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«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023 : l’urgence d’un Maison d’Afrique à Paris» par Amadou Bal BA –

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Pour cette 2ème édition 2023 du Salon du Livre Africain, à Paris, du 17 au 19 mars 2023, pendant ces trois jours, il y avait foule à la mairie du VIème arrondissement, à tel point que les toilettes étaient inondées, et à l’extérieur, il fallait faire une longue queue avant d’entrer. Par conséquent, c’est une initiative heureuse et hautement symbolique de M. Jean-Pierre LECOQ, maire du 6ème arrondissement, en cette montée des forces du Chaos, témoignant ainsi que les valeurs républicaines et le bien-vivre ensemble ont un grand sens pour cette majorité silencieuse.

Après la fermeture de la Colonie, à Paris 10ème, de notre ami, Kader ATTIA, les racisés sont orphelins à Paris. Cette initiative très heureuse et remarquable du Maire du VIème arrondissement, à qui nous exprimons notre profonde gratitude, démontre, avec éclat, que nous besoin de nous retrouver, non pas de façon épisodique, sur la base d’une bonne volonté particulièrement, sur un lieu permanent, à Paris. Il faut le dire encore plus fort et plus haut : je réclame de longue date une Maison d’Afrique à Paris. L’engouement et vos réactions positives, pour ce Salon du livre africain à Paris, m’encouragent à redire à Mme Anne HIDALGO, maire de Paris, que nous avons besoin, plus que jamais, d’une Maison d’Afrique à Paris, là où «dialogueront les cultures» suivant une expression du président Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001, voir mon article). Je le dis souvent, Paris où est née la Négritude, où étaient venus au début du XXème siècle tous les grands artistes afro-américains, est, plus que jamais, la capitale culturelle de l’Afrique. Ce n’est pas de l’aumône que l’on demande, mais un droit de citoyen de la République, encore soumis à ce «Contrat racial» dont parle Charles Wade MILLS.

A mon sens, et de ce que j’ai pu voir, les temps forts de ce deuxième salon du livre africain, du 17 au 19 mars 2023 sont les suivants, et sans les hiérarchiser

  • «Le contrat racial» de Charles Wade MILLS, un dialogue entre Souleymane Bachir DIAGNE, professeur à Columbia University, New York, et Rodney SAINT-ELOI, éditeur à Mémoire d’encrier ;

  • Les 10 ans de la mort de Nelson MANDELA, un dialogue entre deux monstres sacrés de la littérature, les professeurs Bénaouda LEBDAI université du Man et Sami TCHAK, auteur de notamment de «l’Afrique, continent du tout ou presque rien» ;

  • Le centenaire de la naissance d’Ousmane SEMBENE, animé par son fils, Alain SEMBENE et le comédien, Sidiki BAKABA, acteur notamment dans Tirailleurs Sénégalais ;

  • Les ambitions de la Guinée, pays à devenir un grand espace littéraire en Afrique) ;

  • Quelques autres pépites d’or (Mme Djaïli Amadou AMAL, Nimrod BENA).

I – Le contrat racial de Charles Wade MILLS

«Le contrat racial», Charles Wade MILLS (1932-2021), né à Londres, de parents jamaïcains, mais enseignant aux Etats-Unis, est un livre monument initialement donc publié, en 1997, en langue anglaise, exposant les failles du contrat social, avant tout un contrat racial. «La suprématie blanche est le système politique qui, sans jamais être nommé, a fait du monde moderne ce qu’il est aujourd’hui» écrit Charles MILLS. En effet, pour lui, le contrat a façonné le système de domination européenne qui fait exister les Blancs en tant que personne à part entière et les non-Blancs en tant que sous-hommes. La démocratie occidentale, une domination structurelle, fonctionne à coup d’exclusions en entretenant «une dangereuse ignorance blanche» précise-t-il. Charles MILLS place donc au centre de ses combats littéraires et philosophiques la question de la justice raciale, et a pour ambition de «contribuer à créer une société meilleure», une philosophie de Africana, née de la lutte des opprimés. En rupture avec la blanchéité aveugle, le propos de Charles MILLS est si audacieux certains ont voulu l’étouffer par une conspiration du silence. En effet, ce livre est en rupture avec la vague ultralibérale, dans le point de vue que défend John RAWLS (1921-2002) dans son livre, «Théorie de la justice», pour qui le contrat social serait «une tentative de coopération en vue de l’avantage mutuel visant à favoriser le bien de ses membres».

