«Joseph KI-ZERBO (1922-2006), universitaire, historien, éducateur, panafricaniste, gardien de la mémoire, anticolonialiste et glorieux avocat pour la dignité africaine» par Amadou Bal BA
«Dormir sur la natte des autres, c’est comme si on dormait à terre, pour un «oui » ou pour un «non», pour une raison ou une autre, le propriétaire peut à tout moment reprendre sa natte d’où la nécessité de compter sur nous-mêmes et non sur les autres, d’expérimenter et de construire avec ce que nous possédons au lieu d’importer les modèles politiques, économiques et éducatifs de l’Occident», écrit Joseph KI-ZERBO, dans «Natte des autres pour un développement». En effet, il s’est appuyé sur ce proverbe africain, pour lutter en faveur de la reconnaissance de l’histoire africaine et de ne compter que sur soi, pour son développement. Il a préconisé un modèle de coopération co-responsable, gagnant. «Nous ne sommes pas des objets du développement des autres ; par exemple en leur fournissant notre coton et en important leur friperie, perpétuant aussi «le pacte colonial». Nous ne sommes pas des récepteurs, réceptacles ou récipients du développement clés en main des autres, le passé de ceux-ci constituant notre avenir sur un trajet unilinéaire», écrit-il «Repères pour l’Afrique». Le modèle occidental de développement a introduit de graves ruptures d’équilibre entre l’homme et la nature : «Si le développement, paradigme central, conçut comme le résultat historique de la rationalité scientifique et technique, aux paramètres connus et mesurables, et qui s’impose comme modèle à exporter vers les pays en retard sous forme de modernisation, il n’est question de s’intégrer au paradigme dominant sans l’ancrer dans d’autres idées-forces qui garantissent son innocuité et assurent sa fécondité», écrit Joseph KI-ZERBO. Dans le cadre d’une identité mondialisée, l’Afrique reléguée dans l’esclavage et la servitude est toujours à la périphérie. «Si tu as fait un saut dans le feu, il reste un autre saut à faire ; Si tu es tombé, ne regarde pas où tu es tombé, mais où tu as trébuché», aime-t-il à raisonner avec des proverbes de la sagesse africaine. Aussi, il a toujours plaidé une conscience de soi pour soi, pour une démarche dynamique endogène sans pour autant plaider pour un repli autarcique. L’économie ne produit pas seulement que des biens, mais aussi des liens sociaux, sinon «l’Afrique restera le mendiant confiné dans un recoin de la natte des autres». Il lie l’écologie au développement «Tout développement vrai commence par être endogène. Chaque peuple a sa modernité et toutes doivent être mariées pour le grand bien de l’humanisme. Celui-ci a historiquement devancé et largement engendré la modernité. Il a aussi une primauté éthique», écrit Joseph KI-ZERBO.
Agrégé d’histoire, membre du Conseil exécutif de l’UNESCO, Président de la Commission nationale de Haute-Volta pour l’U.N.E.S.C.O., et fondateur de la section voltaïque de la S.A.C., homme politique, Joseph KI-ZERBO est né le 21 juin 1922, à Toma, en Haute-Volta, actuel Burkina Faso, pays des hommes intègres. De l’ethnie Samo, du groupe mandingue, cousins à plaisanterie des Mossis, ils sont connus pour leur courage et leur résilience dans la souffrance. Fils de paysans, sa mère est Thérèse Folo Ki, deuxième épouse de son père, Alfred Simon Diban, (Vers 1875-1980), un berger du pays San, qui l’a profondément influencé «J’ai opté pour l’histoire parce que mon père a vécu longtemps. Il avait porté une partie de notre histoire locale, puisqu’il était le premier chrétien de la Haute-Volta. J’ai été préparé au métier d’historien par cette éducation. J’estime que l’histoire est maîtresse de notre vie. C’est une discipline formatrice de l’esprit, parce qu’elle vous apprend à raisonner dans la logique et au-delà de la science par la conscience. Peu à peu, une double attitude s’est forgée en moi, l’une consistant à dire : «je veux revenir à mes racines», un mouvement qui est capital pour la constitution d’une personnalité mûre et authentique. Et l’autre constatant les liens multiples reliant ce continent à toutes les régions à toutes les régions dans le tissu de l’histoire.», dit-il dans «À quand l’histoire ?». En effet, son père, une figure tutélaire, avait vécu dans une période de famine et de résistance des populations à la colonisation ; à 17 ans, il a été capturé en esclave, alors qu’il allait au champ, avec son frère ; ils sont capturés et vendus séparément. Enchaîné pendant plusieurs mois par son maître, il devient son domestique, un homme à tout faire. À la troisième tentative, en 1899, Alfred Diban réussit à échapper à son maître. «Quand on frappe un homme sur la tête, le lâche baisse la tête, le brave relève la tête», dit un dicton africain, que le professeur Joseph KI-ZERBO a repris à son compte. Sauvé par des pêcheurs, Alfred Diban est recueilli par des pères Blancs, des missionnaires. Il reçoit le baptême le 6 mai 1901, évangélise le pays Mossi et devient le premier chrétien et catéchiste de la Haute-Volta. En 1913, il participera à la fondation de la Mission de Toma, lieu de naissance de Joseph KI-ZERBO, où il retrouvera sa famille. En 1916, à la suite d’une révolte de la population, Alfred Diban, resté pour protéger la mission, disparaît le 10 mai 1980.
