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«La fin des bases militaires françaises en Afrique. Quelle politique de coopération viable entre l’Empire colonial et l’Afrique ? Vivement que l’on tourne cette page de la Macronie, désastreuse et gravement préjudiciable pour les intérêts de la France, pour des relations amicales, apaisées, respectueuses et fructueuses avec les pays africains !» par Amadou Bal BA

La Macronie, une fin de règne crépusculaire, dans sa relation désastreuse avec les pays africains, a allumé de nombreux feux, gravement préjudiciables pour les intérêts de la France. En effet, tout d’un coup, le Sénégal, la Côte-d’Ivoire et le Tchad ont demandé le départ des bases militaires françaises sur leur territoire. La France reste encore présente au Gabon et à Djibouti. «L’armée française est expulsée Côte-d’Ivoire, par celui qu’elle avait installé au pouvoir. Et du Sénégal. Rayé de la carte, le vieux monde ne doit pas nous entraîner dans son néant. Il est temps, pour la France, de passer à d’autres relations avec les peuples d’Afrique. Le modèle diplomatique insoumis est l’avenir», écrit, dans un tweet, Jean-Luc MELENCHON, de la France Insoumise.

Tous ces pays africains sont des alliés et amis traditionnels de la France, mais ils se révoltent contre la façon dont le président MACRON, avec arrogance, les traite, comme au bon vieux temps de l’esclavage et de la colonisation, de Jacques FOCCART et Charles de GAULE (Voir mon article, sur la Françafrique, Médiapart, 27 juillet 2023). La France et les Français ne sont pas en cause. Les Africains, une importante communauté francophone, ont fini même par boycotter massivement, le dernier sommet de la francophonie, à Villers-Cotterêts (Voir mon article, Médiapart). Le seul responsable de ce désastre, comme en politique intérieure, c’est Jupiter, qui du haut de son Olympe, dans sa grande suffisance et sa majesté, en violation grave des règles et usages diplomatiques de bienséance, veut imposer, unilatéralement, sa loi à tous. En effet, le président Emmanuel MACRON a dénoncé, le 6 janvier 2025, «l’ingratitude» des pays africains, face à l’engagement de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le gouvernement tchadien a dénoncé cette «attitude méprisante» du président français. «Je voudrais exprimer mon indignation, vis-à-vis des propos récemment tenus par le président Macron qui frisent le mépris envers l’Afrique et les Africains. Je crois qu’il se trompe d’époque», dit le président tchadien.

Ousmane SONKO, Premier ministre du Sénégal, dément qu’il y aurait eu des négociations entre le Sénégal et la France au sujet du départ des militaires français. «La décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain», dit Ousmane SONKO.

En raison de la droitisation de la vie politique en France par la Macronie, le Sénégal appliquera la réciprocité en imposant un visa aux ressortissants de l’Union européenne «Les États qui imposent des procédures complexes et coûteuses aux Sénégalais devront désormais s’attendre à la pareille», dit le président Bassirou Diomaye FAYE.

Le président MACRON, peu diplomate, a allumé de nombreux foyers de tension avec les pays africains, compromettant ainsi gravement, les intérêts français avec des pays jusqu’ici amis de notre pays. À chaque fois, que le président MACRON prend la parole, peu diplomate, cela claque comme un fouet, comme au temps de l’esclavage. En effet, dans la crise entre l’Algérie et la France, en dehors des affaires du Goncourt de Kamel DAOUD (Voir mon article, 5 novembre 2024) et de la prise en otage de Boualem SANSAL (Voir mon article, 24 novembre 2024) dans lesquels l’Algérie porte une grande part de responsabilité, le président Abdelmadjid TEBOUNE devait venir de longue date en visite officielle en France. Une visite reportée sans cesse. Cependant, et comme pour les autres pays africains, la gestion de la Macronie de la relation, pleine de surmoi et de mépris, vire au drame et porte gravement préjudice aux intérêts de la France. C’est un désastre, sans précédent, qu’est la politique africaine de la Macronie, par manque de considération, notre Président qui ne comprend que le langage de la soumission et de la prédation, ne s’est pas encore rendu compte que les pays africains sont indépendants depuis 65 ans. Un peu de considération !

En 2017, j’avais applaudi, à tout rompre, le candidat Emmanuel MACRON en lisant son projet politique et ses déclarations. Il avait dit, à Alger, le temps d’un voyage, que «le colonialisme est un crime contre l’Humanité». Son analyse visant à remettre en cause la Françafrique, pour des relations rénovées entre la France et l’Afrique, m’avait paru lumineuse. L’Afrique est un continent d’opportunité dont les populations sont à respecter et à considérer. En effet, le candidat Emmanuel MACRON avait condamné «la vision colonialiste et paternaliste des pays du tiers-monde». Si la France devait regarder l’Afrique avec uniquement un mélange de condescendance et de misérabilisme, «elle commettrait une erreur historique», dit-il. En 2017, pour le candidat, Emmanuel MACRON, «l’Afrique ancrée à part entière dans l’Histoire et le monde est une chance pour tous». Sans angélisme ni naïveté, la France doit donc regarder cette «vérité africaine» en face, sans idées préconçues ni clichés, et «définitivement débarrassée du surmoi de la colonisation et de la Françafrique». L’époque du précarré, de l’aide compassionnelle entremêlée de cynisme et des situations de rente entretenues, par des réseaux occultes, est révolue. «Il est grand temps que la France regarde au contraire l’Afrique comme un partenaire économique au même titre que la Chine, l’Inde, le Brésil ou la Turquie» dit le candidat Emmanuel MACRON.

