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Retard de diagnostic du cancer à cause du Covid

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La prise en charge des nouveaux malades du cancer a chuté avec la crise sanitaire. Conséquence : 1000 à 6000 décès supplémentaires de la maladie surviendront dans les années à venir, selon une étude des centres Unicancer publiée ce mardi.

« Des femmes dont la tumeur est déjà très avancée lors du diagnostic, alors qu’elle ne l’aurait pas été s’il avait eu lieu plus tôt », souffle cette patiente experte, qui a jadis combattu un cancer logé dans sa poitrine.

Présentée ce mardi, l’étude menée par Unicancer, fédération des centres dédiés à la maladie qui traitent un quart des patients en France, ne devrait pas vraiment la rassurer. Entre mars et juillet, la prise en charge de nouveaux malades a chuté de 6,8%, avec un pic à 21% en avril et mai, qui n’a pas été compensé les mois suivants. « Ce n’est pas bon, résume le professeur Jean-Yves Blay, président d’Unicancer. Pour les patients que l’on connaissait déjà, tout va bien, le suivi a eu lieu en temps et en heure. Le problème, l’inquiétude, c’est pour les nouveaux. La chute du nombre de diagnostic n’a pas été rattrapée pour l’instant. » Des chiffres qui s’alourdissent encore si on regarde l’ensemble des hôpitaux et pas seulement ceux estampillés cancérologie : -23,3% de patients cancéreux pris en charge.

«On a oublié des malades»
« C’est une catastrophe. A l’aune de la crise sanitaire, on a purement et simplement oublié des malades, qui sont finalement plus nombreux que ceux du Covid », s’alarme Catherine Cerisey.

Or, selon Jean-Yves Blay, qui s’appuie notamment sur des travaux anglais, chaque mois compte face au cancer, avec un risque relatif estimé à 1,06% par mois de retard au diagnostic et au traitement des nouveaux patients. « Concrètement, cela signifie que ce que l’on a vécu entre mars et juillet va se traduire, pour ces seuls cinq mois, par un excès de 1000 à 6000 morts du cancer dans les prochaines années », assure l’oncologue qui dirige aussi le centre Léon-Bérard, à Lyon (Rhône). Et la suite ? « Cela dépendra des études menées sur les mois d’été et la rentrée, rien ne nous dit aujourd’hui qu’au final, le bilan ne sera pas encore plus lourd », concède-t-il. L’an passé, la maladie s’est attaquée à 382 000 personnes, et en a emporté plus de 157 000.

Tous les cancers concernés
A part quelques exceptions, comme les tumeurs hématologiques, tous les cancers sont concernés par les retards : particulièrement le sein mais aussi le poumon, le côlon, les cancers dits « tête et cou ». Lui, médecin, a encore en mémoire cette jeune femme avec un petit ganglion au-dessus de la clavicule qui a préféré attendre la fin de la première vague pour consulter, et qui était en fait déjà atteinte d’un lymphome hodgkinien.

« On parle beaucoup des patients qui n’auraient pas consulté d’eux-mêmes mais il ne faut pas oublier une autre réalité : ceux qui voulaient mais n’ont pas pu! Dans beaucoup d’endroits ce printemps, y compris ceux qui n’étaient pas très impactés par le virus, les dépistages se sont arrêtés, les cabinets de radiologie en ville ont fermé », reprend Catherine Cerisey, qui assure : « Cela doit nous interroger sur la démocratie sanitaire en temps de crise, elle a reculé pendant le Covid, les patients doivent de nouveau être entendus. »

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