Dans son propos liminaire, et pour l’histoire littéraire, Souleymane Bachir DIAGNE, de Columbia University, à New York, raconte que c’est au cours d’un dîner, à Harlem, dans un restaurant sénégalais, dans le quartier de Little Sénégal, qu’il a été décidé de faire appel aux éditions Mémoire d’encrier de Rodney SAINT-ELOI en vue d’une traduction de cet ouvrage en français, pour rompre ce complot du silence. C’est un canadien, d’un père sénégalais, Aly N’DIAYE dit Webster, rappeur et écrivain, qui sera chargé de cette haute mission de traduction. Il faut signaler que pendant longtemps, pas un seul éditeur ne proposait de collections sur la philosophie et la race ; le livre, en 1992, de Kwame Anthony APPIAH, «In My Father’s House» a brisé la glace et légitimé la philosophie Africana pour démasquer ce contrat racial ne disant pas son nom. Cependant, Anthony APPIAH a été critiqué par la communauté noire, niant l’existence des races, il est resté hostile au courant panafricaniste de WEB du BOIS. En revanche, Lucius T OUTLAW, en 1996, dans son livre «On Race and Philosophy» a insisté sur la réalité de la race et son importance socio-politique. «Au lieu du discours blanc et ségrégé de la philosophie politique analytique dominante de l’époque, je plaidais pour un cadre reconnaissant les réalités politiques marquant l’expérience des personnes de couleur dans le monde contemporain. Oui, la race existe vraiment, si ce n’est pas biologiquement, alors en tant que construction sociale accompagnée d’une réalité sociale. Oui, nous pouvons, et nous devons, développer une philosophie politique informée de ces réalités, en évitant le racisme, bien entendu» écrit Charles MILLS, dans la préface.

Dans son propos essentiel Charles MILLS, un professeur émérite à la City University of New York, spécialiste des questions de classe, de genre et de race, expose que le contrat social, tel qu’il a été conçu par de grands auteurs comme Jean-Jacques ROUSSEAU, Thomas HOBBES, John LOCKE et Emmanuel KANT, est avant tout un contrat racial. Ce contrat n’incluait ni les femmes, ni les Noirs encore esclaves et qui seront par la suite colonisés, donc devenus des indigènes de la République. Par conséquent la conception des droits de l’Homme des Occidentaux, établit un privilège de l’Homme blanc et sa domination ; les Nègres étant des sous-hommes. L’esclavage abolit sous la Révolution a été très vite rétabli en 1802 par Napoléon, puis suivi par les conquêtes coloniales, et maintenant la Françafrique. Au moment où Jean-Jacques ROUSSEAU rédige son contrat social, le «Code Noir», réifiant le Noir, de Jean-Baptiste COLBERT plastronne dans une bonne partie du monde. Pourtant, le seul esclavage dont parlent ses écrits est celui, tout métaphorique, qui soumet les sujets européens à la volonté d’un monarque. La philosophie de l’émancipation n’a pas été pensée pour la libération des esclaves et des colonisés ; elle envisage des Blancs pour seuls bénéficiaires possibles.

Par conséquent, le «Contrat racial» de Charles MILLS est un livre de chevet pour tous les antiracistes, qu’il a dédié à tous «les Noirs, Rouges, Bruns, et jaunes qui ont résisté au contrat racial, ainsi que les Renégats blancs et les Traîtres à la race qui l’ont refusé». Mais ce terme de «Renégats» ne signifie pas qu’il appelait les Occidentaux à trahir la race blanche. Si l’on est vraiment antiraciste, on devrait être contre toutes les formes d’oppression que ce soit les femmes, les racisés, les Gays et Lesbiennes, les travailleurs, les retraités, les chômeurs, les ouvriers ou les pauvres. Les démocraties occidentales n’ont pas été construites de manière inclusive et consensuelle ; c’est souvent une victoire des puissants, des hommes blancs, sur le reste des autres minorités. L’égalité réelle pour ces minorités est restreinte, le consentement ou le contractualisme est fictif afin de les maintenir, perpétuellement dans la dépendance. Le système libéral est construit sur des «positions hégémoniques et subalternes, des positions de privilèges, d’une part, et de subordination sociale, d’autre part» écrit Charles Wade MILLS. La suprématie blanche étant niée, tous étant censés être égaux et libres, même si certains sont plus égaux que d’autres comme le dirait Coluche, la justice raciale dans ce contexte, ne peut être piétinée ou minorée.

Depuis longtemps, dans mes écrits, j’évoquais la mise en place progressive d’un Code de l’Indigénat en France, d’un racisme systémique, dans ce grand pays qui se dit universaliste. La dématérialisation des dossiers des étrangers racisés légalement admis en France à abouti à un déni de justice, les préfectures refusant de donner les rendez-vous de renouvellement ou de remise du titre de séjour. Ceux qui veulent accéder à la nationalité française, sont soumis à des tests de français, comme dans les lois Jim Crow, dans le Sud des Etats-Unis, que bon nombre de Français de souche seraient incapables de réussir. Bien installés en Afrique et ayant accaparé nos matières premières, installé leurs grands magasins ruinant le commerce et l’agriculture africaine, les Gaulois, au mépris de la réciprocité, ne veulent qu’on viennent chez eux. Le sort des demandeurs d’asile, dont les pays ont été ravagés par les pays occidentaux, est peu enviable. La Pologne, avec l’appui de l’OTAN, avait déclenché un état d’urgence, pour s’opposer à l’entrée de demandeurs d’asile. En revanche, les Ukrainiens, sans aucune maîtrise de la langue française, ont obtenu d’office des titres de séjour et les aides affluent pour les accueillir, même dans des familles. Les racisés Français, mais qu’on continue d’appeler «immigrés» sont parqués dans des zones de relégation, en Seine-Saint-Denis, que Manuel VALLS, un grand humaniste, avait justement qualifié «d’Apartheid». A longueur de journée, les chaines d’information continue, comme certains partis (le RN et une partie des Républicains lepénisés (ROTAILLEAU et CIOTTI) continuent de calomnier les racisés, avec parfois des propos tombant sous le coup de l’injure raciale. «Français de papier» avait Valérie PECRESSE ; «tous les trafiquants de drogue à Paris sont des Sénégalais» renchérit Mohamed ZEMMOUR. Les contrôles d’identité au faciès ont abouti à la mort de Bouna et Zied en 2005, à 113 jeunes étouffés à mort, sans que justice ne soit rendue ; Michel ZECLER (voir mon article), sans la vidéo serait inculpé, tué ou mis en prison pour rébellion ou terrorisme. Dans ces contrôles d’identité au faciès, il existe une arme redoutable des ripoux, qui avaient déjà préparé un faux rapport, le racisé se serait rebellé ou il a un casier judiciaire, donc on peut l’étouffer, à mort, dans une logique esclavagiste de réification du corps du racisé, dont la vie n’a aucune valeur. Vous remarquerez bien des jeunes, contrairement à leurs parents qui étaient des ouvriers, sont nés en France, bien éduqués et pourtant ils sont écartés des principaux lieux de décisions politiques, culturels et économiques. C’est bien une logique de contrat racial, du Code l’indigénat, qu’il faut maintenant briser, pour l’égalité réelle et la justice.

