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Passe d’armes entre Macron et Erdogan…

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Les retrouvailles entre Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan au sommet de l’OTAN, les 3 et 4 décembre, risquent d’être fraîches. Vendredi 29 novembre, le président français a été confronté à une nouvelle charge de la part de son homologue turc , qui l’a accusé d’être en «état de mort cérébrale». Une énième pique qui ne risque pas d’améliorer les relations déjà houleuses depuis plusieurs mois entre la France et la Turquie.

Reprenant les propos du président français à propos de l’Otan, Recep Tayyip Erdogan a déclaré lors d’un discours à Istanbul : «Fais d’abord examiner ta propre mort cérébrale. Ces déclarations ne siéent qu’à ceux dans ton genre qui sont en état de mort cérébrale».

Après cette attaque d’une rare violence, l’Élysée a rapidement annoncé que l’ambassadeur turc à Paris allait être convoqué au quai d’Orsay. «Ce n’est pas une déclaration, ce sont des insultes», a estimé la présidence française.

L’UNION EUROPÉENNE, SOURCE DU PROBLÈME
Cette querelle entre les deux chefs d’État ne date pas d’hier : dès le début de l’année 2018, le malaise était palpable au palais présidentiel de l’Élysée lorsqu’Emmanuel Macron avait déclaré face à son homologue turc que les «évolutions récentes» en Turquie dans le domaine des droits de l’homme excluaient toute «avancée» dans les négociations d’adhésion de ce pays à l’Union européenne. Ce sujet avait déjà été à l’origine de tensions entre Nicolas Sarkozy (2007-2012) et Recep Tayyip Erdogan en 2011, alors que ce dernier occupait le poste de Premier ministre.

Quelques mois plus tard, en novembre 2018, tandis que la disparition de Jamal Khashoggi défrayait la chronique, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian avait regretté le «jeu politique particulier» du président turc dans cette affaire, des propos jugées «inacceptables» par Ankara.

Puis, le 24 avril dernier, tandis que la France organisait pour la première fois une journée de commémoration du génocide arménien, le président turc avait vivement critiqué l’initiative de son homologue français. «Adresser un message aux 700.000 Arméniens qui vivent en France ne te sauvera pas, Monsieur Macron. Apprends d’abord à être honnête en politique, si tu ne l’es pas, tu ne pourras pas gagner», avait-il déclaré lors d’un discours devant les responsables de son parti.

DES DIVERGENCES CONCERNANT LA SYRIE
La rupture était définitivement consommée en octobre dernier, lorsqu’Emmanuel Macron a reçu la porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS) pour lui témoigner de la solidarité de la France et lui exprimer ses préoccupations quant à une possible intervention militaire turque en Syrie. Or, l’une des principales composantes des FDS n’est autre que la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), qu’Ankara voit comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), son ennemi intérieur depuis de nombreuses années.

Une offensive turque contre les YPG – qu’Ankara qualifie de «terroriste» – avait bien eu lieu le 9 octobre dernier dans le nord-est de la Syrie, ce qui avait valu à l’ambassadeur turc à Paris d’être convoqué dès le lendemain au ministère des Affaires étrangères. C’est d’ailleurs à la suite de cette intervention qu’Emmanuel Macron avait déclaré à l’hebdomadaire The Economist que cette offensive unilatérale était l’un des symptômes qui montraient que l’Otan était en «état de mort cérébrale».

Ces vives tensions interviennent une semaine seulement avant un sommet de l’Alliance à Londres. Emmanuel Macron, Recep Tayyip Erdogan, Angela Merkel et Boris Johnson doivent se rencontrer en marge de ce sommet pour parler de la Syrie.

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