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Coronavirus: Momo Sarr guéri du COVID19 dénonce la stigmatisation

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Momo Sarr, patient guéri du Covid19 porte  encore  les  ‘’stigmates’’ de la pandémie.  Son  mental  de  psycho-sociologue  ne  l’épargne  pas  de  la  stigmatisation  autour des  malades  du coronavirus.  » Même guéri,  les  regards  indiscrets  et anodins  des populations ne vous quittent pas’’ confie-t-il à Thieydakar.net.  Interné au même moment que le défunt Pape Diouf, Il s’est  mis  dans  la confidence. Ce, à  cœur  ouvert, de patient testé positif à son retour chez lui et surtout, le  choc à l’annonce  du  décès  de l’ex patron de l’Olympique de Marseille. Son cas en  dit  grand…. Désormais, il croque à belles dents chaque seconde de sa vie ! Tout le monde n’étant pas  psycho-sociologue, il  en appelle à la mise en place d’une cellule d’appui psychosocial des malades  surtout  que la pandémie du Coronavirus a fait, à, ce jour, plus de 113,900 au moment ou l’on écrit ces lignes… Entretien

 

Comment est-ce que vous avez été contaminé ?

J’ai dû attraper la maladie au Burkina Faso où j’étais en mission. C’est dans ce pays que j’avais commencé à développer les premiers symptômes. C’est-à-dire la toux, la fièvre avec des courbatures intenses. Quand j’ai eu ces symptômes-là, mon réflexe c’était d’appeler ma famille et de leur en faire part.

Qu’avez-vous ressenti lorsque qu’on vous a diagnostiqué positif au Covid19?

Quand on m’a appris que j’étais positif au début ça ne m’a pas très affecté peut-être parce que je n’avais pas mesuré toutes implications. C’est après coup qu’on réalise vraiment la chose et dès cet instant, beaucoup de choses vous viennent en tête.

Vous avez pensé en qui en premier?

Beaucoup de choses vous traversent l’esprit en ce moment. Moi c’est à ma famille que j’ai pensé en premier.

Pour ma part je suivais de très près l’actualité du Corona et je savais que beaucoup de personnes l’ont eu et sont maintenant guéri. Je me suis juste dit que je m’en sortirai. Je m’en suis remis à Dieu.

Comment votre famille a accueilli la nouvelle? Le quartier? Les voisins?

J’avais déjà préparé ma femme à cette idée depuis le Burkina où j’étais en mission. A ce niveau je n’avais pas trop de soucis à me faire.

Oui naturellement on pense aux voisins, aux habitants du quartier à toutes ces personnes déjà gagnées par la psychose de la maladie. Et à cet instant on redoute la réaction des gens. Et c’est comme une pression supplémentaire qui vient s’ajouter à celle créée par l’annonce du test positif. Les premières personnes externes à être informées ont été mes voisins de palier. Ils ont juste été super. Déjà quand on m’a prélevé ils m’avaient proposé de m’apporter de la nourriture et de faire les courses pour moi.

Pour le reste ça a été des regards accusateurs, des propos de rejet qu’on te rapporte.

A l’hôpital, comment on vous a traité?

J’ai été traité à l’hydroxichloroquine, à l’azythromicine (antibiotique) et au Gene Vite Plus (vitamines)

« L’annonce du décès de Pape diouf a été un choc, savoir qu’il n’était pas loin de moi et qu’il a été emporté par la même maladie…»

Qu’est-ce qui vous  a le plus marqué lors de votre séjour à côté d’autres malades?

On est dans une cabine où on est coupé du reste du monde. On n’est pas en contact avec les autres malades même si on sait qu’il y’a d’autres personnes malades comme vous à côté. L’annonce du décès de Pape Diouf (paix à son âme) a été un choc pour moi,  savoir qu’il n’était pas loin de moi et qu’il a été emporté par la même maladie. On s’aperçoit que la vie ne tient qu’à un fil.

Vous avez souffert? Pendant le traitement avez vu vos  proches? Si non, comment vous communiquiez?

