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«Derrière la colère des ultramarins la persistance et l’aggravation d’une situation coloniale d’injustices» par Amadou Bal BA

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Depuis quelques jours, autour de la montagne la Soufrière gronde une puissante colère, une rage sans contre l’injustice et la paupérisation des ultramarins. Vu de l’hexagone, cette énième révolte des colonisés se ramène à des complotistes refusant, en pleine pandémie de se faire vacciner.

Cependant et à y regarder de très près, cette vision fort simpliste, ne résume pas bien l’énorme détresse de nos amis et frères antillais. Le vent de révolte, né en Guadeloupe, s’est propagé aussi en Martinique, le pays de Aimé CESAIRE (1913-2008). Aussi la montagne Pélé crache le feu. Aimé CESAIRE, dans sa poésie péléenne, annonçait de vastes mouvements sismiques. Plus qu’une prévision, c’est, pour lui, une certitude, la révolte gronde : «les volcans éclateront. Les volcans enchaînés et la fréquence des laves et des feux de brousse, provoquent une exaltation féroce de forêts et de montagnes déracinées» écrit-il, dans son poème, «Fumerolles».

Cette crise est avant tout celle de la grande défiance des ultramarins contre un Etat lointain qui a transformé les Antilles en véritable réservoir de voix électorales. En effet les politiciens de l’hexagone passé le temps du scrutin ont vite oublié leurs promesses d’une continuité territoriale.

Aux Antilles (Guyane, Guadeloupe, Martinique) et à la Réunion, les principales ressources (terres, entreprises hôtels et grands magasins) sont détenus par les «Békés», les colons blancs. Les chaînes sont devenues invisibles, mais elles sont toujours oppressantes. Aussi les jeunes antillais frappés un chômage endémique sont contraints de s’exiler en France métropolitaine.

Ceux qui viennent aux pays souffrent de la vie chère. Un pot de yaourt de Basse qualité c’est 6 euros. Les gens, de condition modeste, en dehors du petit punch, ne peuvent accéder aux produits de première nécessité importés de France et vendus par de grandes enseignes de la métropole. Les produits locaux ne sont pas valorisés.

Il y a déjà eu dans le passé de nombreuses explosions sociales, non durablement résolues. Une grève de 44 jours avait démarré le 24 novembre 2008 en Guyane pour s’étendre à la Guadeloupe puis à la Martinique. Cette grève était également dirigée contre la vie chère et réclamait une substantielle revalorisation des salaires. Quelques grands groupes commerciaux de la métropole détenus par des Békés tenaient en esclavage les ultramarins. Victorin LUREL avait négocié, avec le syndicaliste Élie DOMOTA du LKP, une sortie de crise pour le 5 mars 2009.

Actuellement, le gouvernement a choisi d’envoyer la troupe mater cette révolte.

Que faire face à cette désespérance ?

Je crois que tous les candidats à la présidentielles, et Mme Anne HIDALGO, en particulier, devraient se saisir de ce dossier. Je forme le vœu, que dans son tour de France, Mme Anne HIDALGO se rende, rapidement aux Antilles, pour délivrer un message d’espoir et désespérance. En France métropolitaine outre les questions d’égalité, la mémoire restera un sujet central.

Il appartiendra aux Antillais comme à tous les racisés de France, de ne pas oublier d’aller voter aux présidentielles d’avril 2022, contre les forces du Chaos, pour la Justice, la Fraternité et la République. Ces élections ne sont pas comme les autres ; s’abstenir est devenu presque un délit.

Paris, le 25 novembre 2021 par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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