«Edgar Allan POE (1809-1849) poète, conteur, romancier, chroniqueur et épistolier. Une vie brève, faite de cabosses, de boursoufflures, mais un héritage littéraire hors du commun», par Amadou Bal BA
«Edgar Poe aime à agiter ses figures sur des fonds violâtres et verdâtres où se révèlent la phosphorescence de la pourriture et la senteur de l’orage», écrit Charles BAUDELAIRE (Voir mon article, sur ce poète, Médiapart, 16 janvier 2023). Poète maudit, certes Edgar POE le fut, il en est même devenu l’archétype. «Adolescent doué, il ne put poursuivre ses études à l’université. Épris d’indépendance, il fut, faute de ressources, obligé de s’engager dans l’armée. Il aimait le luxe et le faste, mais malgré un labeur acharné il passa presque toute sa vie dans la gêne et connut même la misère la plus sordide. Assoiffé de tendresse et d’amour, il perdit successivement les femmes qu’il aimait», écrit Charles BAUDELAIRE, dans la préface des histoires extraordinaires. Mais, dans sa vie, POE n’a pas connu que des échecs, loin de là : son poème «Le Corbeau» en fit une star et il était l’un des journalistes américains les plus connus de son époque. Il fut un critique littéraire acerbe, mais aussi un fertile inventeur de mythes, précurseur d’Orson WELLES, dans le domaine du canular journalistique. Personnage extravagant, orphelin charmant, jeune homme athlétique épris de mots, Edgar Allan POE, une vie brève et tragique, mais aux résonances infinies : «Il y a dans l’histoire littéraire de vraies damnations, des hommes qui portent le guignon, écrits en caractères mystérieux dans les plis de leur front. L’ange aveugle de l’expiation s’est emparé d’eux et les fouette à tour de bras pour l’édification des autres. En vain, leur vie montre-t-elle des talents, des vertus, de la grâce ; la société a pour eux un anathème spécial et accuse en eux les infirmités que sa persécution leur a données», écrit Charles BAUDELAIRE.
Edgar POE, né le 19 janvier 1804, à Boston, dans le Massachusetts, est le second fils de David POE (1784-1811), destiné au barreau, et d’Elizabeth ARNOLD (1788-1811), des comédiens ambulants, en Virginie, Philadelphie et ailleurs. Edgar a un grand frère, William POE (1807-1831) et une petite sœur, Rosalie POE (1810-1874). Son ancêtre, John POE 1742-1816), un Irlandais d’Ulster, émigré en Amérique, après la Pennsylvanie et le Maryland, vient s’installer à Baltimore, et eut sept enfants, dont l’aîné est David, qui, lors de la Révolution américaine, organisa la défense de Baltimore. Les parents d’Edgar sont des artistes sans talent : «Ses talents d’amateur font piteux état sur la scène ; beau garçon doué d’une belle voix, il est timide, gauche, tour à tour raide ou mou, il a de fâcheuses défaillances de la mémoire ; on le raille, on le siffle, on le hue ; et, pauvre cabotin déchu, il se met à boire», écrit Emile LAUVRIERE. David POE, alcoolique et tuberculeux, est décédé en 1811, alors qu’Edgar n’avait que trois ans. Sa mère, courageuse et plus talentueuse, meurt également, mais d’une affection pulmonaire. «Edgar Allan Poe est devenu l’archétype du poète maudit, de l’errant, de la belle âme dévastée. Son destin fut cruel, sa vie un fardeau quasiment insupportable», écrit Peter ACKROYD. Un journal de Richemont, lance une annonce aux gens de bonne volonté, afin de venir en aide à Edgar et sa sœur, dont les parents sont devenus malades et aillaient mourir : «Lorsque de charitables visiteurs ses présentèrent, pour apporter quelques secours, ils trouvèrent en de misérables logements nos deux acteurs, étendus sur de lits de paille, très malades. Il n’y avait pas d’aliments dans la maison, point d’argent, point de combustible, et les vêtements avaient été mis en gage ou vendus. Les enfants étaient à demi nus, à demi morts de faim, tout décharnés.», écrit, en 1878, William GILL. L’usage immodéré de l’alcool à conduit au grand malheur pour la famille d’Edgar Allan POE. À cette époque, la culture de la canne à sucre avait conduit à des abus manifestes d’alcool, de rhum et de punch. Les enfants sont recueillis par John ALLAN (1779-1834) et Frances ALLAN (1784-1829), à Richmond, en Virginie. Le couple charitable, qui n’a pas d’enfants. Devenu orphelin après le décès de sa mère le 8 décembre 1811, à l’âge de vingt-quatre ans, Edgar ne sera jamais officiellement adopté, même