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«Jimi HENDRIX (1942-1970), un guitariste, un chanteur et compositeur hors pair, une étoile filante» par Amadou Bal BA –

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«Je suis entré dans la littérature comme un météore, j’en sortirai par un coup de foudre», rongé par la syphilis, ainsi se confiait en novembre 1890, Guy de MAUPASSANT à José Maria de HEREDIA (1842-1905). Jimi HENDRIX s’intéressait à trois choses sa musique, les filles et la drogue. Guitariste, auteur-compositeur et chanteur, Jimi HENDRIX est une étoile filante disparue à l’âge de 27 ans. Ses années fastes ont été entre 1966 et 1970, mais il est allé au «bout de la nuit» de son art. Une brève, mais glorieuse vie, qui a considérablement marqué l’histoire de la musique, notamment en raison de son approche unique de la guitare électrique et des techniques d’enregistrement en studio. Avec son groupe, «The Jimi Hendrix Experience», il est considéré comme «un des personnages les plus révolutionnaires de la musique pop, musicalement et sociologiquement parlant», dit Frank ZAPPA (1940-1993), un compositeur. Jimi HENDRIX, un guitariste gaucher, jouait sur une guitare de droitier, en improvisant ; il avait inversé les cordes. Sa musique profondément novatrice et moderne annonçait déjà toutes les audaces à venir, notamment le Heavy Metal. «Il y a quelques années, alors que la musique pop s’avérait rentable, un manager découvrit un monstre : Jimi Hendrix. Ce noir américain qui résidait en Grande-Bretagne, avait de quoi étonner : hirsute et sauvage, il ne se contentait pas de chanter, il avait inventé un style à une époque où le style officiel était celui des Beatles. Il semblait vivre dans un monde électronique et mythique» écrit le journal «Combat» du 19 septembre 1970. Jimi HENDRIX est un tenant de la musique psychédélique, délirante et parfois surréaliste : «La façon dont j’écris les choses est un clash entre la réalité et la fantaisie. Tu dois utiliser de la fantaisie pour montrer les différents côtés de la réalité. […] Je déteste appartenir à une seule catégorie. Je déteste être juste un guitariste, un parolier ou un danseur de claquettes» dit-il dans un entretien du 11 septembre 1970, accordé à Keith ALTHAM du journal «The Independent». En effet, Jimi HENDRIX est bien plus qu’un guitariste de génie, c’est un musicien complet ayant une aversion profonde pour les clichés réducteurs : «Je déteste être catalogué. Je déteste seulement être considéré comme un guitariste, ou alors juste comme un compositeur ou seulement qu’un danseur de claquettes. J’aime seulement être dans les parages» précise-t-il.

Jimi HENDRIX, de ses diverses origines ethniques (noire, blanche et indienne) a abattu toutes les barrières artificielles, en faisant de sa musique un mélange de Blues, de Soul, de Jazz et de Rock et se rapprochant de toutes communautés. Il avait pour amis les Beatles et les Animals et ses nombreuses conquêtes féminines étaient de toutes les couleurs.

Dans ses grandes obsessions Jimi HENDRIX voulait être un musicien de blues, il ne quittait jamais sa guitare. Perfectionniste, il répétait sans cesse ses morceaux jusqu’à épuiser et excéder ses accompagnateurs. Dévoré par la passion de son art, il ne vivait que par et pour sa musique et ne quittait que rarement sa guitare. «Je vivais dans une pièce plein de miroirs, je ne voyais que moi» dit Jimi HENDRIX, dans «Room Full of Mirors».

Personnage timide et tragique, Jimi HENDRIX se révélait sur scène, à travers ses accoutrements et sa musique déjanté. Voyageur immobile, Jimi HENDRIX est constamment à la recherche de lui-même, d’un artiste ayant voulu constamment se dépasser «Si je suis libre, c’est parce que je cours toujours» disait-il.

