‡Dans la commune de Dabaly, le maire vit au rythme de la population. Dans sa demeure à Kabacoto le râlent de luxe avec un bâtiment carrelé en vers et blanc parfaite dichotomie avec les maisons en paille ou en banco renseigne plus sur l’autorité locale. Oumar Ba premier maire de cette commune rurale dénonce la non-implication du gouvernement dans le développement de sa localité. Mais, cautionne le mariage précoce, l’exploitation des enfants talibés entre autres tabous locaux. A cœur ouvert avec le maire….
Oumar BA Vous êtes maire de la commune de Dabaly depuis 3 ans, est ce que vous pouvez revenir sur les réalisations de la commune ?
« On peut faire un bilan sommaire de toutes les réalisations de la commune, secteur par secteur. Dans le domaine de l’éducation par exemple, on est arrivé à construire des écoles dans les villages de Firgui, des salles de classes équipées. Des murs de clôtures aussi, on en a fait. Le collège d’enseignement moyen (CEM), c’est nous qui l’avons construit. La mairie a aussi fait dans la dotation en fournitures scolaires et suffisamment. Parce qu’actuellement, aucun parent, ne paie plus de cahiers pour ses enfants. Et lors des examens, on organise des olympiades et prix de l’excellence, pour primer les meilleurs et encourager les autres. Dans le domaine sanitaire, nous sommes arrivés à construire un nouveau poste de santé à Kabacoto. Avec l’infirmier chef du district de Nioro, on a pu avoir un médecin et bientôt une sage-femme sera affectée ici. Au niveau du poste communal, on a acquis une ambulance toute neuve, avec notre intercommunalité, via le maire de PaosKoto Aly MALE. On a construit des cases de santé, une à Bamba et une autre à Santhie Mamoudery qui n’est pas encore réceptionné. Également on a bénéficié un appui en médicament pour les postes et les cases de santé. On nous appuis aussi sur la sensibilisation, en ce qui concerne les relais communautaire. Sur le volet hydraulique les 22 villages que compte la commune, ont accès à l’eau. Le seul problème que l’on a. C’est que les deux villages Dabaly et Kabacoto, disposent des forages, dont l’eau est saumâtre. Ce qui pose un réel problème de consommation. Pour juguler ce mal, nous sommes en train de prendre, depuis le forage de Santhie Mamoudery, pour faire des additions.
Vous venez de lister les réalisations sans mentionner les programmes de l’Etat concernant les communes comme la vôtre. Est-ce qu’ils sont absents à Dabaly ?
Vous avez touché le point le plus sensible de cette commune. On a beau réclamé aux membres du gouvernement de nous impliquer dans des programmes comme le PUDC (Programme d’urgence de développement communal) en vain. La commune de Dabaly est totalement marginalisée. Il n’y a aucun programme disponible dans cette commune. Et pourtant nous sommes entrés en contact avec toutes les autorités qui ont en charge ce genre de programme mais, en vain. Même le directeur du PUDC, on la rencontré à l’hôtel de Kabacoto. Nous avons été jusqu’à Dakar pour rencontrer Souleymane Jules Diop, le chargé des réalisations pour ce problème-là. Aucun projet n’est encore ficelé pour la commune de Dabaly. Il y’en a pas.
La commune doit alors endurer des difficultés… ?
Nous vivons d’énormes difficultés. 22 villages, qui ne sont pas connectés dans un programme aussi important que le PUDC. Parmi ces villages, seulement deux sont électrifiés. Il n’y a qu’une seule piste qui date de 1960. C’est celle qui part de Firgui à Kaymor. Jusqu’ à présent, les femmes pilent avec des pilons. On ne pas compter plus de trois moulins fonctionnels dans les villages, actuellement. L’enclavement de la zone aussi, constitue un handicap. A la fin du mois d’aout, sortir avec une voiture et aller à la route nationale, constitue un grand problème.
Comment vous faites donc pour les évacuations en cas d’urgence ?