s’il porte le nom d’ALLAND après son baptême du 7 janvier 1812. L’aîné, William, accueilli par la famille DIDIER, s’engagea comme matelot, à destination de la Grèce, mais se retrouva en prison à Saint-Pétersbourg. Rapatrié en Amérique, à Baltimore, d’une imagination exaltée, mais également alcoolique, instable sur le plan mental, William meurt à l’âge de 26 ans. Sa sœur Rosalie, moins douée, adoptée par des aristocrates, les Mackenzie, meurt à l’âge de 64 ans, dans l’anonymat le plus complet. Cette famille déséquilibrée est un héritage qui désavantage Edgar Allan POE qui s’en inspire pour une littérature fantastique ou morbide : «Il est à craindre qu’un enfant prédestiné de cette race névrosée, Edgar Poe n’apporta au monde, dès sa naissance, comme don d’une nature marâtre, un cerveau mal pondéré, dont les centres nerveux, les uns atrophiés, les autres exaltés, devait le rendre impropre à toute existence normale», écrit Emile LAUVRIERE. À 27 ans, en 1836, il épousa une cousine, Virginia Eliza CLEMM (1822-1847), âgée de 13 ans, mais qui meurt d’une tuberculose, une maladie faisant des ravages au XIXe siècle. «Il y a de longues, de longues années, dans un royaume près de la mer, une charmante fille, Annabel Lee. Cette belle enfant ne vivait qu’à la seule pensée de m’aimer et moi, de l’adorer. Elle était une fillette, moi un jeune garçon. Nous nous aimions d’un amour plus fort que l’amour. Les anges aux cieux devinrent jaloux de notre amour, si beau, si radieux. Ma bien-aimée, ma mie, ma jolie Annabel Lee», écrit Edgar POE, dans son poème «Annabel Lee». La mort l’ayant surpris, le poète n’avait pas pu se remarier avec sa fiancée, Sarah Helen WHITMAN (1803-1878). «Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague, mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poètes», écrit Charles BAUDELAIRE.
En Amérique, Edgar POE, un génie littéraire, mais longtemps victime de trahisons, de cabales ou de calomnies, notamment de son ami et exécuteur testamentaire, n’avait pas, de son vivant, été célébré à la mesure de son talent. Certains auteurs ont vite considéré qu’Edgar Allan POE, dans ses difficultés, un esprit tourmenté serait un auteur maudit sans intérêt. Aussi, des études psychanalytiques sur Edgar POE ont fait légion ; certains le considéraient, dans un rapport aux femmes, comme impuissant ou ayant des désirs sexuels inassouvis. «Il n’y a pas un seul passage qui ait trait à la lubricité ou même aux jouissances sensuelles», écrit Charles BAUDELAIRE. Pour d’autres, ses lettres d’amour révèlent la folie d’un homme à la fois exalté et terrifié par le sentiment qui le consume. Cependant, brillant auteur d’une littérature fantastique, Edgar Allan POE devint connu en France vers 1842, grâce notamment à Charles BAUDELAIRE qui entreprendra sa traduction et une biographie. «Littérature de décadence ! – Paroles vides que nous entendons souvent tomber, avec la sonorité d’un bâillement emphatique, de la bouche de ces sphinx sans énigme qui veillent devant les portes saintes de l’Esthétique classique. À chaque fois que l’irréfutable oracle retentit, on peut affirmer qu’il s’agit d’un ouvrage plus amusant que l’Iliade. (…) Du sein d’un monde goulu, affamé de matérialités, Poe s’est élancé dans les rêves. Étouffé qu’il était par l’atmosphère américaine, il a écrit en tête d’Eureka : «J’offre ce livre à ceux qui ont mis leur foi dans les rêves comme dans les seules réalités !». Il fut donc une admirable protestation», écrit, en 1857, Charles BAUDELAIRE, dans «Notes nouvelles sur Edgard Poe». Stéphane MALLARME (1842-1898) a également fait traduire les poèmes d’Edgar Allan POE. Emile LAUVRIERE (1866-1954), un historien, lui a consacré trois magistrales biographies.
En définitive, en dépit de ses drames personnels, des trahisons et des calomnies, Edgar Allan POE est, finalement, revêtu d’un manteau d’immortalité. En effet, Edgar POE a été à titre posthume, reconnu, comme un brillant écrivain, une puissance créative et narrative. Les différents thèmes structurant ses écrits sont notamment le mystère, le surnaturel, l’horreur, le macabre, la folie, le gothique, la perversité, la terreur, le grotesque, la maladie et la mort. Il s’est investi en génie littéraire de la décadence et de la morbidité et a fortement influencé toute une génération d’écrivains.
