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Contentieux Rts-Tfm: Les révélations explosives du Cnra

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Le directeur général de la Tfm et autres parties prenantes ont reçu le 16 août une notification du mémorandum du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) sur le contentieux Rts-Gfm à propos des droits de diffusion des matches du Mondial 2018 de football.

Libération a pris connaissance des observations du CNRA relatives au contentieux RTS/GFM sur les droits de diffusion télévisuels de la Coupe du Monde ‘’Russie 2018’’. En application à l’article 7 de la loi n°2006-04 du 04 janvier 2006 concernant la libre et saine concurrence entre les entreprises de communication audiovisuelle, l’instance a d’emblée rappelé les règles relatives à la concurrence et  entrepris des démarches pour faire respecter les droits relatifs à la diffusion des matches.

Ainsi, le CNRA a publié, le 08 juin 2018 un communiqué pour rappeler aux éditeurs et opérateurs audiovisuels que la retransmission ou la diffusion des compétitions sportives internationales est  conditionnée par l’acquisition de droits qui y sont relatifs. En conséquence, les éditeurs et opérateurs audiovisuels ont été appelés à s’interdire toute retransmission ou diffusion illégale.

A la suite d’une autosaisine, le 11 juin, des correspondances ont été balancées aux concernés afin de leur demander, s’ils avaient l’intention de retransmettre ou de diffuser les  matches de la phase finale, de mettre à sa disposition, les  justificatifs de leurs droits. Sur ce, la RTS et le Groupe Futurs  Médias ont communiqué des éléments justificatifs des droits acquis auprès de leurs partenaires respectifs.

 

Le CNRA a également adressé des demandes d’informations à ECONET, titulaire des droits sur l’Afrique, à la FIFA, à ANTV, partenaire-intermédiaire d’ECONET et de GFM, ainsi qu’à la Fédération sénégalaise de football (FSF) et au ministère des Sports, sur les détenteurs de droits de diffusion au Sénégal.

En réaction d’une plainte de la RTS, une réunion de conciliation s’est tenue à la Primature sous la présidence du Premier ministre Mahammed Dionne. Avec la participation des deux parties, en présence du ministre de la Communication, des Télécommunications, des Postes et  de  l’Economie numérique et du président du CNRA (Babacar Touré).

 

Econet, Kwesé Free Sport, Antv, Gfm au banc des accusés

Selon le mémorandum, « de l’exploitation des éléments à sa  disposition à la suite des demandes d’informations, des  entretiens et  des  rencontres avec  les acteurs concernés, il ressort plusieurs manquements tant du côté d’ECONET, de sa filiale Kwesé Free Sport, d’ANTV que de GFM/TFM.

D’abord, « ECONET a violé son engagement avec la RTS, selon lequel seule sa chaine Kwesé Free Sport (KFS) sera  diffusée, dans le cadre d’un contrat de transport conclu avec African TV Networks SAS (ANTV SAS) ».

De même, de l’audition du manager de KFS Afrique francophone, au siège du CNRA le 05 juillet, il ressort que la diffusion ne devrait être possible que par satellite. « En lieu et place de cette chaîne KFS non répertoriée au Sénégal, il a été noté l’utilisation du canal de la TFM pour la retransmission en direct des  matches », constate le gendarme de l’audiovisuel.

Pis, l’examen chronologique des relations contractuelles   entre ECONET­ Kwesé/ ANTV L’OBS TV-Kwesé Free Sport fait ressortir qu’un accord portant cession des droits de diffusion de 32 matches par  le biais de la chaîne KFS au  Sénégal a été  conclu avec ANTV. Ce dernier a signé un  contrat avec l’OBS TV pour une diffusion de KFS par voie terrestre.

 

« ECONET savait que depuis au moins 7 ans, aucune licence ou fréquence n’avait été délivrée au Sénégal »

« KFS affirme n’avoir pas saisi, au moment de la signature avec ANTV, la subtilité de l’extension à TFM. C’est pourquoi, lorsque la RTS l’avait saisi pour signaler les publicités qui  annonçaient la diffusion de la Coupe du monde par TFM, ils  avaient répondu subséquemment que TFM n’avait pas le droit de diffuser les matches de la Compétition, puisqu’aucune convention ne la liait à ECONET ou KFS. »

S’agissant de l’OBS TV, le CNRA fait observer qu’il a été admis qu’ECONET/KFS a manqué de vigilance en ne vérifiant pas l’existence légale de l’OBS TV ni sa capacité à diffuser par voie numérique terrestre.

