DERNIERES INFOS
S'informer devient un réel plaisir

« Omar SY, un artiste engagé et talentueux» par Amadou Bal BA –

0

Omar SY est la deuxième personnalité la plus populaire de France ; il est déjà présent à l’entrée du Musée Grévin à Paris, au moment où Donald TRUMP en est éjecté. Les acteurs ont besoin de cette reconnaissance populaire pour se dépasser : «Quand ça arrive il faut assumer. Il faut assumer, on l’a un peu cherché donc oui, on ne fait pas ce métier-là par hasard. On a besoin de cette reconnaissance et de cet amour donc quand ça vient il faut le prendre» dit Omar SY. Portée par Omar SY, la série Arsène Lupin a atteint la première place du classement, non seulement en France, mais aussi dans dix autres pays du monde dont les États-Unis. «C’est le roi des casseurs, c’est le roi des tombeurs, Il est brillant comme le diamant, rapide comme le vent, le bel Omar Sy» dit-on. On attend la deuxième série, mais déjà plus de 70 millions de spectateurs. «Je me suis entretenu hier soir avec l’acteur et humoriste Omar Sy. Il est une grande fierté et je l’ai félicité pour sa brillante carrière. Je me réjouis de constater que son super film Lupin cartonne dans le monde entier» a tweeté, le président Macky SALL du Sénégal. L’image du Noir dans le cinéma français est en train de bouger, dans le bon sens, grâce à certains acteurs. Les Noirs sont présents dans le cinéma français depuis les frères Lumière (Joséphine Baker, Habib Benglia, Darling Légitimus, Robert Liensol), mais la place qui leur était assignée reflétait bien des préjugés colonialistes et esclavagistes : «Au début du XXème siècle, les Blancs en étaient encore à se demander si les Noirs étaient des humains ou non. En revanche, l’avancée est très faible quant à la place des Noirs sur la scène artistique. Pas seulement les Noirs. Aujourd’hui le monde de la culture et des arts ne représente pas du tout le pays dans sa diversité» dit Omar SY qui appelle à faire un travail sur nous-mêmes. En effet, les acteurs noirs interprètent les personnages d’un voyou, d’un domestique, d’un comique ou d’un rigolo «Clownesque ou exotique, l’image du Noir dans le cinéma des premiers temps est peu flatteuse. Georges Méliès s’est approprié la tradition de Blackface» écrit Régis DUBOIS. Depuis quelques temps, les lignes bougent, vers une citoyenneté pleine et entière, et Omar SY y a joué un rôle considérable (Isaac de Bankolé, Firmine Richard, Jacques Martial, Alex Descas, Mouss Diouf, Aïssa Maïga, Edouard Montoute, Stomy Bugsy, Eriq Ebouaney, Joeystar) : «Les préjugés dont il parle ne sont pas liés particulièrement au cinéma : je sais, moi, que je ne vais pas m’arrêter là et que je vais démonter tous ces archétypes pourris. Et puis quoi ? Je ne vais pas m’arrêter de danser parce que je suis noir uniquement pour casser les idées reçues ! Je ne vais pas m’arrêter de rire non plus ! Le cliché, ce serait de refuser ce qu’on est profondément. Moi, je me suis toujours tout autorisé. Je ne me définis pas comme un Noir, je suis beaucoup plus que ça», dit Omar SY.