I – Edgar Allan POE, un génie littéraire du fantastique, de la décadence, de la morbidité
Edgar POE a choisi de dépeindre les aspects les plus sombres de l’âme humaine, avec une grande aptitude à imposer dans ses récits, une tension atmosphérique, en créant le suspense, afin de maintenir constamment le lecteur en éveil. Sa remarquable expression écrite est un savant dosage entre la morbidité, le mystère et la tension psychologique permanente. En alchimiste, BAUDELAIRE, dans le sillage d’Edgar POE, a la prétention de transformer la laideur du réel en beauté «J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or», écrit-il dans le poème «Orgueil». En effet, Charles BAUDELAIRE héritera d’Edgar POE, l’aptitude à faire surgir la beauté, de l’horreur et la perversité, avec une exploration psychologique complexe. «Dans l’examen des facultés et des penchants, des «prima mobilia» de l’âme humaine, les phrénologistes ont oublié de faire une part à une tendance qui, bien qu’existant visiblement comme sentiment primitif, radical, irréductible, a été également omise par tous les moralistes qui les ont précédés. Dans la parfaite infatuation de notre raison, nous l’avons tous omise», écrit Edgar POE, dans un «démon de la perversité et autres contes».
A – Edgar POE, une exploration de l’âme humaine
L’exploration de la psyché humaine est un témoignage d’un pouvoir d’imagination, fondé sur le mystérieux et l’inconnu. Sa fiction gothique nous conduit souvent dans un univers de terreur, du crime ou du grotesque «Je suis très nerveux, épouvantablement nerveux, je l’ai toujours été ; mais pourquoi prétendez-vous que je suis fou ? La maladie a aiguisé mes sens, elle ne les a pas détruits, elle ne les a pas émoussés. Plus que tous les autres, j’avais le sens de l’ouïe très fine. J’ai entendu toutes choses du ciel et de la terre. J’ai entendu bien des choses de l’enfer. Comment donc suis-je fou ?», écrit Edgar POE dans «Le Cœur révélateur».
Les romans d’Edgar POE «La Chute de la maison Usher», «Le Cask de l’amontillado», ainsi que «Le Cœur révélateur», traitent du thème de la folie. Ainsi, dans «la chute de la maison Usher», avec un art consommé de la dissection psychologique, Edgar POE adopte malicieusement le point de vue de l’assassin. Les meurtriers apparaissent dépassés par leurs odieuses obsessions, prêts à sombrer dans la folie, quand ils sont les victimes d’un malin génie déterminé à faire le mal pour le mal. En effet, «La Chute de la maison Usher», traite de la mortalité, de la décadence familiale et du surnaturel. Le héros du roman, convoqué par un ami d’enfance, arrive au manoir en ruine de la famille Usher, pour assister à une série d’événements inquiétants et tragiques reflétant la détérioration inévitable de la lignée familiale. Les personnages d’Edgar POE luttent contre eux-mêmes, en raison de leur fragilité mentale, et de leur risque de tomber au fond du gouffre. L’auteur, dans sa narration, fait appel à des personnages peu fiables, dont les perceptions et intentions faussées ajoutent des couches de mystère et approfondissent les qualités inquiétantes des récits, et donnent l’impression au lecteur, une réalité déformée où les frontières entre vérité et illusion sont floues. Par ailleurs, les structures complexes des récits de l’auteur entretiennent un suspense et des rebondissements à la fois choquants et intellectuellement satisfaisants. Finalement, la terreur et de beauté grotesque, la folie, la mortalité et le surnaturel, sont des cocktails détonants de ses histoires captivantes, parfois embrouillées. «Il faut relever chez Poe une notion fondamentale, à ne jamais perdre de vue quand on le lit, qui est l’opposition entre la fantaisie (Fancy) et l’imagination. La première est une rêverie aléatoire et gratuite, un jeu de l’esprit qui vagabonde allègrement, libre de toute entrave conceptuelle. La seconde, en revanche, s’apparente à une profonde intuition fondée sur la connaissance objective des faits, et peut permettre d’accéder à la vérité», écrivent Christian GARCIN et Thierry GILLIBOEUF, dans la magistrale préface de «La chute de la maison Usher». Apparemment, et contrairement à ce que prétendent ses délateurs, Edgar POE n’est pas un auteur alcoolique compulsif, rêveur, drogué ou un écrivain maudit, en délire dans ses écrits. «À aucune période de ma vie, je n’ai été ce qu’on appelle un intempérant. Je n’ai jamais eu l’habitude de m’enivrer. Mais mon tempérament vulnérable ne pouvait supporter une excitation qui était, pour mes compagnons, une affaire quotidienne. Après chacun de ces excès, j’étais invariablement cloué au lit», dit Edgar POE.
