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«Lilyan KESTELOOT (1931-2018), universitaire, citoyenne de l’universel et promotrice de la Négritude», par Amadou Bal BA –

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Lilyan KESTELOOT habitait à la rue Linné à Paris 5ème et moi, à l’époque, à la rue perpendiculaire, à la rue des Boulangers, au métro Jussieu. On se rencontrait souvent au bouquiniste, qui existe toujours, jouxtant son immeuble et où habitait également Georges PEREC (1936-1982), un écrivain et verbicruciste français, un ami de François MASPERO (1931-2015, voir mon article). Une femme accessible, spontanée et très curieuse des autres, loin de mettre la distance, comme certaines personnes superficielles et hautaines, on sentait, en Lilyan KESTELOOT, cette grandeur d’esprit, ce besoin de rencontrer l’autre, d’échanger et d’entrer en lui. L’autre l’Africain est devenu une part essentielle de son histoire et de sa vie. Au-delà de cette proximité géographique, je voyais régulièrement la professeure Lilyan KESTELOOT dans différents cercles littéraires parisiens souvent en compagnie du très sympathique Henri SENGHOR ou parfois seule, notamment au Musée Dapper, 35 bis rue Paul Valéry, à Paris 16ème, maintenant fermé depuis le 17 juin 2017, au Collège de France les 17 et 18 mars 2016, avec le triomphe d’Alain MABANCKOU, aux universités de Présence Africaine à la Colonie, à Paris 10ème, un lieu magique créé par Kader ATTIAS.

J’étais sous le choc, quand j’avais, le 28 février 2018, la disparition à Paris de Lilyan KESTELOOT. La carrière universitaire et la vie de la professeure Lilyan KESTELOOT universitaire belge, passionnée de l’Afrique et de ses cultures, se confondent avec l’histoire littéraire africaine. «Le créateur est non seulement producteur de sens mais surtout producteur de connaissances. En effet, elle aura fait connaître la quasi-totalité de la production littéraire du continent noir où se mêlent écriture et oralité» écrit la revue «le Nouvelliste». L’Afrique a pu, en dépit du contact avec les autres, une civilisation qui lui est spécifique estime Lilyan KESTELOOT. «La littérature est un art, mais c’est aussi une grande famille. Pour exister pleinement, elle a besoin de trois groupes interdépendants : les créateurs, les passeurs et les lecteurs. L’entreprise de fondation de la littérature négro-africaine, celle des pionniers de la négritude, n’aurait pas connu l’éclat qui est le sien sans le concours permanent, viscéral et fraternel de Lilyan Kesteloot» écrit Abdourahman WABERI. «Paradoxalement, c’est cette Européenne ayant connu une enfance coloniale dans le Congo belge qui m’a fait comprendre ce qu’était réellement la littérature africaine : un riche héritage traditionnel en langues africaines, le talent des premiers écrivains de langue française, l’histoire du mouvement de la négritude, ainsi que le foisonnement de la production contemporaine» écrit Véronique TADJO. En effet, Jean-Pierre ORBAN a posé cette question redoutable «comment est née sa vocation africaine ?». Pourquoi une femme belge, blanche, renonçant à l’européocentrisme ambiant, s’est-elle résolument, passionnée, en pionnière, pour la littérature de la négritude, au point d’en avoir fait le sens de sa vie ?

La professeure Lilyan KESTELOOT, qui écrivait sur l’Afrique, une femme modeste, est restée particulièrement discrète sur sa vie personnelle. «Elle (Lilyan Kesteloot) a longtemps refusé mes avances. Elle se méfiait de l’intrusion dans l’intime, avait ferraillé contre les biographes d’Aimé Césaire, qu’elle avait connu de près mais dont elle ne voulait rien révéler de personnel. Seuls comptaient l’œuvre et ce que l’auteur avait voulu y mettre. Le reste, surtout porté par les médias, c’était comme fouiller dans les tiroirs, sortir le linge, pas toujours très net» écrit Jean-Pierre ORBAN. Investie pour la liberté et la dignité de l’Afrique, Lilyan KESTELOOT a été choquée par les événements tragiques de 1989 entre la Mauritanie et le Sénégal ; des tueries ont eu lieu de part et d’autre de la frontière. Lilyan KESTELOOT découvre que même au pays de la Téranga, des violences intolérables peuvent advenir «J’avais l’impression d’avoir une blessure au ventre, comme si j’avais été ouverte là, par le milieu» dit-elle à Ari GOUNONGBE. C’est ce racisme latent qui a décidé finalement Lilyan KESTELOOT, quasi dépressive, à se confier à Ari GOUNONGBE, son biographe : «Tu voulais que je parle de moi, je suis d’accord et prête maintenant, peut-être que cela me fera du bien, comme une psychanalyse» dit-elle à Ari GOUNONGBE. En effet, Lilyan KESTELOOT, en Africaine authentique, se battait pour une Afrique libre et indépendante ; mais elle sent que cette perspective est désormais lointaine : «J’ai pris conscience que le mouvement de l’histoire ascendante de l’Afrique, dans lequel je croyais mettre inscrite, va dans l’autre sens et que nous sommes en situation de désintégration sur tous les plans. Je ne verrai donc pas, ce que j’ai souhaité pour ce continent» dit-elle à Ari GOUNONGBE.

Aussi, les documents concernant sa biographie sont rares. En 2013, et sous la direction d’Abdoulaye KEITA, un hommage, sans biographie, a été rendu à l’extraordinaire contribution littéraire de Lilyan KESTELOOT, chez Karthala, sous le titre : «Au carrefour des littératures Afrique-Europe». Nous disposons bien sûr du remarquable article de Jean-Pierre ORBAN paru dans «le Point Afrique», mais aussi de la biographie de Ari GOUNONGBE éditée par l’Harmattan en 2021. Naturellement, la principale source se sont aussi les écrits de cette exceptionnelle universitaire sur la culture africaine.