Les choses étaient floues dans ma tête, jusqu’à ce que j’ai bu l’exposé lumineux du professeur émérite, Souleymane Bachir DIAGNE, à la mairie du 6ème arrondissement, lors de ce deuxième salon du livre. Alors, je me suis levé j’ai crié dans la salle, en direction du professeur DIAGNE, «Diaradieuf» «A Diarama» ou tout simplement Merci ! C’est bien une démocratie ethnique, un contrat racial, sous la poussée des forces des forces du Chaos. Par conséquent, il faudrait que tous les Républicains en France, ils sont encore nombreux, mais silencieux, deviennent des «Renégats» au sen noble où l’entendait Charles MILLS, pour dire que la vraie France n’est pas celle des forces du Chaos, du contrat racial, mais une France républicaine, avec son universelle ; c’est la seule vraie, les autres étant des faussaires. Une jonction des luttes est nécessaire pour briser ce contrat racial, et refuser toutes les formes d’oppression, pour l’avènement de la justice, de la fraternité, du bien-vivre ensemble, dans le respect mutuel.

II – Les dix ans de la mort de Nelson MANDELA

L’hommage à Nelson MANDELA, à l’occasion des dix ans de sa disparition, a été présenté par les professeurs Bénaouda LEBDAI, biographe de Winnie MANDELA et Sami TCHAK, romancier.

Nelson MANDELA est une icône de la liberté, une vie combat contre l’Apartheid, une excellente gestion dans la construction d’une nouvelle nation sud-africaine et un héritage à évaluer.

Né 18 juillet 1918 à Mvezo, mort le 5 décembre 2013 à Johannesburg, avec des hommages planétaires, Nelson MANDELA dit «Madiba», parce qu’il s’opposait à l’Apartheid, a passé 27 années de sa vie en prison, à Robben Island, au large de Cap Town. Il est donc resté le détenu le plus célèbre au monde. Au moment des indépendances africaines des années 60, l’Afrique du Sud blanche prenait son indépendance de l’Angleterre, mais maintenant les Noirs dans un régime d’oppression. L’opposition à l’Apartheid avait débuté de manière pacifique, mais Nelson MANDELA croit maintenant qu’elle ne peut se poursuivre que dans la lutte armée. Bien des gens ne veulent pas s’engager dans la lutte politique de peur d’être tué ou emprisonné «Le courage ce n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre. Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité. Le souvenir, c’est la présence invisible» dit-il. Avec d’autres, il crée le groupe Umkhonto We Sizwe ou «Fer de lance de la nation», aussi connu sous le nom de MK. Nelson MANDELA passe 17 mois dans la clandestinité, tentant d’obtenir de l’aide pour la lutte armée, mais il est arrêté en 1962. Puis, en 1963, Mandela est traduit en justice pour un certain nombre d’accusations. Avec sept de ses collègues, il est condamné à la prison à vie. «Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère accomplir. Mais si nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir» dira en 1964, Nelson MANDELA au procès de Rivonia ; il croit en une Afrique du Sud multiraciale. C’est pendant cette détention, et pour survivre que Nelson MANDELA écrit de nombreuses lettres à sa famille : «Même si ces précieuses lettres ne vous parviennent pas, je dois quand même persister et continuer à écrire chaque fois que c’est possible. C’est un moyen pour moi de vous transmettre mon amour le plus profond et mes bons vœux, et cela calme la douleur aigüe que je ressens quand je pense à vous» écrit-il à ses filles.

En 1985, sous la pression internationale, le gouvernement offre de libérer MANDELA, à la condition qu’il renonce à la violence comme outil politique ; offre qu’il rejette par la voix de sa fille «Quelle liberté m’est offerte alors que ma citoyenneté sud‐africaine n’est pas respectée ? Votre liberté et la mienne sont inséparables. Je reviendrai» dit-elle au nom de son père.