B – Edgar Allan POE, inventeur du roman policier
Edgar POE est l’inventeur, en 1843, d’un genre nouveau, le roman policier, dans le «Double meurtre à la rue Morgue». En pleine nuit, des cris effrayants réveillent les habitants de la rue Morgue, à Paris. Ils vont bientôt découvrir les cadavres atrocement mutilés d’une jeune fille et de sa mère. Des meurtres qui auraient pu rester inexplicables, sans la présence d’esprit d’Auguste Dupin, un jeune et brillant détective amateur. Pour ce meurtre sinistre et déroutant, dans son inventivité, Edgar Allan POE crée le personnage d’un détective excentrique, mais doué, C. Auguste Dupin, qui conclut que les meurtres ont été commis par un orang-outang en fuite. À travers Dupin, Poe introduit une méthode systématique de résolution de crimes qui met l’accent sur l’observation aiguisée et le raisonnement logique, des éléments qui deviendront des piliers du genre policier.
En 1844, dans «Le Mystère de Marie Roget», on retrouve un autre détective, H Bernier, une version romancée d’un fait divers. Une jeune femme est retrouvée flottante dans la Seine. Dans une affaire embrouillée, le détective met en relation des indices disparates une intrigue intellectuelle plus qu’une violence physique, en raison d’une lettre volée. Une enquête de diversion. «Il y a presque toujours au début des grandes renommées littéraires, même les mieux justifiées, un scandale, un procès, un bruit extérieur à l’œuvre», écrit Charles BAUDELAIRE à Rémy de GOURMONT (1858-1915), écrivain, romancier et critique d’art.
C – Edgar Allan POE, conteur du fantastique
Les contes d’Edgar POE sombres reflètent en grande partie la tragédie de sa vie «Edgar Poe n’a jamais eu, dans toute son existence, qu’un seul coin de ciel bleu. Les nuées orageuses qui ont enveloppé sa vie depuis le berceau jusqu’à la tombe se sont entr’ouvertes pour laisser percer jusqu’à lui un rayon lumineux, où flottaient tant de parfums légers et de tiédeurs caressantes qu’on ne peut dire complètement malheureux celui qui a eu ce sourire de la Fortune. Ce qu’il peut y avoir de douceur dans le monde s’était révélé à lui sous la forme la plus adorable : la bonté infinie et inlassable d’une de ces femmes élues par la Providence pour fermer la bouche aux calomniateurs de la nature humaine», écrit Arvède BARINE. Si Charles BAUDELAIRE l’a traduit, c’est qu’il y a une parenté littéraire entre les deux écrivains «Savez-vous pourquoi j’ai si patiemment traduit Poe ? écrivait-il à un ami. Parce qu’il me ressemblait. La première fois que j’ai ouvert un livre de lui, j’ai vu avec épouvante et ravissement non seulement des sujets rêvés par moi, mais des phrases pensées par moi et imitées par lui, vingt ans auparavant», dit le poète français.
Certains écrivains n’attachaient aucun respect au génie d’Edgar POE «Le prendre au sérieux, c’est manquer de sérieux soi-même», disait Henry JAMES. Cependant, Edgar POE avait ses partisans ; ses contes sont «habiles, merveilleusement construits, mais morts», dit Ernest HEMINGWAY (Voir mon article, Médiapart, 8 septembre 2018). C’est naturellement, Charles BAUDELAIRE qui a le mieux résumé, d’un coup de crayon, le génie de conteur d’Edgar POE «Aucun homme, je le répète, n’a raconté avec plus de magie les exceptions de la vie humaine et de la nature, les ardeurs de curiosité de la convalescence, les fins de saisons chargées de splendeurs énervantes, les temps chauds, humides et brumeux, où le vent du sud amollit et détend les nerfs comme les cordes d’un instrument, où les yeux se remplissent de larmes qui ne viennent pas du cœur, l’hallucination laissant d’abord place au doute, bientôt convaincue et raisonneuse comme un livre, l’absurde s’installant dans l’intelligence et la gouvernance avec une épouvantable logique, l’hystérie usurpant la place de la volonté, la contradiction établie entre les nerfs et l’esprit, et l’homme désaccordé au point d’exprimer la douleur par le rire. Il analyse ce qu’il y a de plus fugitif, il soupèse l’impondérable et décrit, avec cette manière minutieuse et scientifique dont les effets sont terribles, tout cet imaginaire qui flotte autour de l’homme nerveux et le conduit à mal », écrit le poète français, avec virtuosité, dans la préface des «Histoires extraordinaires». La magie des contes d’Edgar POE agit encore de nos jours «Nous ne croyons plus aux fantômes, mais nous en avons toujours peur. Les terreurs ancestrales de la nuit, de la mort, du silence et du néant ont conservé toute leur efficacité. L’œuvre de Poe ne vieillit pas», écrit Roger ASSELINEAU.