En raison de sa récompense, César du meilleur acteur en 2012, dans le film «les Intouchables», Omar SY était déjà une immense star. Ce film est une version romancée de la vie de Philippe POZZO di BORGO, un homme d’affaires corse devenu tétraplégique en 1993, après un accident de parapente. Son épouse meurt quelques années plus tard, et il finit par sombrer dans une dépression après la mort de sa femme. Driss, un jeune homme d’origine sénégalaise (Omar SY) tout droit sorti de prison, comme auxiliaire de vie à domicile est engagé par cet aristocrate. Pourquoi lui ? Tout simplement parce qu’il ne regarde pas Philippe avec le même regard de pitié que les autres candidats. «Au départ, quand Eric et Olivier m’ont appris qu’Omar allait jouer Driss, j’ai jeté un coup d’œil plus attentif sur ses prestations dans le SAV . Et ça m’a plu : le spectre proposé est assez large. Mais attention, ce sont des sketchs donc pas le même boulot qu’un film comme Intouchables !» confesse François de CLUZET, initialement un peu sceptique ou sur la réserve quant au choix porté sur Omar SY. Avec 19,44 millions d’entrées «Intouchables» est le deuxième plus gros succès du Box-office en France, derrière «Bienvenue chez les Ch’tis».

Dans cette série, Omar SY s’est encore dépassé, en dépoussiérant Arsène Lupin, en l’adaptant donc à notre temps. Du même coup, Omar SY, en Gentleman cambrioleur vient de réaliser un casse du siècle, un pied de nez aux esprits étriqués ; il a volé la vedette aux autres. En effet, dans cette mise en scène : Exit le chapeau haut de forme et le monocle, l’acteur préféré des Français ne campe pas le héros inventé en 1905 par Maurice LEBLANC (1864-1941), mais Assane DIOP, un admirateur d’Arsène Lupin, ancré dans le Paris d’aujourd’hui. Fausses identités (agent d’entretien, livreur à vélo, informaticien…), tours de passe-passe, vol de bijoux. : «Je voulais commencer par un symbole fort mais montrer Paris autrement. Le mystère n’est pas de savoir comment Assane arrive à ses fins mais qui est-il, où est-il dans cette foule. À l’heure où chacun veut être célèbre, son invisibilité est son arme. Comme Arsène Lupin, il passe sans problème des bas-fonds à la haute société. Il utilise la peur, les préjugés des gens sur la pauvreté, sa couleur de peau pour se fondre dans la foule.» dit George KAY, un britannique, admirateur de Sherlock Holmes et de Tintin, et coscénariste d’Arsène Lupin. Le nouvel Arsène Lupin d’Omar SY s’inspire du gentleman cambrioleur pour tromper les riches et les puissants et venger son père, originaire de Thiès (Sénégal), mort 25 ans plus tôt après avoir été accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Omar SY est un acteur noir, qui tient le rôle principal dans Arsène Lupin, aux côtés de Nicole GARCIA et Ludivine SAGNIER : «Je ne nie pas l’importance de la chose. En même temps, on le fait juste, on n’en parle pas. Lupin, je l’ai fait pour toutes les familles, les familles noires et les familles blanches. Je n’isole et je n’exclus personne. C’est ouvert. Et c’est comme cela qu’il faut qu’on fasse, les faire en grand. Ouvrir, ne pas isoler, ni exclure. C’est avec cet élan-là que l’on va gommer les choses» dit Omar SY. En effet, magnétique et charismatique, Omar SY incarne une justice crédible avec notre époque marquée par un racisme systémique et institutionnel. Au-delà du divertissement et de l’intrigue haletante, l’enquête, un drame social, met en exergue l’impunité des forts, et le pouvoir qu’ils exercent sur les faibles, en les écrasant. Arsène Lupin, tel que l’interprète Omar SY, appelle à la justice et à la vérité sur la mort de son père qui nous rappelle ces violences policières à l’encontre des jeunes racisés.