Entre 1940 et 1949, après ses premières études primaires et secondaires dans les écoles missionnaires de Saint-Joseph de Pabré et Faladié (Ouagadougou), successivement moniteur, journaliste à Afrique nouvelle, employé de chemin de fer, surveillant de lycée de Terrasson de Fougères (Bamako), en candidat libre, il devient, en 1949, bachelier, mention assez bien, à Bamako. C’est là qu’il voit, pour la première fois, Jacqueline, sa future épouse, une descendante des rois Massasi de Ségou. Joseph KI-ZERBO obtint en 1954 le diplôme de l’Institut d’Études politiques de Paris et en 1956, l’agrégation d’Histoire à l’Université de la Sorbonne à Paris. Joseph KI-ZERBO fait des rencontres décisives d’intellectuels africains d’avant-garde, luttant pour la décolonisation du continent noir et affirmant très fortement leur panafricanisme et l’identité culturelle africaine. «Ce qui a éveillé mon intérêt pour l’histoire africaine, c’est le fait que nos aînés noirs à la Sorbonne, comme les poètes Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et René Depestre, nous avaient initiés à un regard alternatif de l’Afrique, un regard sans complexe ripostant au mépris par un défi. Ils avaient eux-mêmes étaient traumatisés par cette éducation bancale, myope, qui méprisait et qui occultait les valeurs de la culture africaine. Ils répondirent, avec Alioune Diop, par un message de «présence africaine» : un message de Renaissance. La recherche était un des instruments de la colonisation, à tel point que la recherche en histoire avait décidé qu’il n’y avait pas d’histoire africaine, et que les Africains colonisés étaient purement et simplement condamnés à endosser l’histoire du colonisateur», dit Joseph KI-ZERBO, dans «À quand l’Afrique ?». Inguérissable anticolonialiste, insoumis, Joseph KI-ZERBO est un homme de refus : «Si nous nous couchons, nous sommes morts», reprend-il dans «À Quand l’Afrique ?», un dicton de son pays. «L’Afrique est le berceau de l’humanité. Tous les savants du monde admettent aujourd’hui que l’être humain a émergé en Afrique. Personne ne le conteste, mais beaucoup l’oublient. Je suis sûr que si Adam et Eve étaient apparus au Texas, on en entendrait parler chaque jour sur CNN. Il est vrai que les Africains eux-mêmes n’exploitent pas suffisamment cet avantage comparatif qui consiste, en le fait, que l’Afrique a été le berceau d’inventions fondamentales constitutives de l’espèce humaine pendant des centaines de milliers d’années. C’est en Égypte que la plus grande civilisation de l’Antiquité est apparue», dit-il dans «À quand l’Afrique ?». Étudiant à Paris entre 1949 et 1958, Joseph KI-ZERBO milite naturellement dans la puissante fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF). À la Sorbonne, en plein réveil des idées d’indépendance, une période de Guerre froide, la Gauche était du côté des colonisés : «Je me suis jeté corps et âme dans les études avec passion, profitant du maximum de la chance qui nous était donnée d’être disciples de grands maîtres de la science historique et politique comme Pierre Renouvin, André Aymard, Fernand Braudel, Raymond Aron. Pendant cette période, j’étais immergé dans un milieu où l’idéologie marxiste prévalait nettement. Nous étions des «sujets coloniaux». Le marxiste démasquait les réalités camouflées qui décodaient les discours aliénants d’alibi. Et en même temps, j’ai été très marqué par Emmanuel Mounier, un philosophe chrétien, qui a retenu beaucoup d’éléments de la tradition européenne d’esprit critique et de lutte pour libérer la personne humaine de toutes les forces d’oppression et d’obscurantisme. Emmanuel Mounier soulignait que les combats pour la justice ne doivent pas étouffer la liberté», dit-il dans «À quand l’Afrique ?».