Dans les années 60, Jimi HENDRIX est engagé pour accompagner les artistes les plus en vue de l’époque, tels que Ike TURNER, Little RICHARD, Wilson PICKETT, Jackie WILSON, Sam COOKE, etc. En 1964, Jimi HENDRIX débarque à New York, où il accompagne différents groupes les Isley Brothers, John Paul HAMMOND, King CURTIS et, plus particulièrement, Curtis KGNIGHT, avec qui il écrit quelques chansons avant de les enregistrer sur son album. Le premier vrai groupe de Jimi Hendrix est formé en 1965 et adopte le nom de «Jimmy James et The Blue Flames », et continue la tournée des clubs de New York.

Aussi longtemps qu’il est resté en Amérique Jimi HENDRIX, resté dans l’anonymat, s’est contenté de reprendre les morceaux des autres et joué dans des endroits essentiellement réservés aux Noirs. Jimi n’était pas un militant acharné des droits civiques, il ne s’exprimait qu’à travers sa musique. Et pourtant, au début de sa carrière, Jimi HENDRIX a été victime du racisme ordinaire «Désolé, les gars on ne sert pas les types comme vous ici. On a des règles, vous savez» lui dit, un jour, un barman.

C’est lors d’un concert au célèbre «Café Wha ?» que l’ex-bassiste des Animals devenu producteur, Chas CHANDLER (1938-1996), conquis par sa reprise de « Hey Joe » décide d’emmener Hendrix en l’Angleterre, le 24 septembre 1966 «Je me suis dit qu’il était impensable que personne n’ait encore signé ce type. Je n’arrivais pas à croire qu’il traînait là sans que personne ne se soit occupé de lui» dit Chas CHANDLER. En octobre 1966, Jimi HENDRIX reprend un tube de Tim ROSE, «Hey Joe». Le succès est immédiat : le titre s’installe au sommet des charts britanniques et le groupe est invité à faire la première partie des Who au Saville Theatre. Il restera dans les charts pendant 33 semaines, atteindra la deuxième place derrière le «Sergent Pepper Lonely Hearts Club Band» des Beatles. Le deuxième single, «Purple Haze», sort en mars 1967, un autre classique, est son premier album. Jimi HENDRIX rencontre les Beatles en pleine gloire, ainsi que de nombreux autres artistes, dont Eric CLAPTON et Mike JAGGER. En France, en première partie de Johnny HALLYDAY et se produit à l’Olympia le 18 octobre 1966. En virtuose halluciné, Jimi HENDRIX faisant pleurer et crier sa guitare. A Londres en 1966, ce mélange de rock, de blues et de musique psychédéliques détonne. Aussi, Jimi HENDRIX sort de l’anonymat et fait exploser son talent.

La musique psychédélique de Jimi HENDRIX, repoussant toutes les limites du genre, exhale et incarne, à elle seule, toute une époque, celle des années 60. Jimi HENDRIX aspirait au changement et chacun, par son exemplarité devrait contribuer à rendre le monde meilleur. «Je pense qu’il faut que tout cela viennent de l’intérieur. Je crois qu’une personne devrait changer elle-même, afin d’être un exemple vivant de ce qu’elle chante. Afin de changer le monde, vous devriez d’abord avoir procédé à un examen de conscience, avant de donner de donner des leçons aux autres. Mes opinions politiques s’expriment dans ma musique. On a cette chanson, «Straight Ahead» qui dit « pouvoir au peuple, liberté de l’âme », transmets cela aux jeunes, comme aux vieux, et on s’en fout que tes cheveux soient longs ou courts» dit-il le 11 septembre 1970, à «The Independent». En effet, Chaque génération veut reconstruire le monde, celle de Jimi HENDRIX coïncide avec la lutte contre la guerre au Vietnam, les droits civiques pour les Noirs, la reconnaissance de la liberté et de l’orientation sexuelle, et c’est surtout cette génération «Flower Power» avec ses grands concerts en plein air notamment à Woodstock. C’est une époque de forte contestation de l’ordre établi par diverses forces, les anarchistes, les syndicalistes, les militants féministes, les héritiers de la Beat génération, les hippies décident de se retirer de ce monde violent et sans attraits et choisissent principalement la Californie. Jimi HENDRIX, dans sa musique psychédélique, est un disciple de l’écrivain et philosophe Aldous HUXLEY (1894-1963), toxicomane adepte de la mescaline, pour qui, l’utilisation des champignons hallucinogènes, et notamment l’absorption de drogues, entraînerait un élargissement de la conscience, permettant de vivre des expériences uniques et d’accéder à la rencontre du Divin. Jimi HENDRIX est donc un représentant authentique des années 60 : «J’ai pris pratiquement toutes les drogues possibles et imaginables, de l’herbe à la cocaïne ; mais je n’ai jamais utilisé d’héroïne» dit Jimi HENDRIX en 1969.

