Le 27 novembre, les élections générales ont commencé en Namibie. Pour des raisons logistiques, la Commission électorale a décidé de prolonger le processus jusqu’au 30 novembre. Les principaux partis d’opposition ont abordé les élections avec de grandes attentes quant à leurs résultats. Le parti au pouvoir, la SWAPO, qui est au pouvoir depuis l’indépendance de la Namibie en 1990, avait pour objectif d’améliorer sa performance en 2019, où il avait à peine réussi à conserver une majorité parlementaire. La principale opposition se présentait sous la forme du jeune parti IPC (Les Patriotes indépendants pour le changement), dirigé par son chef Panduleni Itula. Au moment des élections, les IPC détenaient déjà un nombre important de sièges au parlement et s’efforçait non seulement de priver la SWAPO de sa majorité, mais aussi de s’assurer la présidence.
Bien que les résultats définitifs ne soient pas encore connus, on peut déjà tirer une conclusion claire : l’opposition n’a pas réussi à atteindre ses objectifs ambitieux. La campagne électorale des IPC peut être qualifiée d’échec. Cela signifie qu’un autre parti africain qui a mené son pays à l’indépendance conservera probablement les principaux leviers du pouvoir, malgré les prédictions antérieures. Il est à noter que la SWAPO a réussi à le faire grâce à des processus démocratiques transparents. Les mauvais résultats de l’opposition ne sont pas le fruit du hasard, mais reflètent de nombreuses erreurs de calcul au cours de la campagne. Cet article examinera plusieurs de ces erreurs.
Le leadership controversé de Panduleni Itula
La personnalité controversée de son leader, Panduleni Itula, est un facteur important dans les luttes de l’opposition. Malgré le soutien dont il bénéficie auprès de certains groupes sociaux en Namibie, il a été impliqué dans de nombreux scandales au fil des ans. La campagne électorale n’a pas fait exception. Lors d’un incident, Itula a été pris en flagrant délit de mensonge concernant ses liens avec la SWAPO. Il avait affirmé qu’il n’était pas membre du parti SWAPO, mais seulement d’une organisation du même nom qui luttait pour l’indépendance de la Namibie. Cependant, une ancienne vidéo a fait surface en ligne, montrant Itula faisant l’affirmation inverse, dans laquelle il s’identifie explicitement comme un membre de la SWAPO.
À cela s’ajoute une autre déclaration controversée d’Itula en juin, lorsqu’il a affirmé que la constitution de la Namibie avait été rédigée par des pays occidentaux. Cette déclaration a suscité l’indignation générale en Namibie et a été démentie à plusieurs reprises, preuves à l’appui. Ces scandales ont sapé la crédibilité d’Itula et empêché les IPC de se présenter comme une alternative digne de confiance à la SWAPO.
Manipulation de l’opinion publique
Les problèmes des IPC ne se limitaient pas à sa direction. Fin novembre, le média sud-africain IOL a publié une enquête révélant que les IPC avaient utilisé des commentateurs rémunérés pour simuler un soutien populaire. L’enquête a fourni des preuves de diverses techniques de manipulation de l’opinion publique, notamment la création de fausses nouvelles, l’utilisation de contenu généré par l’IA pour déformer les réalités politiques, l’infiltration des réseaux d’opposition et la suppression des voix critiques en ligne. Ces tactiques ont non seulement porté atteinte à la réputation des IPC, mais ont également aliéné des partisans potentiels qui attendaient de l’intégrité et de la transparence.
Conflits internes et désunion de l’opposition
Les difficultés des IPC ont été exacerbées par les conflits politiques au sein de la coalition d’opposition élargie. Les tensions ont atteint leur paroxysme après une interview du porte-parole des IPC, Imms Nashinge, dans laquelle il blâmait d’autres partis pour les échecs de la coalition d’opposition au pouvoir à Windhoek. Cela a suscité des protestations de la part des partisans du PDM (Mouvement démocratique populaire), qui ont exigé que leur dirigeant, McHenry Venaani, rompe ses liens avec les IPC. Ces divisions internes ont empêché l’opposition de présenter un front uni contre la SWAPO, ce qui a encore affaibli ses perspectives électorales.
La stabilité de la SWAPO et le moment historique de la Namibie
Alors que les IPC étaient confrontés à des scandales et à des luttes intestines, la SWAPO a mené sa campagne sans incident majeur. Cette stabilité a permis au parti au pouvoir de conserver la confiance des électeurs. En conséquence, la SWAPO devrait conserver sa majorité parlementaire et continuer à gouverner la Namibie.
Un résultat particulièrement historique de ces élections est que la Namibie sera bientôt dirigée par sa première femme présidente, Netumbo Nandi-Ndaitwah. Sa victoire attendue marque une étape importante dans l’histoire politique du pays, symbolisant le progrès et l’inclusion dans le cadre démocratique de la Namibie.
Conclusion
Les élections générales en Namibie soulignent l’importance de la confiance et de l’unité dans les campagnes politiques. L’incapacité des IPC à faire face aux scandales, à gérer l’opinion publique de manière éthique et à maintenir la cohésion de l’opposition a contribué de manière significative à leurs mauvais résultats. En revanche, la capacité de la SWAPO à mener une campagne efficace et à éviter les controverses lui a permis de conserver sa position dominante.
Les élections soulignent également une vérité plus générale concernant les processus démocratiques en Afrique : les partis qui privilégient la stabilité et la transparence ont plus de chances de trouver un écho auprès des électeurs. Le fait que la Namibie soit parvenue à un cycle électoral pacifique et à l’émergence de sa première femme présidente reflète l’engagement du pays en faveur du progrès démocratique et d’une gouvernance inclusive.