Ses études terminées, Joseph KI-ZERBO enseigne l’histoire à Orléans, à Paris, puis à Dakar en tant que citoyen français. Il fera un bref séjour au Sénégal en qualité de professeur de lycée, avant de se rendre en 1958 en Guinée. Il exercera, par la suite, alternativement ou cumulativement, de nombreuses fonctions, dont 1963 à 1967 de Directeur Général de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports de Haute-Volta, de 1970 à 1978, de membre du conseil d’administration de l’Institut des Nations Unies pour la Recherche et la Formation de l’ONU, de 1968 à 1973 de professeur à l’université de Ouagadougou, de 1967 à 1979 de Secrétaire général du CAMES, de 1980 à 1986 de Président du Centre d’Études pour le Développement Africain (CEDA), à Ouagadougou, de 1986 à 1992 Président du Centre de Recherches pour le Développement Endogène (CRDE), à Dakar, et chercheur à l’IFAN, de 1992 à 2005, Président du Centre d’Études pour le Développement Africain (CEDA), à Ouagadougou. Il a été aussi, de 1975 à 2005, Président de l’Association des Historiens africains, et député de 1970 à 2006, date de sa mort, le 4 décembre 2006, à Ouagadougou.
Plusieurs thèmes structurent la contribution littéraire du professeur Joseph KI-ZERBO, l’histoire, la mémoire, l’identité, l’altérité, l’éducation, le colonialisme, le panafricanisme, le développement endogène, «Lorsque des témoins s’attachent à restituer la figure d’un homme, on se trouve comme devant un miroir brisé. Chacun fait apparaître le visage de celui dont on veut fixer les traits dans son fragment de glace, et l’on voit ainsi surgir de multiples visages, où l’on reconnaît, indéniablement, celui dont on évoque la figure, mais chaque fragment reflète une image singulière. Si, par la suite, on rassemble les morceaux du miroir disjoint, alors c’est un portrait unique qui se dessine, dépassant et, en quelque sorte, abolissant les frontières artificielles des représentations particulières», écrit Roland COLIN.
I – Le professeur Joseph KI-ZERBO, gardien de la mémoire et de l’identité africaines
«L’identité, c’est ce que constitue quelqu’un dans un rôle assumé», dit Joseph KI-ZERBO. Aussi, en panafricaniste revendiqué, Joseph KI-ZERBO s’est très vite intéressé à la politique, notamment à travers son soutien à la Guinée de Sékou TOURE. Sa génération a été marquée par l’idéologie de l’indépendance, le panafricanisme et le socialisme. «Mon engagement politique, social, intellectuel et international a commencé à la fin de mes études en France. J’étais déjà engagé en tant qu’étudiant. Pendant mes études en France, j’ai lancé l’association des étudiants voltaïques en France et je fus fondateur de l’association catholique des étudiants antillais, africains et malgaches. J’ai aussi animé un journal catholique qui s’appelait Tam-Tam. C’est à la sortie de mes études, que je me suis lancé à fond, dans la lutte pour l’indépendance et pour l’unité africaine. En 1957, quand je suis arrivé à Dakar où j’avais été envoyé comme fonctionnaire français. En 1958, je crée le mouvement de libération nationale (MLN), un mouvement panafricain, qui a fait campagne pour le Non au référendum du 28 septembre 1958. J’ai été interpelé, par la suite, par le président Sékou Touré. Il m’a envoyé un émissaire à Dakar, pour me demander de venir travailler en Guinée. C’est à ce moment que j’ai décidé d’abandonner ma carrière de professeur au lycée de Dakar. Nous sommes allés en Guinée, mon épouse Jacqueline et moi-même. Nous avons jeté par-dessus bord notre carrière. Nous étions une trentaine de professeurs, d’ingénieurs et de docteurs africains venant de partout», dit-il dans «À quand l’Afrique ?». Sékou TOURE avait envoyé un avion de Conakry à Dakar chercher Joseph KI-ZERBO et son épouse, Jacqueline, qui ont quitté le lycée Van Vollenhowen de Dakar, une situation confortable. À l’arrivée, sur le tarmac, à Conakry, la garde républicaine a joué l’hymne national de Guinée, «Alpha Yaya», suivi d’un discours de bienvenue à l’Assemblée nationale, pour être ensuite, ils sont confiés à des familles, pour le logement. Le