Entre stress, angoisse et pression, dans les lieux de travail, certains employés vivent un véritable enfer sur terre. Quand on y ajoute les inquiétudes venant de la famille et les soucis économiques, l’épanouissement est mis à rude épreuve dans les entreprises.
Teint clair, taille fine, habillée d’un pantalon «super 100» et d’un manteau noir, juchée sur des talons, Ndèye Astou Diop est employée dans une banque privée de la place. De commerce facile, elle arbore un sourire qui peut donner le tournis à n’importe quel ayatollah. Pourtant, derrière cette apparence joviale, se cache une vie difficile. Et pour cause, la jeune dame, comme beaucoup de travailleurs, passe des journées laborieuses dans son lieu de travail. Cette jeune dame dit vivre l’enfer au niveau de l’institution financière du fait de leur chef qui leur met la pression, elle et ses collègues. «Rien qu’en pensant au boulot, j’en perds l’appétit. J’avoue que c’est pénible pour nous. Le patron ne nous lâche pas d’une semelle. Il nous surveille et nous met la pression pendant toute la journée. Ce qui fait que je vis permanemment l’angoisse. D’ailleurs, avant, je ne prenais pas du café noir. Maintenant, pour noyer l’angoisse, j’en prends à longueur de journée», raconte Ndèye Astou Diop trouvée devant un arrêt de bus sur les deux voies de Sacré-Cœur. Vigile dans une grande agence immobilière sise à Liberté 5, Khadim Sidibé dit vivre la même situation dans son lieu de travail. Agé d’une quarantaine d’années, l’homme pratique le métier de gardien depuis plus de 5 ans. Costaud et emmitouflé dans une tenue kaki en noir, ce vigile avoue en avoir assez de son employeur. Tellement, dit-il, ce dernier n’est pas sociable. «Je me tiens debout du matin jusqu’au soir. Ce qui fait que je suis dans un état de stress extrême quand je viens au travail, et même quand je rentre chez moi. Dans cette entreprise, la majorité des vigiles ne tiennent que quelques mois. Certains arrivent à tenir un an, mais dans une situation très difficile. Les horaires de travail sont trop chargés», narre Khadim Sidibé croisé sur le rondpoint Liberté 5. Avec les caméras de surveillance, les faits et gestes des travailleurs sont épiés. Parfois, le patron improvise des descentes pour vérifier que chacun est sur place. Et gare à celui qui s’absente. Quel que soit le motif, il n’échappera pas à la sanction. Payée à l’heure, Fatou Diagne, employée dans un centre d’appels n’échappe pas à cette situation. Sur la ligne, il lui arrive de devoir supporter des gens qui n’hésitent pas à la traiter de tous les noms d’oiseaux. Mais, elle est obligée d’encaisser sans broncher. Il s’y ajoute que, avec la sur-écoute des responsables de la boite, il est très difficile de mener le travail comme il le faut à cause des angoisses et pressions qui lui pèsent sur la tête. «Tous les travailleurs sont en sursis et à rude épreuve. Chaque jour, on a peur de commettre des erreurs et de perdre son boulot dans ce pays où il n’est pas facile d’en trouver. Le chef écoute toutes nos discussions avec les clients. Nous, on n’a jamais raison. Le client est considéré toujours comme le roi. Ce qui fait que nous vivons avec le stress au quotidien. Il arrive que vous descendiez du boulot et que vous n’ayez même pas envie de parler à aucun membre de la famille. A la moindre occasion, vous vous déchargez sur des personnes qui ne vous ont rien fait», raconte Fatou Diagne trouvée au garage «clando» à Liberté six
Walfadjri Qotidien