Concernant les évacuations. Dieu merci, on dispose d’une ambulance pour la commune. Deuxièmement, il y’a une voiture qui a été mis à la disposition du maire. Là où on devait mettre 10 ou 20 minutes, on fait 2 ou 3 heures de temps. Pour sortir un malade et l’amenait à l’hôpital, on va faire une heure de temps. C’est un trop grand risque. C’est pourquoi on remercie le bon Dieu, de disposer d’une voiture et d’une ambulance. Auparavant, jusqu’à 2015 on évacuait avec des charrettes. Certaines femmes même, accouchaient en cours de route
Est-ce qu’il y a un projet par rapport à la santé
C’est ce projet qu’on avait initié. On avait un seul poste de santé qui ne pouvait pas couvrir tous les besoins de la localité. On a initié un projet pour ériger un poste de santé. Ce qui a été réussi. C’est la case de santé de Kaba. Et encore, cette année, il y aura deux autres cases qui seront érigées en poste de santé. Donc, il y a déjà les locaux et il y aura le personnel. Ce qui pose problème, c’est les évacuations parce que pour venir à Dabaly et faire ses analyses à temps pose problème parce qu’il faut que le patient se déplace à pied ou par charrette et que les paysans, à cette heure privilégient les travaux champêtres que de s’occuper de la santé de leurs femmes ou de leurs enfants. C’est là où le bât blesse.
Et qu’en est-il de la gratuité des soins médicaux
La Couverture Maladie Universelle (CMU) est installée un peu partout. On salue la prise en charge. Elle est effective.
Et, pour ce qui concerne les bourses familiales
C’est grâce à ces bourses que, quand tu dis à une femme que Macky Sall ne travaille pas, elle ne te croit même pas. Le nombre exact de bénéficiaires, actuellement pour la commune de Dabaly, ils sont plus de 500 familles qui en bénéficient.
Pour la répartition, on vous accuse de faire de la discrimination en privilégiant les membres de votre parti…
Là, je peux vous dire que c’est le politicien qui est dépeint ainsi. Mais tel n’est pas le cas. En tant responsable locaux, nous ne faisons pas partie de l’équipe qui distribue. Dans chaque localité, il y a le chef de village, il y a l’imam, deux représentants des femmes, le représentant des jeunes, deux notables ou deux enseignants et un conseiller s’il y en a dans le village. Donc, cette répartition se fait hors des politiques. Et tout le monde est servi. Donc, c’est une étiquette qu’on colle aux politiques. Et en tant que acteur de développement, suis parvenu à être maire non par la politique mais en tant acteur de développement.
Coté éducation, Il est constaté un fort taux d’abandon qu’est ce qui explique cela ?
L’abandon c’est le grand mal de nos écoles, actuellement. Il fut des temps, si on excluait un élève, il pleurait. Mais actuellement, ce sont les élèves qui ont 12 ou 13 de moyennes, qui quittent pour aller monter dans les moto-Jakarta. A cela s’ajoute le problème des mariages précoces. Une jeune fille qui a une moyenne de 14 qu’on livre en mariage, et parfois, on colle des étiquettes aux parents, en disant qu’ils sont fautifs. C’est par méfiance. (…)
…Pourquoi cette méfiance ?
Imaginez pour quelqu’un qui as une fillette de 12 ou 13ans, qui sort à n’importe qu’elle heure. Parce que : « comme ninioukoywakhé boolèenediokhéwoutnioudiokhésènebopp » (Ndlr : quand vous ne leurs offrez pas en mariage elles s’offrent aux hommes). Les jeunes garçons c’est à l’aventure. Ils sont obnubilés par l’argent. L’année dernière, lors de l’ouverture du foyer scolaire (FOSCO). On avait dénombré 22 cas d’abandons. Et parmi ces abandons, le plus nul, avait une moyenne de 11 ».
Est-ce qu’ en tant qu’autorité, vous avez tenté quelque chose pour les retenir à l’école ?
Nous faisons de la sensibilisation, des causeries, échangeons avec les élèves, les parents les professeurs, pour leur dire voilà le danger. Éviter ceci, éviter cela. Parce que ce n’est pas un problème de fourniture, de local, de professeurs ou de maitres, qui les empêchent d’apprendre. Nous sommes suffisamment équipés de maitres, aussi bien dans l’élémentaire que dans le CEM. On a des professeurs ici, qui ne partent jamais en grève. Donc, un problème d’enseignant ne se pose pas.
Des élèves qui abandonnent après le Bfem pour un problème d’hébergement dans les localités où il y a des lycées ?
C’est une manière de dire que quand on veut tuer son chien on l’accuse de rage. Les abandons ne sont pas en totalité causés par ces problèmes. Ils abandonnent entre la sixième et la quatrième. Ceux qui sont partis au lycée n’abandonnent pas. Les abandons se font entre la sixième et la quatrième. Sur les 90 % des cas d’abandons, c’est ce qu’on constate. Rares sont des enfants qui quittent pour aller vers les lycées et qui n’ont pas un hébergement. C’est vrai que ça n’a jamais été facile surtout avec le fort taux des admissions.