II – Edgar Allan POE, sanctifié en France et son exceptionnel héritage littéraire
La brève existence d’Edgar POE a été dominée par une grande souffrance humaine, un dénuement, un manque de reconnaissance à la mesure de son talent littéraire, mais aussi des trahisons et des calomnies. Cependant, le temps a fini par sanctifier la reconnaissance de sa brillante et fantastique contribution littéraire. Empêtré dans la fatalité, il n’a jamais recherché la cause de sa douleur «Edgar Poe néglige les effets, et ne recherche que la cause. Il n’y a pas dans son œuvre trace de calamités qui lui advinrent. Là est le trait curieux de ce génie passionné et exact, qui ne consacre jamais ses facultés d’attention à révéler ses propres misères, et cependant, ce n’est pas chez lui l’obstination à oublier l’inclémence du sort en décrivant une contrée heureuse et imaginaire», écrit, en 1925, Camille MAUCLAIR, dans «Les Princes de l’esprit». En effet, Edgar POE écrira, dans le Corbeau, «Quelque malheureux à qui l’inexorable Fatalité a donné une chasse acharnée, toujours plus acharnée, jusqu’à ce que ses chants n’aient plus qu’un unique refrain, jusqu’à ce que les chants funèbres de son Espérance aient adopté ce mélancolique refrain : Jamais Plus !», dit-il.
A – Les conséquences négatives des calomnies de Rufus GRISWOLD sur l’héritage d’Edgar Allan POE
Suivant une légende cruelle, malintentionnée et calomnieuse, Edgar Allan POE, mort le 7 octobre 1849, à Baltimore, sa ville natale, aurait fini dans un ruisseau, «succombant à sa funeste passion pour l’alcool. Peu seront peinés par la mort de Poe, qui aurait eu peu d’amis. Poe errait souvent par les rues, dominé par la folie ou la mélancolie ; il était facilement irrité, envieux à l’égard des autres et regardait la société comme peuplée de bandits », écrit Rufus GRISWOLD (1815-1857), dans le «New York Tribune» du 9 octobre 1849. En effet, dans ses trahisons et sa jalousie, l’auteur et pasteur baptiste, américain, Rufus Wilmot GRISWOLD, pourtant son exécuteur testamentaire et biographe, a dépeint Edgar POE comme a dépeint un être solitaire, vil et sordide, un ivrogne chronique. Marié, le 16 mai 1836, à sa cousine germaine, Virginie, Edgar POE, à sa mort, a laissé une certaine fortune à ses deux enfants naturels. Ce n’est pas la première fois qu’il a été trahi par Rufus GRISWOLD qui avait pris sa place, en 1939, à Philadelphie, en qualité de rédacteur d’un journal de GRIMM, Edgar POE s’était absenté quelque temps, pour des raisons de santé, une maladie du cœur. L’Amérique purement matérialiste n’avait pas en son temps, décelé le génie d’Edgar POE : «Les États-Unis sont un pays gigantesque et enfant, naturellement jaloux du Vieux continent. L’activité matérielle, exagérée jusqu’aux proportions d’une manie nationale, laisse dans les esprits peu de place pour les choses qui ne sont pas de la terre», écrit Charles BAUDELAIRE.
Cependant, mais il a fallu du temps, pour que la vérité soit rétablie, et que l’Amérique honore, à la mesure de son talent, Edgar POE. «Il est dans la destinée singulière d’Edgar Poe d’avoir séduit et attaché les esprits par des qualités qui ne sont pas précisément les siennes. Certains dehors, des apparences ou des prétextes ont aveuglés sur les sources profondes ou par-dessous les beautés extérieures, sourdes comme en secret, aussi discrètes que profondes. De même le torrent injurieux dont elle chercha à le submerger, son exécuteur testamentaire, le hideux Rufus Griswold, en l’amitié de qui Poe avait placé sa confiance, n’a-t-il, en définitive, accablé d’infamie que ce prétendu biographe, le bénéfice d’apparaître longtemps, comme une sorte énigmatique de phénomène humain. L’essentiel, à côté du mensonge, c’est que la vérité soit parvenue au jour. Quiconque aura lu Poe, non seulement l’admirera, mais pour bien le comprendre aura senti la nécessité de l’aimer, dans sa vie, comme dans son œuvre», écrit, en 1925, André FONTAINAS (1865-1948), dans «Le génie d’Edgar Poe». En effet, dans sa vie de bohème souffrante, Edgar POE avait quitté en juillet 1849 sa résidence de Fordham, dans les environs de New York, et avait un projet de conférences à travers l’Amérique, afin de financer une revue à lui. Arrivé à Boston, le 30 septembre 1849, trouvé gisant et inconscient sur un banc, dans une rue de Baltimore, le 3 octobre 1849, un policier le conduit à l’hôpital. La première version serait qu’un groupe de rabatteurs, pour une élection locale, l’avaient invité à un bar, pour lui extorquer un soutien politique, mais voyant qu’ils ne pouvaient pas en tirer grand-chose, l’abandonnent sur un banc. Une autre version serait que POE, ayant rencontré d’anciens amis militaires, se serait livré avec eux à une beuverie. Cependant, ces versions sont fantaisistes ; la vérité est tout autre, suivant le médecin qui a constaté sa mort, à l’hôpital, le 8 octobre 1849, d’une encéphalite «Ses vêtements et son haleine n’exhalaient aucune odeur d’alcool. Il n’avait ni délire ni agitation. Il paraissait dormir. Son était comateux. (..) Le moribond succombait en surexcitation nerveuse», dit le docteur JJ MORAN.
