Le général Qassem Soleimani était l’un des personnages les plus populaires d’Iran, et considéré comme un adversaire redouté des États-Unis et de ses alliés. Téhéran a mis en garde Washington contre une « escalade extrêmement dangereuse ».
Au surlendemain d’une attaque de l’ambassade américaine à Bagdad par des combattants et des partisans pro-Iran, Washington riposte. Le Pentagone a confirmé ce jeudi soir avoir tué le général iranien Qassem Soleimani, mort dans un bombardement à Bagdad, sur ordre du président américain Donald Trump.
« Sur ordre du président, l’armée américaine a pris des mesures défensives décisives pour protéger le personnel américain à l’étranger en tuant Qassem Soleimani », a indiqué le ministère américain de la Défense dans un communiqué.
Donald Trump n’a pas immédiatement fait de commentaire mais il a tweeté un drapeau américain. Mardi, après l’attaque de l’ambassade des États-Unis, il s’en était pris à Téhéran dans un tweet. « L’Iran sera tenu pleinement responsable des vies perdues ou des dégâts occasionnés dans nos installations. Ils paieront LE PRIX FORT! », avait-il prévenu. « Ceci n’est pas une mise en garde, c’est une menace ».
L’un des personnages les plus populaires d’Iran
Le Pentagone a pris soin de souligner que le général Soleimani était le chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, une organisation considérée comme terroriste par Washington depuis avril dernier. Le général iranien présidait aux négociations pour former le futur gouvernement irakien. Il était l’un des personnages les plus populaires d’Iran, et considéré comme un adversaire redouté des États-Unis et de ses alliés.
« Le Général Soleimani préparait activement des plans pour attaquer des diplomates et des militaires américains en Irak et à travers la région », ajoute le communiqué, qui attribue au puissant général iranien la mort de « centaines » de soldats américains et alliés.
« Il avait orchestré les attaques contre les bases de la coalition en Irak ces derniers mois – y compris l’attaque du 27 décembre – culminant avec la mort et les blessures d’autres Américains et du personnel irakien », ainsi que l’attaque de cette semaine contre l’ambassade des États-Unis à Bagdad, souligne le Pentagone.
Une « escalade extrêmement dangereuse » pour Téhéran
Avant de se retirer mercredi des abords de l’ambassade, les manifestants pro-iraniens qui l’avaient attaquée la veille avaient peint des graffitis sur les murs d’enceinte proclamant « Non à l’Amérique » et « Soleimani est mon chef ». « Cette frappe avait pour objectif de dissuader des plans d’attaques futures de la part de l’Iran », conclut le Pentagone. « Les États-Unis continueront à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger notre peuple et nos intérêts où qu’ils soient dans le monde. »
Cette frappe contre un dirigeant d’un pays auquel les États-Unis n’ont pas formellement déclaré la guerre a été diversement accueillie à Washington: si elle a été saluée par des élus républicains, des démocrates, à l’image du sénateur Chris Murphy, se sont émus que le Congrès n’ait pas été informé du raid en amont. « La question est celle-ci: est ce que l’Amérique a assassiné, sans autorisation du Congrès, la deuxième personnalité d’Iran, provoquant consciemment une guerre régionale massive? », a-t-il interrogé dans un tweet.
Téhéran, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, a prévenu que la mort de Qassem Soleimani était une « escalade extrêmement dangereuse et imprudente ». Soleimani a rejoint nos frères martyrs mais notre revanche sur l’Amérique sera terrible », a pour sa part réagi, également sur Twitter, Mohsen Rezai, un ancien chef des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique. Une réunion extraordinaire du conseil suprême de sécurité nationale iranien est prévue.