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«La démocratie Sénégalaise, sa liberté de la presse ou d’expression : entre audaces, terrorisme intellectuel, autocélébration, manichéisme et pugilat» par Amadou Bal BA

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Au Sénégal, ce «Grand petit pays», de la Téranga (hospitalité), de la tolérance et de la diversité, la démocratie présentée comme un modèle, n’en présente pas moins de failles importantes au point parfois qu’on est l’impression d’être au bord du gouffre, d’un de point de rupture. Plusieurs signaux forts ou faibles attestent que ce bien-vivre ensemble, construit de longue date, par différentes luttes, reste encore fragile ; l’attention de chacun est attirée sur la nécessité de contribuer à consolider la démocratie sénégalaise, à élargir ses conquêtes, pour avancer ensemble dans le bon sens.

Je reviendrai, par une série d’articles, sur ces menaces pesant sur la démocratie sénégalaise, afin d’en établir, ma part de vérité, sur ces dysfonctionnements. J’ai donc choisi le thème de la liberté de la presse ou d’expression, non pas seulement en raison des actualités brûlantes, mais ces questions fondamentales, au cœur de la démocratie, empoisonnent, régulièrement, la scène politique sénégalaise, par un manichéisme ou une autocélébration hors de propos, un terrorisme physique ou intellectuel. La politique ne devrait pas être un pugilat permanent, la bastonnade ou la violence notamment contre les femmes, mais une confrontation d’idées et de projets.

I – Liberté de la presse oui, mais dans le respect de la Loi ; la détention doit rester l’exception sous réserve de garanties de représentation

Socle majeur de la démocratie, la liberté d’expression ou de la presse sont étendues au Sénégal, est-ce pour autant, la seule qualité d’opposant ou de journaliste suffirait-elle à octroyer un talisman d’impunité, une irresponsabilité totale ?

Je crois, et c’est l’essence même de toute démocratie, toute liberté n’est pas absolue ; elle suppose des limites posées par la Loi, notamment la prohibition de la diffamation, de l’atteinte à l’honneur et à la dignité d’autrui, l’interdiction de la violence, l’ethnicité et la nécessité préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat ou la cohésion de la Nation.

Le journaliste, Pape Alé NIANG, est détenu à la prison de Sébikhotane, depuis le 6 novembre 2022, pour trois chefs d’inculpation : divulgation de secrets militaires, recel de documents administratifs et diffusion de fausses nouvelles. Pape Alé NIANG est coutumier d’écrits outranciers, mais il y a des limites à ne pas dépasser, sous le contrôle naturellement du juge. Pourtant, même lorsque la détention est légitime, c’est la maxime que le président François MITTERRAND avait adressée au président Abdou DIOUF, lors de l’arrestation de maître Abdoulaye WADE, à propos de l’assassinat de maitre Babacar SEYE, qui se met en marche : «Un opposant en prison est toujours un prisonnier politique» dit-il (Voir mon article sur les mémoires d’Abdoulaye BATHILY). Je crois, et c’est mon modeste avis, il faudrait, pour nos gouvernants, privilégier ce que préconisait l’ancien Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, maître Malick SALL, à savoir que la détention devrait être limitée au strict nécessaire. Dans l’hypothèse où l’inculpé offre des garanties sérieuses de représentation, il devrait être placé sous contrôle judiciaire. En cas de condamnation, pour certains délits, l’Etat pourra recourir au bracelet électronique. Par conséquent, et notamment pour les délits presse, la détention doit rester l’exception, et être réservée uniquement aux faits troublant gravement l’ordre public.

Il ne faudrait pas se voiler la face, aucune information n’est jamais neutre ; elle est souvent orientée politiquement. Cependant, le journaliste devrait être guidée par une certaine éthique professionnelle : si le commentaire est libre, il doit enquêter et informer, le plus objectivement possible en se fondant, rigoureusement sur les faits établis : «porter le fer dans la plaie et juger la chose jugée», disait Albert LONDRES (1884-1932, voir mon article, 6 août 2014). Des pionniers ont contribué à défendre et étendre la liberté de la presse au Sénégal, dont Mame Less DIA (1940-1997), fondateur d’un journal satirique, inspiré du «Canard enchaîné». Ce journal, «Le Politicien», publié de 1977 à 1998, a été ressuscité depuis l’été 2022. Mame Less DIA, un ancien communiste du Parti africain de l’indépendance, arrivé à une époque d’un multipartisme limité, a usé de l’humour, pour survivre et faire «passer la pilule». Mais quand les journalistes vous disent qu’ils seraient «indépendants», mais indépendants par rapport à quoi ?