En raison des luttes, de diverses négociations avec le gouvernement Sud-africain, et aussi de la fin de la Guerre froide, Nelson MANDELA, à 71 ans, est libéré le dimanche 11 février 1990, en compagnie de Winnie MANDELA, le poing levé, devant toutes les télévisions du monde. «La vérité, c’est que nous ne sommes pas encore libres ; nous avons seulement atteint la liberté d’être libres, le droit de ne pas être opprimés. Nous n’avons pas encore fait le dernier pas de notre voyage, nous n’avons fait que le premier sur une route plus longue et plus difficile. Car être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. La véritable épreuve pour notre attachement à la liberté vient de commencer» dit MANDELA. La libération de MANDELA, est «événement historique, un symbole fort, pour les peuples opprimés de la planète, des causes justes, face à toute oppression» dit Bénaouda LEBDAI.

Premier président noir d’Afrique du Sud de 1994 à 1999, le plus admiré au monde, Prix Nobel de la paix en 1992 avec Frederik DE KLERK (1936-2021), Nelson MANDELA a eu pour ambition de bâtir une nation arc-en-ciel. Il est donc le premier noir d’Afrique après 342 années de domination blanche, dont celle du sinistre, Pieter Willem BOTHA (1916-2006), surnommé le crocodile. En effet, les Blancs estimaient que l’Afrique du Sud serait un «territoire vide», les Africains étant à l’époque des nomades. «Les longues d’emprisonnement lui (Mandela) ont appris la patience, la sagesse et l’art de la diplomatie» dit Bénaouda LEBDAI. En effet, Nelson MANDELA a tenu convaincre les Noirs, les Blancs et les Indiens que le pays appartenait à tous. En dépit des violences des Noirs, de l’Inkatha de Mangosuthu BOUTHELEZI (né en 1928) et des attaques de l’ultra-raciste blanc, Eugène TERRE’BLANCHE (1941-2010) un protestant dont les ancêtres sont originaires de Nantes, Nelson MANDELA est sorti victorieux de ces affrontements, et a mené à bon port la transition démocratique. «Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse» dit-il. Nelson MANDELA a donc rassurer la minorité blanche «Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé» dit-il.

Pour John CARLIN, correspondant du quotidien britannique, «The Independant», Nelson MANDELA, plus qu’un combattant, un héros, un leader, un génie politique, est homme au-dessus des hommes. «Il n’était ni un surhomme ni un saint, ce qui rend plus admirable encore l’œuvre accomplie. Il occupe sa place au panthéon de l’histoire aux côtés d’une poignée d’hommes comme Abraham Lincoln, Gandhi et Martin Luther King» écrit John CARLIN dans «Le sourire de Mandela». Loin de la médiocrité, du fanatisme et de la lâcheté morale, MANDELA est resté généreux et sage «J’étais arrivé en Afrique du Sud après dix ans en Amérique latine, écœuré par les horreurs perpétrées contre leur propre peuple par des généraux assassins et des présidents fantoches mis en place par les grandes puissances. Mandela a complètement changé mon point de vue. Grâce à lui, j’ai quitté l’Afrique du Sud convaincu qu’en fin de compte la possibilité d’exercer le pouvoir avec noblesse et sagesse n’était pas exclue de l’horizon de l’humanité» écrit John CARLIN. En privé, MANDELA est un homme chaleureux, un mélange de désinvolture et de solennité, d’une courtoisie exquise, ayant réussi à charmer tous qu’il a rencontré. Sans triomphalisme, il pratiquait l’autodérision, afin d’éviter la révérence excessive. «En feignant de sous-estimer vos succès, vous ne faites qu’attirer l’attention sur eux» écrit John CARLIN.

En définitive, Nelson MANDELA ne s’est jamais résigné et a su puiser en lui des forces insoupçonnées pour résister et triompher. Il a créé, sous la présidence de Desmond TUTU (1931-2021), une Commission «Vérité et réconciliation». MANDELA a refusé d’humilier ses adversaires «Même quand j’étais enfant, j’ai appris à vaincre mes adversaires sans les humilier» dit-il. MANDELA a pardonné à ceux qui l’avaient privé de liberté. Il a su trouver les mots pour pacifier une nation à feu et à sang. Par son exemple, il a fait taire la violence, il a imposé à tous les conditions d’une société multiraciale vivant en paix. Il avait un sens des relations humaines et son profond respect des autres. «Leader incontestable rien n’aurait été possible sans lui et cela grâce à son intégrité, son courage allié à son charme et son pouvoir de persuasion et c’est ce qui a convaincu ses ennemis de céder le pouvoir volontairement» dit Desmond TUTU.