Bien qu’il ait réussi pleinement sa vie, et a échappé à ces lieux de relégation, Omar SY sait d’où il vient ; il est resté pleinement solidaire avec les habitants de la banlieue «La banlieue, je la porte en moi. Je n’ai pas besoin de le crier sur les toits. En revanche, je suis vigilant sut le sujet. J’ai la responsabilité de ne pas tomber dans les clichés» dit-il. En effet, Omar SY, un acteur engagé, milite activement contre les violences policières et fait partie du comité de soutien, «Justice pour Adama». Omar SY a signé une pétition publiée par l’observateur «Regardons devant nous, ayons le courage de dénoncer les violences policières qui sont commises en France. Engageons-nous à y remédier. Ne soyons plus spectateurs d’un système violent, qui enterre les mémoires de ces morts dans l’oubli, qui jette systématiquement leurs noms dans la fosse aux non-lieux. Nous devons profiter de cet élan suscité par l’affaire Floyd pour refuser ce grossier clivage, qui consiste à trier, parmi nous, les méchants et les gentils. Il n’y a qu’un seul et même camp, celui de la justice. Nous aspirons tous à une police digne de notre démocratie, une police qui protège sa population, sans distinction de couleur de peau ou de provenance sociale, la même pour tous, qu’on habite dans les centres-villes ou dans les quartiers populaires» mentionne cette pétition. Résidant à Hollywood, aux Etats-Unis depuis 2012, Omar SY soutient le mouvement Black Lives Matter. «La mort d’Adama Traoré est aussi injuste et indigne que celle de George Floyd. Je me réjouis qu’on en prenne conscience aujourd’hui, je me réjouis de voir des dizaines de milliers de personnes venues de tous horizons sociaux entourer de leurs forces les proches d’Adama Traoré, ses frères, sa sœur, Assa. D’entendre les soutiens leur venir du monde entier. Pendant quatre ans, cette famille a fait preuve d’une détermination sans relâche, quotidienne, qui n’a d’égale que sa peine infinie. Pendant quatre ans, cette famille a résisté dans une trop grande solitude, face à l’injustice, face à l’inertie de l’institution judiciaire, face à l’indifférence des pouvoirs publics. Elle a vaillamment tenu bon. Mais combien d’autres familles, moins nombreuses, moins épaulées, se sont écroulées sous les coups d’une justice sourde à leurs demandes, bafouant les droits qu’elle est censée représenter ?» écrit-il dans l’appel du 4 juin 2020 relayé par «l’Observateur».

Né le 20 janvier 1978 à Trappes, dans les Yvelines, Omar Sy, volontairement ou non, est resté fidèle à son département de naissance, les Yvelines. Car de nombreuses scènes d’Arsène Lupin ont été tournées près de sa ville natale de Trappes. En fait, c’est à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy que la production a posé ses caméras. Dans les premiers épisodes, on voit plusieurs fois l’établissement en plans larges, les couloirs, les grilles et les cellules. La ville de Trappes est maintenant dirigée par un maire de souche maghrébine. Que des séparatistes ! La série Arsène Lupin parle notamment de ce déni du passé colonialiste et esclavagiste de la France, du multiculturalisme, de cette tentative permanente à vouloir à gommer les différences et établir des frontières dans une société déjà diverse et compartimentée : «La série parle des fractures, si l’on peut dire cela comme ça, ou des cloisons entre ces différents niveaux, de toutes nos différences. Et justement, une des qualités d’Assane est de réussir à naviguer au travers les unes et les autres, avec aisance. Peu de gens peuvent le faire. Dans notre société, tout est trop compartimenté, cloisonné. Ce n’est peut-être pas le bon terme, mais tout est polarisé. Et ce n’est pas peu dire sur notre société aujourd’hui » dit Omar SY. Mais Arsène Lupin est aussi un espoir que les racisés écartés des lieux de décision et de la lumière, retrouveront pleinement leur juste place dans la société : «Je n’ai pas la réponse. Mais espérons qu’avec Lupin, nous sommes en train de lancer quelque chose. Chez Netflix, il y a eu récemment la création d’un nouveau poste de responsable des programmes inclusion et de la diversité des contenus, qui va peut-être améliorer les choses. Attendons de voir ce que cela va donner. J’ai le sentiment que cela progresse. Mais, je suis d’accord, nous sommes en retard. Espérons que Lupin est annonciateur d’un changement qui va dans le bon sens» dit Omar SY.