Après la soutenance de sa thèse, Lilyan KESTELOOT voulait retourner en Afrique, mais sous une perspective nouvelle «Repartir en Afrique, et cette fois, dans un autre esprit, pour y faire autre chose» dit-elle à Ari GOUNONGBE. Dans une logique de réparation et de culpabilité, Lilyan KESTELOOT s’engage à fond aux côtés des Africains : «Elle ne pouvait plus dire cette fois qu’elle ne savait pas que ce continent (africain) était opprimé, que cette oppression générait des frustrations, ressentiments, colères et révoltes. Elle ne pouvait plus faire comme si un tort profond n’avait pas été causé avec cette colonisation et son lot d’aliénation, de domination. Elle voulait contribuer à ce ça change, s’engage à détruire le racisme, à faire tomber les préjugés et les barrières, à épanouir» écrit Ari GOUNONGBE.

I – La professeure, Lilyan KESTELOOT, Citoyenne de l’Universel

La professeure KESTELOOT qui vivait entre Dakar et Paris, avec une maison secondaire en Auvergne, avait séjourné notamment au Congo, au Cameroun, en RCI et au Sénégal à partir de 1971, pendant plus de 20 ans. Elle a rencontré les grands écrivains de la négritude, notamment pour la préparation de sa thèse. Professeure à la faculté de Lettres à l’université de Cheikh Anta DIOP, puis directrice de recherches à l’IFAN, au laboratoire de littératures et civilisations africaines qu’elle avait fondé, Lilyan KESTELOOT est une grande spécialiste de SENGHOR, de la tradition orale, des récits épiques et de la Négritude. La professeure KESTELOOT a formé, et appuyé pour leur promotion, de grands universitaires sénégalais, ainsi que de nombreux étudiants. Cheffe de file pour une littérature africaine audacieuse et originale, elle s’est surtout distinguée par sa générosité, l’envie de partager son immense savoir ; c’est cela qui me semble, surtout, caractériser sa grandeur et sa noblesse d’esprit.

Quand on demande au professeur KESTELOOT pourquoi elle s’est intéressée aux écrivains africains et à la littérature orale de ce continent, elle n’a pas d’autre réponse que le silence de l’évidence. Dans conditions comment comprendre que la professeure Lilyan KESTELOOT, issue d’une famille de colons belges ségrégationnistes soit devenue une sénégalaise, une citoyenne de l’universel promotrice de la Négritude, et donc des valeurs culturelles africaines, et en a fait un objectif majeur de sa vie personnelle et professionnelle ? Comment donc J’ai essayé de savoir pourquoi une Belge ayant grandi au Congo, sous la domination coloniale, avec ses parents des colons, a épousé la cause de l’Afrique au point de s’identifier à sa culture et à ses traditions.

Immense figure de la Négritude, la professeure Lilyan KESTELOOT, née le 5 février 1931 à Bruxelles, son patronyme viendrait d’une variante du flamand de Castelot ou petit château, mais elle a grandi au Congo Kinshasa, le pays de Patrice LUMUMBA. «Savais-tu que j’ai grandi au Congo ? J’ai grandi dans le ventre du Congo. Je suis une vieille congolaise, une fille de l’Equateur, des forêts» dit-elle à Ari GOUNONGBE, son biographe. Son père, un colon, était au Congo, un capitaine de navigation avec «Steamer», un bateau à roue. La jeune Lilyan était sur le pont du bateau, et les Noirs, étaient, comme au temps de l’esclavage, au fond de la cale, avec les marchandises. Lilyan n’avait pas conscience de ce système de domination et de hiérarchisation des cultures et ne remettait pas en cause ce système d’Apartheid : «Je ne savais pas que cette séparation portait un nom : la ségrégation» dit Lilyan KESTELOOT. Certes, ses parents traitaient bien leurs employés, en paternalistes, mais ils s’inscrivaient bien dans cette logique coloniale de la domination d’un peuple sur un autre, en l’exploitant. Pour ses parents, les Africains «ont d’autres mœurs, d’autres habitudes, d’autres goûts. De plus, ils n’ont pas les mêmes besoins que nous ; ils sont très heureux dans leur case». La jeune Lilyan, sans sentiment de culpabilité, ne se posait pas de question sur le système colonial : «Ma vision de mon enfance en Afrique : épatante. Oui, épatante. Je ne me posais pas de question et on ne me posait pas de problème. Les rapports avec les indigènes, comme on disait, étaient détendus. Et on avait bien sûr les préjugés des colons : on était là pour éduquer, soigner les Africains, avec une mission civilisatrice, missionnaire» dit-elle à Jean-Pierre ORBAN.

Ses parents, des colons belges, originaire d’Ostende, sont arrivés au Congo en 1928 «Son grand-père possédait une briqueterie. Un jour, il a tout lâché et s’en est allé voyager, laissant sa femme et ses deux fils. Le père de Lilyan a suivi des études de capitaine au long cours. Quand il s’est marié, il a cherché un emploi qui conciliait travail et vie de famille et s’est fait engager par la compagnie parastatale, l’Otraco, qui gérait les transports dans la colonie belge du Congo» écrit Jean-Pierre ORBAN. Conçue au Congo, Lilyan KESTELOOT est née à Bruxelles. Cependant, la jeune Lilyan est revenue vivre au Congo, avec ces parents jusqu’à ses 19 ans et repart en Belgique vers 1950. Jeune enfant, c’est sa mère qui lui apprend à lire et à écrire. «Tout, résume-t-elle. Je n’ai été à l’école qu’à 8 ans, quand je suis devenue pensionnaire pendant un an dans une institution catholique à la capitale Léopoldville» dit Lilyan KESTELOOT.