Non je n’ai pas trop souffert à part les trois jours où j’ai développé les symptômes: douleurs musculaires, maux de tête, toux grasse, maux de gorge, essoufflement au moindre effort.

Non pendant le traitement on ne peut pas voir physiquement ses proches. Mais avec les réseaux sociaux (whatsapp) j’arrivais à communiquer avec ma famille régulièrement

Que pensez-vous du Pr Moussa Seydi si c’est lui qui vous a suivi?

Le professeur Seydi est le chef du service des maladies infectieuses. Ce n’est pas lui qui vous suit personnellement. Il a une équipe très dynamique (que je remercie au passage) qui suit les malades. Pr. Seydi est passé un jour dans la cabine pour voir si le traitement et la prise en charge de façon générale se passaient bien. Ce que j’ai personnellement apprécié

« Un grand soulagement »

Quel était votre sentiment quand on vous a testé négatif?

Un grand soulagement. C’est après deux tests successifs revenus négatifs qu’on est déclaré guéri. Pour ma part mon premier test après mon admission à l’hôpital a encore été positif. Vous vous imaginez l’angoisse et le stress dans lesquels cela vous replonge. Les deux tests qui ont suivi ont été négatif. C’est un grand soulagement qu’on ressent.

Après la guérison : « les petites choses prennent plus de sens à vos yeux »

Comment s’est fait le retour chez soi, voir sa famille de nouveau? Le nouveau  contact avec l’extérieur ?

Vous savez quand vous sortez d’un stress pareil, d’une maladie qui a fait des milliers et des milliers de morts dans le monde, vous voyez les choses autrement. Les petites choses prennent plus de sens à vos yeux. Les 8 jours que j’ai passés à l’hôpital m’ont paru une éternité. Je n’ai jamais autant apprécié les moments avec ma petite famille à mon retour.

Même si dans un coin de ma tête j’avais encore des craintes: et si le virus n’était pas complétement sorti de moi? La peur de contaminer ses enfants fait qu’on se pose toujours ces questions infondées

Est ce qu’il a un suivi médical  après votre sortie de l’hôpital?

Je suis sorti il y’a juste quelques jours. Jusque-là il n’y a pas encore eu de suivi médical.

Psychologiquement qu’elle a été l’impact de la maladie à Coronavirus dans votre vie?

Quand on est de l’autre côté les choses deviennent différents. J’avais l’habitude d’inviter les personnes que j’aidais à me parler de leur souffrance (quand j’exerçais comme psychologue conseiller). Aujourd’hui je me suis retrouvé dans la position de celui qui doit débriefer sur ses moments de stress, d’angoisse, de peur…). Je n’ai pas bénéficié d’un appui psychosocial à Fann (ce qui à mon avis doit être corrigé). Mes prédispositions en tant que psychologue m’ont aidé à être résilient rapidement, la foi m’a permis aussi de relativiser.

Le regard de la société a-t-il changé après  votre guérison? La stigmatisation a continué ou bien?

« Même quand on est guéri, les gens continuent à te regarder d’une certaine manière »

Quand je venais de rentrer chez moi je pouvais encore sentir le regard du voisinage sur moi. Même quand on est guéri, les gens continuent à te regarder d’une certaine manière. J’ai fait le choix de dire non à la stigmatisation. C’est l’une des principales raisons qui ont motivé cet article. La stigmatisation peut avoir des conséquences néfastes dans la lutte contre le covid19 allant jusqu’à la peur de se signaler en cas de symptômes.

«Il faut qu’on mette en place une cellule d’appui psychosocial des malades »

Le suivi psychologie des patients guéris doit être fait comment selon vous?

Pour moi la prise en charge psychologique doit se faire très tôt, dès que la personne est déclarée positive et doit continuer au-delà de la guérison. Elle complète la prise en charge médicale et permet à la personne de mieux vivre avec la maladie ou les conséquences de la maladie (stigmatisation). Une cellule d’appui psychosocial des malades doit être mise en place au niveau des structures de prise en charge des malades si elle n’existe pas encore.

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