Me El Hadji Diouf : » Ce pouvoir est un pouvoir de trahison et j’ai peur que Macky Sall termine comme Blaise Compaoré »
Invité de l’émission « Grand Jury » de la Rfm de ce dimanche 10 décembre 2017, le tonitruant avocat, Me El Hadji Diouf, comme à ses habitudes, s’en est ouvertement pris au président de la République, Macky Sall.
« Je suis dans une position inédite. Notre pouvoir nous a éjecté et est allé travailler avec des transhumants pour nous combattre. Je suis combattu même au sein de Benno dont je suis membre. Je suis écarté. Je ne suis pas frustré de ne pas être reconduit à l’Assemblée nationale. Je devais être au pouvoir parce que j’ai combattu depuis le 23 juin. Mais ce pouvoir est un pouvoir de trahison. J’ai peur que Macky Sall ne subisse le même sort que Blaise Compaoré. Il a créé les conditions de ne pas être réélu dès le premier tour en 2019, en se débarrassant de ses vrais alliés.
Me Diouf se constitue pour Khalifa Sall
N’étant plus député, Me Diouf annonce sa constitution pour la défense du maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. Selon lui, son dossier est un « mensonge d’État ».
« Je défendais Khalifa Sall sur les ondes. Je combats l’injustice. Macky Sall et Abdoulaye Wade le savent. Il n’y a pas de solidarité du Ps dans cette affaire. Ils ont laissé le maire en brandissant son exclusion du Ps. Khalifa Sall n’a pas détourné un sou. Il gère des centaines de milliards. De plus, l’Ige n’a jamais dit qu’il faut le poursuivre. C’est un mensonge d’État. L’inspection générale d’État (Ige) a tout simplement dit qu’il faut changer le système. Le Gie annoncé dans l’affaire n’est pas une invention de Khalifa Sall, c’est un système qu’il a trouvé et qui est laissé par ses prédécesseurs », dit l’avocat.
Me El Hadji Diouf note que lorsque Khalifa Sall est arrivé à la tête de la mairie de Dakar, il a voulu comprendre le mécanisme de gestion. « Il est étonné du système et a voulu comprendre. Mais on lui a dit que c’est comme ça. Tous vos prédécesseurs ont procédé ainsi. La coutume est source de droit comme la jurisprudence, la doctrine, le règlement. C’est ce que j’ai appris en droit. Son jugement de jeudi prochain sera renvoyé vu les appels et les autres possibilités. D’ailleurs, le juge sait que sa position ne tient pas. Cette ordonnance de renvoi est nulle », plaide l’avocat.
Esquissant les arguments qu’il compte développer lorsqu’il s’agira de soulever des exceptions de nullité de la procédure, Me Diouf déclare qu' »aucun député ne peut être arrêté, détenu, poursuivi, recherché ou jugé… ». Me Diouf pense que les droits de la défense n’ont pas été respectés. « Il n’a pas été entendu pour pouvoir choisir parmi ses collègues un défenseur. Ils sont pris dans leur propre piège. On lève son immunité parlementaire et on ne l’entend (l’auditionne) même pas », déplore Me El Hadji Diouf.
Me Diouf note que ce qui lui fait le plus mal, c’est que Macky Sall, lui qui a été sauvé d’une liquidation politique, essaie, à son tour, de liquider un adversaire politique.
« Tout le monde sait que j’ai sauvé Macky Sall lorsqu’on a voulu le liquider. Aujourd’hui, il assiste à la liquidation d’un homme politique », peste-t-il.