«La réélection de Donald TRUMP en 2024. Devant la montée des forces du Chaos, une perspective de retour du complotisme pour 4 ans, dans quel monde voulons-nous vivre ?» par Amadou Bal BA
Après l’effroi, la stupeur, la seule et une maigre consolation, c’est que depuis le 21 mars 1947, à la suite de différents mandats de Franklin DELANOE (1933-1945), le 22ème amendement de la Constitution américaine limite le nombre total des mandats à deux qu’ils soient successifs ou non. Aussi Barack OBAMA qui a déjà totalisé deux mandats successifs, ne pourra plus se présenter aux présidentielles américaines. Il faudrait donc supporter Donald TRUMP pendant quatre ans, de trop.
A notre époque pleine de menaces, nous assistons à une «étrange défaite», pour le titre d’un ouvrage de Marc BLOCH (1866-1944), de l’idéal républicain, démocratique, cosmopolite et humaniste qui avait prévalu de la Seconde Guerre mondiale. Donald TRUMP on a vu ce qu’il avait fait lors de son premier mandat qui s’est terminé par un coup d’État au Capitole et pourtant les forces du Chaos, les ténèbres sont en passe de vaincre la Lumière. En effet, en 2016, les Américains hissent à la tête de leur pays un homme qui les fera courir à leur perte. En quatre ans de mandat, Donald TRUMP a anéanti le leadership mondial des États-Unis et enterré le siècle américain. Corruption, mensonges éhontés, comportement égocentrique, erratique et amoral, ignorance historique. Les États-Unis ont été la première victime de la personnalité du 45e président, qui a mis en danger l’ordre international libéral. La politique est devenue un show outrancier dans lequel les institutions sont méprisées. En France, l’extrême droite s’est reconnue dans le discours de Trump sur le nationalisme et la sécurité.
La politique de Donald TRUMP depuis 2016 a contaminé le monde. Ce vaste mouvement a été déclenché par une de remise en cause de l’universalité des droits humains, une islamophobie, une négrophobie et une xénophobie, une lame de fond amplifiée par le Brexit britannique, un mandat de Jair BOLSONARO au Brésil, et confirmée par différents gouvernements hostiles à l’immigration en Suède, Hongrie, Italie, Hollande, et en France.
Joe BIDEN porte une part de responsabilité dans cette bérézina de la pensée républicaine. Élu dans un contexte de l’assassinat de Georges FLOYD (1973-2020), il a ravivé la Guerre froide en Ukraine et n’a pas honoré son engagement de faire adhérer ce pays à l’Union européenne et surtout à l’OTAN. Si la Russie était accueillie à l’Union européenne, une « Europe de l’Atlantique à l’Oural », comme le dirait le Général de GAULLE, le communisme serait liquidé définitivement. Ce n’est pas par la guerre des armes que les Occidentaux ont gagné en 1989, mais par la guerre des idées. Le Hamas a commis une grave erreur en attaquant les Israéliens. Dans la gestion de cette crise, ce sont les armes et l’argent de Joe BIDEN qui ont enseveli plus de 40 000 Palestiniens civils qui ne sont pas tous des terroristes, sous les bombes. En dépit de son échec, Joe BIDEN a maintenu, désespérément et très longtemps, sa candidature ; et il n’a accepté de se retirer qu’au dernier moment, après avoir été lâché par ses donateurs, en refilant, en dernière minute, la patate chaude à Kamala HARRIS.
Cette montée en puissance des forces du Chaos s’explique en grande partie par la forte mobilisation aux élections des militants du complotisme et donc une forte abstention des humanistes et des républicains.
En définitive, dans quel monde voulons-nous vivre ?
Partisan du bien-vivre ensemble, je crois que nous voulons vivre dans un monde de paix, à l’ère de l’arme nucléaire. Si l’Europe, pendant longtemps victime de guerres fratricides, a connu un bien-être prodigieux, c’est parce qu’elle a connu 70 ans de trêve. Par ailleurs, toutes les guerres locales (Afghanistan, Libye, Syrie, Irak), mais aussi les guerres coloniales (Vietnam, Algérie, Somalie), fort coûteuses en dépenses militaires et en vies humaines ont été perdues par les Occidentaux. La guerre entre Israël et les Palestiniens dure depuis 1948 et chaque jour on annonce la victoire des Ukrainiens sur les Russes. Toute cette débauche de sommes folles d’argent, au moment où l’on matraque les contribuables, les retraités et les chômeurs, aurait pu servir à des projets innovants et utiles pour le bien-être de tous.
Nous voulons vivre ensemble dans un monde multiculturel, multipolaire, dans la justice, et une coopération mutuellement avantageuses. Si les Africains ne songent qu’à prendre la pirogue pour aller en Europe, c’est que la prétendue politique d’aide à la recolonisation a échoué et le maintien de gouvernements non démocratiques dans les pays du tiers-monde menace gravement les intérêts des Occidentaux.
Nous voulons vivre ensemble, dans le cadre du «partage du gâteau», c’est cela pour moi la définition du bien-vivre ensemble, d’un solide État de droit que les forces du Chaos veulent en fait abolir. Chacun devrait avoir sa juste place dans la société en fonction de ses aptitudes et de ses contributions. Quand on relit toutes les déclarations européennes des droits humains, elles sont émouvantes et humanistes en théorie. Cependant les forces du Chaos veulent ramener ces conquêtes en privilèges de l’homme blanc. Jadis c’était pour surveiller et punir la femme, réifier le corps du racisé pour le soumettre à l’esclavage, à la colonisation, le Code de l’indigénat étant une modernisation de l’esclavage déjà abolie théoriquement. De nos jours ces gouvernements du Chaos à travers leurs discours de haine, apparemment dirigés seulement contre les racisés, ont pour ambition de soumettre tous les faibles à leur diktat afin de mieux maximaliser leurs profits financiers. Tous ensemble, pour dire non à la bête immonde qui n’est pas morte depuis la Seconde guerre mondiale.
Références bibliographiques
HENNETON (Lauric), Le rêve américain à l’épreuve de Donald Trump, Paris, Vendémiaire, 2020, 315 pages ;
LEVINE (Barry) EL-FAIZY (Monique), Le prédateur et les femmes, Paris, Stock, 2020, 450 pages ;
MITCHELL (Frank, N.), La place de Donald Trump dans l’histoire, Paris, Aquillon, 2016, 110 pages ;
PITON (Olivier), Les transgressifs du pouvoir : Emmanuel MACRON et Donald TRUMP, Paris, Plon, 2017, 193 pages ;
TOULOUSE (Anne), Donald TRUMP : l’art de «Trumper», comment la politique de Donald Trump a contaminé le monde, Monaco, éditions du Rocher, 2024, 256 pages ;
VANDAL (Gilles), Donald TRUMP : Fossoyeur de l’Amérique, Paris, Mardaga, 2020, 315 pages.
Paris, le 6 novembre 2024, par Amadou Bal BA