C’est en particulier au festival de pop music à Monterey, en Californie, du 16 au 18 juin 1967, que Jimi HENDRIX se révèle par sa musique détonante, son accoutrement, sa sensualité et ses Gimmick, ses artifices. «Toujours les gimmick ! J’en ai marre d’entendre que ça ! Le monde est gimmick. La guerre, les bombes au Napalm ; les gens qui se font brûler à la TV, des gimmicks ?» disait-il. En effet, il mime de faire l’amour sur un coin, il brûle sa guitare et en casse une autre, devant un public médusé. Cette subite notoriété est une aubaine pour lui ; il sera invité partout et enchaîne 57 concerts d’affilié en moins d’un an. Il est partout sur les radios, mais l’Amérique conservatrice lui refuse un passage à la télévision. Les Jeunes filles de la Révolution réclament que Jimi, jugé obscène et séducteur soit déprogrammé de ses salles de concerts.

James Marshall HENDRIX, né Johnny Allen HENDRIX, dit Jimi HENDRIX voit le jour le 27 novembre 1942, à Seattle, dans l’Etat de Washington. Son père, James Allen Ross HENDRIX (1919-2002), dit Al, un militaire, de Vancouver, de la Colombie britannique (Canada), arrivé à Seattle en 1940, travaillait initialement, pour une fonderie. Sa mère, Lucille JETER, (1925-1958), dont ancêtres originaires de Richmond, en Virginie, une fille jolie et naïve, était une serveuse. Ses parents se sont mariés le 31 mars 1942. Jimi, un fils aîné, il avait trois sœurs (Janie et Kathy et Pamela) et deux frères (Léon et Joseph). A neuf ans, ses parents de conditions modestes et sa mère alcoolisée, se séparent. Il apprend à jouer de la musique et son père lui achète une guitare. Il écoute les nombreux disques de son père et apprécie les musiques de Elvis PRESLEY, Little RICHARD, Muddy WATERS, BB KING ou Chuck BERRY. Jimi s’engage comme parachutiste dans l’Armée mais, il se casse la jambe, et tant mieux, pour la musique. Il s’installe en janvier 1964 à New York et obtient le premier prix amateur de l’Apollo Theater et intègre divers groupes.

Londres a permis à Jimi HENDRIX de devenir lui-même. Il avait trouvé un appartement, dans le quartier de Mayfair, au 23 Brook Street, à Londres. L’appartement devenu un musée, n’était, à l’époque, entouré que de magasins, ce qui permettait à Jimi HENDRIX de jouer sans guitare, en pleine nuit, sans importuner qui que ce soit.