couple, affecté au lycée Donka de Conakry, n’avait pas un plan de carrière, mais voulait vivre et fidèle à ses engagements panafricanistes. Ce qui les a interpellés c’est la nature des programmes d’enseignement, peu adaptés aux réalités africaines. Une commission de réforme a été mise en place avec un accent particulier sur l’histoire, la science et les mathématiques. Tout est à inventer. Les indépendances africaines sont marquées par la balkanisation. Félix HOUPHOUET-BOIGNY avait lutté contre le travail forcé, mais restait arrimé au système colonial, qu’il voulait seulement aménager. Le couple KI-ZERBO allait quitter la Guinée, une expérience d’africanisation des cadres et de l’enseignement «Sékou Touré avait fait un grand pas patriotique pour la Guinée, mais la Guinée ne représentait pas toute l’Afrique de l’Ouest. Tous les autres pays africains étaient encore sous le joug de la colonisation. Il fallait donc démultiplier l’expérience guinéenne dans les autres pays africains. Ce qui a été fait de bien en Guinée, nous avons voulu l’apporter aussi dans nos pays respectifs», dit Jacqueline KI-ZERBO, à Valérie NIVELON de RFI.
Joseph KI-ZERBO, place l’éducation au cœur du développement «Cela se justifie d’autant plus aujourd’hui où le principal investissement est celui de l’intelligence, de la matière grise», dit-il. Pour lui, c’est une question vitale, «éduquer ou périr», en référence au titre de son ouvrage. «L’éducation, c’est le logiciel de l’ordinateur central qui programme l’avenir des sociétés. Or, le système éducatif actuel des sociétés africaines n’est pas seulement en retard sur celui des pays industrialisés ; il est surtout en contradiction avec les besoins vitaux, alimentaires, élémentaires desdites sociétés. À force de nous voir nous-mêmes à travers l’image qu’on donne nous, nous aurons tendance à devenir l’image de notre image dans la rétine des autres. Ce n’est pas seulement l’enfant qui échoue dans la grande école de la ville, que commence la marginalisation, la crise profonde d’adaptation, et parfois la résistance active à l’ordre établi», écrit-il. Le problème fondamental, c’est que l’éducation ne remplit pas sa définition première. L’éducation en Afrique ignore les origines et ignore la destination. L’éducation, ce n’est pas de l’élevage ; il faut que ce soit ajusté non seulement à la société, mais à chaque individu de cette société : «Un seul bâton suffit pour conduire un troupeau de 100 moutons. Mais pour conduire des êtres humains, il faut autant de bâtons que de personnes», cite-t-il un proverbe africain, dans «Repères pour l’Afrique».
Universitaire et historien, Joseph KI-ZERBO a toujours martelé que «L’Afrique a une histoire». Le sénégalais, Amadou-Mahtar M’BOW, Directeur général de l’UNESCO (Voir mon article, Médiapart, 20 mars 2021), de 1972-1999 avait confié le comité scientifique du volume 1er de l’histoire de l’Afrique, de l’Antiquité à nos jours. En effet, Joseph KI-ZERBO, premier agrégé d’histoire africain, est intervenu dans un domaine jusque-là fermé aux Africains, l’histoire. On nous avait vanté les bienfaits de la colonisation et même prétendu jusqu’au discours de Dakar que l’homme africain ne serait pas entré dans l’histoire. C’est oublier que Joseph KI-ZERBO est «un nationaliste sans concession», suivant Assane SECK. «Le professeur Ki-Zerbo est l’homme qui ne voulait pas dormir sur la natte des autres. Il va désormais, pour l’éternité, dormir sur la natte que les ancêtres ont minutieusement tissée durant des siècles pour ce digne fils de l’Afrique. En effet, Joseph Ki-Zerbo a consacré sa vie à écrire, à revendiquer et à assumer avec fierté leur histoire millénaire», écrit Boubacar BARRY. «Il avait le verbe haut et la plume incise pour le proclamer urbi et orbi. Joseph Ki-Zerbo, penseur éclectique, transmetteur intégral, historien fécond et talentueux, pionnier dans divers domaines de l’historiographie africaine, panafricaniste convaincu et patriote africain intransigeant, a marqué de façon irréversible la communauté épistémique et politique africaine de son temps», écrit Chikouna CISSE.