Ses compatriotes américains, qui l’avaient boudé de son vivant, ont consacré à Edgar POE un hommage en 1909, lors du centenaire de sa naissance. En effet, après un Purgatoire de 60 ans, une statue, à son effigie, est inaugurée dans Wyman Park à Baltimore. Edgar POE repose aux côtés de ses grands-parents, de sa femme et de sa tante, dans la cour du jardin du Westminster Church, à Baltimore, avec une inscription, «Un poème ne mérite ce nom, que lorsqu’il nous incite à élever son âme». Sa maison, à Fordham, a été conservée comme un musée par la Ville de New York. Le «Corbeau», The Raven, publié en 1845, est devenu un poème national des États-Unis «Une fois, par une triste nuit, comme je méditais, faible et las, sur quelques bizarres et curieux volumes de science oubliée, tandis que je baissais la tête, presque assoupie, tout à coup, il y eut un heurt, comme de quelqu’un frappant doucement, à la porte de ma chambre. «C’est quelque visiteur», murmurais-je, heurtant à la porte. (..) Corbeau fantomal, sombre et vieux, errant loin du rivage de la nuit, dis-moi quel est ton nom seigneurial sur le rivage plutonien de la nuit ? D’autres amis se sont déjà envolés loin de moi ; vers le matin, lui aussi, il me quittera, comme mes anciennes espérances, déjà envolées. Le corbeau dit : «Jamais plus !», écrit-il dans «Le Corbeau», un poème allégorique. Dans ce refrain mélancolique, «Jamais Plus !» du corbeau, un oiseau de mauvais augure, prophète de malheur, démoniaque et symbole du souvenir funèbre, le poète évoquant le thème de l’amour ne s’éteignant pas après la mort, un Paradis perdu ; c’est un souvenir lugubre sans fin, évoquant, sans la nommer, la perte de Lenore, une précieuse et rayonnante amie. Ce poème est donc un éloge du Dieu Odin, une mythologie nordique, une divinité de la mort, de l’éternité, de l’intemporel, de la victoire et du savoir. «À ceux-là, si rares, qui m’aiment et que j’aime, à ceux-là, je présente cette composition comme un objet d’art. Ce que j’avance ici est vrai ; cela ne peut pas donc mourir, si par quelque accident que cela se trouve, écrasé au point d’en mourir, cela ressuscite dans la Vie Eternelle», écrit Edgar POE, cité par Charles BAUDELAIRE, dans «Eurêka, la genèse d’un poème, Le Corbeau». Dans ce poème de la destruction, un désespoir irrémédiable, cette répétition des mots, «Plus jamais !», signifie donc «De cette idée, l’immensité, fécondée par la destruction, est remplie du haut en bas, et l’Humanité, non abrutie, accepte volontiers l’Enfer, pour échapper au désespoir irrémédiable, contenu dans cette parole. Le lecteur comprendra qu’il m’est impossible de lui donner une idée exacte de la sonorité profonde et lugubre, de la puissante monotonie de ces vers, dont les rimes larges et triplées sonnent comme un glas de la mélancolie. C’est bien là le poème de l’insomnie du désespoir ; rien n’y manque : ni la fièvre des idées, ni la violence des couleurs, ni le raisonnement maladif, ni la terreur radoteuse, ni même la gaieté bizarre de la douleur, qui la rend terrible», écrit Charles BAUDELAIRE, dans «Genèse d’un poème, Le Corbeau». Le poète chante donc la Beauté, pouvant surgir de la mélancolie ou de la douleur.