Curieusement, au départ, Lilyan KESTELOOT entame des études de droit pendant deux ans, puis s’oriente vers une carrière d’enseignante, en Lettres, à l’université catholique de Louvain, et rédige en maîtrise un mémoire sur Georges BERNANOS (1888-1948), un écrivain anticonformiste qui voulait secouer la doctrine de l’Eglise : « J’avais en moi, un profond besoin de changer le monde, mais pas de façon anarchique, peut-être réformiste ; c’est affreux, je sais pour les révolutionnaires d’être réformiste » dit-elle à Ari GOUNONGBE. Par conséquent, c’est l’anticolonialisme en gestation : «Il y avait un côté rebelle, anti-bourgeois, voire anarchiste, chez lui que j’aimais. Il crachait sur les tièdes, comme on disait. Et, sur le plan religieux, je passais par une crise et je commençais à ruer dans les brancards. Bernanos luttait contre les faux chrétiens qui affichent une religion et pratiquent le contraire, notamment sur le racisme» dit-elle à Jean-Pierre ORBAN. A Bruxelles, Lilyan KESTELOOT fréquente le Centre International de la rue Belliard, siège de l’Association des Amis de Présence Africaine. A la librairie, «Le Livre africain», elle découvre le «Cahier du retour au pays natal» d’Aimé CESAIRE. «Lilyan Kesteloot associera toujours Afrique noire et Antilles sous ce qui les réunit à ses yeux : la négritude. De ce moment-là, sans doute, elle ne poursuivra qu’une chose : décrire l’identité littéraire nègre, née en Afrique et essaimée dans les Amériques. À ce moment-là aussi resurgit le désir d’Afrique, l’envie du retour non pas au pays natal, mais au continent où elle a été conçue et formée» dit Jean-Pierre ORBAN. Mariée à 23 ans, à Marc LAGNEAU, un philosophe de formation le couple fréquentait, en Belgique, des cercles d’intellectuels favorables à l’indépendance de l’Afrique. Son premier mari était irascible, possessif et d’une jalousie maladive ; ils se sont donc séparés. Ils avaient eu un fils, Georges, disparu en été 1996. C’est Marc LAGNEAU qui a vraiment fait son éducation intellectuelle et lui recommande de faire une thèse sur la littérature négro-africaine. «Il n’y a pas de littérature africaine !» dira le professeur Joseph HANSE (1902-1992), grammairien. Aussi, Lilyan KESTELOOT se rend à Paris et rencontre Georges BALLANDIER (1920-2016) ethnologue et sociologue, qui l’aide à bien cadrer son questionnaire aux intellectuels et écrivains africains en France. «Nous sommes des Noirs et nous voulons avoir aussi notre place dans les trains que vous exaltez, le train de la liberté, le train de l’égalité, le train de la fraternité» tel est le slogan du congrès des écrivains et artistes noirs, organisé par Alioune DIOP, de Présence africaine, à Rome du 26 mars au 1er avril 1959. Lilyan KESTELOOT soutiendra sa thèse, «les auteurs noirs de langue française» en 1961 et sera publiée en 1963 sous le titre «Les écrivains noirs de langue française : naissance d’une littérature».
Par conséquent en fréquentant les dirigeants de la revue Esprit et de Présence africaine, une mutation idéologique profonde se produit en Lilyan KESTELOOT ; elle devient la plus ardente défenseuse de la cause africaine : «Après la Guerre, toute ma génération a pris conscience de certaines choses, entre autres, la notion de responsabilité collective et celle de l’illégitimité radicale de l’impérialisme occidental» dit-elle.
Enseignante au Cameroun, elle s’y remariera, après plusieurs années de vie commune, à Siméon FONGANG (1964-2000) ; le couple aura un fils, Frantz qui lui donnera une petite-fille, Louisiana et un petit-fils, Raphaël.
Lilyan KESTELLOT travaillera au Mali, à Madagascar et en Côte-d’Ivoire, où un ambassadeur français l’a faite licencier, la considérant comme subversive ou communiste, parce qu’elle enseignait la Négritude. La dernière étape sera le Sénégal, où Lilyan KESTELOOT est nommée d’abord par le président SENGHOR en qualité de conseillère du Ministère de la culture. Femme chercheuse indépendante, «elle a fait pour se soustraire à cette obligation. Elle ne s’y sentait pas bien, pas libre, pas autonome ; quelque peu aliénée. La servilité, le «larbinisme», ce n’est pas pour elle» écrit Ari GOUNONGBE. Lilyan KESTELOOT réussit à convaincre le président SENGHOR que sa place à l’université de Dakar où elle s’imposera comme la pionnière des études africaines. Par conséquent, Lilyan KESTELOOT a pris le chemin inverse de ces «Pieds-noirs» et Harkis, ces ressortissants français ou Algériens ayant choisi le camp français ; chassés d’Algérie en 1962, une partie d’entre eux ont provoqué un profond ressentiment à l’encontre des racisés. Jean-Marie LE PEN, l’OAS, les bombes et la torture sont le socle de l’idéologie raciste du Front national devenu rassemblement national, avec maintenant ses 89 députés à l’assemblée nationale française. En revanche, la Belgique vient de restituer les restes du corps de Patrice LUMUMBA (1925-1961, voir mon article) à sa famille et présenté ses excuses au peuple congolais. En revanche en France en 2021, le bicentenaire de la mort de Napoléon, celui avait rétabli l’esclavage en 1802, a été célébré en grandes pompes et la statue de Jean-Baptiste COLBERT et son Code noir, que Napoléon avait fait installer devant l’assemblée nationale, nous nargue toujours. Naturellement, les études africaines sont presque absentes des universités françaises. Bien des universitaires français issus de l’immigration se font d’abord recruter dans les universités américaines pour pouvoir par la suite être reconnus en France. En effet, Alain MABANCKOU avait triomphé en 2016 au Collège de France devant Lilyan KESTELOOT et Henri SENGHOR ; le grand auditorium, plein à craquer rejetait du monde (voir mon article Alain MABANCKOU triomphe au Collège de France sur Médiapart et Ferloo).