On souhaiterait un lycée pour notre localité soit à Dabaly, à Kaymor ou à Kabacoto. Un lycée dans une de ces localités allégerait les choses. Mais avant tout il faut que les jeunes restent à l’école. Il faut poursuive leurs études pour qu’on puisse réclamer un lycée pour eux.
Le probleme des extraits de naissance est cruel dans la zone. Qu’est ce qui explique que nombre d’enfants abandonnent l’école pour faute de papier dans la zone ?
On parle d’un problème d’extrait de naissance des enfants alors qu’il y a ici des femmes qui ont entre deux et trois enfants qui n’ont pas d’extraits de naissances encore moins de carte nationale d’identité. Là où le bât blesse c’est quand à un moment donné l’enfant atteint la classe de Cm2 et a besoin d’extrait pour faire son examen. C’est la maman qui se présente à la recherche du sésame mais quand on lui demande une pièce, elle n’est jamais en mesure de le procurer.
Pourtant l’Etat et les collectivités locales organisent chaque année des audiences foraine. Et ne serait-ce que pour se déplacer et payer et payer les frais des papiers les parents jouent la carte de l’entêtement. A chaque fois que nous finissons ces audiences on a l’impression que tout le monde est servi mais par la suite on se rend compte que la grande majorité n’a toujours pas d’extrait de naissance
Les localités qui composent la commune ne sont pas grandes, pourquoi ne pas charger quelqu’un de répertorier les enfants à la naissance et assurer le suivi pour les actes d’état civil ?
Dans chaque localité le chef de village a un registre. Quand on annonce la naissance d’un enfant il mentionne le nom du père et de la mère. Le jour du Baptême il note le nom de l’enfant et remet aux parents un papier lui permettant de se rendre à la mairie, payer 300F Cfa et obtenir un extrait de naissance. Mais il existe des trainards qui au fil du temps finissent par oublier que leur enfant n’est pas déclaré. Il en est de même pour l’inscription. Quand on amène son enfant en CI, le directeur le prend sous réserve de l’extrait de naissance. Mais ensuite on laisse aller jusqu’en CM2 et parfois avec l’urgence, il en existe des élèves qui ne passent pas le certificat et sont contraints d’abandonner l’école. Le constat est le même au niveau des daaras qui accueillent jusqu’à 60 enfants.
Et par rapport à la modernisation de l’Etat civil… ?
Nous avons avec la directrice de l’Etat civil réussi à archiver tous nos documents concernant ce domaine. C’est vrai c’est avec beaucoup de difficultés. Nous n’avons pas d’électricité et nous sommes obligés de faire le travail en ville à Nioro.
Par rapports aux daaras la politique de modernisation est ce que vous ressentez l’impact au niveau de la commune de Dabaly ?
Non… Nous avons de gros problème de modernisation même des moulins de mil n’existe pas suffisamment ici. Même l’école française manque de modernité ici, à plus forte raison un daara. Nous avons pourtant de grand daaras qui accueillent jusqu’à 300 talibés. Mais Ici malgré cela les enfants ne mendient pas. Ils ont logés et nourris par les maitres coraniques.
Néanmoins il y a contrairement dans les villes où la mendicité est de rigueur une autre forme d’exploitation…
(Il coupe) Non (Catégorique) ici les femmes des maitres pilent le mil qui les nourris lavent leurs habits et prennent soin d’eux
On fait allusion à la main d’œuvre que ces enfants représentent en cultivant les champs des maitres coraniques…
C’est normal et ceci n’est pas une forme d’exploitation. Je ne vois pas pourquoi on verrait cela, comme tel. Les maitres coraniques n’ont aucune responsabilité en ça. Il faut plutôt voir du côté des parents qui confient leurs enfants à des marabouts sans pour autant contribuer à leurs rations. Pendant ce temps, ils cultivent leurs champs et vaquent à leur préoccupation. Le marabout qui n’a pas de métiers est obligé de les amener aux champs. L’exploitation serait donc de les orienter en ville et leurs demander d’apporter une somme chaque jour comme cela se fait dans les autres villes. Si à la fin de chaque récolte le père ou le parent offrait deux sacs de mil et un sacs d’arachides, le maitre coranique serait plus à l’aise. Mais une fois déposé, l’enfant est oublié pour cinq ans ou plus, on ne réclame rien de lui….