Edgar POE a eu une influence considérable notamment sur Joyce Carol OATES, poétesse et dramaturge new-yorkaise, spécialiste du réalisme magique ou gothique, Vladimir NABOKOV (1899-1977), écrivain américain d’origine russe, et Stephen KING, écrivain américain, de romans fantastiques, policiers ou de l’horreur. En effet, du morbide, de la mélancolie et des ténèbres, Edgar POE a fait jaillir le beau, une exceptionnelle créativité littéraire. «Héritiers des romantiques, tributaires des réalistes et des précurseurs, Edgar Allan Poe et Charles Baudelaire construisent une esthétique de la laideur, fusionnant le grotesque et le sublime, dont le principal agent est la mort, tant physique qu’intellectuelle. Cette laideur peut se lire comme un échec de la beauté qui demeure un objet de quête. Pourtant le laid s’émancipe, pour n’être plus uniquement un échec de la beauté ou une erreur de goût. La laideur investit, en effet, tous les niveaux du texte, tant symboliques que structurels, une esthétique selon les critères développés par Luc Ferry, dans le sens du beau», écrit Marie-France DUBE, dans «L’esthétique de la laideur». L’Amérique du XIXe, en dépit de l’émergence des sciences, était empreinte de superstitions, de croyances bizarres dont s’est fait écho, Edgar POE, un écrivain étrange, talentueux, observateur de son temps, trop riche de passion et de poésie, mais resté misérable. De cette ambiance bizarre, du morbide, de la folie, de cette laideur, mais aussi des tragédies de sa vie, a jailli la beauté d’une contribution littéraire exceptionnelle «L’intelligence de ce talent singulier, où l’étrangeté domine et déborde, dans Edgar Allan Poe, l’homme et l’écrivain se tiennent par des liens si nombreux et si serrés que le génie de l’un se ressent tellement des faits et gestes de l’autre, la race, le milieu, le moment, ont marqué d’une empreinte si forte chaque morceau sorti de sa plume», écrit, en 1925, Arthur ARNOULD.
Dans sa brève existence, luttant contre l’injustice et la cruauté humaine, Edgar POE est «le critique le plus exigeant, le plus philosophique et le plus intrépide» d’Amérique» écrit James Russel LOWELL (1819-1991). Edgar POE, initiateur, dans son style narratif parfois alambiqué, du flux de conscience, a eu une influence décisive, notamment sur William FAULKNER (Voir mon article, Médiapart, 2 juillet 2021), sur James JOYCE (1882-1941) et Virginia WOOLF (Voir mon article, Médiapart, 28 décembre 2021). Tout en émettant des réserves sur son didactisme, la qualité de l’expression écrite d’Edgar POE a été célébrée «parmi les feux électriques de la littérature américaine, le brillant et l’éblouissant», écrit Walt WHITMAN (1819-1892). Cependant, certains auteurs sont restés très hostiles à Edgar POE, «intellect d’une personne prépubère hautement douée», écrit T.S ELIOT (1888-1965), ou «sa prose est illisible, comme celle de Jane Austen», écrit Mark TWAIN (1835-1910).
B – La réhabilitation d’Edgar Allan POE et la promotion de son héritage littéraire en France
En France, désormais, Edgar POE est à la Pléiade, un Graal littéraire. Auparavant, de grands écrivains «ont tant fait en France pour y acclimater Edgar Poe que ses compatriotes affirment que l’auteur du «Corbeau» est Français. Les liens de parenté avec les fils de cette belle France étaient ceux qui sont les plus étroits, ceux du cerveau, de l’intelligence, de l’esprit, qu’aucune querelle de famille, aucune dissension domestique ne peut rompre. Poe aimait la France et son admirable littérature et ne parlait qu’avec respect des chefs-d’œuvre qu’elle a produits ; jamais sa plume caustique ne serait essayé à diminuer sa gloire», écrit John H INGRAM, dans la préface du recueil de poésie, traduit en 1910, par Gabriel MOUREY (1865-1943). En effet, le poète Charles BAUDELAIRE n’est pas qu’un simple traducteur d’Edgar POE ; il est son VRP, son promoteur. «Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, c’est Poe lui-même. Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui», écrit Charles BAUDELAIRE. Un autre grand poète, Stéphane MALLARME a aussi traduit ses œuvres et en a fait une grande vulgarisation littéraire ; il a «avec sa musicale et précise translation des «Poèmes», en sa prose, comme divinement rythmée, affermit jusqu’à l’évidence la notion que, avec Poe, un aspect jusqu’à lors insoupçonné du domaine de l’intelligence, s’était offert à la contemplation et aux délices de ceux qui se sentent prêts à y goûter l’extase», écrit, en 1925, André FONTANAIS, dans «Le génie d’Edgar Poe».