Témoin et acteur politique, en raison de son engagement pour réhabiliter l’histoire africaine, il a été associé au continent noir, au même titre que les Sénégalais Cheikh Anta DIOP et Abdoulaye LY. «L’Afrique existe. Mais il est rare qu’on la rencontre. J’ai eu ce privilège grâce à l’historien et homme politique burkinabè Joseph Ki-Zerbo. Les apologistes de la colonisation partagent généralement cette opinion selon laquelle l’obtention par les Africains de leur indépendance manifesterait au plus haut point la réussite de «l’entreprise civilisatrice» en ce sens qu’elle résulterait de la compréhension par les colonisés de l’idéal de liberté des Lumières, soi-disant enseigné dans les écoles pour «indigènes». Il me semble que l’Afrique a été le théâtre d’un dépassement des Lumières. Je tiens le jeune Ki-Zerbo pour l’incarnation d’un tel dépassement», écrit dans Salim ABDELMADJID. Au temps, sous la Françafrique, toute velléité d’indépendance était dangereuse, voire mortelle, l’histoire étant écrite par les autres, Joseph KI-ZERBO a tenu, courageusement et lucidement à dénoncer que c’est le colonialisme. Dès 1947, il écrivait «Il faut bâtir un nouveau domaine de l’Afrique, d’où soit excommunié l’esprit des négriers d’antan et leurs héritiers modernes, et où fleurisse et chante une saine culture de compréhension cordiale et de mesure. Notre idéal, notre but, c’est une Afrique nouvelle qui s’élève au-dessus de tous les partis politiques et qui donne à tous les problèmes de la vie des solutions de vraie justice et dans la charité et dans la liberté», écrit-il le 15 juin 1947. Le colonialisme n’est qu’une entreprise de domination d’un peuple sur un autre, une soumission en vue d’une prédation «L’Afrique a une histoire. Le temps n’est plus où, sur des pans entiers de mappemondes ou de portulans, représentant ce continent alors marginal et serf, la connaissance des savants se résumait dans cette formule lapidaire qui sent un peu son alibi : «Ibi sunt leones». Par-là, on trouve des lions. Après les lions, on a découvert les mines, si profitables, et par la même occasion, les «tribus indigènes» qui en étaient propriétaires, mais qui furent incorporées elles-mêmes à leurs mines comme propriétés des nations colonisatrices», écrit le professeur Joseph KI-ZERBO, dans sa majestueuse préface du 1er volume de l’UNESCO sur l’histoire africaine.
Étudiant à la Sorbonne, Joseph KI-ZERBO avait caressé le rêve d’écrire un livre sur l’histoire de l’Afrique «Apprenti à la Sorbonne dans le métier d’historien, et appliquer à explorer les fondements lointains et proches du monde d’aujourd’hui, j’étais frappé par la quasi-absence du continent africain, et singulièrement du monde noir, dans les messages de nos guides spirituels et dans les exercices universitaires laborieux et raffinés. Parfois, au beau milieu d’un cours sur les Mérovingiens, j’entrevoyais dans un mirage la savane soudanaise rôtie de soleil, avec la silhouette débonnaire d’un baobab, hirsute et goguenard. Et le projet violent et muet naquit, avant de retourner aux racines de l’Afrique. Mais dit le proverbe, «ce n’est pas avec les yeux qu’on tue le buffle», écrit-il dans «Histoire de l’Afrique, hier à demain». En effet, pendant longtemps, mythes et préjugés de toutes sortes ont caché au monde le visage de l’Afrique. Les sociétés africaines passaient pour des sociétés sans histoire; malgré d’importants travaux réalisés, dès les premières décennies de ce siècle, par des pionniers comme Léo FROBENIUS, Maurice DELAFOSSE, Arturo LABRIOLA. Aussi, Amadou-Mahtar M’BOW, Directeur général de l’UNESCO, a donné pour mission au professeur Joseph KI-ZERBO de coordonner le volume 1er de l’histoire africaine et d’en assumer le comité scientifique. «L’Histoire générale de l’Afrique jette une lumière originale sur le passé du continent, embrassé dans sa totalité, parce que ses auteurs ont su éviter les pièges du dogmatisme en abordant des questions essentielles comme la traite négrière responsable de l’une des plus cruelles déportations de l’histoire des peuples et qui a vidé le continent d’une partie de ses forces vives ; la colonisation avec toutes ses conséquences; les relations entre l’Afrique au sud du Sahara et le monde arabe ; le processus de décolonisation et d’accession à l’indépendance des nouveaux États africains. Et l’ouvrage fait apparaître à la fois l’unité historique de l’Afrique et les relations de celle-ci avec les autres continents, notamment avec les Amériques et les Caraïbes, où l’héritage africain a marqué les modes de sentir, de penser, de rêver et d’agir, et où les descendants d’Africains ont activement contribué à façonner les identités nationales», écrit Amadou-Mahtar M’BOW.
