Des médecins britanniques affirment avoir trouvé un moyen de retarder l’apparition des symptômes secondaires indésirables de la ménopause, mais la méthode fait débat.
Retarder de 20 ans les effets indésirables de la ménopause. C’est la promesse ambitieuse que fait une équipe de médecins britanniques aux femmes. Le journal The Guardian rapporte cette semaine que des spécialistes de la fécondation in vitro sont parvenus à mettre au point un protocole chirurgical permettant de maintenir la diffusion dans le corps d’hormones sexuelles après l’arrêt des règles. Cela empêcherait l’apparition de symptômes indésirables de la ménopause comme le stress, les troubles du sommeil, les sueurs nocturnes, les bouffées de chaleur, la baisse de moral ou de libido…
Une « auto-greffe » de tissu ovarien
La méthode consiste à prélever une petite partie d’ovaire lorsque la femme est encore réglée, avant de la congeler. À l’approche de la ménopause, la patiente est opérée et « auto-greffée » de son tissu ovarien, dans une zone de son corps bien irriguée, par exemple sous l’aisselle. Ainsi relié au système sanguin, le greffon continuera de diffuser dans le corps pendant des années, retardant l’apparition des symptômes de la ménopause, dus à une chute hormonale brutale.
Cette opération, proposée par la société ProFam à Birmingham, ne peut être effectuée que chez les femmes de moins de 40 ans. Son efficacité dépendra du moment où le prélèvement ovarien sera fait, précisent les médecins : si c’est à 25 ans, les effets de la ménopause seront retardés de 20 ans. Si c’est à 40, ils ne seront retardés que de 5 ans.
Une intervention coûteuse et discutée
Cette intervention a un coût : comptez entre 7 000 et 11 000 livres sterling au total. Mais pour Simon Fishel, fondateur de la société ProFam, elle permettrait à terme de faire des économies, en épargnant aux femmes des traitement coûteux et chimiques contre les effets de la ménopause. Le médecin promet aussi une meilleure fertilité, le tissu ovarien greffé « stimulant » la production d’ovules.
Présentée comme révolutionnaire par ProFam, la méthode a néanmoins été reçue avec beaucoup de prudence par le monde médical.
« C’est une vieille nouvelle », tempère le directeur adjoint du Center for Reproductive Health de l’Université d’Edimburg, Richard Anderson, qui effectue des congélations de tissus ovariens depuis plus de 25 ans.
En effet, les médecins utilisent déjà une procédure similaire pour préserver les ovules desfemmes atteintes de cancer, qui doivent recevoir des traitements lourds pouvant altérer leur fertilité. Le tissu ovarien conservé peut ensuite être réimplanté chez la femme si elle souhaite avoir des enfants une fois guérie.
Le médecin s’interroge sur l’usage d’une telle méthode sur des femmes en bonne santé pour retarder leur ménopause.