L’influence d’Edgar POE sur Charles BAUDELAIRE a fait couler beaucoup d’encre et suscité des polémiques littéraires. Certains ont accusé Charles BAUDELAIRE d’avoir tout simplement plagié Edgar POE, notamment à travers la longueur du poème, la théorie de l’art pour l’art ou la dimension spiritualiste de la poésie. Charles BAUDELAIRE, c’est l’écrivain qui a popularisé Edgar POE, qui lui a offert un écrin et, selon certains même, une forme, un style. Bref, l’Américain ne devrait son talent qu’à son plus illustre traducteur, dans ses audaces «On commence seulement à rendre justice à ces hommes qui, au cours de notre histoire littéraire, ont travaillé à faire connaître chez nous, les auteurs étrangers. (..) Cette traduction ne charme pas par sa beauté classique et régulière ; elle fascine par cette étrangeté consciente et sûre de soi qui, selon Edgar Poe et Baudelaire, est le but même de l’art. Le whisky d’Edgar Poe Baudelaire l’a versé tel quel, sans le couper d’eau tiède», écrit, en 1926, Léon LEMMONIER, dans «Baudelaire tuteur et traducteur d’Edgar Poe». En effet, Edgar POE, auteur de «La chute de la maison Usher» est une forme rencontre littéraire avec les «Fleurs du mal» de Charles BAUDELAIRE. Une réminiscence qui, si elle a assuré la postérité à BAUDELAIRE, le place sous influence d’Edgar POE «J’ai trouvé un auteur américain qui a excité en moi une incroyable sympathie. C’est écrit avec ardeur ; mais tu y découvriras sans doute quelques signes d’une très extraordinaire surexcitation. C’est la conséquence de la vie douloureuse et folle que je mène», écrit BAUDELAIRE à sa muse, Jeanne DUVAL. Edgar POE, «enfant de la passion et de l’aventure», disait Charles BAUDELAIRE, dans sa résilience, dans sa solitude, rongé par le corbeau, hanté par la mort et la trogne, et en dépit de sa déchéance, est allé au sommet de la littérature fantastique ; ce qui fonde la puissance de son esthétique, et donc sa postérité : «La première fois que j’ai ouvert un livre de lui (Edgar Poe), j’ai vu, avec épouvante et ravissement, non seulement des sujets rêvés par moi, mais des phrases pensées par moi, et écrites par lui vingt ans auparavant.», dit Charles BAUDELAIRE. Edgar POE, un écrivain et malade, est très doué. «Les observateurs déconcertés ne savent plus où placer dans la tête humaine, la ligne mystérieuse et subtile qui sépare souvent l’intensité de la pensée de la maladie, et l’aberration du talent», écrit Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889).
Edgar POE, auteur de romans de science-fiction, a considérablement influencé Jules VERNE (1828-1905), auteur, en 1895, du «Sphinx des glaces». En effet, Edgar POE, dans sa recherche de l’étrangeté, jette un premier pont entre la tradition poétique des voyages philosophiques, la fiction, le réel et la relation avec la science encore balbutiante. Entre l’imagination, le fantastique et la raison, des liens se tissent. En effet, Edgar POE, dans «Les aventures d’Arthur Gordon Pym», un roman fantastique, en direction du pôle sud, traite de l’éventail complet de catastrophes imaginables : abordage, passager clandestin, mutinerie, défaut d’arrimage, maladie, tempête, naufrage, disette, tirage à la courte paille, cannibalisme, requins, sauvetage, vaisseau fantôme, expédition vers le pôle, courants, brouillards, icebergs, mais aussi du surnaturel, du rêve.
Par ailleurs, inventeur du roman policier, à travers son personnage, Auguste Dupin, archétype d’un détective, Edgar Allan POE a influencé les futurs maitres du roman policier, notamment Arthur Conan DOYLE (1859-1930), dans ses aventures de Sherlock Holmes. Les écrivains des romans policiers, aux États-Unis, ont appelé leur prix d’excellence dans le genre les «Edgars». La romancière britannique, Agatha CHRISTIE (1890-1976), en 1920, dans la «Mystérieuse affaire de style», avec son personnage Hercule Poirot, s’inspire d’Edgar POE.
Dans ses qualités de conteur, Oscar WILDE a été comparé, de façon flatteuse, à un Edgar POE «facétieux. Il témoigne d’une singulière virtuosité. Les traits d’esprit abondent.», écrit Albert J. FARMER, dans «Le mouvement esthétique et décadent en Angleterre (1873-1900)». Dès le début du XXe siècle, Edgar POE est largement célébré et son génie littéraire largement reconnu «J’avançais les yeux fixés sur l’image idéale d’un homme que je n’ai point connu, image douloureuse et hautaine. J’ai entrepris cette descente au profond de son œuvre et de son âme pour l’âme d’elles. Je remonte encore en les aimant mieux», écrit Camille MAUCLAIR, dans le «Génie d’Edgar Poe».
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Paris, le 1er septembre 2024, par Amadou Bal BA –