Femme libre et indépendante, Lilyan KESTELOOT finira par s’investir, toute sa vie, pour «l’Afrique, son indépendance, son émancipation. Une Afrique libre, forte, digne, organisée, cela son idéologie. Elle a cru à son avènement intellectuel, à sa restauration» écrit Ari GOUNONGBE, dans «Lilyan KESTELOOT, femme au cœur de la négritude». En effet, Lilyan KESTELOOT est conquise par la Mère-Afrique, «J’en avais fait un mythe, j’ai marché dans leurs mythes, j’ai vraiment fait partie de ce groupe de la Négritude de façon intime. J’ai été colonisée à mon tour ou alors était-ce aussi le geste de l’Amour» dit Lilyan KESTELOOT. En effet, elle estime que les nouveaux écrivains ont démissionné dans ce combat pour l’Afrique ; ils se sont désengagés, ne délivrent plus de messages d’espérance et ne parlent que pour leur promotion personnelle, et le reste «ils s’en foutent» dit-elle.

C’est Léopold Sédar SENGHOR qui a suggéré à Mme KESTELOOT de venir au Sénégal. Dans sa contribution littéraire, le professeur KESTELOOT s’est faite l’avocate passionnée de la Négritude dont les deux figures de proue sont Aimé CESAIRE et Léopold Sédar SENGHOR. En effet, le mouvement de la Négritude a mobilisé les intellectuels noirs d’Afrique et d’Amérique entre 1932 et 1960, pour protester contre le racisme, la ségrégation et la colonisation. Le pont sur l’Atlantique fut alors virtuellement réalisé, reliant l’Afrique à ses diasporas de l’autre rive, dans la prise de conscience de leur destin par les intellectuels noirs de toute provenance. Mme KESTELOOT a saisi l’occasion de cette ambiance culturelle pour rencontrer les plus grands écrivains noirs, notamment aux congrès de Paris en 1956 et à Rome. «La négritude n’aurait pas connu un tel éclat, sans Lilyan KESTELOOT» écrit Abdourahman WABERI, dans le journal Le Monde daté du 2 mars 2018.

II – Lilyan KESTELOOT, Promotrice de la Négritude

Une bibliographie de Lilyan KESTELOOT c’est surtout et avant tout, ses écrits sur la Négritude. En effet, la solidarité de Lilyan KESTELOOT, au-delà de sa vie personnelle, s’exprime avant tout à travers sa contribution littéraire, marquant ainsi son affection et sa grande estime pour l’Afrique et ses diasporas. «J’ai toujours été fascinée par ceux qui font le choix de l’Afrique, consciemment et pour la vie. Des hommes, des femmes qui se sont écartés de leur destin tracé d’avance pour s’aventurer sur une terre étrangère afin d’en épouser les causes, les aspirations, les joies et les défaites. Dans le cas de Lilyan Kesteloot, c’était sans doute parce qu’elle avait un sens profond du métissage et de l’interdépendance entre les cultures du monde entier» écrit Véronique TADJO.

Je découvre que la professeure Lilyan KESTELOOT est passionnée de la culture peule. Un jour, elle me dit qu’est-ce que cela veut dire «le Tyamaaba», ce crocodile mythique ? En effet, la professeure Lilyan KESTELOOT avait bien une connaissance très approfondie des mythes, les contes et les grandes épopées. Son livre «Kaïdara», un conte initiatique transcrit du peul et adapté en français avec Ahmadou Hampaté BA (1901-1990, voir mon article), est resté un grand classique. En fait, il y avait une grande proximité entre Amadou Hampâté BA, un africaniste sans concession, mais qui avait de nombreux amis occidentaux, donc un homme ouvert aux autres, tolérant. En effet, et même au Mali, Amadou BA, un Peul, vivait en symbiose avec la Bambara, les Dogon et les Sonraï. «Il nous appris qu’on peut être infiniment ouvert et disponible, tout en restant soi-même. Il résista d’autant mieux à la fascination de l’Occident qu’il le connaissait bien. Il fit ce que lui conseilla son père, il prit le bon et laissa le reste. Ses propres valeurs demeurèrent prioritaires. Il ne douta point de sa culture, ni de sa religion, mais il avait acquis, pour juger les hommes, cette philosophie souriante, sceptique et impartiale, qui lui permit, en toute circonstance, de garder la mesure et l’équité» écrit Lilyan KESTELOOT. J’ai envie de rajouter que ce sont là les vraies valeurs de «Neddo Ko Bandoum» ou la piété filiale des Peuls.

Dans «Soundiata l’enfant-lion», Lilyan KESTELOOT spécialiste de l’oralité africaine, a chanté les louanges des griots africains : «Ils ne savent pas lire, mais ils ont une excellente mémoire, et ils retiennent tout : les noms des rois, leur généalogie, les guerres et les héros, les lieux où ils combattirent, les villes conquises, les butins et les partages ; et puis aussi les fêtes, les mariages, les deuils et les héritages. Les griots sont des livres vivants» écrit-elle. En effet, la civilisation orale africaine transmise de génération en génération lors des veillées familiales ou les griots «n’a toujours cessé d’exister, même pendant la colonisation, d’animer les cours des chefferies, ni de proliférer avec une liberté et une virulence échappant au contrôle des étrangers ignorant d’habitude les langues indigènes» écrit Lilyan et dans son «Anthologie négro-africaine». Cependant, dans sa démarche, Lilyan KESTELOOT fait appel aussi aux écrits en arabe et dans les langues africaines (Swahili, Peul, Yoruba, Ouolof, Sotho, etc.) : «On désigne habituellement sous le nom de littérature négro-africaine ou africaine les oeuvres écrites en français, en anglais, en portugais par les Africains noirs. Il convient d’y englober les auteurs antillais et noirs américains entre les années 1920 et 1960, car le mouvement de la négritude a réuni les Noirs, ceux du continent comme ceux de la diaspora, dans un même effort de redressement de la race pour la conquête de sa liberté» écrit-elle en 2014, dans son «Précis de littérature africaine et antillaise».