D’origine peule, fils d’un ouvrier sénégalais, Demba SY, originaire de Bakel, arrivé en France en 1962, et d’une mère, agent d’entretien, originaire de Mauritanie, Omar SY a grandi à Trappes, dans les Yvelines, en région parisienne, une fratrie de 8 enfants. Ses parents ont mené une vie et ses stigmates : «Rétrospectivement, je me dis que mes parents devaient beaucoup jongler, lui avec son salaire d’ouvrier, elle qui faisait des ménages. Tous les gens que je connaissais vivaient comme ça, dont on ne souffrait pas (…) Il y avait toutes sortes de gens dans cette cité. Ça m’a ouvert l’esprit «Les gens de la banlieue», c’est comme ça qu’on nous appelait à Paris. Et c’était une tare, ça voulait dire les Noirs et les Arabes, bien sûr» dit Omar SY qui a usé de l’humour d’abord pour se faire accepter par les autres. Omar SY, qui réside à Hollywood avec sa femme normande, Hélène et ses cinq enfants, tout en revendiquant sa citoyenneté française, ne renie pas ses racines peules du Sénégal : «C’est un peuple qui s’occupait du bétail et qui a transhumé dans toute l’Afrique. J’en ai gardé l’amour du lait ! Et quelque chose de nomade. Je suis curieux et je vais voir partout. Entre la culture française et la culture africaine, je glane ce qui me plaît» dit Omar SY. Trappes est une ville de la banlieue parisienne conquise en juin 2020 par Ali RABEH, et dont sont natifs, notamment Jamel DEBBOUZE et Nicolas ANELKA, fortement engagés dans la lutte pour l’égalité réelle. «On parle sans cesse de la banlieue, mais les gens n’en savent pas grand-chose finalement. Je ne fais pas dans l’angélisme. Il y a du trafic, des violences. Mais il y a aussi des gens qui triment, qui font des études, qui cravachent» dit-il.

Acteur autodidacte, né en banlieue, Omar SY n’a pas suivi les cours d’art dramatiques : «On avait une petite part de la culture, on était abrité. Il pleuvait de la culture en France et nous on était à l’abri. Voilà ce qui s’est passé pour nous mais bon, ce sont les zones d’éducation prioritaires» dit Omar SY. Il suivait un baccalauréat professionnel de chauffage et climatisation, quand, en 1995, Omar SY a eu la chance de rencontrer Jamel DEBBOUZE qui lui a tendu la main, à Radio Nova, à Canal Plus et au cinéma. «S’il n’y avait pas eu Jamel Debbouze. C’est vraiment lui le départ. Je n’aurais pas fait connaissance avec ce métier, avec cette possibilité de faire rire le plus grand nombre, s’il ne m’y avait pas amené. Avec lui, je me suis rendu compte que j’en étais capable, et surtout que ça me plaisait. Je lui dois ça. Tout le reste en découle» dit Omar SY.

