MUTILATIONS GENITALES FEMININES : Ne pas oublier les victimes et migrer vers la réparation
Les mutilations génitales féminines comportent des risques sanitaires et impactent sur la santé de la reproduction chez les victimes. Aussi il faut orienter le plaidoyer dans ce contexte pour arriver à l’abandon.
L’intimité est sacrée. Les femmes excisées sont victimes d’effractions et d’infractions au niveau de leurs parties génitales. La pratique assujettie à une tradition et coutume comporte des risques. Et, c’est encore un taux de 13% dans un pays où les mutilations génitales féminines sont catégoriquement interdites par la loi. Le fardeau de la tradition pèse sur la gente féminine. Cette dernière subit toujours ces pratiques aux risques considérable coté reproduction. Pis, les jeunes filles de moins de 15ans sont touchées. La disparité varie aussi d’une région à une autre avec Matam en lice. Le taux d’excision des filles de moins de 15 ans est passé de 18% en 2013 à 13,6% en 2016. « L’espoir est permis’’. Il y a des progrès, certes, mais il y a des efforts à faire et à l’horizon 2030, il faudra y parvenir dans le cadre de l’atteinte des Objectifs du développement durable (ODD). Les volontés politiques, culturelles, traditionnelles, religieuses entre autres doivent aussi être de mise dans le cadre de lutte pour l’abandon.
Les chiffres de la dernière enquête financée par le ministère de la famille, de la femme de la famille et de l’enfance mettent la région de Matam en tête avec 53 %. Elle est suivie de Sédhiou avec 51 %, Kolda 46 %, Tambacounda 42 %, Kédougou 36 %, Ziguinchor 32 % et Saint-Louis 31 %. Les autres régions du pays enregistrent de faibles taux. Il s’agit de Dakar 8 %, Kaffrine 6 %, Fatick 2 % et Louga 2 %. Kaolack, Diourbel et Thiès ferment le peloton avec un pourcentage de 1 %. Le particularisme de la pratique de l’excision n’est pas qu’une question de localité. Il est aussi ethnique. Les Soninkés viennent en tête à hauteur de 38,7 %. Ils sont suivis de près par les Diolas avec 37,5 % et des Mandingues avec 36,25 %. Le taux est à 31,1 % chez les Pulaar et 0,5 % chez les Sérères. Les étrangers vivant au Sénégal sont concernés avec un taux estimé à 22,8 %.
RISQUES SANITAIRES
Selon l’organisation mondiale de la santé, l’intervention pendant les mutilations perpétrées sur la femme comporte des risques sanitaires. Il s’agit de risques immédiats entrainant des douleurs sanitaires. En effet, le fait de couper les terminaisons nerveuses et d’enlever du tissu génital entraîne des douleurs sévères. On procède rarement à une véritable anesthésie et, si on y a recours, elle n’est pas toujours efficace. Aussi, la période de cicatrisation est également douloureuse. Les mutilations de type III représentent une intervention plus importante, qui dure plus longtemps (15 à 20 minutes) de ce fait, les douleurs sont plus intenses et durent plus longtemps. La période de cicatrisation est plus longue et difficile.
Un état de choc peut être causé par la douleur et/ou par une hémorragie selon toujours l’organisation mondiale de la Santé (OMS). La structure notifie en outre que des saignements excessifs et des chocs septiques sont constatés. Elle ajoute qu’on peut observer des difficultés à uriner, et à aller à la selle, en raison des tuméfactions, des œdèmes et de la douleur. S’y ajoute que des infections peuvent se produire après l’utilisation d’instruments contaminés (par exemple l’utilisation des mêmes instruments pour plusieurs opérations) et également pendant la période de cicatrisation.
Professeur Serigne Magueye Gueye : « Il faut migrer vers la réparation »
Apres 30 ans de lutte il est inadmissible qu’on abandonne ceux qui sont victimes d’excision. Il faut penser à réparer le préjudice qu’elles ont subi dans leur intimité. Il s’agit selon le docteur Seynabou Ba conseillé technique au ministère de la santé et de l’action sociale d’une activité multisectorielle il faut que les personnes qui ont subi l’excision bénéficient de réparations. « La réparation qu’on leur propose sera physique mais morale et psychologique. Il faut qu’elles soient au courant, et sensibilisées sur la possibilité de retrouver leur dignité. Il y a 20 ans un seul urologue faisait bien ce travail, aujourd’hui dans les cabinets les praticiens assistent les victimes » dit-elle. Pour le professeur Serigne Magueye Gueye dans la sexualité féminine, le clitoris est l’équivalent de la verge chez l’homme. C’est d’ailleurs ce qui est sectionné pendant l’excision, aussi les préparer psychiquement et réparer leur dignité serait la bienvenue.
Professeurs Cheikh Tidiane Ndour : Attention aux risques de VIH
Le professeur Cheikh Tidiane Ndour est le chef de la division contre le Sida et les ISt. Selon lui, en plus d’être une forme de violences les mutilations génitales féminins comportent un risque de contamination du VIH. A l’en croire, la clandestinité de la pratique regorge de beaucoup de dangers. « L’infection du en grande partie par la voie sanguine, aussi, l’utilisation des mêmes instruments coupants, ou piquants sans stérilisation pourrait être un risque de transmission entre les filles. Il note toute de même que là où le sang coule, l’exposition existe et c’est pour cette raison précise qu’il faut éviter ces pratiques qui sont font de manière collective. L’organisation mondiale de la santé note aussi, les mutilations peuvent être des causes de décès par une hémorragie ou des infections, y compris le tétanos et le choc. De cet état de fait peut aussi découler des conséquences psychologiques la douleur, le choc et le recours à la force physique par les personnes qui pratiquent l’intervention sont cités comme autant de raisons pour lesquelles bon nombre de femmes décrivent les mutilations sexuelles féminines comme un traumatisme dit l’OMS. Qui ajoute qu’on peut aussi parmi les risques sanitaires, l’accolement non intentionnel des lèvres
Corser la sanction en appliquant la loi pour l’abandon
L’harmonisation des lois interdisant la pratique de l’excision et des mariages précoces est une obligation. D’ailleurs le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) milite en cette faveur. Pour ce faire, il est nécessaire de réunir les forces de tous les acteurs militants à cette cause. « Une loi est faites pour être respectée à défaut il faut que les sanctions suivent « a expliqué Me Ibrahima Diop avocat à la Cours. Selon lui, la tradition ne saurait être poids face à cette loi encore qu’il est scientifiquement démontré que l’excision est nuisible à la fille appelée à procréer, dans sa vie sexuelle et plutard sa maternité. A l’en croire il suffit de veiller à l’application de la loi pour arriver à pousser la population à un abandon définitif des mutilations génitales féminines, qui, il faut le dire sont parmi les plus graves formes de violences faites aux femmes. Pour les organisations de la société civile qui luttent contre cette pratique, il faut faciliter sa diffusion dans les langues locales et mener des formations pour renforcer les capacités pour que les populations comprennent que le mariage précoce et l’excision constituent des violations des droits humains. Il est important de parvenir à l’abandon de la pratique de l’excision et de voir les communautés se mobiliser pour manifester publiquement leur engagement. Il s’agira aussi, de renforcer l’information, la sensibilisation et la formation qui sont des éléments importants pour enrayer la pratique de l’excision. Il faut aussi une mise en avant des risques sanitaires pour un meilleur changement note-t-on.
Yandé DIOP