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Extorsion de fonds, Gaston Mbengue et Cie  en correctionnel: ce que disent les PV

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Coup de théâtre dans l’affaire de chantage sur des autorités : en plus de Cheikh Mbacké Gadiaga et de Moìse Rampino, le doyen des juges a renvoyé devant le tribunal correctionnel Salif dit Gaston Mbengue. Ce, conformément au réquisitoire de feu du parquet en date du 25 juin dernier.  Du moins  selon le journal Liberation qui livre les secrets  des  procés verbaux.
C’est un rebondissement spectaculaire dans le cadre de cette affaire qui aurait fait couler beaucoup d’encre. Selon les informations de Libération, le doyen des juges a renvoyé devant le tribunal correctionnel Cheikh Mbacké Gadiaga, Moise Rampino mais aussi Gaston Mbengue qui, depuis l’éclatement de cette affaire, dénonçait les agissements du duo. En fait, le magistrat instructeur n’a fait que suivre à la lettre le parquet qui, dans son réquisitoire définitif en date du 25 juin dernier s’est voulu formel : « l’examen des actes matériels accomplis par chacun des inculpés au moment de la commission des faits laisse apparaître que ceux-ci, unis par la communauté d’intérêt, ont goupillé une entente parfaite puis formé une association dans laquelle chacun d’eux avait une tâche minutieusement préparée définie au préalable, Cheikh Gadiaga mettant en place un site d’informations en ligne, véritable  tribune diffamatoire, sur lequel Moise Rampino postait toutes sortes de fausses nouvelles sur des autorités savamment choisies (ministres, directeurs des impôts et domaine, colonels des douanes et autres transitaires) avant que le troisième larron en l’occurrence Gaston Mbengue entrait dans la danse pour, sous le prétexte fallacieux, d’une médiation, pousser les autorités concernées à décaisser de l’argent pour stopper la publication d’articles sur elles ». En clair, une « association de malfaiteurs en vue de la commission de délits contre les personnes et les propriétés ». Mais comment en est-on arrivé là?
Ce que révéle l’enquête de la Sr
Le 22 décembre 2017, Pape Mael Diop, directeur général de l’Agence des aéroports du Sénégal (Ads) saisissait le chef de la Section de Recherches d’une plainte dirigée contre un certain J.F.Guillabert pour diffamation en expliquant dans sa plainte et au cours de audition que celui-ci avait, à la date du 19 décembre 2017, publié sur le site senegalinfo.net, un article contenant des informations diffamatoires et des injures graves. L’article incendiaire disait : « Le Dg des Ads Pape Mael Diop recrute dans sa cellule de communication, ses maîtresses qui n’ont pas fait d’études poussées et qui touchent un salaire de 700.000 ; recrutement de plus de 150 personnes qui touchent mensuellement un salaire alimentaire… (…) ». Poursuivant, le plaignant ajoutait, copie de l’article à l’appui, que l’auteur écrivait détenir des preuves de sa gestion fantasmagorique en promettant en outre de « mettre à nu tous les actes de banditisme perpétrés par le délinquant Pape Mael Diop depuis qu’il est à la tête des Ads ». L’enquête et les recoupements menés par les enquêteurs révélaient que l’article incriminé était posté par Moise Rampino et que le site en question était administré par Cheikh Mbacké Gadiaga. Dés l’annonce, par la presse, de l’interpellation de ces derniers, plusieurs autres personnes notamment les colonels des douanes Issa Niang et Amadou Lamine Sarr, le transitaire El Hadj Mor Ndao dit Ass, le dirpub de dakaractu Serigne Diagne, Cheikh Alassane Sène…se présentaient à la Section Recherches pour dénoncer des faits similaires. Dans la même veine, le directeur des domaines Mamour Diallo envoyait aux enquêteurs une plainte.
Issa Niang indiquait en effet qu’après la publication, par le site de Gadiaga, d’un article l’incriminant, il avait miraculeusement été contacté par Gaston Mbengue dont il avait perdu le contact depuis plus d’un an et, qu’au bout du fil, ce dernier lui aurait offert d’intercéder en sa faveur auprès de Gadiaga comme il l’avait fait pour beaucoup d’autres autorités dont Amadou Ba, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan. Poursuivant, il ajoutait qu’après avoir décliné l’offre, Gaston Mbengue lui aurait fait savoir que Gadiaga détenait beaucoup d’informations sensibles contre lui et, dés le lendemain, il retrouvait sur le site de ce dernier un article dans lequel on l’accusait « d’offrir à tout va des maisons, des voitures, et des appartements à des conquêtes féminines, ce qui faisait désormais de lui la nouvelle coqueluche de la gent féminine à Dakar ».