Aussi, dans sa filmographie, Omar SY, un acteur engagé, a pour souci naturellement de distraire, mais aussi et surtout d’éduquer. Le héros du film, «Samba», retraçant l’itinéraire en France, d’un sans-papiers, est un vibrant hommage à cette minorité invisible, travaillant dans la restauration, le bâtiment, l’industrie automobile, c’est bien «la France qui se lève tôt», toujours calomniée, taxée de «séparatiste», mais de vrais héros du quotidien. C’est également un clin d’œil à ses parents, des immigrants peuls et ouvriers en France, et à ces réfugiés mauritaniens, victimes de l’esclavage et de ces massacres de 1989. Ce film, «Samba» est aussi un vibrant hommage, à cette France républicaine, à ces associations humanitaires (Charlotte GAINSBOURG et Izïa HIGELIN, actrices humanitaires), fraternelles et infatigables dans leur remarquable élan de solidarité. Samba CISSE, ce sans-papier malien, le personnage du roman s’est battu pour venir en France, mais la France ne veut pas de lui, mais en raison de cette fraternité des associatifs : «Même derrière les barreaux, même les menottes aux poignets, il aimait la France» écrit Delphine COULIN, l’auteure du roman. Alice, l’humanitaire que joue Charlotte GAINSBOURG, est déprimée et a besoin d’un réconfort moral et tombe amoureuse de Samba CISSE (Omar SY), «J’aime l’idée de cette rencontre improbable. On se dit que ça ne marchera jamais entre eux. Et finalement, ils s’épanouissent et guérissent au contact l’un de l’autre» dit Omar SY. En effet, le film «Samba», gomme une grande partie de la dramaturgie que vivent les immigrés, des soutiens de famille ayant la nostalgie du pays, constamment la boule au ventre de se faire attraper par la Police et d’être expulsés du territoire, après un parcours au Maroc, en Espagne et en Algérie, fait de violences et de privations. Ces immigrés habitant souvent des foyers, des immeubles insalubres ou des zones de relégation que Manuel VALLS a qualifié «d’Apartheid», ont des conditions d’existence avilissantes ; la seule alternative , c’est de se cacher en permanence ou savoir bien courir. «Il s’agissait d’un sujet peut-être un peu plus grave que les précédents, mais qu’ils voulaient traiter comme ils savent le faire, en y mettant un peu de légèreté. Il ne fallait pas que ça devienne un film à charge ou une grosse comédie. Ça supposait pas mal de finesse. En plus, il y a de l’action, une histoire d’amour, un personnage féminin très développé : tout ça c’était des premières, pour eux. Mais ce film était aussi un challenge pour moi. J’interprète un personnage que je devais vraiment composer : parler avec un accent sénégalais en enlevant le sourire dans la voix. Samba a des fragilités, mais il émane quand même de lui de la force, du courage. C’est un homme grave, pas un amuseur, même s’il est parfois drôle. Bref, c’est un personnage plein de nuances» dit Omar SY.

Le cinéma divertit, mais il éduque aussi, et Omar SY découvre dans le film américain, «Twelve Years a Slave» la question de l’esclavage : «Sur l’esclavage, mais j’ai découvert en fait qu’il y a une période où au Nord ils étaient libres et pas dans le Sud, qu’il y avait ce trafic-là de Noirs libres qu’on remettait à l’état d’esclavage. Ça s’est passé et finalement je l’ai appris avec le film. C’est un truc que je ne savais pas. Donc se sont des choses comme ça où parfois le cinéma peut faire aussi ça, il instruit ou il nous présente des gens» dit Omar SY. Français natif de Trappes, avec des origines sénégalaise et mauritanienne, Omar SY, en raison de sa double culture cherche ses racines. Dans le film «Yao» (Lionel BASSE), de Philippe GODEAU, tourné au Sénégal, il est qualifié de «Bounty», Noir à l’extérieur, mais Blanc à l’intérieur. «En France, tu es l’étranger. Et quand tu retournes au pays, avec tes habitudes de vie occidentale, tu deviens Bounty. C’est une autre forme de racisme ou du moins de préjugés, qui fait que nulle part, tu ne peux te sentir chez toi» dit Omar SY. «Guelfe pour les Gibelins, mais Gibelins pour les Guelfes» suivant Marguerite YOURCENAR dans «Erasme». Dans ce film, «Yao», outre la présence des forces de l’esprit, notamment l’animisme, une religion traditionnelle de l’Afrique, Omar SY a accompli un voyage initiatique, un retour aux sources «Ce voyage-là, je l’aie fais avec mon père quand j’avais 19 ans. Tous les deux, nous avons traversé le Sénégal en voiture. J’en garde un souvenir émouvant. J’ai découvert alors mon père et mes racines. Celles de Peuls, peuple de bergers nomades. J’en suis sorti différent» dit-il. En effet, dans ce film, Seydou TALL, un peul vivant en France et originaire de Kanel, dans le Damga, vient au Sénégal, berceau de ses ancêtres, pour la première fois, pour dédicacer son livre autobiographique. Un petit garçon, de 11 ans, traverse tout le pays, pour rencontrer cet écrivain, son idole, devenu célèbre. Alors, Seydou TALL décide de raccompagner ce mineur chez lui, mais en fait c’est Yao qui le guide dans cette Odyssée.

