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Kidane Zekarias, le trafiquant d’êtres humains « le plus recherché au monde », arrêté au Soudan

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Kidane Zekarias Habtemariam a été arrêté le 1er janvier au Soudan par la police des Émirats arabes unis, après deux ans de cavale. Cet Érythréen de 38 ans est soupçonné d’avoir kidnappé, escroqué, torturé et parfois tué des migrants d’Afrique de l’Est, sur leur chemin d’exil pour l’Europe.

Il était le trafiquant d’êtres humains « le plus recherché au monde ». Kidane Zekarias Habtemariam, 38 ans, a été arrêté au Soudan le 1er janvier par des agents de police émiratis, lors d’une opération menée avec Interpol, a annoncé l’organisation jeudi 5 janvier. Le ressortissant érythréen « ne sera plus capable de commettre ses méprisables actions », a assuré Saïd Abdoullah Al-Souwaidi, un haut responsable du ministère de l’Intérieur des Émirats arabes unis.

Cette arrestation porte « un coup fort à une importante route de contrebande vers l’Europe » et permettra de « protéger des milliers d’autres personnes contre l’exploitation aux mains du groupe criminel », indiquent Abou Dabi et Interpol dans un communiqué commun.

Elle met fin, aussi, à une enquête de plus d’un an menée par la police émiratie. Avec l’aide d’Interpol, les agents ont analysé les transactions financières illégales réalisées par le frère de Kidane Zekarias Habtemariam, Henok Zekarias. C’est par ce biais qu’ils ont pu localiser le passeur au Soudan, où il a finalement été arrêté.

Objet de deux notices rouges émises par l’Éthiopie et les Pays-Bas – un système d’alerte qui permet à chaque État membre d’Interpol de signaler des individus -, Kidane Zekarias Habtemariam était à la tête d’un réseau criminel ayant kidnappé et escroqué des centaines de migrants d’Afrique de l’Est désirant se rendre en Europe, et qui transitaient en Libye. Il est également soupçonné d’avoir tué certains d’entre eux.

En avril 2020, l’Irish Times avait recueilli le témoignage d’un jeune homme ayant été détenu par le passeur en Libye, dans ce qu’il décrivait comme une « ‘ville fantôme’, à cause du nombre de personnes « qui y disparaissent sans laisser de trace ». La personne interrogée accusait le trafiquant d’ordonner et de commettre lui-même de graves sévices sur les détenus. « Un type a été battu avec des fils électriques. [Kidane] l’a battu au point qu’il était au bord de la mort. Il l’a battu avec ses propres mains. Heureusement, il a survécu », avait-il avancé à l’Irish Times.

Un complice à Bani Walid
L’Érythréen est par ailleurs complice d’un autre trafiquant majeur, Tewelde Goitom, extradé en octobre dernier aux Pays-Bas, qui a dirigé le centre de torture de Bani Walid, en Libye. Les deux hommes ont retenu, torturé – et parfois tué – des milliers de migrants dans ses hangars, à environ 180 kilomètres au sud-est de Tripoli.

Surnommé « Walid », Tewelde Goitom a été condamné à 18 ans de réclusion en mai 2021, en Éthiopie. Selon des dizaines de victimes différentes, il a violenté, affamé et parfois violé des milliers d’exilés en transit en Libye entre 2014 et 2020, les retenant captifs et exigeant des rançons.

« Pendant ce temps, des proches aux Pays-Bas étaient extorqués et contraints de verser d’importantes sommes d’argent avant que les migrants emprisonnés ne soient autorisés à poursuivre leur voyage », indique un communiqué de la justice néerlandaise datée du 5 octobre 2022.

Évasion du tribunal
La surveillance de son camarade Kidane Zekarias Habtemariam a débuté en 2019 : Interpol le soupçonne alors de faire « passer des milliers de personnes » et de leur soutirer de l’argent en usant de menaces et d’actes de torture. « Connu pour le traitement particulièrement cruel et violent qu’il infligeait aux migrants », décrit l’organisation policière, il a été arrêté une première fois en février 2020, à Addis-Abeba en Éthiopie. Une de ses victimes éthiopiennes, Fuad Bedru, l’avait reconnu dans la rue et avait alerté la police.

Mais un an plus tard, lors de son procès, Kidane Zekarias Habtemariam prend la fuite : il s’évade du tribunal après avoir échangé son uniforme orange de détenu par des vêtements civils déposés pour lui par un complice dans les toilettes du bâtiment. D’après le média Vice, les policiers chargés de le surveiller ont depuis été arrêtés, « soupçonnés d’avoir facilité son évasion en échange de pots-de-vin ».

Les Pays-Bas l’avaient ensuite placé sur la liste nationale des criminels les plus recherchés. Le procureur général promettait une récompense de 20 000 euros pour tout renseignement permettant son arrestation.

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