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«Joseph AKA, sa compagnie de chorégraphies et danses contemporaines, de la condition humaine et du bien-vivre ensemble» par Amadou Bal BA

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C’est Thomas SYLVAND, écrivain et régisseur général à l’orchestre national de Cannes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui a porté à ma connaissance l’engagement artistique de Joseph AKA, un artiste talentueux, mais particulièrement discret. En effet, Joseph AKA a monté une compagnie de chorégraphies et danses contemporaines, à Chambéry, en Savoie, région Auvergne-Rhône-Alpes, en France. Joseph AKA, dans sa puissance créatrice, a su s’entourer d’artistes d’une grande qualité, notamment Mme Marybel DESSANGES, compositrice et pianiste, M. Fabien BESEGGIA, dramaturge, une collaboration depuis plus de dix ans, M. Alexandre DANDELOT, chanteur lyrique et M. Philippe BAL BLANC, pour le projet «Grégor et moi». C’est donc un travail riche, collaboratif et en équipe.

La Compagnie de Joseph AKA, fondée en 2001, dont le but est de créer du lien avec le public, de partager des expériences artistiques et humaines fortes, possède à son actif huit créations chorégraphiques : Une création pour les 10 ans du Scarabée (2005), Naît-Sens (2006), Djaga (2007), Et si (2009), Regards Croisés…tout sauf mon ombre (2011), Corpus in Animam, le fantôme dans la machine (2012), No Rules (Anything Goes) (2015) et Où je suis étranger (2019). Initié dès son plus jeune âge aux danses traditionnelles, Joseph AKA débute une carrière de professeur de danse et de danseur, accompagnant des spectacles divers à travers toute l’Afrique. Au début des années 90, sa route se poursuit en France où Joseph AKA se forme à la danse contemporaine au conservatoire de Nancy. Il poursuit sa carrière d’interprète et de chorégraphe en France en créant sa compagnie de danse professionnelle.

I – Joseph AKA, artiste de la Condition humaine, son inspiration tirée de la littérature

Joseph AKA est avant tout, un artiste de la condition humaine, un promoteur d’une «culture universelle créolisée», un monde du métissage, suivant un thème cher à Edouard GLISSANT (Voir mon article, Médiapart, 28 février 2024). En effet, Joseph AKA conduit, au sein de sa compagnie des expérimentations chorégraphiques contemporaines, inspirées des valeurs culturelles africaines et de ses diasporas. Dans sa grande altérité, mêlant enracinement et ouverture, «un rendez-vous du donner et du recevoir» suivant un thème cher au président-poète, Léopold Sédar SENGHOR (Voir mon article, Médiapart, 9 octobre 2021), les créations artistiques de Joseph AKA, un mélange de culture africaine et une expression contemporain, portent un regard original sur des questionnements à portée universelle.

Joseph AKA, un artiste très exigeant, sa danse et ses chorégraphies sont inspirées, souvent, de la littérature, de la poésie. Ainsi, sa chorégraphie, datée de 2019, «Où je suis étranger », traite des notions d’appartenance et d’identité. Cette pièce, pour trois danseurs, mêlant danse et musique, s’inspire notamment de Louis ARAGON (Voir mon article, Médiapart, 16 avril 2023). «J’arrive où je suis étranger. Un jour tu passes la frontière. D’où viens-tu, mais où vas-tu donc ? Demain qu’importe et qu’importe hier. Le cœur change avec le chardon. Tout est sans rime ni pardon. À l’homme pour l’homme abjurer. Pourquoi ces simagrées. Rien n’est précaire comme vivre. Rien comme être n’est passager. C’est un peu fondre pour le givre. Et pour le vent, être léger. J’arrive où je suis étranger», écrit-il dans son poème, «J’arrive où je suis étranger». Joseph AKA s’est aussi inspiré du poète Jacques PREVERT, «Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel hommes des pays lointains, cobayes des colonies. Apatrides d’Aubervilliers, brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris, Tunisiens de Grenelle, Polacks du Marais du Temple des Rosiers, Cordonniers de Cordoue, soutiers de Barcelone, Esclaves noirs de Fréjus, Enfants du Sénégal , expatriés et naturalisés, on vous a renvoyé la monnaie de vos papiers dorés, on vous a retourné vos petits couteaux dans le dos. Étranges étrangers, Vous êtes de la ville vous êtes de sa vie, même si mal en vivez même si vous en mourez», écrit-il dans son poème, «Etranges étrangers».