Les différents biographes ont voulu, comme trop souvent, ramener un artiste noir, Jimi HENDRIX, à des clichés superficiels. «On voit Hendrix se rouler par terre, frotter sa guitare entre ses jambes, trafiquer ses amplificateurs, passer son instrument derrière son dos, tout cela en plein solo. Et puis, Jimi amène sa guitare à sa bouche, comme pour l’embrasser ou la caresser, et d’un coup, joue avec ses dents» écrit Benoît FELLER, un de ses biographes. C’est uniquement un Noir jouant la musique des Blancs, le rock, un queutard, un junkie, issu d’une famille pauvre ayant su se hisser en haut de l’affiche. Il y a une part de vérité dans ce portrait, mais l’essentiel est ailleurs, à savoir que Jimi HENDRIX était un musicien de génie et les thèmes irriguant ses chansons sont riches et d’une hauteur de point de vue. On n’a pas encore recensé l’ensemble des chansons de Jimi HENDRIX, dont une part importante, n’ont pas encore diffusées. En effet, Jimi HENDRIX avait un studio d’enregistrement à New York, d’un valeur de 1 million de dollar, une fortune à l’époque et il passait une bonne partie de son temps à composer et enregistrer ses chansons. Les grands tubes, déjà diffusés, de Jimi HENDRIX sont notamment Hey Joe, Purple Haze, Wind Cries Mary, All Along Watchtower, Woodoo Chile, Star Spangled Banner, Little Wing, Foxey Lady ou Bold as Love.

La chanson «Hey Joe», enregistrée le 13 octobre 1966, une reprise de la version chantée de Tim ROSE, et de celle de Billy ROBERTS en 1962, est une interpellation de deux personnages, qu’interprète le chanteur. Cette chanson qui a popularisé Jimi HENDRIX, est un standard du rock, déjà interprété par plus de 147 artistes. Le personnage de Joe envisage de tuer sa femme pour s’enfuir au Mexique ou dans le Sud, pour échapper à la peine de mort. «Hey Joe, where are you going with that gun on your hand ? I’m going down to shoot my old lady. You know, I caught her messing around with another man“ ou «Hé Joe, où vas-tu avec cette arme à la main ? Je descends abattre ma poule. Tu sais que je l’ai attrapée en train de me tromper avec un autre homme». Les conservateurs ont vu dans «Hey Joe» une chanson misogyne évoquant le meurtre d’une femme pour lequel Joe, qui n’en éprouve aucun remords, s’enfuit pour échapper à la Justice. En fait, Jimi HENDRIX, on l’a dit un représentant de la génération des années 60, où les violences conjugales ou, en pleine ségrégation raciales, les violences, tout court, faites à toutes les minorités, sont dénoncées et elles sont causées par l’alcool, la vente libre d’armes ou les drogues. Il s’agit donc à travers «Hey Joe» de dénoncer toutes les violences illégitimes, et d’esquisser les moyens de les combattre, qu’elles émanent de la sphère privée ou publique.

On a aussi voulu faire croire que, «Purple Haze», «Nuée violette », ou «Brume pourpre», une chanson composée et enregistrée par Jimi HENDRIX à Londres en janvier février 1967, serait une apologie des drogues ou substances hallucinogènes. En effet, aux Etats—Unis, on refuse pendant un certain temps, dans certaines radios, de diffuser «Purple Haze» une musique jugée «sale». Cependant, Jimi HENDRIX s’en défend et estime que «l’idée venait d’un rêve que j’avais fait, dans lequel je marchais sous la mer. C’était en rapport avec une histoire que j’avais lue dans un magazine de science-fiction. Il y est question d’une planète appelée «Danse Joy» où le ciel devient parfois violet la nuit et mauve le jour» dit-il, en référence à une nouvelle de Jose FARMER écrite 1957, mais publiée en 1966, «Night of Light Day of Dreams». Par conséquent, l’inspiration vient d’un récit de science-fiction. En effet, «Purple Haze» surnommé «Danse Joy», est une musique étrange, triste et exhalant la désespérance «Oh, help me. I cannot go like this» ou «Aidez-moi, je ne peux pas partir comme ça». Jimi HENDRIX semble s’embarquer pour une planète étrange, mais probablement, il s’agirait d’un voyage initiatique. Le chanteur est dans d’autres sphères, un souffle lui a ravi son esprit. Il invite à une communion de tous par le cœur et l’esprit.