Qu’en est-il du foncier dans cette commune. Est-ce qu’il y’a des problèmes à ce niveau ?
Dans la commune Dabaly, il n’y a pas de problème de foncier parce qu’il n’y a personne à qui on refuse d’attribuer une terre pour son exploitation. Ici, nous avons des réserves de terres cultivables.
Certains paysans dénoncent le fait que des politiques ont vendu leurs terres à des industriels sans indemnisation.
Dieu merci, nous n’avons pas ce genre de problèmes ici à Dabaly. Il n’y a pas d’industriels ou même quelqu’un qui vient d’une autre commune à qui on a attribué des terres au détriment des habitants. Nous ne sommes pas confrontés à ce genre de problèmes. Nous sommes en famille. Si je dispose de deux hectares que je ne peux pas cultiver, je le cède à mon voisin qui n’a pas de terre à exploiter. On ne vend pas la terre, on ne la loue pas.
Pour la distribution des terres, on nous a signalé une certaine discrimination. Comment ça se passe ?
Il valait mieux augmenter les engrais que de subventionner les arachides. Les semences, s’ils font 100 tonnes il valait mieux donner les 50 tonnes, les autres 50 tonnes, on les reverse sur les engrais. Le gouvernement ne pourra jamais développer l’agriculture avec les semences non distribuées. Elles viennent tardivement. Ensuite un ménage reçoit 100 kilogrammes de semences. Actuellement, sur 100 ménages, les 80 épargnent des semences. Donc, augmenter le stock en engrais et l’amener à temps pour que l’agriculture émerge. Nous sommes entrain de recevoir actuellement l’engrais du maïs. Le maïs est tellement exigeant qu’il faut en disposer avant de le semer. Il faut fertiliser une semaine après que ça a germé. Un champ qui doit produire deux tommes et qui reste pendant vingt jours, un mois sans engrais, va perdre 1,5tonne faute d’engrais. Il y a des gens qui acceptent d’attendre mais ils sont infimes par rapport aux autres.
Par rapport au matériel agricole, certains paysans disent n’avoir pas accès aux machines. La distribution se passe comment ? Qui a droit au matériel ?
En ce qui concerne le matériel, l’Etat ne fait plus de créances. L’Etat vend. Si on affecte un tracteur à la commune de Dabaly, un tracteur se vend entre 7 et 9 millions de francs Cfa. Si moi agriculteur, je ne dispose pas de millions de francs, je ne peux pas en avoir. Le lui donner à crédit, c’est prendre des risques. La politique a tout gâché. Si je lui donne à crédit, il va se dire qu’il ne peut rien contre moi sinon je vais le sanctionner avec ma carte. Celui qui pense aux élections et ne veut pas être sanctionné, hésite à sévir. Mais les semences et les houes qu’on a distribuées cette année sont à des prix abordables. Un semoir est vendu à 58 000francs, la semence coute 275 000 et l’Etat l’a cédé à 58 000 et poussière. C’est le nombre qui a été insuffisant. Avec ce rythme, dans 10 ans, le matériel sera renouvelé à plus de 60%.
Par rapport au développement de la localité, qu’elles sont les perspectives ?
Nous avons des ambitions personnelles avec des projets rédigés et en attente d’exécution. Le programme d’urgences de développement communautaire (Pudc) nous a reçus et nous avons présenté un document à l’autorité pour le développement de notre localité. Nous avons un projet de cinq ans qui évoque les grands axes qui doivent mener à l’émergence de notre localité. Dans ce document, c’est nos difficultés, nos ambitions et perspectives qui sont répertoriés et sont entre les mains de Souleymane Jules Diop.
Comment se porte l’élevage ici et le problème du vol de bétail ?
Il en existe comme partout. Mais aujourd’hui la fréquence a démunie. C’est rare les fois où on entend parler de vol de bétail. Dans la commune l’élevage est familial est pratiqué. Il s’agit des ovins caprins et petites volailles qui ont souvent l’affaire des femmes et des bovins privilégiés par les hommes et les bergers peuls, une ethnie majoritaire dans la commune.Et pour palier au vol de bétail on a fait de sorte que chaque localité ait son numéro d’immatriculation de son bétail. Nous avons aussi instauré des comités au niveau de la commune et au niveau rural. Ces comité se cotisent pout permettre à chaque localité d’avoir du crédit téléphonique. A chaque fois qu’il y a vol quelque part on donne l’information dans tous les endroits où le bétail volé est susceptible de passer et l’alerte est donnée. Ainsi les chances de retrouver les voleurs sont augmentées. Et de Bouche à oriels les gens ont compris qu’il n’est plus facile de voler dans cette commune.