«Dès qu’on aborde la vie de Nelson Mandela, on est dans l’obligation de l’éloge ; on met un symbole à la place de tout un système de lutte ; il aurait pu seul vaincre l’Apartheid, mais il y a eu des gens de l’Apartheid, et dont le rôle de certains était de tuer les ennemis» dit l’écrivain Sami TCHAK. Cependant, pendant 27 ans, le régime n’a pas assassiné Nelson MANDELA ; il est sorti vivant avec la capacité de danser ; sa préservation vivant est aussi une œuvre de ses ennemis ; ils auraient le tuer, et la terre n’aurait pas tremblé, le monde entier, à l’époque, notamment les Occidentaux n’étaient pas contre l’Apartheid, les pays africains ne se souciaient pas fondamentalement de la question, notamment le Sénégal et la Côte-d’Ivoire. Les seuls pays qui se sont sentis concernés, parce que l’Histoire leur imposait, ce sont les pays des Grands lacs (La Rhodésie, Zimbabwe), proches de la domination coloniale. En Afrique, on a l’habitude des assassinats politiques (Patrice LUMUMBA). «C’est quand ils sont morts qu’on les chante» dit Sami TCHAK.

Par conséquent, il faudrait replacer le combat des Sud-africains dans cette complexité dont «Nelson MANDELA était un symbole, et pour toute lutte, on a besoin d’un symbole ; il était celui qui donnait une direction morale à un peuple, pour un combat, dans lequel la morale devait avoir ses limites. A un certain moment, il fallait passer à la violence. Nelson Mandela sort les mains propres, parce qu’il y avait aussi des gens ayant les mains dans le cambouis, parfois pleines de sang» dit Sami TCHAK. Des personnes comme Winnie MANDELA ont parlé leurs ombres, au point que quand l’histoire commence à triompher, on les juge parfois, un peu trop sévèrement. Winnie MANDELA a fini par être mise en cause, injustement, par rapport à son combat. «Ce n’est pas seulement la fin de l’Apartheid qui a fait que ce système a pris fin. Il y avait aussi l’évolution d’un monde (Fin guerre froide). A un moment donné, cette idée d’Apartheid, de moins en moins soutenue, choquait de plus en plus de personnes, notamment les Afro-américains qui venaient de sortir de la ségrégation raciale. Ils avaient pourtant lutté, pendant la Seconde guerre mondiale contre le «Grand méchante Hitler», et étaient soumis à la ségrégation même en Europe. Ils savaient ce que cela signifiait, l’Apartheid.» dit Sami TCHAK.

La fin officielle de l’Apartheid n’a pas mis fin totalement à la ségrégation raciale. Sami TCHAK raconte que sa fille de 9 ans l’accompagnant dans un lycée de jeunes filles s’écrie : «papa, nous étions les seuls Noirs». C’est encore une école réservée aux Blanches. «Je lui avais dit maintenant la question de la couleur ne se pose plus en Afrique du Sud. Je lui avais menti. Tout ce qu’on raconte, il y a parfois une part de poésie, mais la réalité est complexe ; elle est autre» dit Sami TCHAK. Quel est donc l’héritage de Nelson MANDELA ?

En Afrique du Sud, les Townships n’ont pas disparu. Le problème n’a pas été résolu «Ce n’est pas parce qu’on le souhaite qu’on le peut» dit Sami TCHAK. Le problème du vivre ensemble s’est parfois aggravé entre Afrique du Sud, notamment entre et envers les Noirs. «A un certain moment donné, la violence extrême contre des immigrés noirs qu’on tue. Des Sud-africains noirs, brulaient des immigrés noirs devant les caméras du monde entier, les arrosaient d’essence pour les brûler. Quand ils sont tués, le roi Zoulou est sorti de son palais pour encourager les assassins. On a vu une image de ces mineurs qui revendiquaient de meilleures conditions de travail, en quelques secondes on entend les coups de fusils, des policiers noirs tirant sur des mineurs noirs. Ils ont en tué 40 en quelques secondes, comme des lapins. La mine qu’ils défendaient est une mine d’une société britannique» dit Sami TCHAK. Tout se passe durant la présidence de Nelson MANDELA, cet héritage d’une grande beauté exceptionnelle, mais ses limites qu’il ne faudrait pas occulter. «Cette réalité-là, nous devrions la prendre en compte. Après ces précautions, Mandela reste un symbole d’une société qui, conscient de toutes les difficultés d’une société qui a connu le mépris et la violence, d’égaliser, de croire qu’on peut la redresser, instaurer une fraternité, par-delà les races, cet homme-là est un symbole. Avec cette race d’hommes, on espère que des éventails peuvent arrêter des ouragans. On a l’impression de voir quelques petites lumières, même si elles sont fragiles» dit Sami TCHAK.
MANDELA a gravi une colline et a contemplé en arrière ; «il a vu tout ce qui été accompli ; sa mission à lui, c’était de sortir de l’Apartheid. Quand on a gravi le sommet de cette colline, il y a encore d’autres collines à gravir. Ce sont ses successeurs qui s’attaquer à cette énorme pour arriver au sommet» dit Bénaouda LEBDAI.