En France, la presse est fortement concentrée aux mains de quelques grands groupes financiers, contrôlés justement par la Françafrique et qui diffusent leur poison, en direct même au Sénégal. Si vous émettez une opinion qui déplairait à Vincent BOLLORE, l’animateur de C-News, Cyril HANOUNA, vous «bastonne» et vous lynche publiquement, et même si vous êtes un député de la République, Louis BOYARD de la France Insoumise.

Au Sénégal, la question financière, et notamment des sponsors de publicité, est au cœur de la conquête de l’indépendance de la presse ; les Sénégalais achètent les journaux et les livres. Mame Less DIA, un excellent enquêteur, quand il découvrait une information importante et vérifiée, concernant une personnalité aisée, il la faisait parfois «chanter» : il faut casquer, sinon l’affaire est rendue publique, comme dans la cas de l’affaire «Ousmane Diable». De nos jours, on sait que tout est payant. Un homme politique souhaitant que son événement soit couvert par les médias doit casquer ; certains journalistes «mendiants» et misérables n’hésitent pas à tendre la main pour un petit billet de banque. Devant la paresse intellectuelle de certains journalistes, parfois, l’information se réduit à des articles très pauvres, sommaires et relayés par tous : le déballage.

Au Sénégal, il règne une certaine violence dans les réseaux sociaux ou les médias, notamment en novembre 2021 pour le Prix Goncourt de Mohamed M’Bougar SARR ; des journalistes conservateurs, qui n’avaient même pris la précaution de lire son livre, l’ont descendu carrément, provoquant une émeute littéraire. Il faudrait savoir «lire et bien lire» leur dit Mohamed M’Bougar SARR. Le professeur émérite, Iba Der THIAM (voir mon article) avait également subi une violente attaque d’une famille maraboutique quand il avait publié l’histoire du Sénégal.

II – Une violence politique endémique d’une opposition sans projet politique alternatif crédible

Pourquoi donc tout ce raffut, ces violences et même ces baffes assénées à une femme parlementaire au sein de l’hémicycle ?

Tout d’abord, il est incontestable que l’opposition a très mal géré ses succès électoraux aux municipales de et en particulier aux législatives du 31 juillet 2022. En effet, la première fois dans l’histoire politique du Sénégal indépendant, depuis 1960, un gouvernement n’a pas eu de majorité absolue. Pour combler l’écart d’une voix, le président Macky SALL a recherché l’appui d’un député indépendant, M. Pap DIOP. Au lieu de capitaliser cette poussée électorale, l’opposition qui avait une coalition électorale hétéroclite aux législatives, n’a pas pu se mettre d’accord sur un candidat unique au poste du président de l’Assemblée.

Par conséquent, l’opposition fondamentalement divisée, et c’est une de ses grandes tares, n’a pas en fait de projet politique viable ; ce n’est qu’une question d’appétits du pouvoir. Ce qui marque l’opposition, ce se sont essentiellement ses violences anti-républicaines et ses prédations. En effet, on avait déjà assisté à une guérilla de l’opposition, le 12 septembre 2022, qu’on croyait révolue (voir mon article) : un micro a été arraché par le député-maire de Dakar, Jean-Paul DIAS encore l’objet de poursuites pénales pour avoir tué de 17 balles un militant du PDS, des tables renversées, des bouteilles jetées en projectiles, un député a arraché la perruque d’un collège, des coups de poing ont été échangés, Guy Marius SAGNA a tenté, vainement, de s’emparer et saccager l’urne pour le vote du président de l’assemblée nationale et des insultes proférées à l’encontre de la présidente de séance, Mme Aida SOW DIAWARA, contrainte et forcée, de faire appel aux gendarmes.