Par conséquent, la mission qu’il s’est fixée est loin du ressentiment, mais reconstruire l’homme africain abîmé par les violences et les calomnies «L’Histoire de l’Afrique, comme celle de l’Humanité entière, c’est, en effet, l’histoire d’une prise de conscience. L’Histoire de l’Afrique doit être réécrite. Car jusqu’ici, elle a été souvent masquée, camouflée, défigurée, mutilée. Par «la force des choses», c’est-à-dire par l’ignorance et l’intérêt. Ce continent, prostré par quelques siècles d’oppression, a vu des générations de voyageurs, de négriers, d’explorateurs, de missionnaires, de proconsuls, de savants de toute engeance, figer son image dans le rictus de la misère, de la barbarie, de l’irresponsabilité et du chaos. Et cette image a été projetée, extrapolée à l’infini en amont du temps, justifiant par là même le présent et l’avenir. Il n’est pas question, ici, d’échafauder une Histoire-revanche, qui relancerait contre leurs auteurs l’Histoire colonialiste comme un boomerang, mais de changer la perspective et de ressusciter les images «oubliées» ou perdues. Il faut revenir à la science pour créer chez les uns et les autres une conscience authentique. Il faut reconstruire le vrai scénario. Il est temps de changer de discours», précise-t-il.
Joseph KI-ZERBO a adopté, dans son écriture de l’histoire africaine, une démarche originale tenant compte de la tradition orale «Pour écrire l’Histoire, partout dans le monde, les historiens remplissent pratiquement la même fonction sociale. La démarche de l’esprit, les méthodes, sont en général les mêmes. À l’occasion du travail organisé à l’UNESCO sur l’Histoire de l’Afrique, il nous a été permis de bien mettre en valeur cette source de l’histoire. Alors que les Européens l’avaient en général reléguée hors du champ de la rationalité», dit-il au Courrier de l’UNESCO. C’est quoi l’histoire pour l’Afrique et ses diasporas ? «Pour les Africains, l’Histoire de l’Afrique n’est pas un miroir narcissique ni un prétexte subtil pour s’abstraire des tâches d’aujourd’hui. Tous les maux qui frappent l’Afrique aujourd’hui, ainsi que toutes les chances qui s’y révèlent, résultent de forces innombrables propulsées par l’histoire. Et de même que la reconstitution de l’évolution d’une maladie est la première étape d’une entreprise rationnelle de diagnostic et de thérapeutique, de même la première tâche d’analyse globale de ce continent est historique. À moins d’opter pour l’inconscience et l’aliénation, on ne saurait vivre sans mémoire ni avec la mémoire d’autrui. Or, l’Histoire est la mémoire des peuples», écrit Joseph KI-ZERBO, dans un article «Un continent en quête de son passé».
II – Le professeur Joseph KI-ZERBO et la postérité
Quel héritage ?
«Le temps est le seul critique dont l’autorité soit indiscutable. Il réduit à néant des gloires qui avaient paru solides ; il confirme des réputations que l’on avait pu croire fragiles. Un quart de siècle après sa mort, Virginia Woolf garde sa place dans l’histoire littéraire et ses lecteurs. Ses œuvres complètes se trouvent dans toutes les librairies britanniques. Son influence est reconnue bien au-delà des frontières de son pays», écrit l’académicien André MAUROIS (1885-1967). Dans la préface de «l’histoire de l’Afrique noire, d’hier à demain», un de ses maîtres avait formulé cette prédiction «C’est un livre d’espérance porté à bout de bras. J’aime à penser que l’histoire récompensera l’historien qu’il aura donné, d’un coup, à un continent entier, une énorme masse d’hommes sympathiques, le message, les mots d’identité, qui leur permettront de mieux vivre, car pour espérer, pour aller de l’avant, il faut savoir d’où on vient», écrit Fernand BRAUDEL (1902-1985).
