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(CONTRIBUTION – AFFAIRE Mamoudou GASSAMA) Ému et choqué

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Le samedi 26 mai 2018, un jeune immigré africain de 22 ans, sans-papier, venu du Mali en septembre 2017, Mamoudou GASSAMA, pour ne pas ne le nommé, au risque de sa vie, a escaladé la façade de 4 étages d’un immeuble pour sauver la vie d’un enfant français de 4 ans, suspendu dans le vide, d’une main, au balcon. Pour cet « acte exceptionnel » le Président français Emmanuel MACRON l’a reçu à l’Elysée ; au sortir de la rencontre, sa situation sera régularisée ; il sera naturalisé français et intégrera le service civique des sapeurs pompiers français ; voilà la récompense d’un pauvre petit africain qui, sans l’étalage public d’une bravoure et d’un humanisme de haute portée, qui nous ont tous ému, avait toutes les chances de se retrouver, avec brutalité, dans un charter, encadré par des policiers, pour un retour forcé en Afrique, au Mali. Il n’en aurait pas été le premier à être expulsé ainsi, loin sans faut. Arrêtons-nous un peu sur l’acte posé par ce jeune africain. Puisqu’il s’agit d’un sans-papier, il a dû faire le voyage, qui l’a mené en France, dans des conditions de risques tout aussi exceptionnels que l’« acte exceptionnel » qui lui vaut aujourd’hui tous ces honneurs en France et ce traitement exceptionnel. Et pourtant, Mamoudou n’était pas seul dans son machin maritime : radeau, pirogue ou bateau de fortune ; il a dû y être avec beaucoup d’autres jeunes africains dont peut-être certains ont été engloutis par les flots de la mer, comme le sont déjà des milliers de jeunes africains. Oser voyager dans ces conditions dont on connaît d’avance la dangerosité, pour avoir, très probablement, vu dans des reportages et vidéos amateurs, des images de corps sans vie, refoulés par les vagues, en état de dégradation poussée, jonchés dans différentes plages, témoigne à suffisance, sans qu’on ait besoin de faire référence à cet acte de sauvetage, aujourd’hui posé, de la bravoure des jeunes africains en général. Mamoudou n’est donc qu’un parmi des milliers de jeunes africains à qui nos gouvernants, n’ont pas donné la change d’exploiter, en terre africaine, tout le potentiel en eux, hérité des aïeux et dont la bravoure et l’humanisme, évoqués ici, n’est qu’un aspect; rappelons que les tirailleurs sénégalais, africains de divers pays, en avaient déjà donné la preuve, quant il a fallu sauver, non pas un enfant, mais la France toute entière, des griffes des forces destructrices allemandes. Qui plus que ces tirailleurs avaient mérités tous les honneurs et la reconnaissance de toute la nation française sauvée, au lieu du massacre, en 1944, au camp de Thiaroye, qui leur fût réservé. Mamoudou est sans doute tout heureux de devenir français, pour continuer, désormais, à mieux servir la France au détriment de son pays, au moment où plusieurs centaines de ses frères et sœurs africains sont parqués dans des foyers ou laissés à eux-mêmes face à la rigueur des intempéries ; le traitement dégradant et presqu’inhumain que ces derniers vivent contraste avec l’humanisme dont a fait montre Mamoudou pour sauver un des leurs. C’est choquant. La France, comme toujours, n’est que dans une logique d’exploitation du potentiel africain. Cela m’amène à la déclaration de Monsieur le Président de la République du Sénégal, lors de la cérémonie de présentation du Tome 1 de sa « vision républicaine » du Sénégal, dans laquelle déclaration il affirmait que la France est amie du Sénégal. Non Monsieur le Président, la France n’est pas amie du Sénégal, elle nous a toujours exploité et c’est qu’elle continue de faire; hier l’esclavage et la colonisation, aujourd’hui des contrats léonins avec l’appui de nos gouvernants ; les récents contrats pétroliers avec Total, que le Ministre de tutelle avait refusé de signer, entre autres, en attestent, si besoin en était. Notre plus grand souhait, c’est d’avoir à la tête de notre pays et des pays africains en général, des leaders au service exclusif de leur peuple, que ni intérêts personnels, familiaux ou ethniques, ni envie démesurée de rester au pouvoir, ne saurait détourner d’une gestion éthique et patriotique. C’est la condition sine qua non pour que les jeunes africains se voient un avenir en Afrique, y restent, et mettent en valeur leurs potentialités. Dr Mohamed SALL Secrétaire général du MRDS

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