Cependant, la littérature orale a ses limites «Si on ne lui (le griot) demande pas d’analyser ni de critiquer, on lui demande par contre une mémoire sans d6faut ; et de raconter intégralement ce qu’il est chargé de transmettre» écrit Lilyan KESTELOOT. Le griot a pour fonction de frapper l’imagination en racontant une histoire ; il s’agit de plaire et de rendre mythique l’Histoire «son but est esthétique ; ses qualités ne seront pas la pr6cision ni l’exactitude, mais le beau langage» dit-elle. Cependant, des valeurs africaines et universelles sous-tendent ces histoires : le courage, l’honneur, la dignité, l’orgueil, l’intelligence, la réprobation de l’injustice et la subtilité.

«La colonisation fonde sa légitimité sur une absence de culture et d’histoire des colonisés. La politique d’assimilation prétend y remédier en inculquant à ces populations «notre culture» et «notre histoire». Ce que réalise l’école coloniale qui enseigne dans toute l’Afrique la seule histoire de l’Europe, celle de «nos ancêtres les Gaulois» écrit Lilyan KESTELOOT en 2012, dans «la littérature négro-africaine face à l’histoire». Par conséquent, Lilyan KESTELOOT recommande aux écrivains d’éviter tout repli national trop étriqué, d’avoir une démarche panafricaniste. Certains même vont plus loin, le rôle de l’écrivain aurait changé, et ne devrait plus se réclamer no de la négritude ni même de l’africanité ; un auteur devrait se positionner comme «écrivain à part entière», sans détermination de couleur, d’histoire ou de continent. Il appartiendrait à une «Littérature-monde». Il est normal que les écrivains de notre temps, n’aient pas les mêmes angles d’attaques que ceux de la Négritude. Cependant, «C’est une littérature de refus de révolte qui poursuit. Les nouveaux auteurs sont témoins de leur temps, de leurs congénères, de leurs misères ; comme eux enfin, ils essaient par l’écriture, d’exorciser un destin insupportable » écrit Lilyan KESTELOOT dans «l’écrivain africain aujourd’hui». En effet, comme le dit TCHIKAYA U Tam’si (1931-1988) : «Je suis nègre, cela prend le sens d’une déception. Tant pis pour le faible, le pauvre, l’étranger, le Noir… il est dur de vivre à côté des Blancs et de leur assurance, il faut avoir les nerfs bien accrochés pour ne pas sombrer, une force surhumaine qu’on n’a pas, de supporter le poids de nos conditions, de notre être qu’ils ont dépecé» écrit-il.

Lilyan KESTELOOT a posé les termes du débat dans son «Anthologie négro-africaine» dont l’ambition est de présenter l’ensemble des œuvres littéraires orales et écrites exprimant la vision du monde de l’Afrique et ses diasporas. L’Afrique n’est pas qu’une référence géographique, elle est avant tout une référence culturelle majeure. Cette dimension culturelle intègre les chants, les danses, les masques, les proses, les poèmes et le théâtre ; bref toute œuvre de l’esprit dans laquelle se manifeste le génie africain.

Lilyan KESTELOOT fait état aussi de la littérature négro-africaine écrite moderne dans sa manifestation d’une culture ; c’est-à-dire au moment où «les Noirs ont exprimé leur propre culture et non plus celle de leurs maîtres Occidentaux. Or, cette désaliénation de l’expression littéraire n’a pu se faire, chez les Noirs, qu’à lumière d’une prise de conscience douloureuse de leur situation socio-politique», écrit Lilyan KESTELOOT. Par conséquent, la littérature noire s’est construite dans le déchirement et le combat pour la dignité et la liberté. La Négritude porte les stigmates de cette orientation littéraire et devient, pour les Noirs, une «manière de vivre, de voir, de comprendre, d’agir sur l’univers qui les entoure ; leur façon bien à eux, de penser, de s’exprimer, de parler, de sculpter, de raconter des histoires, de faire de la musique comme de faire de la politique ; bref, une authenticité retrouvée» écrit Lilyan KESTELOOT.

Dans ce panorama de la littérature négro-africaine de 1918 à 1981, bien que «l’Afrique-Mère», soit le berceau et la source de cette civilisation, Lilyan KESTELOOT a eu le génie de montrer ce mouvement de va-et-vient entre l’Afrique et ses diasporas des Amériques, des Antilles et de l’Europe. En effet, Lilyan KESTELOOT brosse avant tout l’histoire littéraire venant du «vent de l’Amérique noire», le combat de ces grands intellectuels afro-américains, des anciens esclaves qui n’ont pas oublié leurs racines américaines, WEB du BOIS avec ses «âmes du peuple noir» le mouvement de «Harlem Renaissance» (Langston HUGHES, Claude McKAY ou Countee CULLEN) ainsi que l’école Haïtienne notamment avec Jacques ROUMAIN.