Déjà et de son vivant, en 1997, Joseph ZI-ZERBO obtient le prix Nobel alternatif pour ses recherches sur des modèles originaux de développement. Reconnaissant aussi, qu’il a contribué à faire évoluer le rapport des Africains avec leur propre passé. Le prix Nobel alternatif est décerné à des personnes qui s’efforcent de trouver des solutions pratiques et exemplaires aux questions liées à la protection de l’environnement, au développement, aux droits de l’homme ou à la paix. En 2000, il reçoit le prix Kadhafi des droits de l’homme et des peuples. Le titre de docteur honoris causa lui est attribué en 2001 par l’université de Padoue (Italie). «On dit souvent des grands esprits, lorsqu’ils passent de vie à trépas, que leur parole est interrompue. Seuls demeurent les actes qu’ils ont laissés, et l’écho de ceux-ci, dans le parcours, souvent tumultueux, de leur vie. Joseph Ki-Zerbo, a parlé, noté, écrit. Il laisse une œuvre significative et pose, à partir du champ historique, les fondements d’une renaissance africaine. L’histoire ! La narration multiforme et polyphonique où les peuples, d’une façon ou d’une autre, se reconnaissent et d’où ils tirent des leçons de vie ; là où l’Afrique aujourd’hui, pour avoir parié sur l’oubli, a le plus mal», écrit Mangoné NIANG.
En définitive, le professeur Joseph KI-ZERBO a contribué, «à l’édification d’une société africaine qui soit une version contemporaine positive de l’africanité. Mais cette Afrique présente et en devenir, ne doit pas avaler sans discernement, sans inventaire, «la civilisation contemporaine», dit Amade BADINI. Il a donc jeté un pont entre générations, en donnant une nouvelle définition du développement, c’est-à-dire, «faire le plein de sa capacité en tant qu’être humain, pour être un émetteur et un récepteur de valeurs». Homme de conscience, de science et de devoir, il a donc appris aux Africains, de croire en eux-mêmes, pour sortir du sous-développement. Il a semé les graines de l’espérance, sur des thèmes majeurs, comme l’historicité, le panafricanisme, le développement endogène, mais aussi l’identité africaine.
Derrière chaque grand homme se cache une Femme hors norme, incarnant la combativité, l’activisme, en aidant les autres à grandir, la conscience et un profond attachement à l’Afrique, une femme debout qui a pris son destin en main. : «On ne développe pas, on se développe», disait Joseph KI-ZERBO. L’engagement de Jacqueline dépasse largement sa mission d’éducatrice de jeunes filles. Tout en ayant de l’amour et de l’admiration pour son mari, Jacqueline, dans un couple moderne, faisait entendre, pleinement, sa petite musique, pour la promotion et la libération des femmes. Si des femmes occupent actuellement de très hautes responsabilités, c’est que le combat engagé auparavant par Jacqueline KI-ZERBO a porté ses fruits, mais il reste la question des femmes paysannes qui n’ont pas accès aux mêmes droits, la lutte devant continuer. Ce couple d’intellectuels, de patriotes et d’africanistes, plein d’une ambition démesurée pour l’Afrique, a toujours avancé la main dans la main, en conjuguant ses efforts pour conscientiser et libérer le continent noir : «De même que l’esclave libère son maître en se libérant, de même la femme libère l’homme en se libérant», écrit Joseph KI-ZERBO, dans «Regards sur l’Afrique», un ouvrage publié à titre posthume. Joseph KI-ZERBO était marié, depuis le 20 décembre 1956, à la mairie du 6ème arrondissement à Paris, avec Jacqueline COULIBALY (1933-2015), née à Ségou, au Soudan, actuel Mali, professeure d’anglais, militante des droits de la femme, éducatrice, professeure émérite du Cours normal des jeunes filles, actuel lycée Nelson Mandela, à compter de 1962. Jacqueline est la fille unique de Lazare Djadjiri COULIBALY (1908-1977), un syndicaliste malien, converti chrétien, ayant milité avec des communistes, refusant l’injustice, défendant les vaincus : «Le Blanc travaille peu et se contente de signer, et plus il gagne ; le Noir casse des pierres et moins il gagne», disait Lazare COULIBALY. Joseph KI-ZERBO, étudiant à Paris, devait passer par le Mali avant de retourner en Haute-Volta, dépendant du Soudan. Le témoin du mariage est l’éditeur, Alioune DIOP (Voir mon article, Médiapart, 13 octobre 2018 et 25 octobre 2019).