Sami TCHAK signale que Nelson MANDELA n’aura fait qu’un seul mandat ; ce qui contraste avec certains régimes dynastiques et monarchiques en Afrique, notamment au Togo, au Gabon et au Tchad, le pouvoir se transmettant de père en fils. En effet, il a quitté la présidence sud-africaine au bout de cinq ans. «C’était là une déclaration de poids, un message à son pays, au continent africain et au monde entier. Et un exemple pour tous les dirigeants qui, une fois arrivés au pouvoir par la force ou par le biais d’élections, ont trop souvent tendance à miner la démocratie qu’ils sont censés promouvoir en succombant à la vanité de s’imaginer irremplaçables. Il comprenait aussi que ses talents ne résidaient pas dans la gestion au jour le jour, mais dans la consolidation symbolique de l’unité retrouvée de son pays. Son rôle serait plus celui d’un monarque unificateur que d’un administrateur de terrain» écrit John CARLIN.

III – Le centenaire de la naissance de SEMBENE Ousmane

Fils de pêcheurs, né le 1er janvier 1923 à Ziguinchor, dans le Sud du pays, en Casamance, SEMBENE aurait eu 100 ans, en cette année 2023 (voir mon article, SEMBENE, cinéaste sénégalais, Médiapart, 5 janvier 2023). Son fils, Alain SEMBENE, d’une mère marseillaise, qui n’est pas cinéaste, a replongé dans la création artistique et les archives de son père, et s’est engagé de défendre son héritage, de le faire mieux connaître. On peut donc s’attendre à une meilleure diffusion de ses films, ainsi qu’une nouvelle biographie.

Autodidacte, docker, syndicaliste, écrivain, militant syndical et politique, SEMBENE Ousmane est un pionnier du cinéma africain a fait un choix déterminant : «Il a pris le pari de la littérature et du cinéma pour pouvoir vivre et agir dans l’Afrique postcoloniale» écrit Valérie BERTY, dans sa biographie «Sembène, un homme debout». De quelque côté se tourne SEMBENE, il s’aperçoit que la création littéraire sur l’Afrique est dominée par les Européens. «Les gens d’autres cultures, surtout «nos parents» Européens, et plus particulièrement nos «cousins» français décrivent les Africains comme des insectes. Ce sont des «anthropologues» du continent africain. Ils sont légion à se pencher sur le devenir de l’Afrique et des Africains. La force de leurs médias a une influence négative sur les mentalités africaines. Cette puissance d’aliénation date de très longtemps. A mesure que les films influencent et marquent les «assimilés», la classe ouvrière et les syndicalistes font de la salle de cinéma un lieu de meeting. Les cinémas d’Afrique noire sont les fils aînés de la littérature anticolonialiste. C’est même «une école du soir» ; malgré le lourd handicap qui la frappe, son existence est héroïque. En ce début du 3ème millénaire, la nouvelle génération s’approprie de son histoire et s’affirme «libre». Le combat entre nous (Africains) et le combat contre les «donneurs de leçons» seront plus difficiles, plus durs que toutes les luttes passées», dit SEMBENE. En raison de la puissance de l’image, SEMBENE a abordé le cinéma en termes d’éducation, de formation à la conscience, une sorte de cinéma de «double contre-ethnographie» suivant Jean JONASSAINT. En effet, SEMBENE est convaincu que la meilleure façon de toucher les grandes masses, c’est outre le livre, mais c’est surtout le cinéma. En nationaliste, SEMBENE Ousmane, dans ses films, a privilégié les langues nationales notamment le Ouolof afin de mieux entrer en symbiose avec les populations sénégalaises non alphabétisées. «Un cinéaste, qu’il soit de cinéma ou de télévision, du monde de l’image en somme, se réclame d’un héritage très ancien mais toujours vivant : l’oralité. L’image rejoint l’oralité dans la mesure où elle s’adresse à une masse de gens qui, dans le tiers monde et particulièrement en Afrique, n’ont pas les moyens, ni même parfois le temps, de lire. L’image est vraiment un raccourci» dit-il. En effet, si SEMBENE préfère de loin la littérature au cinéma, mais pour lui, la littérature est un luxe pour la grande masse des Africains. Le cinéma, puissant véhicule de la tradition orale, peut-être un formidable outil de communication avec les masses.

Artiste engagé, SEMBENE estime que l’Afrique, par ses dimensions pouvant contenir l’Europe et l’Amérique et ses matières premières, n’est pas la périphérie mais le centre. Le colon est resté plus de 5 siècles en Afrique mais a refusé d’apprendre les langues du pays. En revanche lui, un polyglotte maîtrise plusieurs langues, notamment le français. La fonction essentielle de l’artiste n’est pas seulement que de divertir, mais surtout d’éduquer le peuple. «L’art est politique. Pas la politique politicienne, bien sûr, mais l’art joue un rôle en politique. Qu’est-ce que l’art, ou la culture, sinon ce dont l’homme est enveloppé, de sa naissance à sa mort, de la layette au linceul ? Ainsi, dans la tradition africaine, le cinéma est une réalité qui enveloppe l’homme tout entier» dit SEMBENE. Le cinéma devrait être, non pas folklorique, mais une écoute de soi de sa culture, de ses préoccupations pour sa dignité et son bien-être : «A l’époque coloniale, le cinéma était une distraction pour étrangers. Le monde africain, le monde noir, n’y existait qu’à travers les bananiers ou les cocotiers, à travers les personnages de bons boys, de braves domestiques. Mais depuis, les cinéastes africains posent de vrais problèmes tant bien que mal, mais ils les posent quand même. Alors les gens commencent à s’identifier lentement à leur histoire. Et le cinéma devient une réalité» dit SEMBENE. Le cinéma est une conscience qui éclaire les peuples africains «Ousmane Sembene était un militant de la liberté qui a usé de sa plume et surtout de sa caméra comme arme de combat. » En outre, c’était un homme qui avait une foi irréductible dans la vertu rédemptrice de l’art qui, de par sa nature créatrice, permettait seul à l’homme à la fois de douter de Dieu et de se rapprocher de LUI en même temps. Ainsi, pour lui, l’homme doit être responsable de son propre destin et de celui de sa société. L’homme (la femme) de culture est celui (celle) qui doit exprimer les défis et les rêves les plus intimes de ses contemporains. Il ne doit pas seulement être «engagé» mais «embarqué» dans tous combats de ses contemporains» dit Samba GADJIGO, un des biographes de SEMBENE.