«Gregor et moi » du chorégraphe Joseph Aka qui sera jouée, le 6 février 2025, au Grand angle, 6 rue du Moulinet, 38500 à Voiron, en Isère. Inspirée de la nouvelle de Franz KAFKA «La métamorphose» (Voir mon article, sur le centenaire de KAFKA, Médiapart, 17 mai 2024), la pièce dansée utilise la forme chantée lyrique avec un contreténor pour rendre le texte de l’écrivain face au danseur qui rend l’univers fantastique de KAFKA. L’intrigue de la «métamorphose», un roman fantastique, est relativement simple, mais étonnante. «Tout le fantastique est rupture de l’ordre reconnu, irruption de l’inadmissible au sein de l’inaltérable réalité quotidienne», écrit Roger CAILLOIS, dans son «Anthologie du fantastique». En effet, un matin, Gregor Samsa se réveille, transformé en «monstrueuse vermine» ou «une immonde bestiole», en un cancrelat géant. Un cafard est un insecte aplati de mœurs nocturnes, coureur rapide, il se nourrit de déchets alimentaires. Gregor Samsa, devenu un insecte, perd sa place parmi les hommes, car il ne peut pas communiquer. Exploité par sa famille, peu considéré par son père, contre lequel il se révolte, le personnage de Gregor Samsa représente une satire féroce contre le capitalisme, une dénonciation des conditions de travail difficiles, mais surtout de la férocité et l’inhumanité avec laquelle sont traités les employés de commerce. En effet, le personnage de Gregor Samsa, un employé modèle, est menacé pourtant de licenciement, pour manque de rentabilité ou accusations, à tort, de malversations.

II – Joseph AKA, artiste du Bien-vivre ensemble, de la Solidarité et de la Fraternité

Joseph AKA, un franco-ivoirien, est aussi un éminent artiste du bien-vivre ensemble. En effet, là où certains stigmatisent, calomnient ou excluent, dans ses engagements, Joseph AKA, en éminent promoteur du bien-vivre ensemble, à son projet du «Pays de Savoie Solidaire», met l’accent sur l’Harmonie, la Justice sociale, la Solidarité, sur tout ce qui rassemble au lieu de diviser.

Joseph AKA et ses équipes sont initiateurs et promoteurs d’un centre artistique, culturel et social en Côte d’Ivoire, l’association Abissa en collaboration avec sa Compagnie de Danse. L’Association Abissa a été créée dans le but de promouvoir la culture africaine à travers la danse. Elle développe depuis 2016 un projet de centre chorégraphique et culturel en Côte d’Ivoire. Joseph AKA, directeur artistique de la Compagnie, souhaite partager l’expérience qu’il a acquise en France depuis plus de vingt ans et favoriser ainsi la création et l’accès à la formation artistiques dans son pays natal et plus particulièrement au sein du village de sa famille maternelle. Ce projet, dont le but principal est une mixité culturelle et artistique, a aussi d’autres ambitions, à la fois culturelle, sociale et écologique. C’est un lieu de soutien à l’apprentissage du français, un accompagnement scolaire et un espace bibliothèque, mais aussi un centre d’échange sur les questions sanitaires et sociales (planning familial, aide à l’entrepreneuriat des femmes, en vue d’un développement personnel et professionnel.

Dans sa dimension économique et écologique, le projet misé sur une énergie propre et renouvelable, en incitant à l’utilisation de panneaux solaires pour l’électricité, ainsi des pompes pour puiser l’eau dans les nappes phréatiques. Il est aussi envisagé la création de logements sociaux dotés de ces normes écologiques.

Un centre de formation artistique, à Botindé, dans la province de Tiassalé, la région des Lagunes, à une heure de la capitale économique, sera doté d’un lieu de vie, d’échanges et de rencontres, notamment pour les besoins artistiques, mais aussi des logements et une bibliothèque. Joseph AKA souhaite que les artistes résidants en Côte d’Ivoire qui veulent vivre de leur art puissent le faire, et qu’ils disposent de tous les moyens nécessaires pour réussir. Le projet a pour vocation de soutenir l’éducation et le développement social en offrant une aide à la lecture, à l’écriture, en somme à l’apprentissage de la langue française, et permettre ainsi de combattre l’illettrisme. La mise en place d’un planning familial avec des permanences est également un des éléments importants du projet.

Les objectifs poursuivis sont notamment :

– Offrir l’accès à des formations professionnelles adaptées ;

– Offrir des opportunités professionnelles ;

– Développer une mixité culturelle, artistique et sociale ;

– Aider au développement économique de la région ;

– Faire rayonner des artistes ivoiriens au niveau international ;

– Combattre l’illettrisme

– Développer la prévention et l’accès à la contraception

– Développer les échanges Nord – Sud.

Brèves indications bibliographiques

BA (Amadou, Bal), «Franz Kafka, (1883-1934), le centenaire de sa mort», Médiapart, 17 mai 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Louis Aragon (1897-1982), poète du mentir-vrai», Médiapart, 16 avril 2023 ;

BA (Amadou, Bal), «Valérie Marin La Meslée, son nouveau livre : «Le diamant d’Edouard Glissant», Médiapart, 28 février 2024.

Paris, le 14 octobre 2024, par Amadou Bal BA

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