La chanson, «All Along Watchtower», un rock psychédélique, est une reprise, le 21 septembre 1968, à Londres, d’une chanson de Bob DYLAN, composée en 1967. Cette interprétation de Jimi HENDRIX eut beaucoup plus de succès que celle de Bob DYLAN. En 2021 le magazine, «Rolling Stone» a classé la version «All Along Watchtower» de Jimi HENDRIX en 40ème position des 500 plus grandes chansons de tous les temps : «Les gens qui n’aiment pas les chansons de Bob Dylan, devraient lire ses textes. Ils sont faits de joie et de peines de la vie. Parfois, je joue des chansons de Dylan et elles me ressemblent tellement que j’ai l’impression de les avoir écrites» dit Jimi HENDRIX. Il se dégage de cette chanson, après un accident de moto de Bob DYLAN, une prise de conscience des valeurs de la vie ; la vie n’est pas un jeu. Dans cette chanson, une conversation s’engage entre «le Joker», bouffon, l’artiste et un voleur. L’artiste a l’impression que personne ne comprend vraiment son travail et n’est pas rétribué à la mesure de son talent. Le voleur, un marginal, estime que l’artiste, tous les deux apprécient la vie. Pendant qu’ils devisent, ils s’approchent d’un château et de son donjon ou «Watchtower» ; le château incarne l’ordre établi, les deux individus sentent qu’une confrontation entre deux valeurs de la vie est imminente. «There must be some kind of way out of here There is too much confusion. I cannot get no relief». ou «Il doit y avoir un chemin pour s’échapper de là. Il y a trop de confusion. Je ne peux pas obtenir la sérénité». En humaniste, Bob DYLAN face à cet ordre social rigide, appelle à la résurgence de nouvelles valeurs de la vie. Cette chanson de 1968, est pour Jimi HENDRIX, l’année de l’émancipation de Chas CHANDLER qui l’avait introduit en Grande-Bretagne. Il recherche de nouvelles sonorités de sa guitare, par une utilisation intensive de la stéréo.

Les femmes occupent une place particulière dans le répertoire musical de cet artiste jouisseur qui avait le cœur en bandoulière, un croqueur de femmes. Aussi, il compose «Little Wing» ou «Petite aile» qui est «à propos des jolies groupies que je rencontre parfois. Et, ces jolies filles viennent et de te divertissent vraiment. Tu tombes vraiment amoureux d’elles, car c’est le seul amour que tu puisses avoir. Ce n’est pas toujours physique, ce n’est juste que des occasions. Elles te disent vraiment quelque chose, et te livrent différents éléments de leur moi intérieur» dit Jimi HENDRIX. L’artiste, un éminent représentant des années 60, voulait juste mordre la vie à pleine dents «Je voudrais juste me lever le matin, rouler hors de mon lit, tomber dans une piscine intérieure et nager jusqu’ à la table du petit-déjeuner. Lever la tête hors de l’eau, prendre un jus d’orange, me laisser tomber de ma chaise jusque dans la piscine, nager jusqu’à la salle de bains et aller me raser ou peu importe» dit-il à Keith ALTHAM, dans un entretien du 11 septembre 1970 accordé à «The Independent». En effet, il séduisait ses groupies et les changeait, comme il changeait de chemise. «Des filles, Jimi Hendrix en a connu par dizaines. Mais il n’a jamais aimé comme il l’a fait avec Kathy Etchingham et Devon Wilson, deux femmes pourtant bien différentes» écrit le magazine, «Vanity Fair». Cependant, parfois, la jalousie et les peines du cœur transparaissent dans cette création musicale. Ainsi, «The Wind Cries Mary», sorti en 1967, un rock psychédélique, est composé à Londres, à la suite d’une querelle de jalousie. En effet, une de ses conquêtes, Kathy ETCHINGHAM, avait quitté la maison, après une dispute, et quand elle revient, le lendemain, Jimi HENDRIX avait composé cette chanson en utilisant son deuxième prénom. Leurs relations tumultueuses se poursuivront jusqu’au 9 avril 1969. Jimi HENDRIX avait rencontré à Los Angeles, une autre fille, Devon WILSON (1943-1971), originaire de Milwaukee, qui se suicidera en février 1971. Jimi HENDRIX avait consacré une chanson à Devon WILSON, intitulée «Dolly Jagger» diffusée en 1997, à titre posthume. Quand, Jimi est arrivé à Londres le 24 septembre 1966, il était sans le sou, partout où il passait dans les club, on lui demandait ses références, «Are you Experienced ?» d’où par la suite le nom de son groupe. Kathy ETCHINGHAM, née en 1946, une irlandaise, installée à Londres et devenue une Disc Joker, a été d’un grand secours pendant ces moments difficiles. «Il avait l’air original, vraiment très beau. Il était frais, et il avait un accent américain vraiment très doux» avait dit de Jimi, Kathy ETCHINGHAM. Les paroles oniriques évoquent une rupture, des sanglots, le bonheur fugace et les cris du vent. «After all the jacks are in their boxes and the cloxns have all gone in bed. You can hear happiness staggering on down street, footsep dressed in red and the wind whispers Mary» «Après tout que les valets soient rangés dans leurs boites et que les clowns soient couchés, tu peux entendre le bonheur descendre la rue en titubant, ses pas habillés en rouge et le vent murmure, Mary». Cette chanson poétique n’évoque nullement la consommation de la drogue. On y sent, certes, l’influence des Beattles qui l’ont bien accueilli à Londres, à travers «Strawberry Fields Forever» de John LENON, mais le message, de «The Wind Cries Mary», semble être ailleurs. C’est apparemment un hymne dédié à toutes les femmes qu’il a aimées. Il a écrit cette chanson «pour ses copines, nos tantes, et surtout notre mère qui nous surveillait dans l’Au-delà» écrit Léon HENDRIX, son frère.