Dans ce succès planétaire de Omar SY, on en revient, dans ce contexte d’adoption de la loi sur le séparatisme à cette question fondamentale de la promesse républicaine. Pour l’essentiel, les Français issus de l’immigration sont une véritable richesse pour ce pays. La première génération avait contribué, durant les Trente glorieuses, le père de Omar SY est arrivé en France en 1962, au relèvement de ce pays meurtri par deux guerres mondiales. De nos jours, les descendants de ces immigrants, nés ici ont du talent à revendre. En particulier, et Omar SY l’a montré, les artistes noirs encore relégués dans les caves ne demandent qu’à exprimer, pleinement, leur talent. Ainsi, Omar SY, dans sa magistrale prestation Rafael PADILLA (1868-1917), alias «Chocolat», rappelle que ce personnage aspire à n’être plus seulement un clown, mais un extraordinaire artiste. Chocolat a connu un succès éphémère, mais tragique. En effet, «Chocolat», a été le premier grand artiste noir à se produire sur la scène française à la Belle Époque. Tour à tour esclave, garçon de ferme, mineur et star du spectacle, le comédien a connu la misère puis la gloire avant de sombrer dans la pauvreté et l’anonymat. Avec son camarade de scène, ils se nourrissent des «Minstrels shows», une sorte de sketch burlesque dans lequel un clown blanc autoritaire frappe un souffre-douleur noir. Pourtant, en 1910 le duo se sépare et alors, le clown, «Chocolat» sombre dans l’alcoolisme et dans la dépression après avoir perdu sa fille, âgée de 19 ans. Il meurt dans la misère à 49 ans à Bordeaux en 1917. Omar SY, dans son rôle de «Chocolat» a réhabilité et sorti de l’oubli cet artiste noir précurseur de tous les succès de notre temps. «Nous aimons aimer. C’est ça notre pays» dit Omar SY.

Bibliographie très sélective

BOURGEOIS (Marie-France), Omar Sy, les secrets de l’acteur préféré des Français, Paris, EAN, 2015, 208 pages ;

CARRIERE (Christophe), «Omar Sy : Je ne veux pas être le Noir à la mode», L’Express, 22 février 2012 ;

COULIN (Delphine), Samba pour la France, Paris, Seuil, 2011, 312 pages ;

DEVELEY (Alice), «Le fabuleux destin du véritable clown, Chocolat», Le Figaro, 3 février 2016 ;

DUBOIS (Régis), Les Noirs dans le cinéma français. De Joséphine Baker à Omar Sy, LettMotif, 2016, 246 pages ;

KREMER (Pascale), «Omar Sy : Grâce à Jamel, j’ai compris que j’étais capable», Le Monde, 3 décembre 2016 ;

LAUREA (Tesi D), Samba pour la France. Un patriote sans-papiers. Récit de vie, d’immigration, d’amour, Universita Degli Studi Di Padova, 2015-2016, 111 pages ;

LEBLANC (Maurice), Arsène Lupin. Gentleman-cambrioleur, Paris, éditions du groupe ebooks, 1907, 264 pages ;

PEREIRA (Vincent), Omar Sy : l’inimitable, Paris, Carpentier, 2015, 157 pages ;

SY (Omar), «Interview sur Chocolat», Télérama, 3 février 2016, actualisé le 8 décembre 2020 ;

SY (Omar), «Interview», 20 minutes, 8 janvier 2021 ;

SY (Omar), «Interview», Jeune Afrique, 14 avril 2014 ;

SY (Omar), «Réveillez-vous !», appel publié par l’Observateur du 4 juin 2020.

Paris le 25 janvier 2021 par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

laissez un commentaire