Jacqueline KI-ZERBO est l’initiatrice de la manifestation du 3 janvier 1966 ayant provoqué la chute du président Maurice YAMEOGO (1921-1993), premier président de la Haute-Volta. Le président Maurice YAMEOGO était parti en voyage de noces, très coûteux, en vidant les caisses de l’Etat. Il a décidé une diminution de 20% du salaire des fonctionnaires ; les syndicats, notamment des enseignants, ont déclenché une grève. Par ailleurs, il y avait la question de la double nationalité des Voltaïques en Côte-d’Ivoire. Les militaires avaient menacé de tirer sur les manifestants qui iraient à la Place d’armes à Ouagadougou. C’est à ce moment que Jacqueline KI-ZERBO, enseignante, mais aussi responsable de la presse syndicale «La voix des enseignants», a eu le coup de génie d’être à la tête de la marche des lycéennes, des jeunes filles de son école normale, mais aussi de tous les manifestants, avec une pancarte : «Nous voulons du pain, de l’eau et de la liberté !». Arrêtée par les gendarmes au cours de cette marche, mais les jeunes filles ont ameuté leurs camarades pour la faire libérer, en triomphe. Devant ce succès populaire, Maurice YAMEOGO, un président autoritaire avec des gabegies, a fini par démissionner. «Le pouvoir était comparé à un œuf : si tu le serres trop fort, il se casse entre tes mains ; si tu ne le tiens pas suffisamment ferme, il peut glisser de ta main et se casser aussi», écrit Joseph KI-ZERBO, dans «À quand l’Afrique ?». Cependant, l’armée va prendre le pouvoir, pour de longues années. Discrète, Jacqueline KI-ZERBO a accompagné l’association «Entraide féminine» qui s’investira notamment dans l’alphabétisation des femmes, le planning familial, un foyer de jeunes filles et une maison de la femme. Un décret est pris pour autoriser les jeunes filles enceintes à poursuivre leurs études.
Jacqueline a donné à Joseph KI-ZERBO cinq enfants, trois garçons et deux filles : Françoise, administratrice générale de la Fondation Joseph KI-ZERBO, Georges, Charles, Lazare et Béatrice, ainsi qu’une dizaine de petits-enfants. En dépit de ses écrasantes responsabilités, le professeur Joseph KI-ZERBO, s’organisait pour se rendre disponible pour ses enfants. Il était «attentionné, attentif, à l’écoute de l’autre et pour des échanges, égalitaires. Il avait une force morale exceptionnelle qui lui permettait de travailler avec ténacité, pour surmonter les épreuves et rester fidèles par ses actes à son idéal et divers engagements», dit Jacqueline de Joseph KI-ZERBO. Pour le colon, il vaut toujours mieux que le colonisé. En somme, un couple qui a tenu de 1956 à 2006. Décédé le 4 décembre 2006, dans sa maison à Ouagadougou, Jacqueline, comme Joseph KI-ZERBO reposent à Toma, auprès des parents de l’Illustre Africain.
Une université, à Ouagadougou, porte le nom du professeur Joseph KI-ZERBO, qui a été récipiendaire de nombreuses distinctions, médailles et honoris causa. En particulier, il a obtenu, en 1997, le prix Nobel alternatif pour avoir contribué à la refondation de l’histoire et pour sa vision originale du développement consistant à mobiliser les capacités culturelles africaines pour inventer de nouvelles dynamiques d’émancipation sociale et économique en Afrique. Le message de la postérité, aux générations d’Africains à venir, est puissant : bâtir de nouvelles pyramides : «L’Afrique a une histoire. L’Afrique, berceau de l’humanité, a enfanté l’histoire. Malgré des obstacles géants, des épreuves majeures et des erreurs tragiques, l’Afrique a illustré notre aptitude au changement et au progrès : notre historicité. Mais celle-ci doit, par la conscience historique, gouverner les trois moments du temps : le passé, le présent et la projection vers l’avenir. L’invocation par nous du passé seul, du passé simple, ne prouve rien pour le présent et l’avenir, alors que la convocation d’un présent médiocre ou calamiteux comme témoin à charge contre nous, peut mettre en doute notre passé et mettre en cause notre avenir. C’est pourquoi chaque Africaine, chaque Africain doit être, ici et maintenant, une valeur ajoutée. Chaque génération a des pyramides à bâtir», écrit le professeur Joseph KI-ZERBO, dans un ouvrage publié à titre posthume.
Références bibliographiques
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Paris, le 1er août 2024, par Amadou Bal BA –