Jimi HENDRIX, tout en étant anticonformiste, n’a été pendant longtemps marqué par un engagement politique frontal. On a même dit qu’il était ouvertement anticommuniste ; il s’était même, un certain temps engagé dans l’Armée et ne s’intéressait qu’à sa musique. Au concert de Woodstock, du 15 au 18 août 1969, renouant avec l’ambiance de sa génération de contre-culture, il chante «The Star Spangled Banned», la «Bannière étoilée», ou l’hymne national des Etats-Unis, mais à sa manière, en protestation contre la guerre au Vietnam, la discrimination raciale et contre tous les conservatismes. A cette époque et à Woodstock, une période d’espoir et d’optimisme, émerge les mouvements «Flower Power» «Peace and Love», «Faites l’amour, pas la guerre». Jimi HENDRIX utilise toutes les palettes techniques possibles (pédales, vibrato) pour créer des effets sonores évoquant la guerre ; il fait hurler sa guitare, en mimant les bruits de bombardements et de sirènes. Cette interprétation de l’hymne national des Etats, avec un tempo lent, en gommant son aspect martial, est une forme de contestation de la guerre du Vietnam.

Le 4 juillet 1970, à quelques semaines de sa mort, Jimi HENDRIX participait à la deuxième édition de l’Atlanta Pop Festival, à Byron, en Géorgie, un Etat du Sud, marqué par la ségrégation raciale, l’intolérance et la haine. Ce qui déchaina la fureur de Lester MADDOX, gouverneur de cet Etat sudiste, en raison de la venue de 300 000 jeunes, essentiellement des hippies.