De nouveau, le 1er décembre 2022, Mme Amy N’DIAYE dite «Gniby», une députée enceinte, et appartenant à la majorité présidentielle, a été giflée en pleine séance de l’Assemblée, par un autre député de l’opposition, M. Massata SAMB du PUR, appartenant à la coalition de M. Ousmane SONKO. C’est devenue une mauvaise habitude de maltraiter les femmes et se victimiser, de surcroît. Dans la cohue, Mme N’DIAYE a répliqué en lançant une chaise, un autre élu lui aurait asséné un coup de pied dans le ventre. A la suite d’un malaise, Mme N’DIAYE a été évacuée de l’hémicycle. Contrairement à ce qu’affirme l’opposition, la députée Mme Amy N’DIAYE dite «Gniby» n’a pas ni insulté, ni proféré des propos désobligeants à l’égard d’un membre du clergé musulman, M. Moustapha SY, un militant de l’opposition. Mme N’DIAYE n’a fait que rappeler, les prophéties de ce marabout annonçant une défaite de Macky SALL en 2019, ont été inexactes.

Naturellement, le rôle des journalistes, c’est d’informer, de l’opposition, avec une courte majorité présidentielle, de s’opposer et surtout de proposer une alternative crédible. Pour une partie de l’opposition, tous les moyens sont bons pour se victimiser (Affaire de viol dans un salon de massage, un militant du PDS abattu de 17 balles par l’actuel maire de Dakar, détournements de deniers publics par le Ministre du Ciel et de la Terre et par l’ancien maire de Dakar, violences répétitives l’assemblée nationale et devant les caméras du monde entier, insultes d’un haut dignitaire religieux mouride de Touba, etc). Les faits sont là, et inexcusables.

Accusé d’un viol, et prétendant venu « soigner son mal de dos » dans un salon de massage et pendant 8 heures de confrontation M. Ousmane SONKO qui avait provoqué les émeutes de 2021 a refusé de répondre aux questions de sa victime, s’abritant derrière un prétendu « complot politique ». Personne ne l’a obligé avec son revolver, ses gardes du corps et ses grosses voitures. Quelle imprudence d’un responsable politique de fréquentation ces lieux mal famés ?

L’opposition, en dehors de Mme Aminata TOURE dite Mimi, n’a pas encore condamné ces actes graves de violence commis contre une femme parlementaire enceinte, devant les caméras de la télévision. Loin de là, l’opposition tente de justifier l’injustifiable. Peut-on faire confiance à des politiciens irresponsables excusant la violence ? Ces méthodes de voyous n’augurent rien de bon pour l’avenir pour des personnes aspirant à prendre le pouvoir. «C’est inédit dans l’histoire parlementaire du Sénégal. Tout le monde espérait qu’avec cette représentation plus large, l’opposition allait favoriser une pluralité, un débat d’idées sain, des contradictions fondées sur des idées et non sur des gifles et coups de pied» dit M. Bara N’DIAYE, un responsable de l’APR, le parti présidentiel. Les membres de la majorité réclament fermeté et justice «Aucun démocrate ne peut passer sous silence cet acte odieux d’une bestialité inqualifiable. Aucun Sénégalais épris de paix et de justice ne peut manquer de dénoncer de telles dérives qui ternissent gravement l’image de l’institution parlementaire» dit Abdoulaye DIEYE, de Benno Bokk Yaakar.

En définitive, cette violence verbale ou physique endémique entretenue à l’assemblée nationale et dans le pays, notamment à l’égard des femmes, dans les salons de massage, le non-respect de la parité pour les listes des législatives du 31 juillet 2022, est-elle acceptable ?

Tout cela sent l’odeur du pétrole et du gaz. C’est Macky SALL, un pharaon des temps modernes qui est aux commandes de l’Etat, à un moment où l’opposition, faisant l’impasse sur un projet crédible, croit que le débat politique ce n’est qu’un pugilat, insultes, menaces et calomnies.

Par conséquent cette ambiance de violence délétère, teintée parfois d’ethnicité à travers le détournement de son sens noble du concept de «Neddo Ko Bandoum» ou piété familiale ou l’agitation d’un prétendu spectre d’un troisième, tout cela relève de l’avidité ou des appétits du pouvoir de l’opposition. Mais le pouvoir ne se donne pas ; il se mérite dans l’union et non dans la division à coup de claques, mais par un projet alternatif crédible ; on est bien loin.

Calme, serein et stratège, le président Macky SALL, en moins de 12 ans, a transformé le visage du Sénégal. Le pétrole et le gaz, n’appartenant pas à l’opposition frustrée, qui veut «se sucrer», mais au peuple sénégalais, ne sera pas une malédiction du pays, mais une opportunité pour le bien-être être de tous et le président Macky SALL à travers ses réalisations et ses projets y veille.

Pour un débat politique constructif, contradictoire, respectueux de tous, notamment des femmes !

Paris, le 2 décembre 2022, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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