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 Quels adversaires pour Macky en 2019?

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La campagne électorale est lancée pour 2019. Selon les informations politiques du moment, le président voudrait un score de plus de 60%. Mais qui seront ses adversaires si la tendance actuelle se maintient avec l’emprisonnement de ses principaux rivaux. C’est la question que tout le monde et le président semble lui-même être dans un boulevard qui mène directement au palais. Mais en politique, les boulevards n’existent pas. La politique, au delà de toute science, est une question de contexte, de situation, d’opportunité et d’alliance ou de fusion instantanée dictée par le contexte. Les adversaires d’hier peuvent s’allier aujourd’hui et se séparer demain. C’est ce qui a fait tomber Diouf et Wade, c’est-à-dire des alliances, même contrenature pour combattre un adversaire commun, un adversaire circonstanciel. L’enjeu pour des hommes de détail, ce n’est ni la gloire ni la postérité, ce n’est ni l’histoire ni l’éternité, c’est juste le présent, c’est juste le ventre, les amis, la famille. Qu’importe la nation, qu’importe le peuple, qu’importent les institutions. Ils font semblant pour sauver les apparences et malheureusement c’est ce qui arrive au Sénégal.  A peu de différence prés, Senghor avait éliminé Mamadou dia, Abdou Diouf a emprisonné Abdoulaye Wade, ce dernier à emprisonné Idrissa Seck considéré alors comme son potentiel adversaire et a tenté d’en faire de même avec Macky Sall. Personne n’est surpris que Macky Sall écarte Karim Wade et va certainement en faire de même avec Khalifa Sall. « Au Sénégal, avoir une ambition présidentielle est devenue trop prisonogéne ».  Et au rythme où vont les choses, «  Macky Sall sera élu au premier tour en 2019 parce qu’il n’aura personne devant lui, personne derrière lui, personne à droite de lui, personne à gauche de lui et personne en haut de lui ». Macky Sall n’aura pas pour adversaire politique Khalifa Sall seulement mais tous ceux qui se battent pour des principes, qui veulent rester libres et emprunter les chemins de la liberté. Les gens observent et notent en silence. Personne ne croit plus en cette justice et personne, sauf peut être à l’APR, ne croit que cette cabale politique contre Khalifa relève de la justice. Mais les choses ne sont jamais acquises d’avance car chez les humains la rancune est tenace et les contentieux politiques se renforcent des contentieux sociaux. Wade n’aurait jamais pensé que l’ouragan viendrait de Fatick. Macky devrait faire très attention à Idrissa Seck car finalement aussi bien le PDS que le PS authentique et tous les autres partis risquent de le placer devant, non pas parce qu’il est le plus représentatif, mais par la pertinence qu’il inspire, par l’expérience et sa longue présence dans le sérail. Ils s’arrangeront juste pour le ramener au second tour et les logiques coalitives feront le reste, s’il reste bien entendu encore quelqu’un devant lui. Non, pour 2019 Macky n’est pas dans un boulevard qui le conduira tout droit au palais et s’il arrive que ce soit le cas il lui faudra se méfier des snippers politiques qui ont toujours une dernière cartouche à tirer. Quid des autres parmi les jeunes qui sont en politique? Sonko est un bon pari sur l’avenir, et ceux qui ont fait la psychosociologie des organisations, notamment dans la partie réservée à la notion de pouvoir et  d’analyse stratégique savent que le conflit qu’il avait avec le pouvoir vient du fait qu’il contrôlait chez l’adversaire beaucoup de zone d’incertitudes et par conséquent détenait le pouvoir sur eux en ayant toujours une longueur d’avance. Il fallait donc le retirer du système. Il peut figurer parmi ceux qui peuvent gouverner ce pays un jour et c’est même le prototype recherché car il n’a été créé par personne, il ne doit rien à personne et ne fait pas partie des illuminés de l’aube qui se découvrent du jour au lendemain un destin alors qu’ils n’ont jamais rien construit quelque chose par eux même. Le temps lui permettra de se bonifier et d’apprendre l’autre versant de la personne humaine, à savoir la traitrise, la jalousie et la haine, la trahison et les embuscades quand il s’agit de la conquête du pouvoir. A l’inverse Idrissa Seck est une personnalité à part, la seule vraie terreur de Macky après Karim Wade. Sa persévérance et son endurance peuvent lui apporter quelque chose si toute fois Karim et Khalifa sont écartés. Madické Niang peut être un candidat pour Wade et Touba et non pas pour le Sénégal. Il n’est donc pas dans la posture d’un présidentiable. En définitive si vous enlevez les aventuriers de la course, Idrissa Seck risque d’être le seul vrai candidat face à Macky et à ce titre pourrait créer la surprise. En ce qui relève de l’attitude des sénégalais face à l’injustice c’est une simple question de bon sens, la majorité d’entre nous vote et pourtant elle n’a pas de parti politique, nous fonctionnons au feeling politique, à la température ambiante de la cité et c’est pour cette raison que le contentieux social se nourrit toujours de la haine et de la rancœur accumulées par des années d’injustice, de voix de fait, d’emprisonnement à tout va. Il ne s’agit pas de compter sur un bilan car il y’a deux facteurs, objets d’examen des sénégalais : le bilan administratif, qui est toujours là car ce sont des fonctionnaires qui le réalisent que ce soit sous Senghor, sous Diouf et sous Wade, c’est la même chose ils feront des résultats parce que c’est l’administration qui fonctionne ainsi. L’autre bilan, plus médiatisé et sur lequel les sénégalais accordent plus d’importance, c’est le bilan politique et sociologique qui regroupe toutes les injustices, le patrimonialisme, le clientélisme, le népotisme et qui sont durement ressentis par les sénégalais, c’est le contentieux social. S’il ne redresse pas la barre à temps, le contentieux social risque de lui être fatal. Il y’avait un président qui voulait se représenter pour un troisième mandat. Le peuple refusa car tout le monde avait pensé que c’était une manière détournée de donner le pouvoir à son fils. Il appela des experts de France et ses derniers lui dirent ce qu’il voulait entendre. Ses opposants portèrent l’affaire devant les tribunaux et le conseil constitutionnel dit au président ce qu’il voulait entendre. Il consulta son parti et ce dernier lui dit ce qu’il voulait entendre. Il consulta son marabout et ce dernier lui dit ce qu’il voulait entendre. Il brandit ses réalisations et ses milliards et alla en campagne électorale. Au soir du 25 mars le peuple lui signifia qu’il n’était plus président. Ce n’est qu’une année plus tard qu’il découvrit ce que tout le Sénégal savait déjà. Et oui le contentieux social, la dimension humaine, la sociologie des terroirs avaient eu raison de ses réalisations. Les marxistes appellent cela « lire la réalité à partir de prismes déformés »


Aly Khoudia Diaw, sociologue
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