Le secrétaire général de l’Union Nationale des Travailleurs de la Justice (Untj), Me Atab Goudiaby, explique les raisons qui sous-tendent la naissance de cette organisation née des flancs du Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust). Dans l’entretien accordé à «L’As», il juge chaotique la gestion de Me Hadji Aya Boun Malick Diop à la tête du Sytjust. Selon lui, il a échoué. Le greffier au Tribunal de Grande Instance de Guédiawaye annonce que le syndicat qu’il dirige va faire bouger les lignes avec l’appui de la Cnts/Fc.
Le secrétaire général du Sytjust défend un bilan positif. Alors pourquoi avez-vous quitté le Sytjust pour créer l’Untj ?
Un excellent bilan ? A mon avis, les travailleurs de la justice en doutent. Parce que si son bilan était positif, il n’aurait pas besoin de déposer un préavis de grève pour demander à l’Etat de respecter ses engagements. Le dépôt du préavis de grève montre à suffisance que le bilan du Sytjust est négatif. Si le bilan était défendable, on continuerait d’y travailler. Mais s’il(Ndlr, le Sg Sytjust) met en demeure l’Etat, c’est parce que le bilan est négatif.
Concrètement, que reprochez vous au bureau du Sytjust ?
Dans une association, lorsqu’il y a une absence totale de démocratie et de reddition des comptes, alors, il y a une forte probabilité d’assister à une scission. Malheureusement, c’est ce qui est arrivé au Sytjust. Le Sytjust était un syndicat fort, mais à un certain moment, on a constaté que l’organe exécutif prenait des mesures sans consulter la base. Et ils refusaient de rendre compte à leurs mandants. Ce manque de communication a conduit à un défaut de confiance. C’est ce qui a conduit à la scission que nous avons constatée ces temps-ci. Les dirigeants du Sytjust vous reprochent d’avoir posé des actes répétitifs allant dans le sens de ternir l’image du syndicat depuis le début du premier mandat de Me Aya Boun Malick Diop.
Cela pourrait donc expliquer votre départ du Sytjust ?
Ils devraient vous donner la date de commencement de nos actes répétitifs. On a toujours suivi les mots d’ordre du Sytjust durant son premier mandat de 2014 à 2017. Je rappelle, par ailleurs, que le mandat d’un Bureau Exécutif National (BEN) est de trois ans renouvelable. Le premier mandat de Aya Boun Malick Diop et de son BEN couraient de mars 2014 à mars 2017. Mais jusqu’en mars 2018, ils n’avaient pas organisé de congrès pour renouveler les instances. C’est en ce moment, étant donné qu’il y avait rupture entre la base et le sommet, qu’on les a mis en demeure pour qu’ils organisent le congrès comme le prévoient les textes. Mais à l’époque, ils nous avaient fait comprendre qu’ils avaient d’autres agendas que d’aller organiser un congrès. Ce qui était vraiment en porte-à-faux avec les valeurs syndicales. Ils avaient refusé d’organiser le congrès en 2017.
C’était quoi leur prétexte ?
Leur prétexte, c’est qu’ils ont leur agenda. Le BEN est organe qui exécute les décisions prises lors du congrès. Donc, il ne peut pas y avoir un autre agenda contraire à celui qui a été fixé par le congrès. Ce faisant, déjà on pouvait les poursuivre pour détournement d’objectifs, mais lorsqu’on a constaté que ces gens ne voulaient pas organiser le congrès, on a initié des pétitions pour les pousser à organiser le congrès. Ils ont compris que les militants qui signent les pétitions étaient nombreux et ils ont fait venir les sages (ADG) pour jouer la médiation parce que la base était déterminée à aller vers un congrès extraordinaire comme le prévoient les textes. Nous étions déterminé parce qu’on avait fixé la date du 06 avril 2019 pour le congrès extraordinaire du Sytjust, mais nous étions toujours dans la volonté de préserver l’unité. Les sages sont intervenus et on avait sursis à ce congrès extraordinaire, pensant qu’ils étaient de bonne foi pour préserver l’unité. Nous sommes partis au renouvellement des instances de base. Nous qui avions signé les pétitions, nous étions majoritaires dans les cellules de base. Les délégués qui devraient aller au congrès pour le vote constituaient la base de ceux qui voulaient un congrès extraordinaire. C’est pourquoi ils ont saboté le congrès. Ils n’ont pas respecté les règles du vote parce que le congrès dit que pour élire un BEN, il faudra par exemple des délégués qui sont désignés par la base. Alors, ils ont refusé d’instaurer cette liste de délégués. En lieu et place, ils ont pris une autre liste. Autrement dit, tout le monde, même des invités qu’on ne pouvait pas identifier comme travailleurs de la justice avaient voté. Nous avons opposé un niet et cela a vraiment créé un tohubohu indescriptible dans la salle. Mais on était toujours animé par l’esprit de vouloir préserver l’unité. On a voulu arrêter le congrès et ils ont fait un forcing. On s’est retiré. On a l’impression d’entendre le discours de mauvais perdants Mauvais perdants ! Non ! Si les règles de jeu étaient respectées, il serait battu. Mais on a fait venir, excusez-moi de l’expression, tous les badauds de Saly à l’époque pour remplir la salle et voter. Il n’y avait même pas de listes des électeurs. Imaginez-vous aujourd’hui si ce mode de scrutin existait dans notre pays. On dit que pour l’élection de 2024, il n’y aura pas de fichier électoral.
Est ce que le président élu serait crédible ?
C’est la façon dont ce BEN a été élu. Après avoir constaté ces irrégularités, nous avions pris des huissiers pour constater et donner des sommations aux gens qui ont voté et qui n’en avaient pas le droit. On avait initié des sommations, mais encore les sages sont venus nous dissuader. Parce que le juge des référés allait annuler le procès verbal. Du coup, le congrès serait annulé. Notre scission n’est pas venue de membres du bureau, mais plutôt de la base. C’est la base qui nous a demandé de créer un nouveau syndicat.
Maintenant quel sera le combat de votre syndicat ?
Vous avez constaté que le Sytjust a déposé un préavis de grève parce que le bilan est négatif. Tout ce qu’ils appellent acquis en réalité, ce sont des promesses qui sont en l’état. Rien n’a bougé. Notre syndicat va faire bouger les lignes avec le soutien du Secrétaire général de la Cnts/Fc, Cheikh Diop. Parce que ces revendications concernent tous les travailleurs de la justice. C’est nous travailleurs qui avions mené le combat pour pousser le gouvernement à prendre des engagements. L’Etat avait commencé à exécuter ses promesses mais il s’est arrêté subitement et nous ignorons les raisons. Donc notre syndicat ira vers l’autorité pour continuer les négociations et la mise en œuvre effective de ses engagements.
L’AS