« ECONET a également violé la réglementation sénégalaise  en diffusant sans autorisation une chaîne, en l’occurrence KFS, sur la Télévision numérique Terrestre (TNT), en se  substituant à une autre (TFM), sans signer un quelconque contrat avec l’opérateur de diffusion, ni entrer en contact avec le régulateur. »

Le président d’ANTV, reçu le 17 juillet, a confirmé ce qu’il avait écrit pour répondre à une interpellation du CNRA en affirmant que : « ECONET savait que depuis au moins 7 ans, aucune licence ou fréquence n’avait été délivrée au Sénégal ; ECONET savait également que seule la TFM disposait d’une fréquence qui avait  été  attribuée par  le Ministère de la communication, ce qui n’est pas le cas pour l’OBS TV ; ECONET savait que l’OBS TV ne devrait être diffusée que  via un décodeur et une parabole au Sénégal ; ECONET savait, enfin, que depuis le mois de mars 2018, c’est la TFM qui diffuserait la Coupe du monde au Sénégal et que  toutes les informations techniques préalables fournies à la FIFA étaient celles de TFM. »

 

La stratégie du contournement déjouée

« Le  président d’ANTV, ayant négocié et signé en mars 2018, en toute connaissance de la législation sénégalaise, un contrat additionnel différent de celui de novembre 2017, pour permettre à TFM de faire diffuser la chaîne KFS, en  violation de la réglementation, de concert avec ECONET, a  reconnu devant le CNRA qu’il s’agit bien ici d’une location du canal de la TFM. Afin de contourner la réglementation sénégalaise, l’idée était de créer une société de droit  sénégalais dans laquelle le Groupe Futurs Médias  détiendrait au moins 51% des parts, pour faire diffuser KFS. Cette  société n’a  pu  être  constituée, selon certains de ses  promoteurs », relève l’instance qui a comme nouveau directeur général, Babacar Diagne.

A la question de savoir pourquoi sur le tableau de la FIFA, il n’est pas clairement établi que c’est ANTV qui vend les droits de diffusion à  l’OBS TV, le président d’ANTV répond qu’il a mis ANTV-OBS TV, comme une seule entité, parce que l’OBS TV n’avait pas d’existence légale.

Le CNRA a aussi listé les manquements du groupe de Youssou Ndour. « La TFM, en cédant son logo et son canal à KFS, a violé plusieurs dispositions de la loi portant Code  de  la Presse, notamment les articles 139 et 140 et l’article 10  du cahier des charges applicable au titulaire d’une  autorisation de diffusion de programmes de télévision privée de droit  sénégalais.

« Selon l’article 139, il est interdit de prêter son nom, de quelque manière que ce soit, à toute personne qui sollicite  la délivrance d’une licence d’exploitation d’un service de communication audiovisuelle. Selon l’article 140, la licence délivrée en application du présent chapitre est personnelle. Elle ne peut être cédée à un tiers. Selon l’article 10 du  cahier des charges. La station s’identifie par son logo à l’écran. Tout changement doit être préalablement porté à la connaissance du ministère en charge de la Communication et à l’autorité de régulation de l’audiovisuel. »

 

Incohérence du dossier

Par ailleurs, le CNRA a constaté une « incongruité voire une incohérence » dans ce dossier – La Radio Futurs Médias (Rfm) a systématiquement diffusé en direct les matches du Mondial en direct, sans qu’aucune protestation ni signalement n’ait été enregistré par le régulateur, venant des différents protagonistes, apparemment plus préoccupés par les droits télévisuels que par leurs relais radiophoniques.

En conclusion, selon le gendarme de l’audiovisuel, il apparaît que cet imbroglio juridico-commercial, implique différents acteurs, notamment : la société sud-africaine ECONET, détentrice des  droits de diffusion des  matches de la Coupe du Monde Russie 2018 sur le continent africain ; Kwesé Free Sport, filiale d’Econet, opérant comme chaîne de télévision thématique dédiée au Sport cherchant à pénétrer les foyers et les marchés publicitaires de l’ensemble des pays du continent, seule ou en relation  avec  des partenaires locaux, indépendamment de leur statut et modes de diffusion comme c’est le cas au Sénégal ; African    Network TV, apparaissant comme une plateforme de    diffusion télévisuelle, avec, le cas échéant, mandat de contractant de sous-droits concédés par le tandem Econet/ Kwesé ; la Fédération internationale de Football amateur (FIFA) dont l’absence de réactivité dans ce contentieux RTS/TFM a fait planer incompréhension et appréhension sur  l’effectivité, en sa qualité de pourvoyeur de droits, de  sa  capacité et/ou volonté, dans le cas d’espèce, de contrôler et d’arbitrer les différends issus de l’interprétation des conditions d’exploitation de ces droits.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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