Les thèmes abordés dans ses films par SEMBENE sont nombreux et riches : le rôle et la place de la femme dans la société, la dénonciation de la bourgeoisie bureaucratique corrompue et éloignée des préoccupations du peuple, le poids des traditions sociales, culturelles et religieuses entravant l’épanouissement de l’individu, et donc la vraie indépendance et le développement de l’Afrique, la quête d’une identité authentiquement africaine, les perversions sexuelles. Effet, aîné des Anciens et maître du cinéma africain, plusieurs thèmes traversent la contribution artistique de SEMBENE Ousmane. Aussi, il a dénoncé avec vigueur, mais avec lucidité, la colonisation, la cupidité et la vanité des hommes, les religions catholique et musulmane, la duperie de l’aide internationale, les inégalités sociales, l’excision, etc. Homme de son temps, il a été obsédé par les questions d’indépendance, de souverain nationale et d’unité de l’Afrique. «L’héritage de l’Afrique noire est lourd à porter. A peine avions-nous commencé à former des Etats, encore embryonnaires et imparfaits, que nous avons eu l’esclavage, la traite à laquelle certains Noirs ont, d’ailleurs, participé. Des chefs noirs ont été complices, pendant quatre ou cinq siècles, de cette monstruosité. Puis ce fut la colonisation. Peut-être ce qui nous est arrivé de pire. Les colonisateurs ont formé des cadres, mais ce n’étaient que des auxiliaires, incapables de gouverner par eux-mêmes. La présence du maître était devenue nécessaire ! Enfin, nous avons lutté pour l’indépendance. Nous ne savions pas ce que c’était. Nous ne savions même pas qui nous étions» dit SEMBENE.

SEMBENE est un cinéaste politiquement et socialement engagé pour que les consciences s’éveillent. «Comme les autres, je fais partie du monde, ma place je ne permets à personne de l’occuper, et je ne permets à personne de parler à ma place», souligne SEMBENE dans son voyage à l’intérieur de lui-même. «Le cinéma est nécessaire dans toute l’Afrique, parce que nous sommes en retard dans la connaissance de notre propre histoire», précise SEMBENE estime que le rôle de l’artiste est hautement important : «Les gens l’écoutent, attendent qu’il leur parle. Aucun créateur n’a autant de responsabilité dans l’histoire que le romancier et le cinéaste. Et là, nous retrouvons une antique tradition africaine : le griot. Tout le monde sait que le griot est cinglé : dans tous les villages, il y a le simple d’esprit qui ose dire tout haut ce que d’autres ne font que murmurer dans la solitude de leur case. On en rit, mais on reconnaît qu’après tout, il a raison, le fou» dit SEMBENE.

Symbole d’un homme de refus, jaloux de sa liberté absolue, guerrier inflexible à l’esprit caustique, SEMBENE est un adversaire résolu de la Françafrique, un anticolonialiste, son film, «Ceddo», a été interdit par Léopold Sédar SENGHOR, et son «Camp de Thiaroye» banni en France. SEMBENE dénonce, notamment dans «Xala» sans modération, tous ces régimes autoritaires et corrompus africains qui ont reproduit des comportements pires que le colonisateur. Après la décolonisation une bourgeoisie bureaucratique a pris la place des Blancs, sans se préoccuper du sort des exclus. Les Africains ont les qualités de leurs défauts. Ils n’ont jamais eu le monopole de la vertu, ni avant, ni de nos jours. Le film, «Mandat-Bi» ou le mandat est une attaque en règle contre la bourgeoisie bureaucratique, tatillonne et peu respectueuse du droit des administrés.

