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Prostitution 2.0

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La maltraitance des enfants a souvent défrayé la chronique au Sénégal. Cependant, il y a une nouvelle forme d’exploitation des enfants qui n’est pas très connue du grand public, mais qui est en train de prendre une dimension inquiétante dans le pays. Il s’agit de l’exploitation sexuelle des enfants en ligne. En effet, en 2017, près de 30% de la population sénégalaise utilisait internet. On retrouvait également 2, 9 millions de nos concitoyens sur Facebook, la même année, et environ 99 habitants sur 100 avaient une téléphonie mobile. Cette connectivité élevée de la population a poussé les proxénètes à utiliser l’internet pour gérer leurs activités sur les réseaux sociaux, y repérer leurs proies et appâter les clients via des petites annonces déguisées sur Internet. Du moins, c’est ce qui sort d’un rapport de l’ONG internationale Ecpat sur la thématique : “l’échelle, l’ampleur et le contexte de l’exploitation sexuelle des enfants’’. Ce rapport, réalisé par des juristes issus de différentes ONG et des membres de l’Union africaine, dénonce le détournement des nouvelles technologies au profit d’une « prostitution 2.0 » au Sénégal. Selon ses auteurs, le pays est en train de devenir “une route dans l’exploitation sexuelle en ligne vu sa situation géographique et touristique’’. “Internet et les réseaux sociaux sont dorénavant utilisés afin de recruter des jeunes filles à Dakar pour la production de matériels d’abus sexuel et pour le racolage de clients dans le cadre de la prostitution. On a aussi découvert, à travers nos enquêtes, que le Sénégal est devenu une plateforme dans le cadre de la traite des enfants et de l’exploitation sexuelle. Les jeunes filles qui viennent des villages passent par Dakar et vont travailler comme domestiques dans les pays du Moyen-Orient, notamment aux Emirats Arabes unis et à Dubaï. La plupart des jeunes filles soumises à ces voyages ont été d’une manière ou d’une autre sexuellement abusées’’, révèle Willy Buloso, directeur Afrique d’Ecpat international. Par ailleurs, le rapport souligne que l’utilisation des technologies de l’information et de la communication a aussi redéfini les modes opératoires des acteurs de l’exploitation sexuelle des enfants, dans le cadre des voyages et du tourisme. Il est devenu courant que des intermédiaires ou des touristes agissant comme prédateurs sexuels entrent en contact avec des enfants par le biais de l’internet. Ce phénomène quirend invisible l’exploitation sexuelle des enfants est surtout présent à Dakar. Et selon, une étude commandée par Ecpat, en 2013, sur 59 filles mineures ayant eu un rapport sexuel avec un touriste, 8,5% ont rencontré leur partenaire sur internet. Outre le problème de l’abus sexuel via les réseaux sociaux, le rapport a également ressorti le mauvais traitement des travailleuses domestiques, des enfants talibés et ceux en situation de handicap. Ainsi, il montre que les filles âgées de 15 à 18 ans, issues des zones rurales défavorisées, sont contraintes de recourir à la prostitution en ville et dans les zones touristiques pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Cette forme d’exploitation est aussi présente dans les sites d’orpaillage de Kédougou où on trouve des réseaux de traite. En outre, le rapport a examiné un autre phénomène qu’on n’a pas l’habitude d’exposer dans la place publique. Il s’agit du cas des jeunes filles qui sortent avec plusieurs partenaires pour subvenir à leurs besoins. “Pour accéder à un niveau de vie supérieur, certaines filles de 13 à 18 ans participent à leur propre exploitation en pratiquant le “mbaraan’’. Cette pratique qui favorise la prolifération des maladies sexuellement transmissibles consiste à avoir plusieurs partenaires sexuels réguliers en contrepartie d’argent et de cadeaux’’, souligne-t-il. Les recommandations pour lutter contre ces fléaux Pourlutterefficacementcontrelesdifférentes formes d’exploitation des enfants, les auteurs du rapport recommandent au gouvernement de ratifierle troisièmeprotocolefacultatifàlaconventionrelativeauxdroitsdel’enfantétablissant une procédure de communication sur la protection des enfants dans les réseaux sociaux.D’adopter et de mettre enœuvrelanouvellemoutureducodede l’enfant.“Nousinvitonslegouvernement sénégalais de souscrire dans leur loi nationale, les nouvelles dispositions internationales et de l’union africaine notammentsurl’exploitationdesenfants en ligne, dans les tourismes et en voyages’’, conseilleDrWillyBuloso. Sur ce dernier point, la coordinatrice de la Cellule d’Appui à la Protection de l’Enfance (Cape), Ramatoulaye Ndao Diouf, rassure. Selon elle, le Sénégal est en train de prendre des dispositifs pour que le code de l’enfant soit adopté très rapidement. D’ailleurs, “la Cape procèdera, dans ce sens, au lancement officiel, aujourd’hui, d’un portail de signalement pour la protection des enfants en ligne’’, informe-t-elle.

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