Lily KESTELOOT finira présenter les tenants de la Négritude originelle que sont Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001) et Aimé CESAIRE (1913-2008). «La négritude est la simple reconnaissance du fait d’être Noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture» écrit en 1939, Aimé CESAIRE dans le «Cahier d’un retour au pays natal». A la Négritude, Lilyan KESTELOOT y associera un grand oublié de l’Histoire, le poète guyanais Léon-Gontran DAMAS (1912-1978) : «Nous n’avons pas besoin d’être trois pères pour créer un mot. Il n’est pas nécessaire de conjuguer l’effort de trois Nègres pour lui donner jour» dira Léon-Gontran DAMAS. Cette Anthologie couvre les différentes aires géographiques et historiques aussi l’Afrique francophone qu’anglophone, avant et après les indépendances. En particulier, Lilyan KESTELOOT fait de «l’aventure ambiguë» du sénégalais Cheikh Hamidou KANE, un roman de 1961 exposant un conflit de valeurs. Le héros du roman, Samba DIALLO, un aristocrate peul du Fouta-Toro, musulman et inscrit à l’école coranique ou «le foyer ardent», doit-il aussi aller à l’aube des indépendances à l’école française ? L’école française apprend «à vaincre sans avoir raison» mais elle fait aussi des élites africaines des déracinés et des décérébrés. Pour Cheikh Hamidou KANE, à travers son «aventure ambiguë», ce n’est pas une question de «races» mais de différences culturelles. Dans la Négritude, l’Africain doit faire une bonne synthèse entre le cultures occidentale et africaine, ou bien il périra. Il faudrait donc prendre les bonnes choses de chaque côté. Le choix que «la Grande Royale», dans «L’Aventure ambiguë», fait pour son peuple, est celui d’une formation dont l’objectif majeur est d’aguerrir les jeunes dans la quête du savoir, en vue de leur réussite dans la vie.

Lilyan KESTELOOT a consacré une biographie à Aimé CESAIRE, «un grand poète noir» de la décolonisation, un surréaliste, comme l’avait surnommé André BRETON, dont le thème centrale de la contribution littéraire est la Négritude. Il faut assumer sa négritude, ne pas avoir honte d’être Noir et revendiquer, fièrement, ses attaches africaines. En grand humaniste et universaliste, CESAIRE a pris fait et cause pour les humiliés et les offensés. Certains reprochent à CESAIRE d’avoir un style hermétique, difficile «Le lui reprocher est absurde : le problème est, pour un vrai poète, n’étant pas de plaire, ni de choisir son langage selon le goût d’autrui, mais de découvrir et d’expulser les mots, les vrais mots qui expriment ce qu’il ressent, qui lui permettent de mieux coïncider avec lui-même, d’exorciser ses obsessions et de les dépasser, d’abolir ses contradictions, ne fut-ce que le temps d’un poème à l’autre» écrit Lilyan KESTELOOT. Certes, CESAIRE, utilisant souvent des symboles ambigus ou polysémiques, est difficile d’accès, mais si on prend ses poèmes un à un, «si on les lit et les relit avec attention, on est presque frappé par un éclair qui nous en livre la signification majeure» précise Lilyan KESTELOOT. La vie de CESAIRE est un crocodile patient, la montagne Pelé de la Martinique et son volcan endormi.

Aimé CESAIRE a écrit «le cahier d’un retour au pays natal» entre 1935 et 1938, un texte inclassable, oscillant entre poème, monologue, journal, pamphlet ou essai. Un document fondamental dans la mutation idéologique de Lilyan KESTELOOT. Dans ce texte, influencé notamment RIMBAUD, VERLAINE ou BAUDELAIRE, Aimé CESAIRE accumule des néologismes bâtis sur le latin et le grec, des mots techniques relevant la médecine, de l’anthropologie, de la zoologie, de la botanique ou de la géographie, avec des allusions à l’histoire ou aux dialectes des Antilles. «Ce Cahier n’est pas né directement de la situation coloniale ; il est né d’abord de parents droits et exigeants, pour eux-mêmes comme pour les autres» écrit Lilyan KESTELOOT.
Lilyan KESTELOOT, par son séjour prolongé en Afrique et sa proximité avec la Négritude, s’est intéressée aux forces de l’esprit. Ce qui caractérise l’Afrique, c’est sa profonde religiosité. «On ne peut étudier un écrivain de la Négritude en évacuant totalement son idéologie. Celle de Senghor est fortement imprégnée de sa métaphysique. Il s’est toujours présenté comme un catholique pratiquant. La religion est en effet pour Senghor une source d’inspiration féconde. La mort et la religion sont les deux thèmes qui dominent fréquemment ses élégies» écrit Lilyan KESTELOOT le 20 octobre 1986, dans «Senghor et la religion. Ambivalence et ambiguïté». Cependant, le monde sérère n’a pas totalement abandonné certains cultes animistes. En effet, tout jeune, il avait accompagné son oncle maternel, Wally, au bois sacré où il nourrissait les serpents de famille. Par ailleurs, les marabouts sénégalais sont débordants de prophéties et généreux en bénédictions et les sorciers en gris-gris,

A la suite de la disparition de la professeure Lilyan KESTELOOT, le 28 février 2019, Kathleen GISSELS, de l’université d’Anvers écrira, en hommage : «Elle vient de traverser le pont pour Dakar : Lilyan KESTELOOT a rejoint l’Afrique». Femme hautement indépendante Lilyan KESTELOOT estime avoir bien rempli sa mission «J’ai fait, à peu près, ce que je voulais dans ma vie et ce n’est pas parce que je suis une femme que je ne suis pas arrivée à tel ou tel sommet social, mais parce que j’ai un caractère difficilement intégrable ; je n’ai pas le caractère qu’il faut pour grimper haut» dit-elle à Ari GOUNONGBE. «Lilyan souhaitait terminer sa vie comme un bon apprenti consciencieux de la vérité du monde» dit Ari GOUNONGBE.

