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«Guinée : Tension fiévreuse et explosive dans l’attente des résultats du scrutin présidentiel du 18 octobre 2020» par Amadou Bal BA

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Cellou Dalein DIALLO a annoncé sa victoire dès le 1er tour, à plus de 58% et demande à ses partisans de rester « vigilants et mobilisés pour defendre cette victoire de la démocratie ».

Ce premier tour du 18 octobre 2020 des présidentielles de la Guinée est celui de tous les dangers. Alpha CONDE, président sortant, a peut-être commis l’irréparable, avec ce troisième mandat fortement contesté. En effet, la candidature à un 3ème mandat d’alpha CONDE avait suscité beaucoup de passions et de violence ; la campagne électorale n’a pas échappé à cette logique de tension. La Guinée, c’est une centaine de partis politiques, mais 12 candidats ont participé à ces présidentielles. Deux candidats seulement sortent du lot : Alpha CONDE et Cellou Dalein DIALLO. Le président sortant, Alpha CONDE, risque de finir comme ces représentants de régimes monarchiques et dynastiques s’étant accroché au pouvoir (Robert MUGAGBE, IBK, Abdel Aziz BOUTEKLIKA ou Omar EL-BECHIR). Certains partisans de Cellou Dalein DIALLO, en se fondant des résultats de certains bureaux de vote annoncent déjà sa victoire, dans les réseaux sociaux.

En tout cas une tension fiévreuse et explosive est perceptible, dans l’attente des résultats officiels qui ne seront connus que dans quelques jours. Or, les partisans de chacun des candidats sont farouchement déterminés pour la conservation ou la conquête du pouvoir, sans concession. Par conséquent, si le scrutin a été jugé globalement calme, la publication des résultats, focalise toutes les attentions. Si le résultat publié par la CENI est trop éloigné des tendances observées dans les bureaux de vote, la violence est à redouter.

En tout cas, c’est une imposante participation électorale à ce 1er tour des présidentielles guinéennes, dans le calme et les bureaux de vote sont fermés depuis 18 heures. L’union européenne n’a pas envoyé d’observateurs. Cependant la CEDEAO et l’Union africaine ont dépêché une centaine d’observateurs et le sénateur OYO, président de cette mission, a estimé que le scrutin s’est déroulé dans le calme (ouverture des bureaux, déroulement et dépouillement en cours).

Auparavant, à l’ouverture des bureaux de vote, pour le président Alpha CONDE, candidat à sa succession, la Guinée doit voter dans la paix, la sécurité l’unité et la transparence. Mais il a ajouté qu’il n’acceptera pas la violence. C’est une déclaration ambiguë. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime, il est légitime dans ce rôle de maintien de l’ordre. En revanche, si le président-candidat qui formule des menaces, à peine voilées, sur une éventuelle contestation de sa victoire, cette déclaration pourra être lourd de conséquences. Le Cellou Dalein DIALLO, le principal opposant, a appelé à voter dans le calme et la sérénité. Une candidate Hadja CAMARA, n’a pas pu voter ; elle avait négligé de renouveler sa carte d’électrice. Certains candidats, peu expérimentés, comme Abe SYLLA et Moro SIDIBE, même le jour du vote, avaient encore un discours de campagne électorale, alors que celle-ci est déjà close.

Cependant, et en dépit de ce calme précédent la tempête, les choses peuvent se gâter au moment de la publication des résultats par la CENI et la Cour suprême. En effet, dans la soirée électorale du 18 octobre 2020, une curieuse et brève conférence de presse par le Premier ministre et le Ministre de la sécurité publique, a été tenue vers 21 heures (22 heures de Paris) pour dire qu’il est interdit, sous menace de sanctions pénales, de publier des résultats autres que ceux de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Pour le gouvernement, la CENI a trois jours pour rassembler les résultats et c’est la Cour suprême qui les proclame.

Par conséquent, Cellou Dalein DIALLO est donc visé par ces mises en garde, de ne pas publier sur Facebook les résultats. En effet, pendant la campagne électorale, Cellou Dalein DIALLO avait affirmé son intention de publier, au fur et à mesure, le résultat des élections, comme c’est le cas au Sénégal. Cellou Dalein DIALLO vient d’écrire sur sa page Facebook «2020 n’est pas 2010, encore moins 2015. Nous sommes prêts» dit-il. Le gouvernement reconnaît que lors du scrutin il y a eu des incidents, mais ils sont jugés « mineurs » et des enquêtes sont en cours.

En attendant, la proclamation officielle des résultats, j’espère, dans la transparence, le calme et l’unité de la Guinée : à suivre.

Paris, le 18 octobre 2020, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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