Quelles sont les perspectives de manière globale ?
Actuellement, nos priorités c’est le désenclavement. Notre priorité c’est l’électrification de nos villages. Aujourd’hui tout est informatisé. Je viens de Nioro. J’y étais pour tirer des papiers. Même pour tirer une feuille il faut aller à Nioro qui est à 22 kilomètres. On ne peut pas se développer ainsi. On ne peut pas se développer avec des femmes qui jusqu’à présent pile avec le pilon et le mortier. Aujourd’hui si on amène aux femmes des projets tel que le maraichage ou autres choses, elles ne peuvent pas travailler à 100% parce qu’il y a des travaux domestiques qui les préoccupent à 99%. Donc notre souci, c’est le désenclavement mais aussi c’est l’électrification. Elle se fait hors de ces politiques-là. Actuellement vous entrez dans un Hamo de quatre à dix ménages, vous verrez qu’ils sont tous couverts parce que là tout le monde est suivi. Sauf les gros villages qui ont un petit problème mais à 90%, ils ont suivi.
En tant qu’acteur de développement, je suis parvenu à être maire non grâce à la politique mais grâce à l’opinion.
Au niveau du conseil rural est-ce que la parité a été respectée parce que le constat ici est que les hommes prennent toutes les décisions ?
La parité est suivie à la lettre depuis l’installation du bureau et même dans les commissions. Cela se vérifie même dans les associations comme le Penc.
A combien s’élèvent les fonds qu’on vous a alloués ?
Le fond de dotation est à 17.500.000 et le fond de concours à 15 millions.
Faites-vous parti des maires qui trouvent insuffisants ces fonds de dotations ?
Absolument ! Parce que nous n’avons aucune ressource. L’état devait penser aux communes comme nous. Je déplore le fait qu’on dise que la commune de Dabaly équivaut à la commune de Nioro, qui a son marché et son », et qui reçoit un fond de dotation de 70 millions. Au moment où nous nous recevons 17million cinq cent. Mais ça c’est rendre les pauvres plus pauvres.
Qu’est-ce qui explique le retard des semences.
Ces retards sont juste causés par la mise en place, qui se fait au mois de mai. Avant de recevoir ces semences les pluies vont déjà tomber. Ensuite, il y a le décorticage et le triage, ce qui cause un retard énorme. Dans la logique, les semences et les commissions doivent etre mis en place au mois d’avril.
On a constaté que les femmes étalent leurs marchandises par terre ici, avez-vous un projet de construction d’un marché ?
Dans la commune de Dabaly nous avons deux marchés, mais le problème est que les femmes sont contre l’idée de payer la taxe (50 FCFA). Elles préfèrent vendre devant leurs portes. Donc au lieu de gaspiller l’argent sur des marchés qui ne servent à rien, il vaut mieux investir sur des salles de classes, ou sur une case de santé. Le marché de Dabaly est à sa 4ème année mais, il n’a jamais comptabilisé 100 mille FCFA de recette.
L’exode rural aussi est très fréquent malgré l’acte 3 de la décentralisation avec la naissance de nouvelles communes. Est-ce le cas à Dabaly ?
L’exode rural a pour cause le chômage. Il n’y a pas d’emploi (Il se répète). Les jeunes sont obligés de partir à l’aventure. Mais, s’il y avait ces projets-là, avec l’Anpej, si on développait dans chaque commune au moins deux périmètres maraîchers, un périmètre peut employer jusqu’à deux cents (200) jeunes, on pourrait les retenir. Donc, on ne peut pas inciter les gens à rester pour jouer au football et autres. Il faut qu’ils partent.
L’accessibilité de cette zone est également problématique, avec un seul horaire…
Actuellement, il n’y a pas de problème à ce niveau. La route a été refaite de Dakar à Keur Ayib. Ici, il y a un horaire qui quitte le matin et qui revient le soir, chaque jour. Le problème d’accessibilité, c’est entre les villages. Quitter Kabacoto pour aller à Touba Saloum, là ça devient difficile. C’est ce type de mobilité qui pose problème.