Indications bibliographiques :

I – Contributions de Lilyan Kesteloot

KESTELOOT (Lilyan) BA (Mamadou-Souley), HÉNANE (René), Introduction à Moi, laminaire d’Aimé Césaire, Paris, L’Harmattan, 2012, 275 pages ;
KESTELOOT (Lilyan) DIAGNE (Andrée-Marie), Précis de littérature africaine et antillaise. Histoire, œuvres et auteurs, Dakar, IFAN-UCAD, UCAD-FASTEF, 2014 et 2019, 96 pages ;
KESTELOOT (Lilyan) DIENG (Bassirou), DIOF (Jean-Léopold), Du Tiéddo au Talibé : contes et mythes ouolofs, Paris, L’Harmattan, 2015, 250 pages ;
KESTELOOT (Lilyan) GOUNONGBE (Ari), Les grandes figures de la négritude-Paroles privées, L’Harmattan, 2007, 164 pages ;
KESTELOOT (Lilyan), «Acteurs et valeurs dans l’épopée bambara de Ségou», Revue canadienne des études africaines, 1972, Vol 6, n°1, pages 29-41 ;
KESTELOOT (Lilyan), «Amadou Hampâté Ba : de l’initié peul à l’humaniste œcuménique», Littérature peule, 2005 n°5, pages 15-20 ;
KESTELOOT (Lilyan), «Césaire et les ambiguïtés du métissage», in Claire Mestre, Hélène Asensi, Marie-Rose Moro, Vivre c’est résister. Textes pour Germaine Tillion et Aimé Césaire, Paris, La Pensée Sauvage, collection Petite bibliothèque de l’autre, 2010, 200 pages, spéc pages 189-193 ;
KESTELOOT (Lilyan), «Correra Issagha, Samba Guéladio. Epopée peule du Fuuta Tooro, Texte Pulaar par Amadou Kamara», Revue française d’histoire d’Outre-mer, 3ème trimestre 1994, tome 81, n°304, pages 373 ;
KESTELOOT (Lilyan), «De l’intérêt et des aléas de l’édition critique de Césaire et autres poètes», Présence africaine, 2014, Vol 189, n°1, pages 183-193 ;
KESTELOOT (Lilyan), «Diawara (Mamadou) : la graine de la parole. Dimension sociale et politique des traditions orales du royaume de Jaara (Mali) du XVème au milieu du XIXème siècle», Revue française d’histoire d’Outre-mer, 1992, Vol 799, n°295, pages 266-268 ;
KESTELOOT (Lilyan), «Du pouvoir à la métaphysique dans le mythe de Seth et Horus», Présence africaine, 1989, Vol 1-2, n°149-150, pages 193-202 ;
KESTELOOT (Lilyan), «L’écrivain africain aujourd’hui : mise au point», Présence africaine, 2010, Vol 1-2, n°181-182, pages 275-379 ;
KESTELOOT (Lilyan), «La littérature négro-africaine face à l’histoire de l’Afrique», Afrique contemporaine, 2012, Vol 1, n°241, pages 43-53 ;
KESTELOOT (Lilyan), «Les épopées de l’Ouest-africain», Présence africaine, 1966, Vol 2, n°58, pages 204-209 ;
KESTELOOT (Lilyan), «Mythe, religion et pouvoir dans les épopées du groupe mandingue», 13 pages, texte en ligne ;
KESTELOOT (Lilyan), «Négritude et créolité», Christiane Albert, sous la direction de, Francophonie et identités culturelles, Paris, Karthala, 1999, 338 pages, spéc pages 39-48 ;
KESTELOOT (Lilyan), «Senghor et la religion. Ambivalence et ambiguïté», Littératures, 1986, Vol 15, n°1, pages 161-165 ;
KESTELOOT (Lilyan), «Une épopée peule : «Silamaka» (traduction. Amadou Hampâté Ba», L’Homme, janvier-mars 1968, Vol 8, n°1, pages 5-36 ;
KESTELOOT (Lilyan), Anthologie négro-africaine : Critique des poétes, prosateurs, poètes et dramaturges noirs du XXème siècle, Paris, Marabout, 1978, 430 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), BA (Mamadou, Soulèye), HENANE (René), Introduction à Moi, Laminaire, d’Aimé Césaire, étude critique, Paris, L’Harmattan, 2012, 278 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Biton Koulibaly, fondateur de l’empire de Ségou, Dakar, Abidjan, Lomé, Nouvelles éditions africaines, 1983, 96 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Césaire et Senghor, un pont sur l’Atlantique, Paris, L’Harmattan, 2006, 200 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Chaka Zoulou, fils du Ciel, Paris, Casterman, 2010, 91 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Comprendre cahier d’un retour au pays natal, Paris, L’Harmattan, 2008, 128 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Comprendre les poèmes de L.S Senghor, Paris, L’Harmattan, 2008, 144 pages ;
KESTELOOT (Lilyan), CONDE (Maryse), TIROLIEN (Guy), Dieu nous l’a donné. Pièce en 5 actes, Paris, P.J Oswald, 1972, 75 pages ;
KESTELOOT (Lilyan), Contes fables et récits du Sénégal, Paris, Karthala, 2006, 202 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), DIENG (Bassirou), Contes et mythes Ouolofs du Tiéddo au Talibé, Paris, Présence Africaine, ACCT, Dakar, IFAN, 2015, 250 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), DIENG (Bassirou), Les épopées noires, Paris, Karthala, UNESCO, 1997, 626 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Dieu du Sahel, voyage à travers les mythes du Seth à Tyamaba, Paris, L’Harmattan, 2007, 328 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), GOUNONGBE (Ari), «Réalités et fantasmes chez les romancières sénégalaises», Fatou Sow, sous la direction de, La recherche féministe francophone : langue, identité et enjeux, Paris, Karthala, 2009, 686 pages, spéc pages 205-215 ;

