deuxième ville du Sénégal et capitale religieuse des Mourides ne cessant de s’étendre, mais sans canalisations ni système de gestion des eaux usées. Touba est un drame et un scandale écologique puisque ce sont des camions-citernes qui jettent dans la nature pas loin de la ville les déchets des fosses septiques. Les animaux broutent l’herbe de cette saleté et les nappes phréatiques sont polluées.
Quelles réponses gouvernementales à cette immense tragédie et souffrance des populations à répétition ?

«Gouverner, c’est prévoir» dit-on. A chaque fois, les gouvernants, au lieu d’agir, commentent l’actualité. En effet, ces inondations ne datent pas d’aujourd’hui, mais si l’on veut répondre aux besoins des populations en termes de «rupture», les autorités publiques sénégalaises devraient à mon sens engager deux mesures importantes. C’est d’une part, interdire des constructions dans des zones inondables, en relogeant les personnes dans les zones à risques et d’autre part prévoir dans toutes les grandes villes un système de canalisation et de traitement des eaux usées. C’est un vaste chantier pouvant mobiliser et donner du travail, à vaste échelle et sur du long terme, à ces jeunes, ne songeant qu’à prendre la pirogue, au péril de leur vie.

«Cela paraît toujours impossible, jusqu’à ce que cela devienne réalité», disait en substance Nelson MANDELA. La Politique, au sens noble du terme, face aux contraintes, c’est la volonté de faire bouger les lignes. Quand le Roi veut, il peut. Le président Macky SALL, en dépit de son coup d’État électoral du 3 février 2024 (voir mon article, Médiapart, 3 février 2024), et de sa sortie calamiteuse du pouvoir, a été un exceptionnel Pharaon des temps modernes (Voir mon article, Médiapart, 1er janvier 2024). En effet, la politique ce n’est pas le populisme, les valises d’argent au clergé musulman, les interdictions de sortie du territoire ou la reddition des comptes pour faire chanter les opposants, mais de s’attaquer, résolument et profondément, aux problèmes fondamentaux du pays. Chaque gouvernement apporte sa contribution à l’édification d’un Sénégal meilleur ; cela prendra des générations et du temps, mais quand la machine sera lancée personne ne l’arrêtera et les gouvernements successifs reprendront le relais.

Le Roi Solomon avait commencé à bâtir son Temple à la quatrième année de son règne de Jérusalem. Depuis lors, chaque génération a apporté sa pierre à l’édifice. Ce qui m’impressionne en France, et en particulier à Paris, même après les JO, il y a des chantiers partout. C’est l’un des grands mérites des Français, ils se chamaillent en politique et rouspètent constamment, mais n’arrêtent jamais de travailler leur pays. Au Sénégal, un journaliste Adama GAYE, vient de révéler un scandale financier impliquant, Abass FALL, ayant reçu 5 milliards de FCFA, reçus des Espagnols, «un ASER-GATE» (Voir le Dakarois du 10 octobre 2024, Seneweb du 12 octobre 2024), impliquant un haut responsable politique du PASTEF, du gouvernement forçant le président Bassirou Diomaye FAYE, publiquement, à le condamner et à s’en désolidariser, en cette période des législatives anticipées. Le PASTEF, à travers sa reddition des comptes, se voulant être le parti de la probité, affronte désormais une tempête ; le mal est fait. Sur sa page Facebook, le journaliste Adama GAYE, parle même d’un scandale à hauteur de 37 milliards. En effet, l’argent, qui ne manque pas en Afrique, mais souvent détourné, y compris dans cette période censée être de «rupture», a tout pourri dans la société sénégalaise. On ne veut pas travailler, mais le seul sport national, c’est de s’enrichir vite sur le dos des contribuables.

Le deuxième point concerne le barrage de Manantali. Le président Léopold Sédar SENGHOR nous avait vendu un rêve, celui du «Sénégal de l’an 2000», un barrage de Manantali qui réglera une bonne partie du problème des Peuls du Fouta-Toro, une zone rurale, sylvopastorale défavorisée. Pour l’instant, ces lâchages d’eau, sur la tête des Foutankais, sans aucune précaution, sont une grave faute politique ; elles se traduisent par un grave désastre humain.

Par ailleurs, le barrage de Manantali produit de l’électricité, mais vendue très cher aux Foutankais. Comment peut-on privilégier l’électricité dans une zone où le soleil 12 mois sur 12 brûle tout avec des températures avoisinant parfois 48 degrés. On voit bien pendant la période du Ramadan cette gigantesque transhumance des Foutankais allant vers Dakar, un coin un peu plus frais.

A mon sens, tout gouvernement responsable et qui se veut de «rupture», devrait opter pour des choix stratégiques radicalement différents notamment en allant vers l’énergie solaire, des bassins de rétention d’eau, mais aussi une vaste chaîne du froid. Cependant, la grande obsession du PASTEF, parti au pouvoir c’est de supprimer le Fouta-Toro en l’intégrant au Oualo et au Ferlo, en imposant le ouolof aux Peuls d’une culture millénaire venue de l’Égypte antique comme l’a dit Cheikh Anta DIOP et en éliminant les Peuls de tous hauts lieux de décisions politiques de l’Eta, par un quasi-système de nettoyage ethnique.

Il faut dire aussi que depuis l’indépendance le Fouta-Toro a souvent eu des responsables politiques relativement médiocres, et ne s’intéressant qu’à eux-mêmes. La décision récente de l’APR de l’ancien président Macky SALL, éliminant maître Malick SALL (Voir mon article, Médiapart, 9 octobre 2024), un homme neuf, généreux et empreint d’empathie à l’égard des Foutankais, au profit d’un griot voyou ayant agressé le maire de Bokidiawé Kalidou Wagué ne va pas améliorer la situation dans le Nord.

Le Fouta-Toro, déjà une zone paupérisée, ostracisée par le nouveau gouvernement dit de rupture, ne méritait pas ces inondations.

Paris, le 14 octobre 2024 par Amadou Bal BA

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