Dans son cinéma militant, SEMBENE Ousmane a valorisé «L’héroïsme au quotidien», notamment dans «Borom Sarret» en 1963, premier court métrage de l’Afrique occidentale indépendante. dépouillé de sa recette du jour par un griot, le cocher rentre, seul, avec son cheval, sans le sou et n’a qu’une noix de colas pour déjeuner «Le même sang coule dans mes veines, ce n’est pas parce que la vie moderne m’a réduit en esclave que je ne suis pas noble, comme mes Ancêtres» dit le cocher. Sa femme décide alors de prendre seule les choses en main. Féministe, dans «Fatou Kiné», l’Afrique reste profondément maternelle. «Notre société, la société africaine est plus féminine que masculine. Défendre la femme, protéger la femme, c’est protéger le substrat culturel d’une société comme l’Afrique. Les femmes africaines ont subi beaucoup plus les méfaits de l’esclavage, de la colonisation, du néo-colonialisme et de la mainmise des hommes, sans compter le poids des religions. Ce sont elles-mêmes qui se révoltent. Ce n’est pas qu’elles sont femmes, mais elles sont capables de nous montrer autre chose de plus paisible, de plus sociable. Le monde n’a rien d’autre que ça, la sociabilité. Aujourd’hui, nous sommes dans les villes où la seule valeur, c’est l’argent. Et ces femmes travaillent, nourrissent leurs enfants, les amènent à l’école, les soignent» dit-il.

SEMBENE, en sociologue, ne cesse de plaider pour une profonde rénovation des valeurs morales et spirituelles du Sénégal. Ainsi, «Guelwaar», en 1992, le dernier film de SEMBENE, est un pamphlet extraordinaire sur le chaos moral, religieux et administratif de l’Afrique de notre époque. En effet, «Guelwaar», catholique et grand défenseur de l’auto-détermination de l’Afrique a été éliminé parce que ses paroles dérangeaient. On s’aperçoit le matin de ses obsèques que son corps a disparu et l’éloge funèbre se fait autour d’un cercueil vide. À la suite d’une erreur administrative, c’est une puissante famille musulmane qui l’a enterré et qui ne veut rien révéler pour ne pas perdre la face. Les deux communautés religieuses vont se dresser face à face en évoquant le souvenir de ce curieux personnage qui faisait trembler les autorités en fustigeant le détournement, à grande échelle, par les gouvernants africains, des aides internationales.

Dans l’héritage de SEMBENE Ousmane, c’est au Sénégal qu’a émergé la première femme cinéaste Safi FAYE (voir mon article), et en France la Sénégauloise, Alice DIOP (voir mon article) a repris le flambeau.

IV – Les ambitions de la Guinée en matière littéraire et les petites d’or

La Guinée-Conakry, invitée d’honneur du 2ème salon littéraire à Paris, a pour ambition de devenir en Afrique, une place forte en matière littéraire. Aliou SOW, des éditions Ganndal (connaissance en Peul) était présent avec une forte délégation. De grands auteurs guinéens (KEITA Fodéba, Djibril Tamsir N’IANE, CAMARA Laye ou Ibrahima Baba KAKE) devraient mieux connus par les nouvelles générations.

Je découvre à ce salon africain, une pépite d’or, Mme Djaïli AMADOU AMAL, une écrivaine peule, née à Maroua, au Cameroun, une féministe pleine d’esprit, de réparties et de vitalité intellectuelle. Je reviendrai à ce sujet, comme sur la création littéraire de Sami TCHAK.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

I – Références sur le contrat racial de Charles MILLS

A – Les écrits de Charles Wade MILLS

MILLS (Charles, Wade), Le Contrat racial, préface de l’auteur, traduction d’Aly N’DIAYE, Montréal, Mémoire d’encrier, 2023, 204 pages ;

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B – Les critiques littéraires sur Charles Wade MILLS

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II – Références sur l’hommage aux dix ans de la mort de Nelson MANDELA

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III – Références sur le centenaire de SEMBENE Ousmane

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GADJIGO (Samba), Ousmane Sembène, une conscience africaine, préface d’Amadou-Mahtar M’Bow, Paris, Présence africaine, 2013, 252 pages ;

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N’DIAYE (Ibrahima), La création romanesque chez d’Ousmane Sembène. Etude historique et descriptive, thèse sous la direction d’Amadou LY, Université de Cheikh Anta Diop, Dakar, 2005, 345 pages, doc UCAD THL 1086 ;

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IV – Références sur les ambitions littéraires de la Guinée, invitée d’honneur

BA (Amadou, Bal), «KEITA Fodéba, artiste tragique», Médiapart, 6 février 2023 ;

BA (Amadou, Bal), «Djibril Tamsir NIANE et son Soundiata», Médiapart, 11 mars 2021 ;

BA (Amadou, Bal), «CAMARA Laye, l’enfant noir», Médiapart, 26 novembre 2022.

V – Références sur Djaïli AMADOU AMAL

AMADOU AMAL (Djaïli), Cœur du Sahel, Paris, Emmanuelle Colas, 2022, 351 pages ;

AMADOU AMAL (Djaïli), Jeunesse d’ici et d’ailleurs : (transculturelle et digitale). Refus d’assignation à résidence, thèse sous la direction d’Isabelle Da Piedad, Paris, Harmattan, 2021, 249 pages ;

AMADOU AMAL (Djaïli), Les impatientes, Paris, J’ai Lu, 2021, 283 pages ;

AMADOU AMAL (Djaïli), Munyal : Les larmes, Yaoundé (Cameroun), Proximité, 2017, 211 pages ;

AMADOU AMAL (Djaïli), Walaandé : l’art de partager son mari, Yaoundé (Cameroun), Ifriqiya, 2010, 134 pages.

Paris, le 20 mars 2023, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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