«Je sacrifie une part de mon âme, à chaque fois que je joue. Je ne suis pas sûr de vivre jusqu’à 28 ans. Je veux dire que lorsque je n’ai plus rien donner, au plan musical, je ne serai plus de cette planète, à moins que j’aie une femme et des enfants. A part cela, je n’ai aucune raison de vivre» il parlait parfois de sa mort. Jimi HENDRIX est décédé, d’un cocktail de médicaments et de vin, à Londres, le 18 septembre 1970. Il a été étouffé par ses vomissures suite à une intoxication aux barbituriques mélangés à de l’alcool. Comme Janis JOPLIN ou Billie HOLIDAY ou Kurt COBAIN, le chanteur Jimi HENDRIX est mort de ses excès. Jimi HENDRIX est inhumé à Greenwood Memorial Park à Washington. Il avait un fils, James SUNDQUIST, né le 5 octobre 1969, d’une mère suédoise, Eva SUNDQUIST. Suivant, James WRIGHT, et cela n’a pas été prouvé de façon convaincante, Jimi HENDRIX aurait été assassiné par Michael JEFFREY, son manager.

Comme le plus souvent, la mort d’un grand artiste est une dépouille exquise, les membres de sa famille se disputent autour de l’héritage, estimée à 80 millions de dollars. En 2002, à la mort du père et en l’absence en 1970 d’un testament, c’est Janie, la sœur adoptive, qui a été chargée de gérer le patrimoine du musicien, «Experience Hendrix» et «Authentic Hendrix». Il n’a été laissé à Léon qu’un disque d’or. En 2004, la Cour suprême de l’Etat de New York a estimé que Léon HENDRIX ne pouvait pas contester le testament de son père, Al HENDRIX et devait en accepter la validité.

A sa mort, certains conservateurs disaient qu’il ne fallait pas rendre hommage à « un drogué ». Cependant, Jimi HENDRIX ne vivant que son art, en dépit de sa vie brève, a transcendé toutes les générations. En dépit de ses excentricités dans ses effets vestimentaires, il voulait être reconnu comme un musicien sérieux et talentueux, en explorant des pistes nouvelles : «Chas nous encourageait toujours à aller plus loin, nous expliquant : la règle est qu’il n’y a pas de règles» disait-il.

L’appartement qu’il occupait à Londres, dans le quartier de Mayfair, 23 Brook Street, est devenu un musée. Le musicien Georg Friedrich HANDAEL (1665-1759) habitait au 25 Brook Street. Jimi y résidait avec Kathy ETCHINGHAM. C’est à Londres qu’il a connu la gloire et dans cette ville qu’il est mort : «Le seul foyer que j’aie jamais eu» disait Jimi HENDRIX.

Références bibliographiques

ALTHAM (Keith), «Jimi Hendrix », The Independent, du 11 septembre 1970, un entretien diffusé intégralement à la radio ; BURREL (Ian) «Jimi Hendrix’s Final Interview to be broadcast on Radio in his Entirety», The Independent, du 18 septembre 2013 ;

BELCACEM (Bahlouli), «Un jour, une histoire, 18 septembre 1970, disparaissait Jimi Hendrix», Rolling Stone, du 18 septembre 2021 ;

CANSELIER (Régis), Jimi Hendrix. Le rêve inachevé, Paris, Les mots et le reste, 2010, 430 pages ;

CROSS (Charles ; R.), Jimi Hendrix. L’expérience des limites, Paris, Camion blanc, 2006, 512 pages ;

FELLER (Benoit), Jimi Hendrix, Paris, Albin Michel, 2001, 190 pages ;

LAWRENCE (Sharon), Jimi Hendrix : L’homme, la magie, la vérité, Paris, Flammarion, 2005, 357 pages ;

MARTINEZ (Frédéric), Jimi Hendrix, Paris, Tallandier, 2010, 126 pages ;

MEDIONI (Franck), Jimi Hendrix, Paris, Gallimard, 2012, 400 pages ;

MURRAY (Charles Shaar), Jimi Hendrix. Vie et légende, traduction de François Gorin, Paris, Seuil, 1996, 350 pages ;

NUC (Olivier), Jimi Hendrix, préface de Ben Harper, Paris, J’ai Lu, 2003, 90 pages ;

Vanity Fair, «Kathy Etchingham et Devon Wilson, les deux amours contradictoires de Jimi Hendrix», Vanity Fair, du 18 septembre 2020.

Paris, le 20 juillet 2022, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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