Le réquisitoire de feu du parquet
Emboitant le pas à son collègue, le colonel Amadou Lamine Sarr soutenait avoir, à son tour, été présenté, dans un article publié sur le même site comme étant le capitaine d’une équipe de pillards basés à la Subdivision des Douanes du Môle II ayant recouru à la prévarication des deniers publics en scannant les Dipas octroyés par le ministère du Commerce. Il précisait avoir, à l’image de son collègue Niang, été contacté par Gaston Mbengue qui lui proposait une médiation rémunérée pour que Cheikh Gadiada et Rampino ne l’attaque plus. Il ajoutait pourtant qu’en raison des conseils de son marabout lui demandant de pardonner, il ne portait pas plainte contre les auteurs des faits dénoncés et déposait juste pour la manifestation de la vérité.
Entendu, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan confirmait avoir été contacté téléphoniquement par Gaston Mbengue pour une médiation avec Cheikh Gadiaga. Il précisait avoir alors reçu les deux hommes et remis, au terme de leur entretien, de l’argent à Gaston Mbengue pour Cheikh Gadiaga. Le transitaire El Hadji Momar Ndao dit Ass se plaignait d’avoir été présenté comme le courtier du colonel Amadou Lamine Sarr. Serigne Diagne et Cheikh Alassane Sène disaient avoir être présenté comme des maîtres chanteurs tandis que le directeur des domaines indiquait avoir été traité, entre autres, de « vermine de la pire espèce, bandit de grand chemin qui a fini de piller la Direction des domaines qu’il gérait comme les péripatéticiennes avec lesquelles il avait l’habitude de s’envoyait en l’air ».
Interrrogé sous le régime de la garde à vue, Rampino reconnaissait être l’auteur de tous les articles incriminés qu’il avait signé sous le pseudonyme de JF Guillabert. Il précisait, en effet, qu’il n’avait fait aucune formation en journalisme et qu’il n’avait ni le titre ni la carte de journaliste en soulignant, à sa décharge, qu’il ignorait que pour être journaliste, il fallait une formation. Il soulignait n’avoir procédé à la moindre vérification avant de publier ces articles se contenant de ses sources, « des radars dont il disposait dans toutes les entités ciblées » et auxquelles il faisait entièrement confiance. Interpellé à son tour, Cheikh Gadiaga reconnaissait être le propriétaire du site en précisant qu’en tant qu’analphabète il avait désigné Rampino, comme directeur de publication qui était le seul responsable du contenu des différents articles mis en ligne et qu’il reconnaissait avoir, tout de même, partagé avec ses contacts. Il soulignait que Gaston Mbengue n’avait offert aucune médiation et ce, nonobstant une vidéo montrant ce dernier affirmant avoir joué la médiation entre Gadiaga et Amadou Ba.
Gaston Mbengue dit ses vérités
Gaston Mbengue pour sa part déclarait lors de son audition et au cours de la confrontation, avoir après réception d’un article contenant des révélations « sensibles » sur le ministre des Finances, introduit l’auteur en l’occurrence Cheikh Gadiaga, fortuitement rencontré au « Terrou bi », chez ce dernier pour une médiation au terme de laquelle le ministre lui avait remis de l’argent dont il ignorait le montant pour le compte de Cheikh Gadiaga. Il reconnaissait avoir, en outre, offert sa médiation pour le traitement du différent ayant opposés Cheikh Gadiaga aux colonels Issa Niang et Amadou Lamine Sarr en précisant qu’il ne connait pas Rampino.
Inculpés, Cheikh Gadiaga (mandat de dépôt), Cheikh Gadiaga (mandat de dépôt) et Gaston Mbengue (liberté provisoire), contestaient les faits. Mais à la suite de l’instruction, le doyen des juges les a tous renvoyé devant le tribunal correction, conformément au réquisitoire du parquet. A vrai dire, il y’a eu d’autres développements lors de l’instruction renforcés par un « travail » fait sur les numéros de téléphone des mis en cause présumés. Nous y reviendrons amplement.
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