« Les prisons du monde entier sont surpeuplées. Ce n’est pas propre au Sénégal. J’ai visité, en tant qu’avocat, des prisons françaises et américaines. Les standards sont définis par la commission des droits de l’homme. La règle voudrait qu’une cellule n’accueille pas plus de quatre personnes. Au Sénégal, nous avions eu, à un moment, cette fameuse chambre 9 à la prison de Rebeuss. La surpopulation était uniquement notée dans certaines chambres. Depuis que la Covid-19 s’est installée, il n’y pas eu de cas de coronavirus dans les prisons. C’est assez révélateur », a indiqué, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Me Malick Sall, dans un entretien accordé à nos confrères du journal Le Soleil. Et le ministre de poursuivre : « Il y a l’aide de Dieu mais aussi l’organisation des hommes. Dès que le Chef de l’Etat a déclaré l’état d’urgence, nous avons décidé, avec l’administration pénitentiaire, d’interdire toute pénétration étrangère au milieu carcéral. Nous avons décidé de consigner les gardes pénitentiaires à leur poste. Aucun d’eux n’est rentré chez lui. Nous mettons, bien entendu, les moyens qu’il faut . Nous avons suspendu les visites des familles et interdit l’alimentation qui venait de l’extérieur. Pour ceux qui doivent être placés en mandat de dépôt, nous avons pris des mesures provisoires en tenant compte du contexte actuel. Les hommes sont placés à la prison du Cap manuel pendant 14 jours. Pour les femmes, nous avons transformé la cellule médicale de l’hôpital Le Dante et elles y restent également 14 jours.
Toujours dans le cadre de la politique de désengagement des prisons, nous avons accéléré la finition de la prison de Sébikotane qui a une capacité de 500 places. La prison de Koutal d’une capacité de 200 places est également ouverte. Donc, nous avons augmenté notre capacité d’accueil de 700 places. Il faut aussi signaler que le Président de la République a gracié 2036 personnes, plus 600 autres qui ont bénéficié de la libération conditionnelle.
« J’ai instruit les procureurs de lever la main pour les mandats de dépôt. Ainsi pour les mandats de dépôt. Ainsi, pour les personnes poursuivies dont la condamnation est de 5 à 8 mois, je leur ai demandé de les inculper mais d’éviter de les mettre sous mandat de dépôt. Le procureur de Dakar est passé de la fourchette de 40 à 20 mandats de dépôt par jour. J’ai aussi demandé que les petits délits se réglementent dans les commissariats et brigades. Que les personnes paient une amende et qu’elles rentrent chez elles. La situation est exceptionnelle et nous sommes en état d’urgence, le remplissage des prisons ne se fait plus comme avant », poursuit, le ministre de la justice.
Ainsi, dit-il, « la situation dans les prisons s’est sensiblement améliorée. On ne parle plus de surpopulation. Il y avait des problèmes de couchette. Dans la fameuse chambre 9, les détenus alternaient pour dormir. Je voudrais, d’ici un an, que dans un chambre de 10 personnes, il n’y en ait que trois et que chaque détenu ait son lit. A la nouvelle prison de Sébikotane, chaque détenu a son lit. Les chambres sont assez spacieuses. Ils ont des ventilateurs et un téléviseur. Cette démarche nous parait importante car ce sont des citoyens et nous pouvons tous nous y retrouver un jour. Une enveloppe de 100 millions de F Cfa a été dégagée depuis le début de la pandémie. Je l’ai divisée en parts égales entre la Direction de l’administration pénitentiaire et la Direction de l’éducation surveillée car les enfants retirés de la rue sont gérés par le service du ministère de la Justice ».