Pouvez-vous revenir sur le processus de communalisation de Dabaly. Y a-t-il eu des conflits ?
Il n’y a pas eu de conflit. (…) Avant, pour créer une commune, il faut des consultations préalables. Notamment entre le conseil existant, entre les chefs de village etc. Mais là, c’est un décret présidentiel qui a consacré la commune de Dabaly. Personne ne s’y est opposé parce que cela arrange la population qui compose cette collectivité. Avant, c’étaient cent-trente-deux (132) villages pour une seule commune, en l’occurrence celle de Paoskoto. En éclatant cette dernière en trois communes, cela a allégé certains déplacements et sacrifices. Parce que mêmes les semences que vous avez évoquées tout à l’heure, il fallait se rendre à Paoskoto. Tout se trouvait là-bas.
Voulez-vous dire qu’il n’y a pas eu de tiraillement ?
Tiraillement ? C’était un petit tiraillement sur le siège. Beaucoup avaient souhaité que le siège soit érigé au centre, dans un endroit accessible à tout le monde. Présentement, le siège se trouve à Dabaly, un peu à l’extrémité de la commune car hormis Kabacoto, il n’y a pas d’autre village faisant partie de celle-ci. Alors, s’il y avait eu consultation, le siège aurait pu se trouver à Firgui, accessible à tous.
Donc, c’est une décision de l’État…
Oui, c’est une décision de l’État. Les populations avaient bien formulé une doléance mais c’est ce qui a été retenu par les autorités étatiques. Alors, tout le monde s’y est plié.
Qu’est-ce qui fait que Kabacoto soit électrifié alors que Dabaly, qui porte le nom de la commune, ne le soit pas ?
Kabacoto a été électrifié bien avant que Dabaly n’ait été érigé en communauté rurale. C’est dans le cadre de l’ancienne communauté rurale de Paoskoto. Kabacoto et SanthiouMamounderi ont ainsi été électrifiés en même temps. Mais depuis que Dabaly a été érigé en communauté rurale puis en commune, pas un seul panneau d’électricité n’y a été installé. Notre combat, c’est donc la généralisation de l’électrification dans la commune de Dabaly.
Monsieur le maire parlons maintenant sport avec les jeunes qui dénoncent le fait de ne pas du tout recevoir leurs subvention ou tardivement ?
Il n’est pas suffisant de se présenter comme une association sportive et culturelle pour recevoir une subvention. Il faut des papiers légales justifiant le statut d’association et beaucoup d’ASC n’ont pas de récépissé. S’y ajoute que nous sommes une commune qui n’a que le minimum fiscale. Nous n’avons ni gargotière, ni marché encore moins une infrastructure pouvant générer des ressources. Même le minimum fiscal est exécuté à moins de 50%. Nous attendons souvent les fonds de dotation qui ne couvrent même pas la moitié des besoins les plus urgents.
Avez des politiques sportives pour éviter à la jeunesse de jouer les navétanes dans des terrains vagues?
Evidemment, on a même prévu ça notre budget. Il a aussi le Pudc et la recherche de partenaire. Mais la commune ne pas construire sans l’aide des pouvoirs publics, car elle n’a pas assez de fond pour ça. Il faut donc trouver un fond de concours qu’on va bloquer pour construire un stade. Et pour bloquer ce fond de concours.
Avec le transfert des compétences, quelles sont les mesures d’accompagnements prévues pour ces étudiants originaires de Kabacoto?
Chaque année, on a une subvention qui est allouée aux étudiants de la commune, quel que soient les maigres ressources de la commune. Cette année-ci la subvention était de 400 milles. Et pour réunir cette somme on a rencontré d’énormes difficultés. Puisqu’on a reçu tardivement les fonds de dotations. Il y avait même des rumeurs qui stipulaient que le maire de Dabaly a bloqué nos subventions. Et pour vous dire c’est juste (hier) que le sous-préfet a approuvé les fonds de dotations de Dabaly. De ce fait on dispose maintenant d’une autorisation pour engager ces fonds. Et pour ce qui est des fournitures scolaires j’ai engagé le marché avec le trésor. Ce qui fait qu’avant la rentrée les fournitures seront disponibles. D’ailleurs c’est ainsi que se passent les choses depuis 2014. On remet chaque année les fournitures avant l’ouverture des classes.
Cesti/Fap