«Clément Amadou SALL, écrivain, metteur en scène, acteur, sa compagnie et sa pièce de théâtre : «Li Dess ?»» par Amadou Bal BA –
«Li Dess ?», est un titre en Ouolof polysémique et pouvant signifier «Qu’est ce qui nous reste en héritage ?», ou que reste-il reste aux racisés en histoire ou en mémoire ? C’est quoi l’essentiel dans le Bien-vivre ensemble quand on est issu de différentes cultures ? Comment assumer de façon harmonieuse ses identités multiples ?
La pièce a été représentée les 16 et 17 novembre 2023, à Paris Anim, au Centre Ruth Bader GINSBURG, 6-8 place Carrée au Forum des Halles à Paris 1er. Il est question de la diffuser en province, en banlieue et dans certains pays africains, comme le Sénégal.
Au cœur de cette pièce de théâtre, jouée par des Gaulois, des Beurs, des Noirs et des métis, les questions de mémoire, d’histoire, d’identité, d’amour, de colonialité et de Françafrique, mais aussi de ce «rendez-vous du donner et du recevoir», d’échange et d’enrichissement mutuel, suivant une formule de Léopold Sédar SENGHOR.
Cette pièce de théâtre a une certaine dimension autobiographique. «Ni Sénégalais, ni Français, cette peau métissée d’histoires croisées» di Maïssa, l’hétéronyme de Clément Amadou SALL. En effet, Clément Amadou SALL est un métis franco-sénégalais, un fils de mon ami et frère, le professeur Babaly SALL à l’université Gaston Berger de Saint-Louis et de Marylin, originaire de Poitiers. Clément incarne, dans cette pièce de théâtre, le personnage de Maïssa, un étudiant en sciences politiques. Maïssa a pour professeur Didier CARFEAU, un enseignant remplaçant fortement alcoolisé, qui se suicide à la suite d’un exposé sur la Françafrique.
Le personnage de Maïssa découvre que cet enseignant remplaçant est, en fait, un imposteur. Il a été, dans une vie antérieure, à l’image de Bob DENARD (1929-2007), un mercenaire fomentant des coups d’Etat en Afrique. Or, le grand-père de Maïssa, un éminent journaliste, enquêtant sur la Françafrique, a été assassiné dans des conditions non encore non élucidées. Aussi Maïssa accusé, par ressentiment, d’avoir poussé son professeur du 13ème étage, est poursuivi devant la justice pour meurtre ou pour non-assistance de personne en danger.
Maïssa, jusqu’ici, ne s’était interrogé sur son identité et sa culture ancestrale africaine. «Laissez le passé, là où il est. J’avais tout enfoui en moi, de peur que cela m’envahisse. Je m’en souviens maintenant de cette cartographie en moi» dit Maïssa.
Par conséquent, Clément Amadou SALL, à travers son personnage, Maïssa, fait partie de ces jeunes s’adressant aux populations issues de la diversité, de façon positive et constructive, afin de conforter le bien-vivre ensemble dans une société française, dont une partie est dans le plus grand déni de son passé esclavagiste et colonialiste.
En définitive, Clément Amadou SALL ssume son identité multiple, tout étant en paix avec lui-même et avec les autres; l’enjeu essentiel est de revendiquer sa juste place dans la société. En effet, les colères stériles, les ressentiments ou violences sont contre-productifs. En démocratie, un citoyen doit rester calme, mais résolu, pour faire valoir ses droits. En revanche, l’idiot brûlant les voitures de ses voisins en difficulté comme lui, insultant arbitrairement la Police ou plantant un couteau à un enseignant, ne fait que reculer considérablement le bien-vivre ensemble ; la stupidité donne de l’eau au moulin aux forces du Chaos, à grand renfort de tapages médiatiques, pour insuffer la négrophobie et l’islamophobie, avec des amalgames de très mauvaise foi.
La méthode que Clément Amadou SALL a choisie, et celle que cette génération montante, bien instruite devrait adopter, celle du personnage de Maïssa, devrait être la recherche de la mémoire, de la conscientisation, d’éducation, une démarche citoyenne, notamment de la participation massive à tous les scrutins électoraux.
Voter, c’est nécessaire, les politiciens ne respectant que ceux qui peuvent les sanctionner ; la politique reste, de ce point, de vue un rapport de forces. Cependant, il faudrait abandonner les stratégies de consommation et de dépendance, consistant à quémander perpétuellement de petits avantages (Logement, stage, subvention ou un petit boulot).
A min sens, la périphérie devrait aspirer à rejoindre le centre. Le bien-vivre ensemble n’étant autre que le partage du gâteau, les racisés devraient s’occuper d’eux-mêmes, de leur famille, de la France républicaine, de l’Afrique et de ses diasporas mais aussi de l’humanité. En effet, les racisés, s’ils veulent être respectés et conserver leurs fiertés, devraient conquérir les lieux de décisions culturels, comme le fait Clément Amadou SALL, économiques (cas des Chinois et des Indiens à Paris) aussi politiques en allant notamment à l’assaut des mairies où ils sont majoritaires ou peuvent s’allier avec d’autres républicains. Je ne comprends pas que Hénin-Beaumont et Périgueux, avec de très communautés de racisés, soient des villes dirigées par le Rassemblement national, comme le fut auparavant Mantes-la-Ville.
Paris, les Halles, le 16 novembre 2023, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/