KESTELOOT (Lilyan), GOUNONGBE (Ari), Les grandes figures de la Négritude, paroles privées, Paris, L’Harmattan, 2007, 164 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Histoire de la littérature négro-africaine, Paris, Karthala, AUF, 2001, 386 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Intellectual Origins of the African Revolution, Washington, Black Orpheus Press, 1972, 128 pages ;
KESTELOOT (Lilyan), KOTCHY (Barthélémy), Aimé Césaire : l’homme et l’œuvre, précédé d’un texte de Michel Leiris, Paris, Présence Africaine, 1973, 280 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), KOTCHY (Barthélémy), LEIRIS (Michel), Aimé Césaire : l’homme et l’œuvre, Paris, Présence africaine, 1973, 258 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), L’épopée Bambara de Ségou, recueillie et traduite en collaboration avec Amadou Traoré et Jean-Baptiste Traoré, Paris, Orizons, 2010, 328 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), L’épopée traditionnelle, Paris, Fernand Nathan, 1971, 63 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), La poésie traditionnelle, Paris, Fernand Nathan, 1971, 63 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Les écrivains noirs de langue française : naissance d’une littérature, Bruxelles, éditions de l’université de Bruxelles, 1967, 343 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Mémento de la littérature africaine et antillaise, histoire, auteurs et ouvrages, Versailles, Les Classiques africains, Dakar, CAEC-Khoudia, 1995, 61 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Négritude africaine, négritude caraïbe, Centre d’études francophones, Université Paris-Nord, Nivelles (Belgique), Éditions de la Francité, 1973, pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Négritude et situation coloniale, Yaoundé, éditions CLE, 2010, 124 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Neuf poèmes camerounais, anthologie, Yaoundé, Clé, 1971, 111 pages ;

KESTELOOT (Lilyan), Soundiata, l’enfant-lion, Bruxelles, Casterman, 2010, 112 pages.

II – Critiques de Lilyan Kesteloot

Anonyme, «Lilyan Kesteloot à fond dans son rôle de passeur», Le Nouvelliste du 16 mars 2018, en ligne ;

Association internationale de climatologie, Institut de géographie, En hommage à Siméon Fongang, Panagiotis Maheras éditeur scientifique, Dakar, 12ème colloque international de climatologie des 16-18 novembre 1999, Thessaloniki, département de météorologie, Aix-en-Provence, 2000, 498 pages ;

BA (Mamadou), «A propos de Lilyan Kesteloot», Carnets de littérature africaine, 2018, vol 46, pages 113-126 ;

BENARAB (Abdelkader), Fanon, l’homme de rupture, préface de Lilyan Kesteloot, Constantine, Bahaeddine éditions, Paris, Alfabarre, 2011, 82 pages ;

DERIVE (Jean), «Lilyan Kesteloot (1931-2018), mon amie, tu nous manques», Journal de la société des africanistes, 2018, vol 88, n°2, pages 129-133 ;

EDWIN (Jahiel), «Aimé Césaire, Lilyan Kesteloot», Book Abroad, 1963, vol 37, n°4, page 410 ;

GOUNONGBE (Ari), Lilyan Kesteloot, femme au cœur de la Négritude, Paris, L’Harmattan, 2021, 147 pages ;

GYSSELS (Kathleen), «Hommage à Lilyan Kesteloot (1931-2018)», Nouvelles études francophones, University of Nebraska, 2019, vol 34, n°2, pages 1-4 ;

GYSSELS (Kathleen), «Lilyan Kesteloot’s Long-Lasting Imprint on Afrodiasporic Studies. An Obtuary, February 15, 1931 – February 28, 2018», The Journal of Haitian Studies, 2019, Vol 25, n°1, pages 86-94 ;

KEITA (Abdoulaye) sous la direction de, Au carrefour des littératures Afrique-Europe, Paris, Karthala, Dakar, IFAN, 2013, 372 pages ;

LABURTHE-TOLRA (Philippe), «Kesteloot, Lilyan, Dieux d’eau du Sahel. Voyage à travers les mythes de Seth à Tyamaba», Journal des africanistes, 2008, Vol 78 n°1-2, pages 347-348 ;

LAGNEAU (Marc), Philosophie et politique. La polémique entre Marx et Stirner, Université catholique de Louvain, 17 mars 1967, 88 pages ;

LANGLEY (J. Ayodele), «Négritude et situation coloniale, Lilyan Kesteloot», Journal of Religion in Africa, 1971, vol 4, n°1, pages 74-76 ;

LY (Amadou), «Lilyan Kesteloot, in Memoriam», L’AS, du 6 mars 2018 ;

LY (Amadou), «Lilyan Kesteloot, une pionnière à l’université de Dakar», Etudes de littérature africaine, 2018, vol 46, pages 113-116 ;

MARIN LA MESLEE (Valérie), «Lilyan Kesteloot : la grande défricheuse des littératures africaines s’en est allée», Le Point Afrique, du 1er mars 2018 ;

MATESO (Losa), La littérature africaine et sa critique, Paris, A.C.C.T-Karthala, 1986, 400 pages ;

MIDIOHOUAN (Guy-Ossito), «Lilyan Kesteloot et l’histoire de la littérature négro-africaine», Nottingham French Studies, automne 2003, Vol 42, n°2, pages 113-127 ;

ORBAN (Jean-Pierre), «Comment est née sa vocation africaine ?», Le Point Afrique, du 15 mars 2018 ;

RFI, «Lilyan Kesteloot, une grande pionnière des études africaines», 20 novembre 2013 ;

SARR (Felwine), «Lilyan Kesteloot, la pioche jusqu’au bout», Etudes littéraires africaines, 2018, vol 46, pages 117-118 ;

SEBASONI (S.), «Négritude et situation coloniale. Lilyan Kesteloot», Civilisations, 1969, vol 19, n°2, pages 272-273 ;

TADJO (Véronique), «Lilyan Kesteloot, le choix de l’Afrique», Le Point Afrique, du 2 mars 2018 ;

Université Cheikh Anta Diop, «Colloque international en hommage à Lilyan Kesteloot», Dakar, UCAD, du 15 au 17 janvier 2019 ;

WABERI (Abdourahman), «Négritude n’aurait pas connu un tel éclat sans Lilyan Kesteloot», Le Monde Afrique, du 2 mars 2018.

Paris, le 1er mars 2018, actualisé le 17 août 2022, par M. Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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