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Le 23 juin 2011, le jour où le Sénégal a failli basculer…

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Le jeudi 23 juin, l’Assemblée nationale, composée à 88% de membres du parti présidentiel, examinait le projet de loi du président Abdoulaye Wade prévoyant d’abaisser de 50% à 25% la majorité requise pour être élu au premier tour du scrutin, et la création d’un poste de vice-président. Pendant que les députés discutaient dans l’hémicycle, L’opposition regroupée dans la coalition Bennoo Siggil Senegaal et des mouvements de la société civile se massent tout autour de la Place Soweto pour manifester leur colère face à ce qu’ils appellent la dévolution monarchique du Pouvoir.

La manifestation a tourné à l’émeute et la ville de Dakar a été le théâtre d’affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre. Même les observateurs les plus avertis de la scène politique ne pouvaient penser que la tension latente perceptible dans l’air allait déboucher sur un déferlement de passions, en ce jour d’examen par l’Assemblée nationale du fameux projet de loi sur le ticket présidentiel. Adopté en Conseil des ministres, le 16 juin, puis examiné et adopté par la Commission des lois de l’Assemblée nationale, il ne restait plus que l’onction de la plénière pour que le ticket présidentiel et son quart bloquant (voir par ailleurs) fassent autorité de loi.

 La société civile, les mouvements citoyens et la classe politique réfractaires à la réforme de la Constitution font bloc. Aux premières lueurs du matin, des centaines voire des milliers d’opposants au projet de loi envahissent la Place Soweto ou siège l’Assemblée nationale. Des manifestations et des sit-in étaient programmés devant l’hémicycle. Initialement interdits, les rassemblements sont autorisés la veille par le ministère de l’Intérieur. 

Dans une ville quadrillée par les Forces de l’ordre qui avaient déployé les grands moyens pour parer à toute émeute, les opposants au projet de loi ont utilisé toutes sortes de subterfuges, passant par les voies adjacentes pour rejoindre la Place Soweto. Ils venaient de l’Université, de la banlieue, des différents quartiers de Dakar, voire des villes de l’intérieur. Ils venaient pour dire non au projet de Wade de se faire élire avec 25% des suffrages exprimés et de remorquer, vers le sommet de l’Etat, un dauphin de pacotille, qu’ils soupçonnaient être son fils Karim. 

Plusieurs Blessés

Ces heurts ont fait au moins dix blessés, « dont un officier de police », selon l’Agence de presse sénégalaise. Un journaliste de l’AFP a vu un gendarme en sang, blessé par un projectile. L’ambassade de France avait invité les Français à limiter leurs déplacements en raison « des manifestations de protestation ou de soutien au projet de réforme constitutionnelle » qui « sont à prévoir aujourd’hui, 23 juin, à Dakar comme en province ».

Pierres sorties d’on ne sait où, grenades lacrymogènes qui tonnent, char arrosant la foule d’eau bouillante : un véritable déferlement de violence aveugle s’abat sans sommation sur la Place Soweto. L’espace d’une journée, cet endroit sort de sa langueur monotone pour servir d’exutoire à toute la violence refoulée de la société sénégalaise. Personne n’est épargnée. Les leaders politiques dont d’anciens Premiers ministres et ministres d’Etat, les responsables de la société civile comme le citoyen lambda et les Forces de l’ordre sont de la partie. Alioune Tine, le président de la Raddho est sauvagement agressé lors des échauffourées. Des policiers se retrouvent la tête fracassée.

Les autres régions du pays entrent dans la danse…

L’affaire du « ticket présidentiel » a enflammé la rue sénégalaise et diverses composantes de la société : jeunes, syndicats, opposition, société civile… Des manifestations, réprimées, ont eu lieu mercredi dans différentes villes comme Kaolack (Centre), Ziguinchor (Sud) et Dakar. Dans la capitale, des groupes de jeunes avaient été violemment dispersés par les forces de l’ordre, qui ont interpellé un nombre indéterminé de personnes. Parmi celles-ci figurent deux rappeurs, dirigeant le mouvement Y en a marre, engagé contre les « injustices » du régime d’Abdoulaye Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000.

Surpris par la tournure des événements, Me Wade abdique

Devant la colère exprimée dans la rue, le président Abdoulaye Wade, en poste depuis 2000, s’est retrouvé dans l’obligation de renoncer définitivement à l’intégralité de la réforme constitutionnelle, pour éviter de plonger le pays dans une grave instabilité politique.

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