«Quand on rase le pubis , ça repousse vite», dit un dicton peul. «L’habitude est une seconde nature» suivant nos ancêtres les Gaulois. Et donc puis vinrent ces petites phrases désobligeantes qui en disent long sur un état d’esprit peu respectueux des racisés. Le président du Burkina, Roch KABORE ; a été qualifié de «plombier». Parlant sur la question de l’immigration, il a parlé du «ventre des mères africaines». En 2023, suivant le journal «Le Monde», le président Emmanuel MACRON aurait dit «le problème des urgences dans ce pays, c’est que c’est rempli de Mamadou». L’Élysée a démenti une polémique qui enfle. Le 20 décembre 2024, face au cyclone meurtrier Chido (Plus de 60 000 morts), le président a dit devant une foule en colère contre le manque de considération : «N’opposez pas les gens ! Si vous opposez les gens on est foutu, parce que vous êtes contents d’être en France. Parce que si ce n’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde !».

La première alerte de la crise de confiance avec l’Afrique a été l’expulsion du Sénégal d’un activiste prétendu panafricaniste, Kémi Séba, qui avait brûlé un billet de FCFA ; il a été finalement déchu de la nationalité française. Depuis lors la liste des déchéances de nationalité française ou d’annulation de passeports ne cesse de s’allonger. Le pompon a été, non seulement l’échec au Mali «abandonné en plein vol» suivant une expression de Choguel MAIGA, mais aussi l’instrumentalisation de la CEDEAO, pour un embargo qui a en réalité porté un grave préjudice aux intérêts français au port de Dakar, le Mali étant un pays enclavé, passe maintenant par le port guinéen.

Le sommet de Montpellier sur la Françafrique, en octobre 2021, a été la fête à la grenouille. Depuis lors aucun sommet franco-africain ne s’est tenu. C’est la rupture. Le FCFA, cette monnaie de singe, symbole de soumission et de prédation, sera aussi abolie. «Si la relation entre les pays d’Afrique et la France était une marmite. Elle est sale de reconnaissance légère des exactions commises ; elle est sale de corruption, de vocabulaire dévalorisant ; elle est sale, Monsieur le Président ! Je vous invite à la récurer», dit une jeune Burkinabé (Voir mon article, Médiapart, 10 octobre 2021). Les Africains ne veulent plus de l’aide à la recolonisation «Cela fait près d’un siècle que votre aide au développement se balade en Afrique. Ça ne marche pas. Sachez que l’Afrique se développe par elle-même, par le potentiel local et celui de sa diaspora, et certainement dans l’interdépendance avec les autres nations de la planète, mais surtout à travers des collaborations saines, transparentes, constructives. Il y a des têtes, il y a des investisseurs aussi en Afrique. Nous innovons déjà en Afrique. Si ce n’est pas constructif, dans cette relation qu’on imagine, on n’en veut pas», dit un autre intervenant. «Cessez de coopérer et collaborer avec ces présidents dictateurs. Et programmez un retrait progressif et définitif de vos bases militaires en Afrique» dit un intervenant.

En définitive, le bilan de la Macronie est désastreux pour la France en termes d’opportunités commerciales avec le continent noir. L’Afrique, comme il l’avait si bien dit, avec ses matières premières, est un continent d’opportunité. Plus de 65 ans après les indépendances, on ne peut pas gérer la relation entre avec les pays africains comme au bon vieux temps de Charles de GAULLE et Jacques FOCCART.

La politique migratoire européenne, très sélective, privilégiant les Ukrainiens et les Britanniques au détriment des racisés, alliée à la mise en place depuis l’indépendance de certains gouvernants aux ordres, est en train de faire exploser la Françafrique.

Pour autant, je suis un fervent avocat de relations nouvelles rénovées et fondées sur des avantages mutuels entre la France et ses anciennes colonies. Le bâton et le fouet, ça ne marche plus. Les États n’ont pas d’amis, mais seulement que des intérêts. Vous remarquerez les Français issus de l’immigration, considérés par les forces du Chaos, comme des «Français de papiers», sont écartés du jeu diplomatique. Vivement qu’on l’on tourne la page de ce désastre contre les intérêts de la France et pour des relations apaisées, respectueuses, fructueuses et équitables entre la France et l’Afrique !

Références bibliographiques

BA (Amadou, Bal), «Coup d’Etat militaire de la Françafrique au Gabon», Médiapart, 30 août 2023 ;

BA (Amadou, Bal), «Charles de Gaulle et l’Afrique», Médiapart, 27 juillet 2023 ;

BA (Amadou, Bal), «Le président Emmanuel Macron chahuté au sommet de Montpellier», Médiapart, 10 octobre 2021 ;

BA (Amadou, Bal), «Kémi Séba, déchu de la nationalité française», Médiapart, 10 juillet 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Boualem Sansal, en otage en Algérie. Libération immédiate !», Médiapart, 20 novembre 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Kamel Daoud, Prix Goncourt, pour son roman Houris», Médiapart, 5 novembre 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Le sommet de la francophonie à Villers-Cotterêts», Médiapart, 4 octobre 2024 ;

TURPIN (Frédéric), Jacques Foccart, dans l’ombre du pouvoir, Paris, CNRS éditions, 2015, 488 pages ;

GLASER (Antoine), Arrogant comme un Français, Paris, Fayard, 2016, 192 pages.

Paris, le 5 décembre 2025, par Amadou Bal BA

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