Jaune, mauve, rouge sang, bleu bic, vert menthe une véritable polémiques des couleurs. Ces mots font plutôt penser à l’aquarelle ou au champ chromatique, mais comprenez simplement que nous sommes en plein été. Il faut donc s’habiller léger, couleurs champêtres, vives ou pures design paysanne pour être ‘’in’’. La tendance est ‘’minettes’’ même pour les grandes filles, mais, la class reste au rendez vous. Nous sommes au cœur de Dakar en période caniculaire. Et il est de coutume chez nous de suivre la mode comme le destin éphémère d’une feuille morte. Ici les jeunes filles s’habillent en couleur pour respecter la tendance, les garçons eux, chamboulent tout, il n’existe pas à leur niveau une couleur pour homme ou une autre pour femme. La révolution a donc sonné, et on ne fait plus de distinguo entre l’accoutrement de l’artiste et celui du sénégalais lambda. On s’habille unisexe, surtout pendant l’été (Couleur, design, coupe). Le pantalon rouge sang de Dj Boubs animateur télé, celui vert hivernage de Wally Seck Chanteur, ou les shorts mauve de Aba no stress animateur télé en passant par les costumes rouges de Pape Diouf et les coupes extravagantes de Salam Diallo, ne font plus fureur. La Couleur a perdu son genre. Et les connaisseurs se désolent grandement et parle même de dégradation. « Si on devait noter une différence dans l’accoutrement des hommes et des femmes ce devait être sur la couleur et la coupe. Les morphologies n’étant pas les mêmes, on aurait davantage d’ampleur sur la carrure pour l’homme, sur les seins pour la femme. Un resserrement à la taille pour la femme, taille droite pour l’homme, et de la même façon, davantage d’ampleur au niveau des hanches pour la femme que pour l’homme. Cependant pour la couleur la femme devrait s’habiller claire là où l’homme soigne sa mise avec du sombre et du neutre » renseigne Mactar Ngom professeur de coupe et de style à l’université de la mode. M. Ngom de continuer : « Il suffit de comparer les décolletés des tee-shirts femme ou homme. Les différences entre vêtement d’homme et vêtement de femme touchent le vêtement sur tous ses composants (…) les formes, les couleurs, les matières, les finitions…, et à des degrés très variables elles peuvent être flagrantes ou nues de l’ordre du presque invisible ». Pour lui les sénégalais s’habillent n’importe comment et se prennent pour des esthètes. Les sénégalais deviennent parfois ringards en voulant trop être « in » note le professeur.
Y. Diop